[Pdmtl] Letre ouverte au CALQ

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Mar 21 Juin 09:00:41 EDT 2011


Diffusez dans vos réseaux SVP.

http://libre2011.perte-de-signal.ort

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Montréal, le 16 juin 2011

M. Yvan Gauthier,
Président-directeur
Conseil des arts et des lettres du Québec
500, Place d’Armes
15e Étage
Montréal
H2Y 2W2

Par la présente, nous souhaitons porter à votre attention une
problématique que nous croyons de première importance dans les arts
numériques au Québec et au Canada : l'importance pour le milieu de
favoriser le développement et l'utilisation d'outils logiciels et
électroniques libres.

Contexte

Les logiciels libres ont fait leur apparition dans les années 1960 et
1970. Dans les années 1980, le logiciel libre devient un mouvement, avec
la création par l'informaticien Richard Stallman du manifeste GNU [1] :
en moins de trente ans, les règles de transparence du développement, de
gratuité, de création et de gestion collectives ont fait émerger des
centaines de milliers de logiciels et de projets utilisés dans toutes
les sphères de la société.

Les logiciels libres donnent la liberté aux utilisateurs d'utiliser le
programme dans n'importe quel but, d'en étudier et d'en améliorer le
fonctionnement, d'en distribuer des copies gratuitement ou non et de
publier les améliorations pour qu'elles profitent à toute la communauté.

La fonctionnalité, la fiabilité et la qualité des grands logiciels
libres leur ont assuré un succès mondial : ainsi plus de 50% des
serveurs Web de la planète utilisent un logiciel libre [2] et Google a
choisi de distribuer sa plate-forme pour les technologies mobiles
Android sous licence libre.

Dans le milieu artistique, les logiciels libres ont pris une ampleur
considérable. Plusieurs logiciels libres généralistes ou spécialisés
dans un médium ont fait leur apparition dans les dernières années et
sont utilisés par des artistes professionnels : PureData, Processing,
Arduino, Blender, GIMP, Audacity, Ardour, Toonloop, Gephex, Freej,
Cinelerra, OGRE, etc. Ils permettent le traitement du son, de l'image,
de la vidéo, la création 3D, l'édition de jeux vidéos, l'accès aux
réseaux, aux protocoles scéniques, aux matériels fixes et embarqués
ainsi qu'à la robotique.

Ces logiciels sont utilisés par les artistes car ils sont à la fois
gratuits, performants et faciles d'utilisation. Parce qu'ils sont
ouverts et souvent documentés dans de nombreuses langues, ils facilitent
leur appropriation par les artistes et favorisent la recherche et la
création de nouvelles formes d'art. De plus en plus d'artistes intègrent
également dans leur pratique artistique le développement de logiciels et
de matériaux libres : ils créent leurs propres outils plutôt que de
travailler avec des outils déjà existants. C'est l'art qui donne forme à
l'outil et non l'outil qui dicte la forme de l'art.

Les avantages du Libre

    Les formats de fichiers ouverts facilitent la pérennité des œuvres
en garantissant l'accès et l'interopérabilité entre les programmes
    Facilite les collaborations entre les disciplines en favorisant les
croisements entre ingénieurs, informaticiens, mathématiciens et artistes
    Permet une cohésion et un effet de synergie des milieux culturels et
technologiques
    Facilite l'acquisition et le partage des connaissances au niveau
local ainsi qu'une ouverture sur le monde
    L'investissement dans le développement d'outils libres pour des
projets artistiques retourne directement à la collectivité
    Encourage le développement d'une industrie culturelle et
technologique dont les retombées bénéficient au milieu artistique
    Source de revenus pour ses créateurs, par le biais d'une économie de
services
    Encourager les artistes à utiliser le Libre se traduit par des
économies d'échelle importantes
    Permet à tous de prendre part au développement de la technologie
numérique
    Permet le partage légal des logiciels grâce à des licences
d'utilisation qui permettent l'accès libre au code tout en protégeant le
droit d'auteur
    Promeut la liberté créative logicielle et artistique des individus,
en n'associant pas la création artistique à une simple consommation de
logiciels ou de matériels. Les logiciels libres offrent plus de liberté,
les créateurs s'approprient leurs propres outils

Or, les programmes des Conseils des Arts ne sont pas adaptés à cette
nouvelle culture artistique qui requiert pourtant du soutien afin
d’assurer le développement et le maintien de projets de logiciels ou de
matériaux libres. Il nous semble aujourd'hui crucial que ces
institutions mettent en place des programmes et lignes directrices
favorisant le développement d'outils et de pratiques libres.

