Selected reviews in French and English.
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Marc Eliany � Paris
Une terre de faience miroitante
Le peintre d'un ciel de l'horizon
Philip Levy, Mai 1998, Paris.
Il existe deux marques distinctes, deux Marc Eliany. Deux plans, deux pans de l'individu, comme deux jambes. Deux complexes r�seaux, souterrains et apparents � la fois qui constituent, construisent l'oeuvre et l'�tre. Jouet la trame est toute en m�me temps, au jour et ajour�, f�conde et secr�te.
Le premier pan est celui d'une �vidence int�rieure port�e en lui. Ce lieu est une �vidence, une histoire, son histoire de juif marocain-canadien-isra�lien-europ�en-mondialiste. Histoire structur� par une tradition enfouie et pens�e, autrefois, pour lui m�me, et pourtant si pr�sente. Elle ne cesse de le travailler pour produire un �tat. Qu'est ce que c'est cet �tat? Vu lieu doubl� d'un h�ritage et d'une m�moire retir�e et d�fass� par une conscience, un souvenir analitique prope � son �poque, � sa nature d'�tre humain. Pourtant cet �tat guarde une trace: une vie touchante, une innocence bless�e port�e en lui qu'il �voquera - d'une fa�on ind�l�bile -� dans le regard des enfants d�racin�es: Tehyia, Sinayit et Yamit, d�racin�s � nouveau - �videment; qu'il evoquera par cette fleur color�e au rouge de coquelicot ou perdue adroitement sur le c�t� de la toile pr�sent�e et offerte; qu'il evoquera par ce corp de juif comme crucifi� dans les camps- exhum� ou enterr�? Mort ou vivant? Tel une deposition dans un instant arr�t� donn� � voir comme une re-d�couverte pour que l'on oublie pas.
Signifiant comme "l'Ecorch�" de Rembrandt avec heureuse finesse du peintre- un clin d'oeil � l'art de composer de Chagall. Derriere lui sommes nous en pr�sence du bourreau ou du fr�re? La question n'est peut �tre plus l�. Les yeux absents montrent que ce qui compte c'est le geste, la choregraphie repr�sent�e. Le geste � double sens qui prouve qu'il s'agit l� d'une histoire sans fin reposant sur l'extr�me liruite de l'ar�te aux versants li�es et peut-�tre confondus commme deux ailes d' un m�me risque -perp�tuel- celui d'une mise � jour ou d'un enfouissement vers l'oubli. Oubli aux alentours sombres qui rappelle le saisissement du "Retable d'Essemheim de Gr�nwald" et le tragique du Caravage. Car ce qui saute aux yeux - t�t ou tard - t�t ou trop tart, c'est cette complicit� volontaire ou non dans l'horreur comme desormais universelle - ce qui compte, c'est le lien entra�n� malgr� tout, malgr� soi, dans ce rapport entre deux �tres pour lesquels nous attendons - souffle et battement en suspend - que reconnaissance et conscience soient enfin d�finitivement acquises. Cette oeuvre nous permettra de l'esperer au del� de ce double risque.
Mais derri�re cette fausse apparence et simplicit�, Marc Eliany continue de nous mettre en garde par ce monde qu'il d�voile et ouvre en d�signant ce pli au retour sur lui-m�me. Voila que ses origines orientales, foulard d�licat et coquet autour du cou de l'isra�lienne qui aussi signifie son appartenance; ce voile comme une peau sur la peau peut s'apparenter � l'�piderme de l'eau et frisonner au moindre vent, au moindre soupir, au moindre sentiment. Au moindre souvenir et nous revenons l�, � ce qui caract�rise ce premier plan, morceau d'etoffe en latin, de l' histoire, vue religieuse, sociologique et anthropologique de cet artiste exprim�e par une lumi�re mouill�e, inconsolable et qui donne aux choses un halo d'un autre monde, la merveille d'une ros�e matinale - l'�blouissement d'un avenir � d�finir. Car si l'homme �bloui pareil � "L'Etranger" de Camus peut se perdre, ce "mouill�" comme l'on dit en aquarelle apporte fra�cheure dans ce desert et ne conduit pas � un aveuglement � vue fine mais bien au contraire � vue red�finition toujours port�e plus loin et plus haut que l'on entrevoit dans "les colonnes de l'espoir" par une vue inverse de la vue plongeonte, c'est � dire du bas vers le ciel dans un mouvement tourbillionaire et vals� qui peut s'apparenter au danse religieuse, souffique, en arabe voulant dire "morceau de laine", danse enivrante et extatique o� tente de fusionner corps et divin. Ces colonnes qui tournoient ont quelques choses de baroque et rappellent les fresques de guilio Romano pour le Palazzo delle T� � Montoue. Le baroque devient chez Marc Eliany vu baroque d'approche, approches du ciel et de ses mythes. Il ouvre par le ciel - le ciel lui m�me; et la ligne d'horizon n'est plus � l'horizontal de la hauteur des yeux, mais bascul�e au sommet dont l'altitude est infinie... Pos�e dans un coin du bleu... Alors il s'eprend d'une musique intime dont sa main f�brile, comme celle du compositeur note et griffonne des signes au plus pr�s des mots et de la calligraphie, comme dans "La Pri�re" o� nous revient l'image du "Philosophe"de Rembrandt se trouvant au mus�e du Louvre. Des signes au plus loin du litt�ral, comme une vibration en toute langue, poss�d�e par le biologique, l'humain, contenue dans l'arch�typale, c'est � dire, dans le mod�le primitif. C'est la marque du moment, l'empreinte d'un �nervement de la premier situation... comme chez Soutine...
