L'EFFICACITÉ DES PROGRAMMES DE PRÉVENTION ET DE RÉHABILITATION
DE
L'ALCOOLISME ET D'AUTRES TOXICOMANIES
SOMMAIRE DES ÉVALUATIONS
RAPPORT DE BASE DE LA STRATÉGIE NATIONALE ANTIDROGUE
Rapport
technique
Préparé
par
Marc
Eliany
et
Brian Rush,
Ph.D.
À
l'intention de :
Unité des études en promotion
de la santé
Direction de la promotion de
la santé
Direction générale des services et de la
promotion de la santé
Santé et Bien-être social
Canada
Janvier
1992
* Les opinions exprimées dans ce rapport sont celles
des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de Santé et Bien-être
social Canada.
Citations suggérées :
Santé et Bien-être social Canada (1992)
L'efficacité des programmes de prévention et de
réhabilitation de l'alcool et d'autres toxicomanies
Sommaire des évaluations
Rapport de base de la Stratégie nationale antidrogue
Préparé par Marc Eliany et Brian Rush, Ph.D.
© Ministre
d'Approvisionnements et Services Canada 1992
No
de catalogue
ISBN
Également disponible en anglais sous le titre
suivant :
How Effective are Alcohol and Other Drug Prevention
and Treatment Programs?
A Review of Evaluation Studies
A Canada's Drug Strategy Baseline Report
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE
REMERCIEMENTS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
POINTS SAILLANTS
CHAPITRE UN : INTRODUCTION
Problèmes
imputables à l'alcool et aux autres drogues dans la société canadienne
La
réaction aux problèmes imputables à l'alcool et aux autres drogues au Canada
Promotion
de la santé
Recouvrement
de la santé
Le
rôle de la recherche et de l'évaluation des programmes
Objectif
du présent rapport
Limites
de l'étude
CHAPITRE DEUX : PROGRAMMES DE PROMOTION DE LA
SANTÉ
Programmes
de promotion de la santé au Canada
Aperçu
des études étrangères et canadiennes
Programmes
en milieu scolaire
Programmes
en milieu universitaire et collégial
Programmes
médiatiques
Programmes
de prévention axés sur la famille
Programmes
communautaires
Programmes
à l'intention des serveurs
Politiques
de contrôle de l'alcool
Politiques
de contrôle de la disponibilité physique de l'alcool
Politiques
de contrôle de la disponibilité économique de l'alcool
Politiques
de contrôle de la disponibilité sociale de l'alcool
Politiques
de contrôle social du comportement
Questions
méthodologiques sur l'évaluation des programmes de promotion de la santé
CHAPITRE TROIS : PROGRAMMES D'INTERVENTION
PRÉCOCE
Les
programmes d'intervention précoce au Canada
Revue
des études étrangères et canadiennes
Programmes
à l'intention des conducteurs aux facultés affaiblies
Programmes
en milieu de travail
Programmes
des établissements de soins de santé et de services sociaux
Stratégies
de détection
Stratégies
d'intervention
Programmes
pour les groupes fortement exposés
Questions
relatives à la méthode d'évaluation des programmes d'intervention précoce
CHAPITRE QUATRE : PROGRAMMES DE TRAITEMENT ET DE
RÉHABILITATION
Programmes
canadiens de traitement et de réhabilitation
Étude
de la documentation internationale et canadienne
Questions
générales sur l'évaluation de l'efficacité des programmes
Modes
de traitement
Pharmacothérapie
Counselling
et psychothérapie
Éducation
sur l'alcoolisme et de toxicomanie
Confrontation
Thérapie
conjugale et familiale
Thérapie
comportementale
Reconnaissance
de l'alcoolémie
Groupes
d'entraide
Contexte
et durée du traitement
Évaluation
du client et choix de traitement
Prévention
des rechutes et soins continus
Questions
sur les systèmes de traitement
Questions
sur la méthode d'évaluation des programmes de traitement et de réhabilitation
CHAPITRE CINQ : RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
Quels
types de programmes «fonctionnent»?
Évaluations
canadiennes
BIBLIOGRAPHIE
PRÉFACE
Voici le troisième d'une série de rapports de base
produits à la demande du Comité fédéral‑provincial sur l'alcool et les
autres drogues dans le cadre de la Stratégie nationale antidrogue.
Les deux premiers rapports, L'alcool au Canada
et Les drogues licites et illicites au Canada, ont été préparés par la
Direction de la promotion de la santé afin de fournir aux Canadiens des
renseignements utiles et précis sur la nature, l'étendue, l'évolution et les
conséquences de la consommation d'alcool et d'autres drogues. Le présent
rapport résume les évaluations des programmes de prévention et de réhabilitation
de l'alcoolisme et des autres toxicomanies dans l'ensemble du Canada. L'un des
objectifs consistait à rassembler les nombreux documents faisant état de
l'efficacité de ces programmes afin d'aider les planificateurs et les
prestateurs de services à concevoir et appliquer des programmes conformes aux
résultats des recherches. Comme deuxième objectif, on voulait revoir les
évaluations canadiennes dans le contexte plus vaste de la documentation
internationale. Cela sert non seulement à mettre en évidence l'importante
contribution canadienne, mais également à guider l'amélioration des méthodes
d'évaluation des programmes relatifs à l'alcool et aux autres drogues au
Canada.
Stratégie nationale antidrogue
Le présent rapport de base s'inscrit dans la Stratégie
nationale antidrogue (SNA). Cette dernière a été lancée le 25 mai 1987. Elle
est fondée sur des consultations à grande échelle auprès des gouvernements
fédéral, provinciaux et territoriaux, des organismes non gouvernementaux et des
experts de la toxicomanie.
Le gouvernement fédéral a prévu un budget quinquennal
de 210 millions de dollars pour améliorer les programmes existants et financer
des projets dans cinq ministères fédéraux.
La Stratégie nationale antidrogue cherche à réduire
les conséquences personnelles, familiales et collectives de l'alcoolisme et des
autres toxicomanies en s'attaquant simultanément à l'offre et à la demande.
Cette stratégie fait l'équilibre entre la prévention
et l'éducation, d'une part, et l'interdiction ainsi que la coercition, d'autre
part. Elle se fonde sur la prémisse voulant que la réduction à long terme de
l'alcoolisme et des autres toxicomanies ne puisse se réaliser qu'en s'attaquant
à la racine du problème, c'est-à-dire la demande. Ainsi, environ 70 p. 100
des ressources de la SNA sont consacrées à l'éducation, à la prévention et au
traitement.
Lors du lancement de la Stratégie nationale
antidrogue, cinq ministères fédéraux ont reçu des fonds pour de nouveaux
projets dirigés par Santé et Bien-être social Canada. Cependant, l'ensemble de
la Stratégie englobe un nombre encore plus grand de ministères fédéraux.
Certains ont reçu des fonds supplémentaires pour des programmes déjà en marche.
D'autres ont élaboré par la suite, ou sont en train d'élaborer, des programmes contre
l'alcoolisme et les autres toxicomanies. Ce sont tous des partenaires de la
SNA, tout comme le sont les provinces et les territoires, ainsi que les
organismes qui bénéficient du financement du gouvernement fédéral pour des
programmes de réduction de l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
À l'heure actuelle, 14 ministères et organismes
fédéraux, l'ensemble des provinces et des territoires et des centaines
d'organismes non gouvernementaux peuvent être considérés comme des partenaires
de la Stratégie nationale antidrogue.
REMERCIEMENTS
Ce rapport a été préparé par Marc Eliany de l'Unité
des études en promotion de la santé, Direction générale des services et de la
promotion de la santé, Santé et Bien-être social Canada, et par le docteur
Brian Rush, de la Fondation de recherche sur l'alcoolisme et la toxicomanie, à
London (Ontario).
Les auteurs du présent rapport sont redevables au
personnel de la Direction de la promotion de la santé, et en particulier à
celui de l'Unité sur l'alcool et les autres drogues et de l'Unité des études en
promotion de la santé.
Nous remercions les docteurs Tarik Bhatti et
Pete Conley pour leurs commentaires et leurs conseils à titre
d'examinateurs internes de Santé et Bien-être social Canada. Nous remercions
spécialement le docteur Louis Glicksman qui a examiné les chapitres
relatifs à la promotion de la santé ainsi que le docteur Kate Graham
ainsi que MM. Garth Martin et Peter Murchison qui ont revu les
chapitres relatifs au traitement à titre d'examinateurs externes.
Nous remercions également les personnes
suivantes :
Χ Mme
Honey Fisher, pour la préparation d'une bibliographie annotée;
Χ le
docteur Heather Lank, pour la rédaction d'un résumé des constatations;
Χ M.
Philip Veneseon, pour avoir résumé les évaluations des programmes ontariens de
promotion de la santé et aussi pour avoir rédigé et compilé les listes de
référence;
Χ Mme
Claire Chamberland, pour la préparation des rapports sur le Québec;
Χ Mme
Suzanne Tyas, pour avoir aidé à intégrer la documentation québécoise dans
l'étude et avoir fourni des commentaires sur l'ensemble du manuscrit; et
Χ Mme
Jacinth Tracey, pour son aide à la préparation des rapports sur l'Alberta.
