[Pdmtl] Lettre ouverte au CALQ

Sam 21 Mai 12:05:36 EDT 2011

Cette lettre ouverte sera envoy�e � M. Yvan Gauthier,
pr�sident-directeur du CALQ, le 15 juin 2011. Si vous faites partie de
la communaut� professionnelle des arts m�diatiques du Qu�bec (artiste,
technicien-ne, acad�micien-ne, travailleur-euse culturel, etc) ou que
vous repr�sentez un organisme qui en fait partie, vous pouvez appuyer
cette lettre en y ajoutant votre signature *avant le 10 juin 2011*

(voir instructions plus bas).

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� l'attention de M. Yvan Gauthier, pr�sident-directeur du CALQ.

Par la pr�sente, nous souhaitons porter � votre attention une
probl�matique que nous croyons de premi�re importance dans les arts
num�riques au Qu�bec et au Canada : l'importance pour le milieu de
favoriser le d�veloppement et l'utilisation d'outils logiciels et
�lectroniques libres.

*Contexte*

Les logiciels libres ont fait leur apparition dans les ann�es 1960 et
1970. C'est en 1984 que le logiciel libre devient un mouvement, avec la
cr�ation par l'informaticien Richard Stallman de la licence libre GNU :
en moins de trente ans, les r�gles de transparence du d�veloppement, de
gratuit�, de cr�ation et de gestion collectives ont fait �merger des
centaines de milliers de logiciels et de projets utilis�s dans toutes
les sph�res de la soci�t�.

Les logiciels libres donnent la libert� aux utilisateurs d'ex�cuter le
programme, d'en �tudier le fonctionnement, de l'am�liorer, d'en
distribuer des copies gratuitement ou non et de partager leurs versions
modifi�es.

La fonctionnalit�, la fiabilit� et la qualit� des grands logiciels
libres leur ont assur� un succ�s mondial : ainsi, 60 % des serveurs Web
de la plan�te utilisent un logiciel libre, et Google a choisi de
distribuer sa plate-forme pour les technologies mobiles Android sous
licence libre.

Dans le milieu artistique, les logiciels libres ont pris une ampleur
consid�rable. Plusieurs logiciels libres g�n�ralistes ou sp�cialis�s
dans un m�dium ont fait leur apparition dans les derni�res ann�es et
sont utilis�s par des artistes professionnels : PureData, Processing,
Arduino, Blender, GIMP, Audacity, Ardour, Toonloop, Gephex, Freej,
Cinerella, OGRE, etc. Ils permettent le traitement du son, de l'image,
de la vid�o, la cr�ation 3D, l'�dition de jeux vid�os, l'acc�s aux
r�seaux, aux protocoles sc�niques, aux mat�riels fixes et embarqu�s
ainsi qu'� la robotique.

Ces logiciels sont utilis�s par les artistes car ils sont � la fois
gratuits, performants et faciles d'utilisation. Parce qu'ils sont
ouverts et souvent document�s dans de nombreuses langues, ils facilitent
leur appropriation par les artistes et favorisent la recherche et la
cr�ation de nouvelles formes d'art. De plus en plus d'artistes int�grent
�galement dans leur pratique artistique le d�veloppement de logiciels et
de mat�riaux libres : ils cr�ent leurs propres outils plut�t que de
travailler avec des outils d�j� existants. C'est l'art qui donne forme �
l'outil et non l'outil qui dicte la forme de l'art.

*Les avantages du Libre*

    * Les formats de fichiers ouverts facilitent la pérennité des œuvres
      en garantissant l'acc�s et l'interop�rabilit� entre les programmes
    * Facilite les collaborations entre les disciplines en favorisant
      les croisements entre ing�nieurs, informaticiens, math�maticiens
      et artistes
    * Permet une coh�sion et un effet de synergie des milieux culturels
      et technologiques
    * Facilite l'acquisition et le partage des connaissances au niveau
      local ainsi qu'une ouverture sur le monde
    * L'investissement dans le d�veloppement d'outils libres pour des
      projets artistiques retourne directement � la collectivit�
    * Encourage le d�veloppement d'une industrie culturelle et
      technologique dont les retomb�es b�n�ficient au milieu artistique
    * Source de revenus pour ses cr�ateurs, par le biais d'une �conomie
      de services
    * Encourager les artistes � utiliser le Libre se traduit par des
      �conomies d'�chelle importantes
    * Permet � tous de prendre part au d�veloppement de la technologie
      num�rique
    * S'affranchit du piratage logiciel gr�ce � des licences
      d'utilisation qui permettent l'acc�s libre au code tout en
      prot�geant le droit d'auteur [2]
    * Promeut la libert� cr�ative logicielle et artistique des
      individus, en n'associant pas la cr�ation artistique � une simple
      consommation de logiciels ou de mat�riels. Les logiciels libres
      offrent plus de libert�, les cr�ateurs s'approprient leurs propres
      outils

Or, les programmes des Conseils des Arts ne sont pas adapt�s � cette
nouvelle culture artistique qui requiert pourtant du soutien afin
d’assurer le développement et le maintien de projets de logiciels ou de
mat�riaux libres. Il nous semble aujourd'hui crucial que ces
institutions mettent en place des programmes et lignes directrices
favorisant le d�veloppement d'outils et de pratiques libres.