Dans ce d�placement le long des oeuvres, ce parcours, l'on �prouves la pr�sence d'autres artistes, De Sta�l, Klee, la periode Fauve de Matisse, Cezanne, un peintre juif Y�m�nite avec son "Immigrant en costume traditionnel."
Apr�s ce lieu traditionnel, son enfance, son nomadisme, l'autre pan est celui d'une projection dans un devers � ellaborer plastiquement.
Ce deuxi�me volet qui doit rester ouvert � votre imagination, concerne la fabrication, le processus m�me de cr�ation de l'oeuvre. Oeuvre subtile qui me semble r�gie sous l'ordre de la superposition et de l'accolement. D�p�ts et juxtapositions par deux axes: verticalit� et horizontalit�, �paisseur et collage, cette proc�dure d'ellaboration se produit en deux temps:
- le premier temps est classique dans sa m�thode: emprunts � partir des copies des oeuvres de Cesanne par example.
- le deuxi�me temps est de laisser s'�chapper un oue, une s�ve de cette m�thode, s�ve toute � la foit spirituelle, �motionnelle et savante.
Il par du mur, de sa mat�rialit�, de sa forme carr� ou rectangulaire dont il a pris possession en copiant les maisons peintes de Cezannes ou Braque dans sa ville D'Estaque, puis transpos� cette materialit� en ciel. Celui-ci prend un autre corps, une autre substance: une �motion -paradoxalement- par l'alchimie d'une superposition d'un corp mat�riel et d'une lamentation ouverte vers les cieux qu'il tente desormais d'entrevoir.
Et ce mur rappelle celui originaire et rep�re de tout un peuple, le mur des lamentations du Temple de Salomon � Jerusalem o� s'est pos� peut-�tre, pour la premi�re fois, alors enfant, ce premier regard mouill�, innocent. Ce regard devient � son tour r�f�rence - Noltige- au gr� de son voyages o� son esprit comme la feuille morte, la juge morte tourbillonne, et se tourne gr�ce � un vent devenu souffle, espace, horizon.
Et il le repousse -ce regard- au plus loin- toujours- vers "ce mouill�" peint, qu'il tente d'approcher sans vouloir y demeurer: "Le refugier dans l'insaisissable" dit Nitzche, tendre, vers la recherche d'une extase appais�.
Son exile se dessine et se peint aux fronti�res d'une terre miroitante de ses reflets solaires - quelqu' en soit le lieu -� log� dans une verticalit� ascensionnelle, bien "au dessus des miradors" et loin des guet-ajeus. Gradations aux bords que l'on retrouve chez Barnett Newman dans son oeuvre "Abysse Euclidien" de 1945. Son exil o� le bleu du ciel et de la mer-m�re �voque une spiritualit� profonde et haute, � atteindre. Pour cela, un accolement sans fin.
"Le mur de l'Acropole" chez Baudelaire ou des "Lamentations" chez Eliany et le lieu d'une ruine, d'un h�ritage sur lequel se b�ti l'oeuvre gr�ce au don de sa mutation, en une fen�tre d'esp�rance, d'apparence. O� la loi de l'artiste n'est pas seulement raison mais aussi vie, chaire et lumi�re. Fen�tre qui se trouve parfois pos�e sur une jambe comme celle de cet enfant Sinayit preuve de cette marche par et vers un corps innocent o� s'imagine comme le symbole d'une route � tracer et � voir.
Ici, l'oeil est embr� et la larme venant du fond du coeur une perle.
Philip Levy, Mai 1998, Paris.