Nous remercions également tous les collaborateurs qui
ont contribué à la publication, particulièrement Kay Rawlings, Marilyn Ryan et
Gordon McMillan, de même que Wendy Rush, Barb Keogan, Cindy Ried et Sue
Steinback pour le traitement de texte.
Les demandes de renseignements et les commentaires à
l'égard du présent rapport peuvent être envoyés à l'adresse suivante :
Unité
des études en promotion de la santé
Immeuble
Jeanne‑Mance, 4 étage
Pré
Tunney
Ottawa
(Ontario)
K1A
1B4
Des exemplaires du présent rapport peuvent être
obtenus à l'adresse suivante :
Unité
des publications
Direction
générale de la promotion et des services de santé
Immeuble
Jeanne‑Mance, 5 étage
Pré
Tunney
Ottawa
(Ontario)
K1A
1B4
POINTS SAILLANTS
L'efficacité des programmes de prévention et de
réhabilitation de l'alcoolisme et d'autres toxicomanies. Sommaire des
évaluations.
Par Marc Eliany et Brian Rush, Ph.D.
QU'EST-CE QUI EST EFFICACE?
Malgré la complexité des problèmes imputables à
l'alcool et aux autres drogues, on peut s'en faire une idée en examinant la
documentation. En général, des
stratégies globales bien coordonnées, qui allient la réglementation, la
fiscalité et des campagnes sociétales, ont tendance à donner des résultats
lents mais positifs (par exemple, les campagnes contre le tabagisme).
Les politiques de contrôle ont aussi un certain
effet. Par exemple, l'accroissement de
l'âge minimal pour consommer de l'alcool réduit le nombre de décès causés par
cette substance. De même, les restrictions sur la vente au détail de l'alcool,
particulièrement la vente à l'extérieur des lieux autorisés, sont efficaces
pour réduire les problèmes imputables à cette substance. L'augmentation du prix
de l'alcool est une autre mesure constructive. De plus, les programmes visant à
former les serveurs dans les bars réduisent l'ébriété et la conduite automobile
avec facultés affaiblies.
Les campagnes d'éducation et de publicité sociétale
semblent plus efficaces lorsqu'elles visent une modification des normes
sociales, plutôt qu'un changement de comportement.
Les outils de dépistage précoce, comme le CAGE[1]
et l'AUDIT (abréviation de Alcohol Use Disorder Identification Test,
«épreuve d'identification des troubles liés à la consommation d'alcool»), sont
utiles. Il semble que le fait d'interroger les gens par ces moyens permette de
dépister plus précisément qu'avec les analyses chimiques, les problèmes
imputables à l'alcool et aux autres drogues.
La recherche démontre l'efficacité des programmes
d'intervention qui visent à changer le comportement, dans la mesure où ces
programmes sont de courte durée. Les interventions à plus long terme ne
semblent pas donner de meilleurs résultats, et se révèlent souvent moins
efficaces. La revue de la documentation ne permet guère de démontrer
l'efficacité de la psychothérapie. Cette revue ne corrobore pas non plus
l'efficacité des programmes d'initiative personnelle, comme les Alcooliques
Anonymes (AA). Cependant, quatre Canadiens sur cinq préfèrent chercher de
l'aide auprès de ces groupes plutôt que de faire appel aux services
professionnels de counselling.
À l'exception du diazépam, utilisé pour la
désintoxication des alcooliques, les psychotropes s'avèrent inefficaces dans le
traitement de l'alcoolisme et des toxicomanies. La méthadone, un médicament
contre la dipsomanie, est le meilleur traitement de la dépendance envers les
opiacés. Elle est administrée par voie orale et réduit ainsi le risque
d'infection au VIH causée par l'emploi d'une seringue usagée.
La plupart des études sur les soins de désintoxication
ambulatoires et en foyer ont donné des résultats positifs; les programmes
résidentiels à long terme exigent une évaluation plus approfondie. Actuellement,
la documentation suggère que les programmes sans hospitalisation sont plus
efficaces et nettement plus rentables.
QUE FAUT-IL FAIRE?
- Davantage
d'évaluations sur les processus afin de mettre en lumière l'implantation et
l'acceptation des programmes;
- Des
études de rentabilité;
- Des
études comparant les divers moyens servant à diffuser les résultats de
recherche pour qu'ils servent à la prévention et au traitement;
- Des
fonds pour mettre au point des évaluations fiables;
- De la
formation pour les gestionnaires de programmes, les planificateurs des
politiques et les candidats aux postes qui incluent un rôle d'évaluation;
- Des
mesures d'évaluation pratiques;
- L'adoption
de méthodes de vérification des évaluations avant la tenue des évaluations
elles-même, en vue d'assurer que ces méthodes soient convenables et qu'elles
respectent les objectifs du programme.
CHAPITRE UN : INTRODUCTION
Problèmes imputables à l'alcool et aux autres drogues
dans la société canadienne
L'usage intempérant de l'alcool et d'autres drogues
compte parmi les problèmes sociaux et sanitaires les plus graves au Canada. Les
problèmes imputables à l'alcool et aux autres drogues affectent l'ensemble de
la population, dans toutes les régions, dans tous les groupes d'âge et dans
toutes les couches sociales. Ces problèmes coûtent cher. Ils infligent non
seulement de grandes souffrances individuelles, mais aussi un lourd fardeau
social : accidents, violence familiale, soins de santé, réduction de la
productivité et criminalité. Pendant l'exercice fiscal 1985‑1986 seulement,
les coûts de l'alcoolisme au Canada ont été estimés à 5,25 milliards de dollars
(Eliany, 1989a).
Une
étude récente, L'alcool au Canada, publiée par Santé et Bien-être social
Canada (Eliany, 1989a), permet d'apprécier l'étendue du problème. L'alcool est
la drogue non médicinale la plus consommée au Canada; 81 p. 100 des
Canadiens de 15 ans et plus en ont bu en 1985. En moyenne, ils ont acheté
10,2 l d'alcool absolu par personne. La plus grande partie, soit environ
la moitié des ventes totales d'alcool absolu, est achetée sous forme de bière.
Les spiritueux forment environ le tiers des ventes, et le vin, un sixième. Ces
proportions évoluent : on achète beaucoup mois de spiritueux, un peu moins de
bière et un peu plus de vin qu'auparavant. Tandis que les ventes d'alcool se
sont accrues régulièrement de 1970 à 1975, elles se sont stabilisées de 1975 à
1980. Entre 1982 et 1986, les ventes ont chuté de 8 p. 100. En 1984, le
Canada se classait vingt-et-unième parmi 32 pays industrialisés en ce qui touche
les ventes d'alcool absolu par adulte.
Même
si les ventes ont baissé, l'alcoolisme demeure un problème sérieux au Canada.
Des études suggèrent qu'entre 4 000 et 5 000 décès par année seraient
attribuables à la consommation excessive d'alcool, que cette substance serait
impliquée dans un grand nombre de décès chez les jeunes canadiens
(particulièrement la conduite automobile avec facultés affaiblies) et que
nombre de maladies, y compris la cirrhose, sont liées à la consommation
d'alcool.
Contrairement
à ce qu'on observe pour l'alcool, seule une petite minorité d'adultes canadiens
font usage de drogues illicites et une proportion encore plus faible en
prennent régulièrement (Eliany, 1989b). Par exemple, en 1985, 6 p. 100 des
adultes canadiens déclaraient avoir fumé de la marijuana ou du hachisch, moins
de 1 p. 100 avaient pris de la cocaïne, et moins de 2 p. 100 avaient
utilisé des stimulants. De plus, certains indices laissent croire que la
consommation de drogues illicites diminue au Canada. Malgré ces indices
encourageants, l'usage de drogues illicites demeure un sérieux problème social
et sanitaire. Par exemple, le nombre de patients admis à l'hôpital pour des
problèmes de drogue s'est accru graduellement au début des années 1980; cela
contraste avec le déclin de la consommation avouée que révèlent les enquêtes à
grande échelle. Une grande partie de cette hausse des admissions à l'hôpital
est causée par la cocaïne. L'usage de drogue et les problèmes connexes sont
plus évidents chez certains segments de la population, comme les jeunes
sans-abri. Une étude récente, menée en Ontario, a révélé que 41 p. 100 des
jeunes itinérants de Toronto avouent leur usage de drogues injectables (Smart
et col., 1990). Dans ce segment de la population, la polytoxicomanie est plutôt
une règle qu'une exception. Chez les jeunes de nombreuses communautés
autochtones, l'abus de solvants présente des risques notables pour la santé.
Étant
donné l'étendue des problèmes imputables à l'alcool et aux autres drogues dans
la société canadienne et les coûts élevés qui en résultent, de vastes campagnes
ont été lancées afin de prévenir ces problèmes et d'offrir un traitement à ceux
qui en avaient besoin.