Le développement d'outils libres va également dans le sens d'une
participation à une culture ouverte mondialisée qui propose de partager
des outils communs. Cette culture qui est largement adoptée ailleurs
dans le monde tarde à être encouragée par les institutions publiques au
Canada et au Québec.

Proposition

Pour les programmes de bourses à la recherche et la création des
artistes en arts numériques

Nous suggérons que le Conseil :

    Propose aux artistes de s'informer sur les solutions libres déjà
existantes avant de soumettre une demande et les aide à se diriger vers
les centres qui mettent à leur disposition des ressources pouvant
répondre à leurs besoins de développement novateurs.
    Ajoute des fonds au programme de recherche-création afin d'orienter
le développement d'outils de pointe de manière à ce qu'ils soient
facilement partagés avec d'autres. Il s'agit de permettre aux artistes
de bien documenter et de partager le produit de leur recherche créative.
    Bonifie les montants alloués à l'expertise technique dans les
demandes de bourse, de manière à permettre aux artistes qui cumulent les
expertises technologiques de compter sur leurs propres moyens et de
dépasser l'enveloppe de subsistance allouée, leur permettant de se
considérer comme leur propre technicien.
    Considère les développeurs en informatique et électronique qui
orientent leur action sur des outils créatifs comme des travailleurs
culturels.

Pour les centres de production

Nous suggérons que le Conseil :

    Favorise les centres de production qui permettent à la fois le
développement d'outils libres ainsi que le transfert des connaissances
sur le Libre sous forme d'ateliers, de résidences et de plateformes de
partage communes.
    Permette aux centres de se structurer afin de développer leurs
capacités d'accueil et des expertises complémentaires en offrant plus de
postes de techniciens capables de répondre aux besoins en constante
évolution des artistes en art numériques.
    Encourage, à l'instar de l'Organisation internationale de la
francophonie, le développement de matériel didactique en français [3].
La langue est, pour plusieurs, un obstacle à la pleine participation à
la culture numérique.
    Reconnaisse dans ses programmes que le développement d'outils libres
se déroule aux niveaux individuels et collectifs, dans les centres de
production comme les milieux universitaires et industriels. Favoriser
les programmes de développement croisé faisant appel à plusieurs
partenaires permet une forte intégration des ressources qui profite à
tous les intervenants.

Nous croyons qu'il est important que le Conseil se penche sur cette
question dans sa réflexion sur le développement de nouveaux programmes
et sur la révision de programmes existants, notamment par le soutien
d'initiatives de développement de logiciels libres et d'une stratégie à
plus long terme visant l'appropriation par les artistes de leurs outils
de production.

Cordialement,

Organisations signataires
Sofian Audry, président, Perte de Signal, Montréal
Maxime Damecour, directeur artistique, Les Laboratoires Foulab, Montréal
Eliane Ellbogen, directrice artistique, Eastern Bloc, Montréal
Claudine Hubert, codirectrice générale et artistique, OBORO, Montréal
Jean Piché, directeur, institut Arts Cultures et Technologies (iACT),
Université de
Montréal
Monique Savoie, présidente - fondatrice et directrice artistique,
Société des Arts
Technologiques, Montréal
François Vallée, coordonnateur général, La Chambre Blanche, Québec
Comité de travail, Réseau Koumbit, Montréal
Raymond Aubin, président, Daïmon, Gatineau
 