C'est au Maroc, dans le village de Beni Mellal, que Marc Eliany a vu le jour en 1948. Il restera tr�s attach� � son pays natal, qu'il quitte d�s 1961 pour Isra�l, et y retournera r�guli�rement. Durant ses ann�es d'�tudes universitaires � J�rusalem, il fait un s�jour au Canada. S�duit par la beaut� et l'atmosph�re paisible du pays, il d�cide de s'�tablir � Ottawa en 1976. Il y poursuit ses �tudes et obtient un doctorat en sociologie. Engag� par l'Organisation des Nations Unies, il vivra temporairement en Californie, en Autriche et en France, et sera appel� � se d�placer en Orient et en Am�rique du Sud. Ce peintre essentiellement autodidacte a n�anmoins suivi des cours au Coll�ge d'art de Tel Hay, en Isra�l, et � l'�cole des arts, � Ottawa. Ses influences sont multiples. Il admire la spontan�it� des peintres marocains Andr� Elbaz, Maxime BenHaim et Shaibia, l'art de la composition de Klee et de Chagall, l'utilisation des couleurs des peintres du Groupe des Sept et, enfin, les lignes et les formes de la peinture am�rindienne. Pour cr�er ses toiles, Marc Eliany utilise des pigments du Maroc qu'il m�lange avec de l'huile ou, plus rarement, de l'acrylique. Il travaille �galement avec de la p�te � papier color�e et des collages de papiers peints, techniques qui lui permettent de produire des surfaces extr�mement textur�es. Mon travail, dit-il, refl�te le retour constant vers les lieux de mon enfance et la recherche de mes racines. Il peint le Maroc non pas sur le mode figuratif, mais pour en reprendre les signes les plus forts de mani�re � transfigurer le souvenir qu'il en a. Son choix de couleurs et de symboles marocains rend par ailleurs hommage � la tradition de tol�rance envers les �trangers qui existe dans ce pays. Il a particip� � plusieurs expositions au Canada, aux �tats-Unis et en Europe. Ses �uvres figurent dans plusieurs collections publiques et priv�es.
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Le Mus�e des civilisations annule une exposition
Jean-Fran�ois Bertrand
Le Droit
Le mercredi 26 septembre 2001
� la suite des attentats du 11 septembre, le Mus�e canadien des civilisations a report� � une date ind�termin�e une exposition d�oeuvres d�artistes canadiens d�origine arabe.
Ces pays qui m�habitent devait �tre la grande exposition de
l�automne. Elle devait �tre pr�sent�e du 19 octobre prochain au 9 mars 2003.
Mais vendredi dernier, le comit� ex�cutif a pris la d�cision d�annuler l�exercice.
�Il est important de prendre du recul, de s�assurer que la perspective soit
plus large. Nous ne voulons pas changer l�exposition, mais prendre le temps
de la placer dans une nouvelle perspective�, a expliqu� Pierre Pontbriand, vice-pr�sident
aux affaire publiques du mus�e.
L�exposition devait mettre en vedette les oeuvres de 26 artistes, dont trois
avaient des liens avec la r�gion. Il s�agit de Farouk Kaspaules et de Sami Zubi.
Marc Eliany a son studio dans la Petite-Nation.
�Apr�s ce qui est arriv� � New York, les gens auraient vu l�exposition d�un
oeil diff�rent� a dit M. Kaspaules, qui se dit tr�s d��u de la d�cision du mus�e.
�J�esp�re qu�il y aura une chance, dans l�avenir, de pr�senter les oeuvres�
a ajout� l�artiste d�origine irakienne. Il a soulign� qu�il sympathisait avec
les familles qui ont perdu un �tre cher le 11 septembre.
Marc Eliany comprend �galement la d�cision du mus�e. �On ne peut pas pr�dire
la r�action des gens en g�n�ral. C�est dommage, c��tait une belle exposition.
C��tait un bel acte de partage multiculturel, g�ch� par quelqu�un qui n�a pas
assez de compr�hension�, a dit M. Eliany.
L�artiste est d�origine marocaine. �Je suis juif arabe et mes oeuvres parlent
de tol�rance, d��v�nements culturels partag�s par juifs, chr�tiens et arabes.�
Dans le cadre de cette exposition, �Les oeuvres, le parcours et les paroles
des artistes permettent de saisir l�exp�rience immigrante et le m�tissage des
cultures�, peut-on lire dans le programme d�activit�s de l�automne du Mus�e
canadien des civilisations. Plusieurs activit�s parall�les � l�exposition �taient
�galement au programme.
M. Pontbriand a d�clar� que l�exposition, par la nature de l�art contemporain,
est plus difficile � comprendre et a un attrait plus limit� que l�art populaire.
L��quipe de conservateurs, pr�parateurs et designers de Ces pays qui m�habitent
est � pr�parer des options qu�elle pr�sentera aux instances dirigeantes du mus�e.