La réaction aux problèmes imputables à l'alcool et aux
autres drogues au Canada
Étant donné la diversité de la population canadienne
et de ses problèmes imputables à l'alcool ou aux autres drogues, il n'est pas
surprenant que la réaction à ces problèmes prenne de multiples formes. Pour
comprendre la portée et la complexité de cette réaction, il peut être utile
d'échelonner les problèmes imputables à l'alcool et aux autres drogues sur un
continuum. Plus la fréquence et la quantité de la consommation d'alcool et
d'autres drogues sont élevées, plus il y a de risques que des problèmes
surgissent. Chaque catégorie de programmes communautaires vise des personnes
situées à des échelons différents sur ce continuum des risques. À la figure 1,
on peut voir le modèle utilisé en Ontario pour illustrer les liens entre divers
types d'interventions communautaires et le continuum des problèmes imputables à
l'alcool et aux autres drogues (ministère de la Santé de l'Ontario, 1988).
Figure
1
Classement
des stratégies, programmes et services
selon
le continuum des risques relatifs
à
l'alcool et aux autres drogues
LES
PROBLÈMES IMPUTABLES À L'ALCOOL ET
AUX AUTRES DROGUES NE
SE SONT PAS ENCORE MANIFESTÉS. |
LES PROBLÈMES IMPUTABLES À
L'ALCOOL ET AUX AUTRES DROGUES SE SONT MANIFESTÉS. |
|||
AUCUN
RISQUE |
RISQUE
FAIBLE |
RISQUE
MODÉRÉ |
RISQUE
ÉLEVÉ |
|
Amélioration de la santé |
Élimination des risques |
Réduction des risques |
Intervention précoce |
Traitement et réhabilitation |
PROMOTION
DE LA SANTÉ |
RECOUVREMENT
DE LA SANTÉ |
Dans
ce cadre, la réaction communautaire aux problèmes imputables à l'alcool et aux
AUTRES drogues est d'abord divisée en deux grandes catégories : la
promotion de la santé et la guérison.
Promotion de la santé
Dans la catégorie de la promotion de la santé, on note
trois grands objectifs. Les programmes visant l'amélioration de la
santé s'adressent aux personnes les moins exposées aux toxicomanies. Ils
proposent le renoncement volontaire à l'alcool et aux autres drogues comme
faisant partie d'un mode de vie sain et plus riche; par exemple, ils
comprennent les programmes d'activité physique ou de nutrition qui encouragent
le renoncement volontaire à l'alcool et aux autres drogues. Les programmes
visant l'élimination des risques s'adressent aux personnes faiblement ou
minimalement exposées aux toxicomanies. Ils cherchent à garantir que les
drogues ou l'alcool seront utilisés, si tel est le cas, de la façon la plus
modérée possible. Parmi ces programmes, on trouve des politiques visant à
prévenir l'intoxication dans les centres de loisir et la formation des serveurs
dans les débits de boisson pour qu'ils encouragent une consommation prudente
d'alcool. Les programmes visant la réduction des risques s'adressent aux
personnes qui consomment de l'alcool ou des drogues au point de s'exposer
nettement à des problèmes sociaux ou sanitaires. Ces programmes tentent de
réduire le degré de consommation et les conséquences qui en découlent avant que
des problèmes ne surgissent. Par exemple, un de ces programmes cherche à
prévenir la conduite automobile avec facultés affaiblies chez les étudiants du
secondaire; un autre encourage l'utilisation adéquate des médicaments chez les
personnes âgées. En pratique, tous les programmes de promotion de la santé
englobent un ou plusieurs objectifs sur ce continuum, c'est‑à‑dire
l'amélioration de la santé, l'élimination des risques et leur réduction.
Cependant, le modèle aide à saisir la différence entre divers programmes de
promotion de la santé même s'ils ont tous un même objectif de «prévention».
Dans
la composante du modèle portant sur la promotion de la santé, les programmes
individuels peuvent viser un grand nombre de cibles (la personne, la
drogue et l'environnement) et utiliser diverses stratégies pour
apporter un changement (l'influence, le contrôle, l'acquisition
d'aptitudes et la conception axée sur l'environnement)
(Torjman, 1986).
En ce
qui concerne l'objectif du programme, les interventions axées sur la personne
tentent d'aider cette dernière à résister à la tentation de consommer de
l'alcool ou des drogues, de même qu'à composer avec les influences
environnementales qui encouragent l'usage de ces substances. Dans ce cas, les
facteurs principaux sont les connaissances, les attitudes, les intentions, le
comportement et les aptitudes de la personne. Les interventions axées sur une
drogue visent à réduire les dommages qui peuvent être causées par cette substance
dangereuse. Dans ce cas, les facteurs principaux sont le prix, la composition,
le mode d'administration, l'étiquetage et l'emballage. Les interventions axées
sur l'environnement visent à éloigner les personnes des drogues ou à créer un
environnement favorable à la modification du comportement. Dans ce cas, les
facteurs importants sont la publicité, la disponibilité, la modification du
contexte physique et socioculturel, les leaders d'opinion, les institutions et
les sanctions légales.
Torjman
(1986) décrit également les quatre stratégies visant à modifier l'usage de la
drogue dans les zones cibles déterminées : l'influence, le contrôle,
l'acquisition d'aptitudes et la modification de l'environnement.
Les
stratégies d'influence tentent de réorienter les attitudes des personnes
et de modifier ainsi leur comportement.
Les
stratégies de contrôle encouragent l'adoption de lois ou de règlements
visant à modifier une drogue, sa disponibilité ou la demande dont elle fait
l'objet en vue d'assurer que personne n'adopte un comportement à risques.
Les
stratégies d'acquisition d'aptitudes visent l'amélioration des aptitudes
personnelles en vue d'accroître l'estime de soi et de réduire ainsi le besoin
d'adopter des comportements à risques.
Les
stratégies axées sur l'environnement visent la réduction du stress dans
l'environnement immédiat de la personne, en particulier à l'école, au travail
et dans la communauté, en plus de modifier l'environnement physique et
socioculturel.
Ces objectifs, cibles et stratégies de changement
montrent l'interaction dynamique entre les ressources personnelles et
communautaires de promotion de la santé. Ils montrent aussi la nécessité des
programmes de soutien aux personnes dans leur propre effort en vue de gagner,
de regagner ou de conserver un degré de santé suffisant pour bien fonctionner
en société (Shain et col., 1990). Cette vision de la promotion de la santé, en
ce qui touche l'alcool et les autres drogues, est conforme à la Charte d'Ottawa
et au Cadre fédéral de promotion de la santé (Epp, 1986).
Recouvrement de la santé
Selon le modèle conceptuel, la deuxième grande
catégorie de programmes communautaires vise le recouvrement de la santé. Cette
catégorie comprend l'intervention précoce, le traitement et la réhabilitation.
Les programmes d'intervention précoce essaient de cerner des problèmes
imputables à l'alcool et aux autres drogues le plus tôt possible et d'effectuer
des interventions peu coûteuses et relativement brèves en vue de réduire ou
d'éliminer l'usage d'alcool ou d'autres drogues. Idéalement, ces programmes
sont offerts à l'endroit où les problèmes imputables à ces substances sont
souvent détectés pour la première fois, comme les écoles, le milieu de travail,
le cabinet du médecin de famille et les hôpitaux. On pourrait donner comme
exemple un programme à l'intention des adolescents toxicomanes dans une école
secondaire ou le dépistage systématique des buveurs intempérants par les
médecins qui dispensent des soins primaires. Les programmes de traitement et
de réhabilitation sont conçus à l'intention des personnes qui éprouvent de
sérieux problèmes à cause de l'alcool et d'autres drogues. Ils tentent
d'éliminer ou de réduire la consommation et de faire recouvrer santé dans
toutes ses dimensions importantes. Ces programmes s'échelonnent souvent sur un
«continuum de soins» où on retrouve la gestion du cas, l'évaluation, la
désintoxication, le traitement dans divers établissements résidentiels et non
résidentiels et le suivi. Une grande variété d'interventions comportementales,
pharmacologiques et d'autres types s'inscrivent sur ce continuum de soins.
En
résumé, comme l'indique le modèle de la figure 1, si les problèmes imputables à
l'alcool et aux autres drogues peuvent s'échelonner sur un continuum de risques
et de gravité, la réaction de la communauté à ces problèmes le peut également.
Les divers programmes de promotion de la santé, d'intervention précoce, de
traitement et de réhabilitation sont des composantes essentielles de cette
réaction.
Le
modèle présente des limites quant à la planification. Par exemple, il n'est pas
assez précis en ce qui concerne le degré de consommation, son évolution et son
contexte, ces aspects étant des facteurs de «risque» d'un point de vue
strictement épidémiologique. De plus, le modèle ne tient pas compte
suffisamment des personnes qui ne consomment pas d'alcool ou d'autres drogues,
mais qui peuvent présenter des risques en raison d'influences génétiques ou
environnementales (par exemple, les enfants d'alcooliques et les jeunes de
quartiers populaires ou de milieux défavorisés). Ces limites mises à part, le
modèle reste très utile. Il a pour avantage de reconnaître implicitement la
grande diversité des objectifs de promotion de la santé, d'intervention précoce
et de traitement. Ces divers objectifs amènent la stabilisation ou la réduction
des risques encourus par une personne, de même qu'une amélioration de son
fonctionnement dans nombre de domaines. Cette gamme d'objectifs influence
l'évaluation des programmes puisque les méthodes de mesure du succès doivent
être conséquentes des objectifs visés. Ainsi, certains programmes peuvent
simplement viser la réduction du degré de risque plutôt que d'encourager un
mode de vie sans alcool ni drogues. Prenons par exemple un programme à
l'intention des usagers de drogues injectables, dont l'objectif principal
consiste à réduire l'utilisation des aiguilles et le risque de transmettre
l'infection au VIH, plutôt que la privation volontaire de drogues. Le critère
d'évaluation de ce programme ne sera pas le même que pour un programme de
traitement plus conventionnel visant le renoncement aux drogues.
