Du plus petit au plus grand

Faire de la vidéo avec des gens qui bougent, qui dansent, dans un labo de biologie, sur des pierres et dans un livre. Ça semble simple, mais pourtant, l’exposition de Michal Rovner Particules de réalité présentée au DHC/ART (Montréal), démontre à quel point cette artiste parvient avec subtilité à traiter de la délicatesse du vivant avec un dispositif médiatique très complexe.

L’artiste israélienne, d’abord formée en danse, chorégraphie des corps en mouvement dans des vidéos qui se fondent sur le support comme des motifs mouvants. Ramener le corps humain à sa plus petite expression, au point de confondre les gens avec des bactéries ou des hiéroglyphes, donne le vertige du caractère insaisissable du genre humain et une charge émotive qui demeure secrète. Tous les mouvements, opérés par ces petites formes qui bougent sans cesse, reprennent les tensions entre individus; les unions, les répulsions, les confrontations. Il est donc difficile de faire abstraction du contexte politique en Israël, bien que les oeuvres ne soient pas ouvertement “politique”, avec en trame de fond des repères sociaux et conflictuels assez évidents. L’être humain, ainsi dépeint se voit revêtir un statut d’anonymat, dans une masse de monde en quête de sens.

Le travail de Michal Rovner démontre une grande maîtrise de l’utilisation de la vidéo dans des dispositifs d’installation très précis et d’une complexité technique évidente. L’artiste joue également avec le regardeur en lui offrant une expérience presque hypnotique et méditative. Ainsi, la série In stone (2004) et Stones (2006-2009) suscite un envoûtement par la présence de projections vidéo sur des pierres, à la manière d’une archéologie animée. Tranquillement, les signes apparaissent comme des êtres qui bougent très doucement sur une pierre d’une autre époque. Parvenir à décoder ces marques “numériques” sur fond rocheux semble tenir de l’impossible. Comment décrypter un regroupement humain où l’on perd toute identité?


Aussi, l’oeuvre Data Zone (2003), offre au regardeur de revêtir le statut de scientifique par l’observation de boîtes de culture intégrées dans des tables aseptisées. Comme un regard microscopique posée sur la réaction de l’humain dans un groupe, cette installation ramène l’individu au rang de bactéries et de micro-organismes. Regarder l’humanité de haut est un exercice vertigineux.

Cette exposition révèle le caractère insaisissable de la condition humaine et des mouvements de groupes, qu’ils soient politiques, physiques ou idéologiques. C’est en ramenant l’homme à sa plus petite expression que Rovner parvient à décrire l’infiniment plus grand par l’infiniment plus petit.

L’exposition se poursuit jusqu’au 27 septembre 2009.
http://www.dhc-art.org
http://www.michalrovner.com

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