Le mus�e ne voit pas sa d�cision comme allant � l�encontre des appels � la tol�rance,
� la compr�hension des autres cultures et � la d�nonciation des st�r�otypes
exprim�s par les �lus, les autorit�s polici�res et les leaders spirituels de
plusieurs religions.
Revue de
Monsieur Mamadou Seck,
Directeur du Bureau de l'UNESCO � Vienne
�Un artiste se r�v�le 1994
Ce qui frappe dans la peinture de Marc Eliany, c'est d'abord la g�n�rosit�. Marocain de naissance, il est viss�, avec �l�gance, � son royaume d'enfance, ce village de Beni Melal qui l'a vu na�tre, au coeur de ses vergers qui forment un oc�an vert sur lequel flottent des oranges presques mythique.
Pour lui, le Maroc, c'est d'abord le Pays p�tri d'humanisme avec feu Moulay Youssef et Hassan II, souverains ouverts au monde, artisans d'un consensus national dig�rant, avec bonheur les clivages ethniques.
C'est aussi le souvenir imp�rissable de ces gardes aux vestes rouges orn�es de boutons noirs, avec leurs tuniques vertes et leurs gants blancs.
Enfin, il n'a pas oubli� ses femmes portant voil� par signe d'humilit� et non � cause d'une quelconque oppression, avec toujours, cette splendide M�diterran�e qui baigne Rabat.
Bousculant les id�es pr�con�ues, Marc Eliany se veut un observateur objectif,
saluant l'admiration d'un peuple pour son Roi. N'est-ce pas la bienveillance du Roi
que recherchent tous ces p�lerins priant pour la paix, confondant avec bonheur,
royaut� et saintet�, invoquant le ciel pour �tre prot�g� contre le mauvais oeil,
contre le diable?
Que dire des tableaux, symbole de p�lerinage, figuration de p�lerinage dans ce pays de pri�re? Le rouge, symbole du sacrifice, le vert, symbole de l'abondance, sont partout pr�sents qui pr�sagent un avenir fait de sant� et de bonheur.
Marc Eliany va plus loin dans l'enchantement. Les fianc�es radieuses, les grooms en extase
sans oublier les haltes dans les march�s exhalant le henn� qui rev�t, ici, les vertus d'une couronne sur la t�te.
Que dire, aussi, de cette culture berb�re qui transparait �a et l� dans la description de la vie au village avec les filles splendides, sans oublier l'�ternelle babouche prot�geant du sable chaud et la beaut� de l'artisanat que symbolise une poterie dont l'art remonte longtemps dans le pass�.
En regardant la peinture de Marc Eliany, on est vite saisi par un d�sir violent de s'attarder sur les horizons marocains, de se d�lecter de ce ciel d'un bleu �clatant, sans oublier le peuple l�-bas, si accueillant dans les march�s baign�s de lumi�res.
Avec Marc Eliany, le Maroc se d�voile comme il a toujours �t�: un royaume o� il fait somme toute bon de vivre. Il n'est pas ais�, peut-�tre m�me pas souhaitable, de tout dire en peu de mots sur la peinture de Marc. En suscitant des r�ves, elle ouvre les yeux sur les horizons marocains dont le bleu �clatant du ciel est un symbole vivant d'ouverture et, surtout, d'optimisme.
Revue du Professeur Serge Ouaknine
Universite du Quebec a Montreal
1994
Les portes de la memoires
En ecrivant l'evocation d'une porte, d'un seuil, Marc Eliany touche a l'heraldique, a la force du signe, simple comme un drapeau. Sa peinture est en echarpe comme un drape qui aurait reduit les rythmes, les elans a l'essentiel.
Du Maroc, il ne peint pas l'objet figuratif mais les signes forts, nouvelle transfiguration des lieux de son enfance.
Ses portes sont ses peaux. Elles nous convient a franchir le seuil de la toile pour le corps entier de sa memoire, les sensations de son appartenance. Marc Eliany est interpelle par la joie des seuils, des portes, metaphores des passages. La porte est par excellence le signe de l'Exode, de la transition du nomadisme terrestre au nomadisme celeste jusqu'au Saint des Saints infranchissable du Temple.
La porte est encore exil. Une errance. Une perte. Mais la porte est aussi celle du savoir,
un livre a ouvrire et a franchir.
Aussi dans cette allegorie des toiles de Marc Eliany, je ne lis pas la nostalgie mais un desir de reappropriation de toutes les portes et murs et paysages de son Maroc natal.� Un pas vers sa spiritualite fervent, coloree et sa farouche sensualite.
Il y a de la fantasia dans la trace de son pinceau et du silence soudain sur ses plages vides.
Il entre dans l'ordre d'une conception abstraite car au-dela de toute porte peut surgir le champ du sacre.