Le
modèle sert aussi à mieux intégrer la documentation très diverse et inégale sur
l'évaluation des programmes de traitement et de prévention. En clair, un large
éventail de programmes se retrouvent dans ces vastes catégories. Aux fins de la
présente étude, on emploiera trois catégories (promotion de la santé,
intervention précoce et traitement). On reconnaîtra aussi l'existence d'une
grande diversité de programmes, à l'intérieur même de ces trois catégories.
Cette classification a pour avantage de mettre en évidence le rôle des
programmes d'intervention précoce. Ces derniers ressortent comme une composante
principale d'une réaction communautaire globale aux problèmes imputables à
l'alcool et aux autres drogues (Institute of Medicine, 1990a).
Le rôle de la recherche et de l'évaluation des
programmes
L'évaluation des programmes relatifs à l'alcool
et aux drogues est le centre d'intérêt du présent rapport. Ces programmes
doivent être planifiés à la lumière d'études étroitement contrôlées. On doit
ensuite les évaluer régulièrement par divers moyens. Même s'il y a un écart
considérable entre les programmes actuels et les connaissances tirées de la
recherche, peu de gens nient la nécessité d'une recherche de base étroitement
contrôlée. Cette recherche fournit les connaissances fondamentales servant de
pierre angulaire aux programmes. Cependant, les programmes mis en oeuvre
doivent non seulement se fonder sur une recherche empirique solide, mais aussi
être évalués sur le terrain si on veut assurer qu'ils soient mis en oeuvre de
façon adéquate, qu'ils atteignent le groupe visé, qu'ils produisent des
résultats constructifs et qu'ils soient raisonnablement rentables. L'importance
de l'évaluation des programmes s'est accrue pendant la dernière décennie. Elle s'inscrit dans une tendance plus
prononcée vers la responsabilisation des services sociaux et l'usage optimal
des ressources disponibles en vue de répondre aux besoins communautaires.
Dans
le domaine de l'alcool et des drogues au Canada, on est certainement convaincu
de l'insuffisance des évaluations. Par exemple, selon une étude récente des
programmes de promotion de la santé en Ontario (Gliksman et Venesoen, 1990),
seulement 16 p. 100 des programmes ont mené à une évaluation
officielle et 9 p. 100, à une évaluation non officielle (définie
comme étant une évaluation sans analyses statistiques, sans groupes de
référence ni autres méthodes de contrôle des variables incontrôlées). Dans un
récent examen général du traitement de l'alcoolisme et de la toxicomanie au
Canada (Rush et Ogborne, sous presse), on critique constamment le manque
d'évaluation des programmes, même si cette dernière est citée comme une partie
indispensable de la planification et de la mise en oeuvre.
Objectif du présent rapport
Dans le domaine de l'alcool et des autres drogues, on
trouve une myriade d'études d'évaluation et de recherche, dont la plupart ont
été publiées ces 20 dernières années. Par exemple, en ce qui touche le
traitement, plus de 300 nouveaux rapports ont été publiés entre 1979 et 1985
seulement (Miller et Hester, 1986). Comment peut-on se retrouver dans une
documentation si volumineuse, particulièrement si on est un médecin à l'horaire
chargé ou un agent de planification communautaire responsable de toute une
gamme de projets? Comment établit-on
une corrélation entre les résultats des recherches d'autres pays et la
situation particulière du Canada?
Quelle est la situation au Canada des programmes relatifs à l'alcool et
aux autres drogues, et comment les résultats des études canadiennes
s'inscrivent-ils dans un contexte plus vaste?
L'objectif
du présent rapport consiste à fournir une évaluation critique des évaluations
publiées dans le monde en ce qui concerne la promotion de la santé, les
interventions précoces et le traitement. Dans chacune de ces trois catégories,
le rapport donne un aperçu des programmes mis en oeuvre au Canada et tente
d'inscrire les résultats de plusieurs évaluations canadiennes dans le contexte
de la documentation internationale. Certaines limites, notées dans le rapport,
semblent restreindre l'évaluation des programmes dans ce domaine. Le présent
rapport doit être considéré comme faisant partie d'un processus à long terme.
Ce processus vise d'une part à sensibiliser les planificateurs de programmes et
les médecins canadiens face à la nécessité de la recherche et de l'évaluation
de programmes. Il vise aussi, d'autre part, à les aider à améliorer la qualité
des études auxquelles ils participent.
Limites de l'étude
Il est important de reconnaître que la présente étude
est imprécise sur quatre points importants, mais inévitables.
Premièrement,
la documentation examinée ne se répartit pas également entre les études sur
l'alcool et celles qui portent sur les autres drogues. Nombre de programmes
communautaires, particulièrement les programmes de traitement, composent avec
un grand éventail de substances et se définissent effectivement comme des
services contre la «toxicomanie», plutôt que de se concentrer sur l'alcool ou
sur une drogue . Cependant, l'accent sur la «toxicomanie» ne se reflète pas
dans la documentation; la majorité des études portent sur la prévention ou sur
le traitement de l'alcoolisme et non d'autres drogues. C'est pourquoi la
présente étude se concentre sur les programmes de promotion de la santé,
d'intervention précoce et de traitement contre l'alcoolisme. Les études qui
touchent les autres drogues y sont intégrées lorsque cela est possible et
pertinent.
Deuxièmement,
les évaluations canadiennes sont inégales d'une région à l'autre quant à leur
nature et à leur étendue. On peut expliquer ce phénomène de nombreuses façons,
mais il reflète en partie les divers degrés d'organisation des services et les
divers niveaux de ressources disponibles pour l'évaluation, d'une région à
l'autre. De plus, des informations sur les évaluations passées ne sont pas
disponibles à l'heure actuelle dans toutes les provinces et sur tous les
territoires. La plupart de ces études ne sont ni publiées ni distribuées à
grande échelle. Par conséquent, les études canadiennes citées dans le présent
rapport ne doivent pas être considérées comme représentant l'ensemble des
évaluations de programmes relatifs à l'alcool et aux autres drogues au Canada[2].
Cependant, les auteurs espèrent que ce modeste pas contribuera à une étude plus
systématique et plus complète des évaluations de programmes au Canada.
Troisièmement,
le rapport ne traite pas en détail de la prévention et du traitement des
problèmes relatifs à l'alcool et aux autres drogues dans certains sous‑groupes
de la population canadienne. Par exemple, même si ces problèmes sont très
sérieux chez les autochtones du Canada, il n'appartient pas au présent rapport
d'évaluer la documentation portant sur ce problème spécifique. De même, la
documentation touchant l'efficacité des programmes de prévention et de
traitement, particulièrement à l'intention des femmes, des jeunes, des aînés,
des groupes ethniques, des handicapés et de nombreux autres sous‑groupes
importants, ne fait pas l'objet d'un examen détaillé dans ce rapport.
En
dernier lieu, le type et la qualité des évaluations et des recherches varient
considérablement. En ce qui concerne la revue de la documentation
internationale, la préoccupation principale a consisté à établir une
corrélation entre la mise en oeuvre d'un certain type de programme (ou
composante de programme) et les modifications du comportement des personnes
participant à ce programme. Si on prend cet objectif en considération, les études
expérimentales utilisant la répartition aléatoire et les groupes de référence
possèdent la base expérimentale la plus solide. D'autres méthodes para‑expérimentales
qui emploient des groupes de référence ou des séries temporelles ont aussi une
base expérimentale relativement solide et sont souvent plus faciles à réaliser
que les études expérimentales. Dans son examen de la documentation
internationale, le présent rapport met l'accent sur les études qui répondent à
ces exigences méthodologiques. Il fait une mise en garde sur l'absence de ces
exigences dans la plupart des études de recherche publiées. En ce qui a trait
aux évaluations plus appliquées, ces dernières se divisent généralement en
études économiques, en études de processus et en études des résultats (Posavac
et Carey, 1989)[3]. Comme pour
la documentation internationale, la présente étude mettra l'accent sur
l'évaluation des résultats. Cependant, d'autres types d'évaluations seront
également décrites au besoin, puisqu'elles contribuent notablement à la
compréhension d'un programme, à son application, à son efficacité et à sa
rentabilité.
CHAPITRE DEUX : PROGRAMMES DE PROMOTION DE LA
SANTÉ
Les programmes de promotion de la santé au Canada
Comme on le fait remarquer au chapitre un, les
programmes de promotion de la santé couvrent une vaste gamme d'objectifs
(amélioration de la santé, élimination et réduction des risques), de cibles
(personne, environnement et drogue) et de stratégies (influence,
contrôle, acquisition d'aptitudes et modification de l'environnement). Ces
programmes reposent aussi sur divers fondements théoriques et peuvent être
implantés dans une gamme variée d'établissements ou d'organismes
communautaires.