Signataires individuels
Guillaume Arseneault, étudiant en média intéractifs
Jason Arsenault, artiste en arts médiatiques
Pascal Audet, étudiant en arts visuels et médiatiques et programmeur
analyste
Nathalie Bachand, travailleuse culturelle en arts numériques
Olivier Bélanger, compositeur et développeur de logiciels audio
Alexis Bellavance, artiste en arts médiatiques
Myriam Belley, artiste en arts numériques
Nicolas Bernier, artiste en arts médiatiques
Chloé Bertrand, artiste médiatique
Myriam Bessette, artiste et enseignante au secondaire en arts médiatiques
Michel Boire, artisan membre du CMAQ
Nicolas Bouillot, musicien et chercheur au Shared Reality Lab, McGill
Amélie Brisson-Darveau, artiste en arts médiatiques
Maryève Boyer, artiste multidisciplinaire
Mathieu Bouchard, artiste-programmeur, créateur du logiciel libre GridFlow
Alexandre Castonguay, artiste et professeur à l'École des arts visuels et
médiatiques de l'UQÀM
Stephanie Castonguay, étudiante en arts médiatiques
Sylvain Cormier, fondateur de Jin Motion, Montréal
Germain Couët, développeur de jeux vidéo
Patrick Coulombe, artiste en arts numériques
Ariane De Blois, doctorante et auteur en arts médiatiques
Hugo Desmeules, intégrateur et développeur en arts numériques
Marie-Hélène Doré, artiste, membre active de La Chambre Blanche
Érick D'Orion, artiste en arts audio
Louis Dufort, compositeur / artiste numérique
Jean-Michel Dumas, artiste et directeur technique de l'institut Arts
Cultures et
Technologies (iACT) de l'Université de Montréal
Robin Dupuis, artiste en arts médiatiques et président du CQAM
Marc Fournel, artiste
Jean-François Lacombe, artiste multidisciplinaire-professeur
Jeanne Landry-Belleau, artiste en arts nouveaux médias et en art Web,
formatrice en logiciels libres à La Chambre Blanche
Martine Lauzier, artiste en arts médiatiques
Maryse Lebeuf, étudiante à la maîtrise en Communications, UQAM
Suzanne Leblanc, professeure en arts médiatiques
Joseph Lefevre, artiste en nouveaux médias, directeur du programme de
résidences et SAT[Création], fondateur et coordonnateur de
SAT[Mixsessions] à
la Société des Arts Technologiques
Claudette Lemay, artiste en arts médiatiques
Pascale Malaterre, artiste en arts numériques
Lucie Marchand, artiste et travailleur culturel en intermittence
Martin Marier, compositeur / artiste en arts numériques
Félix Ménard, artiste
Edith Normandeau, membre d'Audiotopie et artiste en arts médiatiques
Djela Djamba Okoko, designer d'interactions cinématiques
François Pedneault, artiste et consultant Drupal
Andrée Préfontaine, artiste
Maude Prud'homme, organisatrice communautaire
Alexandre Quessy, artiste-programmeur, créateur du logiciel libre Toonloop,
directeur du développement logiciel à la SAT
François Quévillon, artiste en installation et en nouveaux médias
Nelly-Ève Rajotte, artiste en arts médiatiques
Emmanuelle Raynauld, étudiante et artiste en arts médiatique
Martin Renaud, artiste et travailleur culturel en arts médiatiques
Sébastien Roy, professeur et directeur du Laboratoire Vision3D du
Département
d'informatique et de recherche opérationnelle de l'Université de Montréal
Audrey Samson, artiste en arts numériques
Michal Seta, musicien et artiste en arts numériques
Samuel St-Aubin, artiste et électronicien
David St-Onge, ingénieur en art robotique
Heidi Strohl, graphiste
Thomas Thiery, réalisateur multimédia
Jonathan Villeneuve, artiste en arts numériques
Pavitra Wickramasinghe, artiste en arts médiatiques
Mike Wozniewski, chercheur / programmeur de logiciels libres à la SAT
 
Signataires internationaux
Olivier Baudry, artiste en arts numériques, Paris, France
Pascale Gustin, artiste en arts numériques et autres, Paris, France
Jean-Paul Jansen, enseignant au CCR de La Réunion, France
Jean-noël Montagné, Fondateur du CRAS, Saint Ouen, France
 
cc. :
Mme Christine St-Pierre, MCCCF,  Alain Depocas, CALQ, Réjean Perron, CALQ,
Marie-Michèle Cron, CAM, Isabelle l'Italien, CQAM, Bastien Gilbert, RCAAQ

[1] Le manifeste GNU, voir http://fr.wikisource.org/wiki/Manifeste_GNU
[2] Source: http://www.scriptol.fr/web/statistiques.php
[3] Voir par exemple: http://fr.flossmanuals.net/Puredata/Introduction



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