Bleu de Chaouen. Blanc de Sale. Ocre des remparts. Or embrase des cuivres. Or diamente des pilons et des plateaux ciseles. Vert emeraude, acide presque des portes de bois, des echoppes et des maisons du nord. Rouge sang. Orange barbare. Pourpre et noire viellis, bronze poussiereux du sud. Cramoisi de Marrakesh. Bleu celeste d'Essaouira. Blanc gifle d'Agadir de tant d'eclats dans la lumiere. Glacis multicolore de ses� mosaiques andalouses,
de ses orfevreries ommeyades.
Les parquets rejoignent les fractale d'un ordinateur medieval. Les formes comme des equations cosmiques - pour ne faire aucune illustration de Dieu. Allah le veut. Mais qu'en est il de la parole? Elle si voluble. Parole du negoce. Parole de l'inquietude et de la seduction. Elles sont pour moi definitivement associees a des odeurs. Peindre le Maroc serait retracer le chemin olfactif des ruelles. De ses portes aux milles cuisines quand le labyrinthe des yeux s'associe aux remous des pas inegaux. Tous les sens sollicites en chaque instant quotidien.
Il n'est pas de peinture abstraite qui puisse entrer en concurrence� avec l'immense fresque des souks. Il n'est pas de figuration possible de l'allegorie altiere des campagnes. De ses fellahs dont la harangue habite la ville. Il n'est pas de geste plus civilise que ses jardins insoupconnes derriere des portes modestes. Car l'Islam oblige le possedant a la pudeur.
La femme, un jardin intime. Chaque seuil est une attente. L'architecture des portes quasi metaphysique. Divines proportions de leurs forces et desuete certitude sur ce quelles protegent.
Les portes sont dans toutes les mythologies les allees de l'Enfer ou du Paradis. Au Maroc comme dans tout l'Orient, les portes sont associees aux sanctuaires de la priere et a l'erotique de la maison. Passer une porte arabe c'est entendre ce que hospitalite veut dire:
l'acces a la demeure de l'autre. A sa loi. Un equilibre familier entre la chambre close et le patio, entre la terrasse des sommeils d'ete et le ciel toujours proche d'un halo de paroles.
Le Devoir
Montreal, Quebec
2001
Expo Arabe? Jerome Delgado collaboration speciale
VAUT MIEUX en parler en mal que pas du tout, se sont peut-etre dit
les gens du Musee canadien des civilisations de Hull de l'exposition: Ces pays qui m'habitent-Expressions d'arttistes canadiens d'origine arabe.� Annulee un premiier temps par la direction pour de nebuleuses
raisons reliees a l'actualite internationale, l'expo a finalement
ete inauguree grace a l'intervention de Jean Chretien. Qui sait si
sans ce boiteux coup politique , les medias se seraient tournes vers
cette etrange reunion, ou l'on pretend que, par le fait d'avoir des
memes origines (faudrait-il encore prouver que la culture arabe est
uniforme), des individus se retrouvant dans un nouveau pays puissent
former un groupe homogene et donc etre evalue comme tel.
Principale constation : les 26 artistes rassembles ne jouent
evidemment pas dans la meme ligue. Et l'amateurisme de certains,
voire le mercantalisme d'autres , ne fait que porter ombrage aux
quelques� signatures plus audacieuses parmi lesquelles la peinture
d'Hannah Alphah ou l'installation de Rawi Hage, une surprenante
correspondance mi-personelle mi-fictive avec la photographe Raymonde
April. L'expo se revele d'une grande banalite, avec la triste
impression que l'on veut faire de ces gens des victimes. Sinon
pourquoi auraient-ils fui leurs pays, ou, pis encore, pourqoui le
Canada les auraient-ils accueillis? Bref, l'ensemble joue sur les
cliches avec un ton passablement naif "M.E a vu le jour au Maroc et
a vecu en Israel (...); il reside maintenant a Ottawa, au Canada." A
qui s'adresse-t-on?
Levy, Eliany
Review by Yitzhak Kerem
This
is a pioneering effort. Unfortunately, the book only came out in
French, and will not be
understood by many in the field. This
compilation of biographies
of historic and contemporary
Sephardic/Mizrahi Jews
is extensive, but certainly not exhaustive. One
can find great 16th century
Sephardic rabbis like Yosef Taitazak, Yaakov Berav, Yosef Caro, Moshe Alhech,
etc., or contemporary rabbis like Marc Angel, Yitzchak Kadouri, Joseph Sitruk,
Rene-Samuel Sirat, and ObadiahYossef. In the dignitary and leader section one
can read of
current affluent Moroccan
financiers and royal political advisors like
Andre Azoulay, Serge Berdugo,
and Robert Assaraf, or contemporary
sholars like Yosef Shetrit,
Aron Rodrigue, Esther Benbasa, the three
Bar-Asher brothers, but
the book has significant gaps. What is
interesting is that significant
other half of pairs are missing. Rabbi
Berav of Safed who objected
to the Jerusalemite monopoly of granting
semiha (rabbinic ordination)
was mentioned; but overlooked was his
Salonikan Jerusalemite
opponent Rabbi Haviv; whose descendent was the
initial author of the
famous Sephardic Biblical commentary Meam Loez.