Cette
diversité d'options et le fait qu'un programme englobe souvent un grand nombre
de ces caractéristiques rendent très difficile la description des programmes
canadiens de promotion de la santé relatifs à l'alcool et aux autres drogues.
De plus, on n'a mené aucune étude systématique sur la nature et l'étendue des
programmes canadiens. Ces limites mises à part, l'approche actuelle est
nettement plus globale que par les années précédentes. Par exemple, les
programmes en milieu scolaire ont beaucoup évolué : autrefois, ils étaient
plutôt limités, didactique et fondés sur l'éducation en matière de santé tandis
qu'aujourd'hui, ces programmes s'appuient sur un fondement théorique plus
solide, qui met l'accent sur l'influence des pairs, la résistance, la
persuasion, la perception des risques et des conséquences, l'apprentissage
social et la connaissance de ses propres capacités (Gliksman et Smythe, 1989).
Les programmes sont aussi plus susceptibles de s'inscrire dans le cadre de la
promotion de la santé communautaire (par exemple, Flay, 1986). Certaines
interventions communautaires plus vastes partagent un grand nombre de
fondements théoriques avec les programmes scolaires; elles s'inspirent en outre
des principes fondamentaux de la responsabilisation et du développement de la
communauté (Labonté, 1987). Les démarches visant à restreindre les
disponibilités physiques, économiques et sociales de l'alcool par le biais de
modifications aux lois ou aux politiques sont maintenant considérées comme des
aspects d'une stratégie plus vaste, dont l'objectif consiste à créer un
environnement social et culturel menant à la privation volontaire ou à l'usage
responsable.
Les
programmes de promotion de la santé évoluent. Cet élargissement de l'objectif
est conforme à la vision qu'énoncent, par exemple, la Charte d'Ottawa et le
Cadre fédéral de promotion de la santé (Epp, 1986). Les thèmes qui ressortent
sont la compréhension, la participation de la collectivité et la concertation
entre les principaux intervenants (Shain et coll., 1990).
Une
étude des activités de promotion de la santé portant sur l'alcool et les autres
drogues vient d'être terminée en Ontario (Gliksman et Venesoen, 1990). La
diversité des approches observées par cette étude est sans doute représentative
de l'ensemble du pays. Selon une enquête auprès de 250 témoins privilégiés qui
travaillent dans le domaine, plus de 523 programmes de promotion de la santé
relatifs à l'alcool et à d'autres drogues étaient en marche pendant l'été 1990.
Même si la plupart des programmes (78 p. 100) tentaient d'éduquer et
de sensibiliser les gens en ce qui a trait à l'usage immodéré d'alcool et
d'autres drogues, on a aussi noté une grande diversité d'objectifs autres (par
exemple, fournir de l'information sur les risques et les conséquences, améliorer
l'autonomie fonctionnelle et les compétences parentales, et assurer un
environnement sans drogue). Le groupe cible le plus souvent visé était celui
des jeunes et des enfants (50 p. 100), suivi par le grand public
(25 p. 100) et les parents (5,5 p. 100). La cible la plus
courante était la «personne» : 64 p. 100 des programmes tentent
de modifier ses connaissances, ses attitudes, ses intentions, son comportement
et ses aptitudes. Au total, 20 p. 100 des programmes visaient à ce
que l'environnement soit plus sûr et qu'il soutienne davantage les changements
personnels. De plus,
16 p. 100 des programmes visaient la drogue elle-même (par exemple,
rendre la substance plus sûre). La plupart des programmes ont été présentés
dans des écoles élémentaires (40 p. 100), des écoles secondaires
(35 p. 100) ou dans la collectivité (56 p. 100)[4].
Les autres voies de diffusion comprenaient la famille, les établissements
d'enseignement post secondaire, le milieu de travail, les corrections et le
contrôle social par l'entremise de la législation. La stratégie la plus
répandue était celle de l'influence (62 p. 100). Ces programmes tentaient
de modifier les connaissances ou les attitudes de la personne, par opposition à
l'acquisition d'aptitudes (39 p. 100), aux modifications de
l'environnement (15,5 p. 100) ou aux stratégies de contrôle visant à
réduire l'offre et la demande d'alcool ou d'autres drogues
(11 p. 100).
Même
si des données comparables à cette étude n'existent pas pour le reste du
Canada, les résultats obtenus en Ontario mettent en évidence la grande
diversité d'activités, de cibles et de stratégies qui se retrouvent dans la catégorie
générale de la promotion de la santé. Même si l'accent peut être mis sur des
éléments différents dans diverses parties du pays, il est probable que cette
diversité se retrouvera dans toutes les régions.
Aperçu des études étrangères et canadiennes
La diversité des programmes de promotion de la santé
rend difficile la classification des programmes. Dans la plus récente étude des
publications sur la prévention de l'alcoolisme, Moskowitz (1989) a utilisé
quatre grandes catégories de politiques et de programmes :
l Ceux qui visent à contrôler la
disponibilité (physique, économique et sociale, par exemple);
l Ceux qui visent à contrôler le
comportement individuel par l'entremise de la législation (lois relatives à la
conduite automobile avec facultés affaiblies, par exemple);
l Ceux qui visent à éduquer les
personnes (à l'école, à l'université, dans la collectivité, dans la famille, en
milieu de travail ou par les médias, par exemple);
l Ceux qui visent à créer un
environnement plus sûr (intervention auprès des serveurs dans les débits de
boisson, par exemple).
Le
présent rapport emploie une approche différente. Il classe la documentation en fonction de l'établissement ou du
système où l'intervention a lieu. Les planificateurs et les médecins devraient
trouver cette approche utile, car l'établissement ou le système communautaire
sont habituellement parmi les premiers aspects à planifier dans un programme.
Sept grandes catégories de programmes sont prises en considération, et
certaines d'entre elles contiennent plusieurs sous‑catégories. Les
grandes catégories d'interventions étudiées sont les suivantes :
l Programmes présentés à l'école;
l Programmes présentés dans des
établissements d'études universitaires/collégiales;
l Médias;
l Programmes axés sur la famille;
l Programmes communautaires;
l Interventions auprès des serveurs
dans les débits de boisson;
l Politiques et lois visant le contrôle
de l'alcool.
Lorsque
la documentation est résumée de cette façon, il est important que le lecteur
soit conscient du fait qu'un programme global de promotion de la santé recoupe
souvent ces catégories, et qu'un grand nombre d'objectifs, de cibles, de stratégies
et de fondements théoriques peuvent être touchés. Cependant, les
cinq premières catégories, telles qu'on les découpe actuellement, sont
principalement axées sur la personne, et leurs stratégies principales pour
stimuler le changement sont l'influence ou l'acquisition d'aptitudes. Les
principaux fondements théoriques sont la théorie
«connaissances/aptitudes/comportement» et les modèles de croyances sur la
santé, de l'apprentissage social, des influences sociales et de la
communication persuasive. Moskowitz (1989) combine ces divers modèles
théoriques en trois catégories (voir ci-dessous) et fait remarquer qu'ils sont
plus ou moins tributaires d'une perspective socio‑culturelle étendue qui
met l'accent sur un modèle normatif de la consommation d'alcool et d'autres
drogues et sur les problèmes connexes dans la société (Blane, 1976).
Les
deux dernières catégories de programmes, c'est-à-dire l'intervention auprès des
serveurs et les politiques de contrôle de l'alcool, visent habituellement la
drogue ou l'environnement; les stratégies principalement utilisées pour
stimuler le changement sont le contrôle ou la modification de l'environnement.
Les fondements théoriques correspondant à ces programmes et à ces politiques
sont conformes à un modèle écologique global de l'hygiène. Selon ce modèle, les
personnes sont influencées par des facteurs institutionnels, communautaires et
publics, de même que par des processus personnels et interpersonnels (McLeroy
et coll., 1988). Un grand nombre de ces programmes et de ces politiques de
prévention sont également compatibles avec le modèle de distribution de la
consommation; ce dernier cherche à prévenir l'usage immodéré d'alcool et ses
conséquences par le contrôle du degré de consommation moyen dans la population
en restreignant la disponibilité de l'alcool (voir Rush et Gliksman (1986) pour
une étude et une discussion complètes de cette approche de prévention).
Programmes en milieu scolaire
Les programmes de promotion de la santé qui visent les
jeunes ont tendance à se limiter au système scolaire. Les jeunes qui ne vont
pas à l'école, comme les itinérants, sont beaucoup plus difficiles à atteindre.
Les programmes présentés à l'école tentent habituellement de prévenir l'abus
d'alcool et d'autres drogues. Le modèle de changement du comportement est le
modèle théorique le plus répandu dans les écoles. Il part du principe
suivant : des connaissances accrues sur les conséquences de l'alcoolisme
et des autres toxicomanies modifient les attitudes envers ces substances, et
ces attitudes mènent à leur tour à des modifications des intentions et à un
changement de comportement.