Le d�veloppement d'outils libres va �galement dans le sens d'une
participation � une culture ouverte mondialis�e qui propose de partager
des outils communs. Cette culture qui est largement adopt�e ailleurs
dans le monde tarde � �tre encourag�e par les institutions publiques au
Canada et au Qu�bec.

*Proposition*

/Pour les programmes de bourses � la recherche et la cr�ation des
artistes en arts num�riques/

Nous sugg�rons que le Conseil :

    * Propose aux artistes de s'informer sur les solutions libres d�j�
      existantes avant de soumettre une demande et les aide � se diriger
      vers les centres qui mettent � leur disposition des ressources
      pouvant r�pondre � leurs besoins de d�veloppement novateurs.
    * Ajoute des fonds au programme de recherche-cr�ation afin
      d'orienter le d�veloppement d'outils de pointe de mani�re � ce
      qu'ils soient facilement partag�s avec d'autres. Il s'agit de
      permettre aux artistes de bien documenter et de partager le
      produit de leur recherche cr�ative.
    * Bonifie les montants allou�s � l'expertise technique dans les
      demandes de bourse, de mani�re � permettre aux artistes qui
      cumulent les expertises technologiques de compter sur leurs
      propres moyens et de d�passer l'enveloppe de subsistance allou�e,
      leur permettant de se consid�rer comme leur propre technicien.
    * Consid�re les d�veloppeurs en informatique et �lectronique qui
      orientent leur action sur des outils cr�atifs comme des
      travailleurs culturels.

/Pour les centres de production/

Nous sugg�rons que le Conseil :

    * Favorise les centres de production qui permettent � la fois le
      d�veloppement d'outils libres ainsi que le transfert des
      connaissances sur le libre sous forme d'ateliers, de r�sidences et
      de plateformes de partage communes.
    * Permette aux centres de se structurer afin de d�velopper leurs
      capacit�s d'accueil et des expertises compl�mentaires en offrant
      plus de postes de techniciens capables de r�pondre aux besoins en
      constante �volution des artistes en art num�riques.
    * Encourage, � l'instar de l'Organisation internationale de la
      francophonie, le d�veloppement de mat�riel didactique en fran�ais
      [3]. La langue est, pour plusieurs, un obstacle � la pleine
      participation � la culture num�rique.
    * Reconnaisse dans ses programmes que le d�veloppement d'outils
      libres se d�roule aux niveaux individuels et collectifs, dans les
      centres de production comme les milieux universitaires et
      industriels. Favoriser les programmes de d�veloppement crois�
      faisant appel � plusieurs partenaires permet une forte int�gration
      des ressources qui profite � tous les intervenants.

Nous croyons qu'il est important que le Conseil se penche sur cette
question dans sa r�flexion sur le d�veloppement de nouveaux programmes
et sur la r�vision de programmes existants, notamment par le soutien
d'initiatives de d�veloppement de logiciels libres et d'une strat�gie �
plus long terme visant l'appropriation par les artistes de leurs outils
de production.

Cordialement,

[SIGNATURES (*)]

[1] Le manifeste GNU, voir http://fr.wikisource.org/wiki/Manifeste_GNU
[2] En effet les licences libres permettent de � donner � quiconque la
permission d'ex�cuter le programme, de le copier, de le modifier et d'en
distribuer des versions modifi�es - mais non la permission d'ajouter des
restrictions de son cru � (Richard Stallman, Le projet Gnu
http://www.gnu.org/gnu/thegnuproject.fr.html) garantissant ainsi pour
l'auteur la reconnaissance de sa contribution et l'acc�s aux
modifications et am�liorations apport�es au logiciel
[3] Voir par exemple: http://fr.flossmanuals.net/Puredata/Introduction

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(*) Pour ajouter votre nom ou votre organisme � la liste des
signataires, veuillez faire parvenir un courriel � l'adresse suivante:
libre2011 at perte-de-signal.org <mailto:libre2011 at perte-de-signal.org>
Ce dernier devra contenir les informations suivantes:

    * Pour un individu: Nom, Pr�nom, Titre (court) (qui devrait
      expliquer le lien entre la personne et la lettre). Exemple: John
      Doe, artiste en arts num�riques
    * Pour un organisme: Nom et pr�nom du/de la pr�sident/e ou
      directeur/trice, Titre, Nom de l'organisme, Ville. Exemple: Sarah
      Tremblay, pr�sidente, Productions Fictives, St-Jean

Date limite pour ajouter votre signature: *10 juin 2011*

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