For example, Hebron chief
Rabbi Rahamim Franco is mentioned, but his
first cousin Rabbi Moshe
Franco, prominent rabbi of Rhodes and Chief
Rabbi of Jerusalem, was
not mentioned, but the son of the latter Hizkia
Franco, head of the Rhodian
Jewish community was mentioned. Mentioned
was Romanite Jew of Ioannina
and researcher Joseph Matsa, but Rachel
Dalven, as prominent in
the field, also from the same familial origin,
and editor of the Yeshiva
University journal �The Sephardic Scholar�
wasn�t mentioned. However,
the most prominent Jew from Ioannina in the
modern period, Effendi
Davitchon Levy, advisor to the Sultan,
international banker,
and member of the Ottoman parliament in the
mid-1870s, was not mentioned.
Whereas Israeli politician Yosef Matsas
was mentioned, his cousin
Eliyahu, who as a High Court judge has a
higher stature was not
mentioned; not was their grandfather Senior Gani
of Ioanina who initiated
Jewish settlement in the Christian Quarter of
the Old City of Jerusalem
in 1880. Leon Recanati, president of Jewish
community of Salonika
and founder of the Israel Discount Bank was
mentioned, but his brother
Avraham Recanati, one of the world leaders of the Revisionists, prominent Betar
and Mizrachi leader in Salonika,
member of the first Knesset
from Herut, and editor of the monumental
Zichron Saloniki was omitted.
Israeli Iraqi scholar Prof. Shmuel Moreh
was mentioned, but his
younger counterpart Prof. Yitzhak Avishur of
Haifa was omitted. Israeli
Iraqi politician Shlomo Hillel was described, but forgotten were Shoshana Arbeli-Almosnino,
his Iraqi female contemporary in the Mapai/Labor delegation in the Knesset and
cabinet minister; as well as Mordechai Ben-Porat, Former Iraqi-born Israeli
cabinet minister, and founder of the museum for the Heritage of
Babylonian Jewry. Ben-Porat
is so important in Israeli that he even has
a major street named after
him while he�s living!
All three played valuable
roles in bring Iraqi Jewry to Israel, but
Ben-Porat is also a key
figure in Israeli society regarding Iranian
migration from the 50s
until today. Ben Porat�s books in English are
even sold in the major
bookstores of Montreal and the authors should
have known who he is.
While the authors did recognize the historical
importance of Salonikans
like community leader and author Asher Moissis
(20th century), industrialist
and educators Moise Allatini and Juda
Nehama, Alliance Israelite
Universelle principal, banker, and community
leader Joseph Nehama,
omitted was Sam Modiano (journalist and community
leader), Yomtov Yakoel
(born in Trikala like Mossis) and key community
leader in 1930s and Holocaust
with Moisis in Salonika and then Athens,
but his death in crematorium
In Birkenau inspired the
Greek Jews to revolt later on October 6, 1944!
His memoires have been
published in recent years and were written about
in many Sephardic publications
in North America. Again another major
over site by authors.
Missing were famous late 19th-century-early 20th
century Salonikan rabbis
like Emmanuel Brudo, Chaimoutcho Kovo, and Haim Haviv. Missing in scholarship
are world renown Sephardic historians (who are of Sephardic origin) like Yom
Tov Assis, Robert Bonfil, Aliza Meyuhas Gino, the deceased Meir Benardette,
and more. While in the field of Ladino dissemination and authorship, Avner
Perez is listed, Moshe Shaul, who founded the frameworks Perez is involved in,
and has been the most active in the world and for the longest time in the perpetuation
of Ladino through radio, the publication Aki Yerushalayim, and high school education
courses, has not been mentioned. Also missing was the Elazar family of
Salonika/Yugoslavia/Israel with Yom Kippur I.D.F. Chief of Staff David (Dado)
Elazar, Jerusalem author Yaakov Elazar, and academic
Prof. Daniel Elazar, who
was the former head of the American Sephardic
Federation, wrote several
books on Sephardic communities around the
world, and founded the
Jerusalem think-tank, The Jerusalem Institute for Public Affairs. Leon Levy
current head of the ASF was also not
mentioned; as was similarly
omitted Louis Levy, promoter of Sephardic
culture and research,
and founder and leader of the Association of
American Jewish Friends
of Turkey. No mention of Sephardic personalities in post-WWII Turkey. Omitted
was author and editor of the Shalom Judeo-Spanish newspaper Salomon Bicerano,
community leaders Bentsion Pinto, Naim Guleryuz, and financier Jak Kamhi, who
established the still-active Turkish 500 Year Foundation. In Greece, current
Sephardic historians Albert Naar and Rena Molho are missing, but the list of
those forgotten is vast; including Niko Stavrolakis who founded Jewish museums
in Athens and Chanea, Crete (and restored its synagogue),
media personality Maria Rezan, filmmaker Nestoros Matsa, and one of the
founders of Rembetiko, the Singer Rosa Eshkenazi.