Le
modèle des valeurs et de la prise de décisions et le modèle du comportement en
public sont d'autres fondements théoriques inspirant les programmes présentés à
l'école (Moskowitz, 1989). L'approche liée aux valeurs et à la prise de
décisions met l'accent sur l'examen qu'une personne fait de ses besoins ou de
ses valeurs et du rôle que joue la consommation d'alcool ou d'autres drogues
dans la satisfaction de ces besoins. Ces programmes encouragent la
compréhension de soi et la prise de décisions responsables en vue de réduire
les risques de consommer de l'alcool et d'autres drogues et d'éprouver des
problèmes connexes.
Le
modèle relatif au comportement en public est l'approche la plus récente; il
part du principe que les personnes abusent d'alcool et d'autres drogues parce
qu'elles n'ont pas les aptitudes psychosociales nécessaires. Les multiples
variantes de cette approche se caractérisent par l'imitation des comportements
favorables à la promotion de la santé, l'enseignement d'aptitudes permettant de
résister aux influences sociales qui encouragent la consommation d'alcool ou
d'autres drogues et l'enseignement de principes d'autonomie fonctionnelle,
comme la capacité de communiquer et les aptitudes sociales. Cette approche a
été considérablement influencée par la théorie de l'apprentissage social et par
le concept de connaissance de ses propres capacités (Bandura, 1977).
Une
revue exhaustive de la documentation relative à l'évaluation des programmes de
prévention présentés à l'école met en lumière un certain nombre de conclusions
négatives en ce qui touche leur efficacité (par exemple, Staulcop et coll.,
1979; Kinder et coll., 1980; Schaps et coll., 1981; Moskowitz, 1989; Gliksman
et Smythe, 1989). Aucune preuve cohérente ne permet de croire que ces
programmes sont efficaces pour ce qui est de prévenir la consommation et l'abus
d'alcool et d'autres drogues ou d'en retarder l'essai. Par exemple, Moskowitz
et coll. (1984a) ont étudié un programme d'éducation sur les drogues fondé sur
les trois modèles de changement du comportement. Ils ont constaté que le
programme a eu peu d'effets. Il a été présenté dans deux écoles secondaires aux
États-Unis et comprenait 12 séances de 45 minutes portant sur la prise de
décisions, la publicité, l'affirmation de soi et les informations sur l'alcool
et les autres drogues. Le programme n'a eu aucun effet sur les connaissances,
les attitudes ou le comportement des filles, ni aucun effet immédiat sur les
garçons. Dans le cadre d'un suivi effectué cinq mois plus tard, on a
observé un certain effet chez les garçons en ce qui concerne les connaissances
relatives aux drogues et de leur perception des attitudes envers les drogues et
de leur utilisation par des pairs. Cependant, l'ampleur des effets avait peu de
signification pratique. Les auteurs ont conclu que le programme d'éducation
n'était guère utile. Plusieurs études en arrivent à des conclusions similaires
(par exemple, Malvin et coll., 1985). En outre, Goodstadt (1980) a relevé 15
études dans lesquelles l'éducation aux drogues a eu un effet négatif, y
compris l'accroissement de la consommation de drogues et la libéralisation des
attitudes relatives à ces substances et à leur usage.
Même
si Moskowitz et coll. (1984a) ont constaté que le programme qu'ils ont évalué a
eu peu d'effets sur les connaissances, le résultat le plus commun est que les
programmes d'éducation présentés à l'école accroissent les connaissances
(Gliksman et Smythe, 1989). Peu de programmes agissent sur les attitudes, et un
nombre encore moins grand ont un effet sur le comportement. Par exemple,
Williams et coll. (1985) ont constaté que les adolescents qui ont reçu des
informations sur la consommation d'alcool de la part d'un communicateur digne
de foi et d'une façon non alarmiste ont acquis davantage de connaissances, mais
n'ont rien changé à leur attitude.
Certaines
évaluations des programmes en milieu scolaire ont permis de constater une
réduction de la consommation d'alcool et d'autres drogues, mais ce phénomène
n'était que de courte durée. Par exemple, on a constaté qu'un programme fondé
sur le modèle des valeurs et de la prise de décisions a amené une réduction
immédiate de l'usage d'alcool et de marijuana chez les filles de 7e
année. Cependant, les effets ne se sont pas prolongés l'année suivante, et
aucun résultat n'a été observé chez les garçons de 7e et de 8e
années (Schaps et coll., 1982; Moskowitz et coll., 1984b).
Un
programme global visant la prévention de l'usage du tabac, de la marijuana et
de l'alcool (apprentissage de l'autonomie fonctionnelle) a été évalué récemment
par Botvin (1987). Le programme a été présenté à des élèves de 7e
année par des professeurs ou par les pairs les plus influents. À la fin de la 7e
année, on a observé une réduction de l'usage de tabac, de marijuana et d'alcool
par suite du programme présenté par les pairs. Cependant, à la fin de la 9e
année, il ne restait que certains effets sur l'usage de la cigarette. En
général, on a observé plus d'effets négatifs (c'est-à-dire un usage
accru chez les élèves soumis à l'intervention) que positifs.
Pentz
et des collègues ont évalué un programme communautaire de Kansas City qui
visait les adolescents et leurs parents. Ce programme incluait notamment des
présentations sur la santé dans les milieux scolaires. Cette éducation touchait l'alcool, le tabac
et d'autres drogues (Pentz, Dwyer et coll., 1989; Pentz, Johnson et coll.,
1989). Le programme se fonde principalement sur une philosophie de prévention
basée sur les aptitudes et les influences sociales. Même si l'effet de
l'intervention en milieu scolaire ne peut être isolé des autres composantes du
programme (par exemple, les médias), les résultats des trois premières années
du projet ont montré une réduction significative de l'utilisation de tabac,
d'alcool et de marijuana chez les adolescents. Des données à plus long terme ne
sont pas encore disponibles.
En
résumé, on observe une grande disparité entre les résultats des évaluations
cités dans la documentation internationale. Même si on a évalué un grand nombre
de programmes s'inspirant du modèle des connaissances, des attitudes et du
comportement, la démonstration empirique de leur efficacité est assez limitée.
Certains types de programmes d'éducation peuvent agir sur les connaissances,
les attitudes et même le comportement à court terme. D'autres peuvent faire
augmenter l'usage d'alcool ou d'autres drogues. Comme pour le modèle des
connaissances, attitudes et comportements, peu de recherches appuient
l'approche liée aux valeurs et à la prise de décisions par plus que l'approche
fondée sur le comportement en public. Cependant, ces programmes ont fait
l'objet d'évaluations moins nombreuses que ceux fondés sur le cadre plus
traditionnel des connaissances, des attitudes et du comportement.
Ces
constatations mitigées ressortent également des évaluations canadiennes de
programmes en milieu scolaire. Plusieurs programmes québécois sont décrits par
Chamberland (1989) dans sa revue de la documentation québécoise sur les
campagnes visant à prévenir l'alcoolisme et les autres toxicomanies. On y
présente des données sur l'évaluation des processus et des résultats de
certains programmes. L'un d'entre eux a été présenté dans deux écoles primaires
du Québec, et une évaluation a été effectuée par Crete et Grignon (1983).
Certains objectifs du programme consistaient à transmettre des connaissances sur
les drogues et leur usage, à modifier les attitudes et les comportements liés
aux drogues et à améliorer la communication entre jeunes, avec leurs parents ou
avec les adultes. Le programme avait plusieurs volets. Il comprenait la remise
de questionnaires aux élèves de 4e, de 5e et de 6e années
pour évaluer leurs connaissances et leurs attitudes sur les drogues, une séance
d'information aux parents pour leur donner les résultats du questionnaire et
leur parler du programme de prévention, des travaux de groupe sur les drogues
pour les élèves de 6e année et la présentation de ces travaux
aux parents et à d'autres élèves. L'évaluation des processus et des résultats
donne lieu à des conclusions mitigées. Même si on rapporte que le programme
s'est bien déroulé, plusieurs faiblesses ont été notées, y compris l'ambiguïté
des objectifs, le manque de clarté des rôles et des responsabilités des
différents participants, le manque de continuité entre les diverses étapes du
projet et le rôle secondaire donné aux professeurs, qui ont dû accomplir
beaucoup de travail parascolaire supplémentaire sans recevoir le matériel
didactique nécessaire. Selon la comparaison entre le groupe soumis au programme
et le groupe de référence, le programme n'a eu aucun effet significatif sur les
connaissances et les attitudes. Même si la communication entre élèves et
parents sur les drogues s'est améliorée pendant le programme, elle n'a pas eu
de suite. Malgré cette faille, les parents et les élèves ont fait de bons
commentaires à propos de leur participation au programme.
Une
étude ontarienne d'un programme d'éducation sur l'alcool, effectuée par
Schlegel et coll. (1984), a comparé trois forme d'intervention auprès des
élèves de 8e année : un programme scolaire d'information
objective en trois séances a été comparé à des programmes en cinq séances
et demie et en sept séances traitant des valeurs morales et de la prise de
décisions en plus de parler objectivement des drogues. Six mois plus tard, on
observait que les étudiants soumis au programme objectif consommaient moins
d'alcool que ceux des deux autres groupes.