Leading historian of Spanish Moroccan Jewry, Yitzhak Gershon, who
also heads the Yad Tabenkin
Center in Israel and edited the Hebrew
academic journal Shoreshim
Bemizrah, on Sephardic/Mizrachai Zionism,
together with another
erudite historian of Moroccan and North African
Jewry Itzhak Avrahami,
is also missing. While Israeli author,
translator, and publisher
Yitzhak Gormezno Goren is listed, his cohort
Sami Shalom Chetrit, who
is a leading Moroccan intellectual and author
in Israel was overlooked.
The Jerusalem-born poet and singer, who many
generations ago became
a mainstream singer in Tunisia, Nissim Mizrachi
was also overlooked. World-known
Sephardic folklorists Tamar Alexander
and Matilde Coen-Seranao
also are not listed in the book. Unfortunately, none of the Emmanuels were listed;
the historian Itzhak Emmanuel, who wrote the overwhelmingly greater part of
the secondary historical literature on Salonikan and Curacao Jewry; Yitzhak
Moshe Emmanuel who is listed in over 15 Who�s Who volumes, was the first Sephardi
to write an extensive familial genealogical expose, and has been a social reformer
in Israel - by first writing extensively on the Sephardi-Ashkenazi socio-economic
gap in Israel in the 1950s and through political organizing; Rio de Janeiro
Sephardic leader Yitzhak Emmanuel, and more.
Sephardic members of the Second Aliyah, educator, geographer, and
Salonikan historian David
Benveniste; romance researcher Moshe Attias;
folklorist Baruch Ouziel,
who dreamed of bringing Salonikan porters to
Judaize the Haifa port
in the early 1930s; and Yisrael Shirizli, the
Hebrew and Ladino publisher
and proponent of the modern Hebrew language
is missing.
While the authors showed a good familiarity with Bulgarian Jewry,
they lacked knowledge
and a sense of where to search pertaining to
Greek, and Turkish Jewry.
From France,
the prominent Sephardic leaders of the 1930s and 1940s,
Dr. Vidal Modiano and
Edgar Abravanel were overlooked; as was Rabbi
Cassorla (b. Monastir)
of Toulouse who encouraged the Jews of that city
to resist deportation
in the Holocaust. Also missing was the Salonikan
Parisian philanthropist
and former head of the World Sephardic
Organiation, Eli Nahmias.
The chronicler
of the Aleppo Jewish community in New York, Isaac
Setton, and leading Sephardi
scholar of Syrian Jewry, Yaron Harel, are
also missing. Sephardic
figures that were noted in American society that were omitted included WWI chairman
of the War Industry Board and later U.S. representative to the U.N. Atomic Energy
Commission Bernard Baruch, U.S. Commodore Uriah Phillips Levi who purchased
and preserved
Monticello; philanthropist
Judah Touro; and silversmith Myer Myers of
Richmond. Other prominent
Sephardim in the U.S.A. not mentioned were
actress Eddie Gourme,
the Hazzan (cantor) Alberto Mizrachi, author
Victor Pererra, U.S. presidential
advisor (from Franklin Roosevelt
onward for over 40 years)
on aging Ruben Hanan,
I was extremely puzzled to discover that my colleague Mordechai
Arbel, A Bulgarian-born
Sephardic historian of the Jews of the Caribbean and Portuguese Nacion, and
former Israeli diplomat and ambassador in numerous countries was not mentioned.
He is well known also in the French-speaking world and has lectured and published
widely in France and in French-language publications.
Distinguished Sephardic athletes that were not listed were the
late 18th century English
champion boxer (pugilist) Daniel Mendoza and
Tunisian world featherweight
champion Jung Perez, who died in the Buna
camp of Auschwitz in 1944.
Several other entries in the book raised questions about the
knowledge of the authors
about the Sephardic world. Leader of Spanish
Jewry, Samuel Toledano,
who passed away several years ago is still
listed as living. His
death was publicized extensively in the Jewish and Sephardic world, and for
several years, the Misgav Yerushalayim
Institute in Jerusalem
has sponsored an annual lecture in his name and
has sponsored several
international competitions for prizes for
scholarly works, which
have been advertised widely throughout Sephardic
publications around the
globe.