L'éducation
par le théâtre a servi de médium à un programme de prévention en milieu
scolaire, dans plusieurs régions du Canada. Ce genre de programme attire les
élèves parce qu'il est divertissant tout en permettant d'aborder les
préoccupations principales des adolescents, de leurs parents et de l'école. Les
programmes de théâtre présentent souvent un élément de participation qui permet
aux élèves d'échanger avec les artistes et de communiquer entre eux. Cela leur
permet d'observer et de pratiquer le comportement suggéré face à la
consommation d'alcool ou d'autres drogues (Atwood et coll., 1987).
Les
évaluations des programmes d'éducation par le théâtre révèlent des résultats
semblables à ceux d'autres genres de programmes scolaires. Certaines
évaluations montrent un gain à court terme au chapitre des connaissances, des
attitudes et du comportement, mais aucune preuve de modification à long terme.
Desbiens et Mercier (cités par Chamberland, 1989) ont évalué une mise en scène
intitulée «Capitaine Cosmos» qui était présentée dans des écoles primaires de
la région de Montréal. Cette mise en scène était fondée sur le programme
américain Dare, dont le slogan est Just Say No. Chez les groupes
de référence ou ayant fait l'objet de l'intervention, on n'a observé aucune
modification, ni l'attitude envers les drogues et l'alcool, ni dans l'intention
d'en consommer. En Alberta, une évaluation d'une mise en scène intitulée Zeke
and the Indoor Plants a montré un effet significatif sur les connaissances
des élèves à propos des thèmes du programme (Atwood et coll., 1987). Une étude
ontarienne de Gliksman et coll. (1983) indique qu'une pièce de théâtre agit à
court terme sur les connaissances, les attitudes et les comportements liés à
l'alcool.
Il
est important de remarquer que les évaluations de ces programmes de théâtre
présentés à l'école et qu'un grand nombre d'autres études canadiennes portant
sur les interventions en milieu scolaire se concentrent habituellement sur
l'étude des processus et aux résultats. Les données touchant l'application,
l'étendue et la qualité du programme sont habituellement très utiles aux
planificateurs de programmes. Elles aident aussi à expliquer pourquoi
l'intervention est parvenue ou non à susciter des changements chez les
participants. Par exemple, Bartolotte et Nutter (1984) ont trouvé dans leur
évaluation du programme de théâtre «Punkerpine» à Calgary et à Edmonton que
seulement 37 p. 100 des professeurs donnaient suite à la pièce en
organisant les activités recommandées. Les évaluations de processus des
programmes de théâtre indiquent habituellement que les professeurs et les
élèves donnent une très bonne cote aux aspects de la mise en scène liés au
divertissement et à l'éducation (par exemple, Atwood et coll., 1987; Desbiens
et Mercier (cités par Chamberland, 1989)). Les évaluations de processus peuvent
aussi montrer comment les effets d'un programme dépassent les limites de la
classe pour déborder sur la famille et dans l'ensemble de la collectivité.
Selon une évaluation du programme d'éducation albertain Clever Classmates
(Hale-Matthews, 1985), la participation des parents et de la collectivité s'est
accrue pendant la durée du programme. Le soutien communautaire au programme a
été démontré par le temps offert à titre bénévole, de même que par les dons en
biens et en espèces. Ces constatations ont complété les résultats qui
indiquaient un gain significatif de connaissances sur l'alcool et les autres
drogues parmi les participants.
En
résumé, les résultats des évaluations canadiennes des programmes de prévention
en milieu scolaire ont généralement été les mêmes que ceux publiés dans la
documentation internationale. Les résultats présentent plusieurs disparités en
ce qui touche la modification des connaissances, des attitudes et du
comportement. Aucune méthode n'a réussi à produire un changement important, à
long terme, dans la consommation d'alcool et d'autres drogues. Cependant,
malgré les résultats relativement faibles de ces programmes sur le comportement
réel face à l'usage d'alcool ou de drogues, il est probable qu'ils vont
continuer de jouer un rôle important dans l'élaboration des programmes de
promotion de la santé. L'évaluation des processus montre clairement que
plusieurs types de programmes sont bien accueillis par les enfants, les
adolescents, les professeurs et les parents. De plus, la plupart des Canadiens
souhaitent qu'on accroisse le nombre de programmes d'éducation et de prévention
sur l'alcool et les autres drogues (Eliany et coll., 1990).
Une
question demeure : quelle est la meilleure façon de concevoir et de
présenter à l'école, des programmes qui produisent un changement durable du
comportement? Il est clair que les programmes fondés seulement sur les modèles
relatifs aux connaissances, aux attitudes et au comportement manquent de
soutien empirique. Actuellement, on met beaucoup l'accent sur les programmes
fondés sur le modèle du comportement en public. Ce modèle se concentre sur les
pairs et d'autres facteurs sociaux qui influent sur l'usage d'alcool et
d'autres drogues (par exemple, Botvin, 1986; Pentz et coll., 1990). Certaines
preuves montrent que les programmes animés par des pairs peuvent être efficaces
(Klepp et coll., 1986; Perry, 1987) et qu'ils peuvent l'être davantage que ceux
animés par des professeurs ou des adultes (Schaps et coll., 1981). Cependant,
les résultats sont loin d'être uniformes sur ce point et sur d'autres approches
fondées sur le modèle du comportement en public (Moskowitz, 1989; Koslowsky et
coll., sous presse).
Selon
la conclusion de la récente étude de Moskowitz sur les programmes de prévention
relatifs à l'alcool, les programmes d'éducation ne peuvent être efficaces que
s'ils exigent une modification des normes et des valeurs collectives devant
l'usage d'alcool et d'autres drogues, à peu près comme le changement qui s'est
produit pendant la dernière décennie en ce qui a trait au tabagisme. Selon
Koslowsky et coll. (sous presse), même en ce qui touche le tabagisme, les projets
de politique sont probablement plus efficaces que n'importe quelle stratégie
d'éducation. Récemment, Goodstadt (1988), Gliksman et Smythe (1989) ont demandé
une approche plus globale. Ces chercheurs ont recommandé que les programmes
d'éducation relatifs à l'alcool et aux autres drogues soient intégrés aux
politiques scolaires touchant l'alcool et d'autres drogues. Ils préconisent
aussi des programmes d'identification précoce à l'intention des jeunes
présentant un risque élevé. Pour renforcer les messages reçus à l'école, ces
programmes en milieu scolaire doivent être soutenus par les communautés et se
rattacher à d'autres interventions, comme les programmes à l'intention des
parents, les campagnes médiatiques et les changements de politique. Le
programme américain évalué par Pentz et coll. (1989) réunit un grand nombre de
ces conditions et ses résultats préliminaires sont positifs (voir également la
section ci-dessous sur les programmes communautaires). Cette approche intégrée
peut sembler la plus prudente à l'heure actuelle, étant donné les preuves
limitées fournies par les évaluations sur l'efficacité des programmes
d'éducation présentés à l'école de façon isolée.
Programmes en milieu universitaire et collégial
Les programmes de promotion de la santé qui visent les
étudiants de niveau universitaire et collégial partagent beaucoup de traits
communs avec les programmes présentés dans les écoles primaires et secondaires.
Par exemple, ils s'inspirent habituellement des mêmes modèles de comportement
sain, et les éléments des trois approches décrites dans les sections
précédentes sont fréquemment utilisées :
connaissances/attitudes/comportement, valeurs/prise de décisions et comportement
en public. Cependant, il existe une différence importante : les programmes
en milieu universitaire et collégial sont souvent plus complets; par exemple,
ils utilisent divers médias, dont la presse écrite et les moyens audio‑visuels,
de même que des changements de politique concernant la disponibilité de
l'alcool. Cette approche globale présente beaucoup de similitudes avec les
programmes de promotion de la santé qui visent l'ensemble de la société (voir
la section ci-dessous sur les programmes communautaires).
Goodstadt
et Caleekal-John (1984) ont étudié 14 évaluations de programmes d'éducation sur
l'alcool en milieu universitaire. Sept d'entre eux utilisaient un groupe de
référence et évaluaient les changements du comportement relatif à l'alcool
rapportés par les personnes durant une certaine période de temps. Même s'ils
ont constaté une réduction des problèmes imputables à l'alcool après la
présentation de cinq des programmes à l'étude, la nature des évaluations ne
permet pas d'établir de corrélations solides (Moskowitz, 1989). Comme pour un
grand nombre d'évaluations quasi expérimentales de programmes de promotion de
la santé, Moskowitz a soulevé des doutes sur l'équivalence des groupes
expérimentaux et de référence dans ces études, entre autres parce que les
premiers se composaient habituellement de volontaires.
Dans
le cadre d'une étude, McKillip et coll. (1985) ont évalué une campagne de
publicité multimédia présentée sur un campus universitaire et mettant l'accent
sur la consommation responsable d'alcool. La publicité multimédia (par exemple,
les affiches, les annonces publicitaires, les vitrines publicitaires et débats
radiodiffusés) a été utilisée afin de promouvoir deux thèmes : il n'est
pas inconvenant de refuser un verre, et on ne laisse pas un ami conduire une
automobile avec facultés affaiblies. Les données de suivi recueillies au moyen
d'entrevues et de questionnaires ont révélé que plus de la moitié des étudiants
se sont rappelés des deux affiches thématiques utilisées pendant la campagne. Les
auteurs ont conclu que les campagnes médiatiques peuvent sensibiliser les
étudiants à la consommation responsable de l'alcool.