Many of the entrees were extremely scant in providing information
or overly general. Embarrassing
details were deleted in the biographies
of many; which raises
numerous questions and differs from what one can
find in academic accounts
or even in much secondary literature.
On
a more positive note, one can scan the book to learn about noted
Sephardic rabbis, intellectuals
and prominent thinkers, artists,
authors, dignitaries,
and leaders. While there were the above omissions, the authors brought to the
forefront known and unknown Sephardic personalities. The known personalities
range from Israeli presidents Yitzhak Navon and Moshe Katsav to important Sephardic
rabbis like Hezkiyahu Medini (Hebron), Menashe ben Israel (Amsterdam), the
controversial Baruch Spinoza
and false messiah Shabbetai Zvi, to famous
authors like A.B. Yehohusa
and Elias Canetti, and leaders like Abraham
Behor de Camondo, Moses
Montefiore, Gracia Nasi, the Sassoons, Yaakov
Valero (of Jerusalem),
and Eliayahu Elyachar. Relatively unknown, except to a small handful of researchers,
are individuals like early 20th century Peruvian Sephardic leader Victor Israel,
Tiberian Chief Rabbi Yaakov Hay Zrihen, mid-18th � early 19th century rabbi
of the Portuguese community in Tunis, Ouziel ben Mordekhai Alhaik, 17th century
Turkish author Yaakov Roman, many Moroccan rabbis, and countless numbers of
other significant Sephardic since primarily the Spanish expulsion, but also
previously. Prominent contemporary Sephardim whether in organization life (example
Dr.Jose Nessim, founder of the Sephardic Educational Center in Jerusalem), academia
and research (even as young as art historian Ariella Amar, Haim Saadon, historian
of Tunisian Jewry and Zionism, Yosef Charbit, historian of Algerian rabbinic
history and modernization) or the more established like musicologist Amnon Shiloach
or Prof. Yosef Chetrit are also included. The book pays a great tribute to those
who died young like Yedida Halfon Stillman, who was an expert on Sephardic costume,
or the militant nationalist and Zionist Yosef Marco Baruch, who volunteered
to fight for Greece against Turkey in 1897. The book also highlights artists
and musicians, who often don�t get the recognition they deserve like Amsterdam
poet Miguel Daniel Levi Barrios, or Dr. Avi Ilam Amzaleg, who initiated the
popular Andalucian orchestra in Israel. The dictionary does great service
to those pioneering and toling Sephardim who continue to give their time and
resources to propagate Sephardic culture like Moise Garzon-Serfati and Jacob
Carciente of Caracas, Venezuela, who founded the Judeo-Spanish publication Maguen
and published numerous books on the Sephardim, or Rabbi Eliyahu Marciano of
Jerusalem who toils to republish Sephardic rabbinic works or has published numerous
works of his primary historical and rabbinical research on the Jews of Spain,
the 1391 riots and expulsions, the history and heritage of the Jews of Debdu,
Melilla, and
elsewhere in Morocco.
Hopefully, in future editions and publications, the above authors
and other authors will
utilize the wealth of information at one�s
disposal from academic
researchers of Sephardic Jewry, journals and
magazines of Judeo-Spanish
and Sephardic culture, the Encyclopedia
Judaica and its bi-annual
yearbooks, this e-mail publication and others,
Moshe David Gaon�s �Yehudei
Hamizrah Be�eretz Israel� (Part II), the
wealth of information
at public disposal via Jewish genealogical web
sites and publications,
archival collections and libraries like The
Jewish National and University
Library in Jerusalem, The Central
Archives for the History
of the Jewish People (Jerusalem), The new
Jewish Historical Center
in New York, the Alliance Israelite Universelle in Paris,
The John Carter Brown
Library at Brown University (Providence, Rhode
Island), the Ben Zvi Institute
(Jerusalem), and search for the major
publications and community
books of the numerous Sephardi/Mizrachi
groups in Israel and abroad.
Naturally, every such volume excludes many and causes jealousy,
resentment, or criticism,
but the fact that this book exposed so many
Sephardic personalities
is not only a tribute to those included, but
beneficial to the study
of Sephardic life, can assist Sephardic communal life, and is a positive and
instrumental educational model for future generations.
Although, this review has been very critical, it is important to
commend the authors and
encourage them to continue their Sephardic
literary and cultural
activities. Hopefully, future works will be the
product of greater cooperation
and resourcefulness. I recommend that the authors be supported by the purchase
of this book in order to reimburse them for all of their efforts, and
that it be part of every Sephardic library.