Un
programme présenté dans une université américaine a tenté d'agir sur tous les
sous‑groupes du campus (Kraft, 1984). Le programme comprenait des
approches globales d'éducation, utilisait les médias pour toucher l'ensemble de
cette collectivité et déployait des ressources considérables, y compris des
ateliers et des cours à l'intention de 5 à 10 p. 100 des étudiants.
Des campagnes communautaires visaient également à provoquer des changements
dans les pratiques et les règlements touchant l'usage et l'abus d'alcool sur le
campus. Même si l'évaluation a montré que le programme a eu un peu d'effet sur
les connaissances, elle n'en montrait guère d'autres. La seule composante
efficace de l'intervention était un séminaire d'un semestre sur la
planification et l'animation d'un colloque sur l'alcool. Les résultats ont
montré que les participants au séminaire se présentaient moins souvent à des
concours de consommation d'alcool, rapportaient s'être enivrés moins souvent et
se présentaient moins souvent dans des bars ou à des fêtes. Cependant, aucune
différence significative n'a été relevée en ce qui concerne la quantité moyenne
d'alcool consommée par occasion, les comportements négatifs imputables à
l'alcool ou les conséquences des problèmes liés à cette substance. Les
résultats ont été difficiles à interpréter, car l'âge légal de consommation a
augmenté pendant le programme. Compte‑tenu des faibles effets du
programme, on ne peut appuyer la conclusion des auteurs, selon laquelle l'étude
«a montré que les campagnes de prévention élémentaires peuvent modifier les
connaissances, les attitudes et le comportement des étudiants». Selon les
auteurs eux-mêmes, une trop grande importance a été accordée aux ateliers à
participation volontaire. Les groupes qui présentaient des risques élevés n'ont
pas participé en grand nombre aux principales activités du programme, et la
communauté universitaire change trop rapidement.
Le
programme universitaire de promotion de la santé le plus complet à être évalué
au Canada a été présenté à l'université de Western, à London (Ontario). Le
programme était intitulé Campus Alcohol Policies and Education
(CAPE). Ce programme cherchait à
prévenir les problèmes découlant de quatre comportements à risques
élevés : l'enivrement, la consommation quotidienne d'alcool en grande
quantité, la conduite automobile avec facultés affaiblies et la consommation
avant ou pendant une activité scolaire (Hart, 1986). Même si le programme
visait les étudiants de première année, on s'attendait à qu'il produise un
effet à long terme dans l'ensemble de la communauté universitaire. Le programme
CAPE présentait deux composantes interdépendantes : 1) une campagne
d'éducation à grande échelle comprenant les médias, et des stratégies de
communication visant les petits groupes et l'individu et 2) des politiques
régissant la vente et l'usage d'alcool sur le campus. Le programme incluait des
activités de formation à l'intention des serveurs pour que ces derniers évitent
de servir des clients en état d'ébriété, la mise à la disposition accrue de
nourriture et de boissons non alcoolisées, la promotion de bières «légères» et
l'établissement d'une échelle tarifaire différente en fonction de la teneur en
alcool.
On a
observé un certain nombre de problèmes pendant l'implantation et l'évaluation
du programme (Gliksman, Hart et coll., 1989; Gliksman, 1990). L'évaluation des
processus a soulevé l'incapacité de mettre en application comme prévu des
politiques relatives à l'alcool, le manque de coopération des gérants de bars
et le manque d'engagement de certains membres du personnel universitaire. Les
données initiales relatives à l'efficacité du programme n'étaient pas
encourageantes. Cependant, une deuxième intervention, pendant laquelle on a
réduit la longueur de la campagne médiatique et mis en application seulement
les politiques faisant l'objet d'un accord unanime, a semblé avoir plus de
succès. Au moyen de critères d'évaluation plus complexes, Gliksman, Hart et
leurs collaborateurs (1989) ont conclu que des changements positifs
significatifs se produisaient au chapitre des connaissances et des attitudes
liées à l'alcool chez les étudiants de première année qui participaient au
programme, comparativement aux étudiants d'une autre université qui n'y avaient
pas participé. Chez les étudiants des groupes expérimentaux, on a également
observé une légère réduction du nombre de verres consommés par semaine, alors
que les étudiants du groupe de référence ont accru nettement leur consommation
entre le début et la fin du programme. Cela a laissé croire que ce dernier
avait pour effet de modérer ou d'interrompre l'accroissement net et typique de
la consommation d'alcool chez les étudiants pendant leur première année
d'études.
En
résumé, les résultats des évaluations des programmes présentés en milieu
universitaire et collégial étaient contradictoires. Comme dans le cas des
programmes présentés à l'école, certaines études indiquent une modification à
court terme des connaissances et des attitudes, et peut-être du comportement,
mais les preuves de changement à long terme sont inexistantes. Les étudiants de
niveau universitaire et collégial sont l'un des plus importants sous-groupes de
buveurs dans la population (Gliksman, Engs et Smythe, 1989). Il faut élaborer
d'autres solutions pour ce groupe cible et répéter les résultats positifs tirés
de certaines évaluations.
Programmes médiatiques
Les campagnes médiatiques, comme la plupart des
programmes d'éducation, ont été fondées surtout sur le modèle des
connaissances, des attitudes et de comportement. Elles semblent produire des
effets semblables à d'autres programmes d'éducation sur l'alcool et d'autres
drogues : leur effet s'exerce surtout sur les connaissances et la
sensibilisation, et à un moindre degré sur les attitudes, l'impact sur le
comportement étant négligeable (Hewitt et Blane, 1984). Nombre de programmes
des médias sont maintenant intégrés dans des programmes de promotion de la
santé plus étendus et axés sur l'ensemble de la société.
Moskowitz
(1989) a étudié six des évaluations les mieux conçues de campagnes médiatiques
effectuées entre 1971 et 1982. Elles avaient été étudiées précédemment par
Hewitt et Blane (1984). De ces campagnes, trois mettaient l'accent
spécifiquement sur la consommation responsable ou sur l'abus d'alcool et
utilisaient les télécommunications ou la presse écrite pendant deux ou
trois ans (Louis Harris et associés, 1974; King et Anderson, 1981; Wallack
et Barrows, 1982-1983). Deux de ces programmes faisaient aussi appel à des
organismes communautaires (King et Anderson, 1981; Wallack et Barrows,
1982-1983). Comme l'a fait remarquer Moskowitz (1989), aucune des études n'a
révélé de changements au titre des connaissances et du comportement. Une seule
a souligné des changements d'attitudes, autant négatifs que positifs (King et
Anderson, 1981). Une quatrième campagne a été étudiée par Moskowitz (1989); il
s'agissait d'un vaste programme multimédia de promotion de la santé.
L'évaluation a montré certains petits changements positifs au titre des
connaissances, un changement marginal des attitudes mais aucune modification du
comportement (Mielke et Swinehart, 1976). Les deux dernières études examinées
ont été effectuées au Canada et portaient sur les effets des campagnes de lutte
contre la conduite automobile en état d'ébriété (Pierce et coll., 1975;
Vingilis et coll., 1979). Les deux campagnes permettaient d'accroître les
connaissances, et on a remarqué que l'une d'elles suscitait plusieurs petits
changements comportementaux positifs qui furent rapportés par les personnes
elles-mêmes (Pierce et coll., 1975). Moskowitz (1989) en a conclu que les
campagnes médiatiques ne sont pas susceptibles, à elles seules, de produire des
changements significatifs et durables en ce qui touche l'usage d'alcool ou
d'autres drogues, pas plus que les programmes d'éducation présentés à l'école.
Plutôt
que de mettre l'accent sur le changement de comportement des personnes exposées
aux campagnes médiatiques, on a suggéré que ces programmes pouvaient être
utiles pour accroître le soutien du public à d'autres campagnes de promotion de
la santé, comme la taxation ou les restrictions sur la publicité. L'évaluation
du Community Action Project en Nouvelle-Zélande (Casswell et Gilmore,
1989) a montré de quelle façon les campagnes médiatiques peuvent apporter une
telle contribution. Dans ce projet, six villes ont été choisies; deux d'entre
elles ont fait l'objet d'une campagne médiatique, deux autres ont fait l'objet
de la même campagne et ont reçu les services d'organismes communautaires, et
les dernières n'ont fait l'objet d'aucune activité supplémentaire relative à
l'alcool. La campagne médiatique visait à stimuler les discussions à propos des
politiques et à influencer l'appui communautaire aux restrictions sur la
disponibilité de l'alcool et sur la publicité pour cette substance. Pour un
grand nombre des mesures d'évaluation (par exemple, l'appui du grand public aux
restrictions sur la disponibilité), on observait des attitudes plus libérales
parmi les communautés de référence qui n'ont pas fait l'objet de la campagne
médiatique. Le fait que les collectivités touchées par une intervention n'aient
pas suivi cette tendance a été considéré comme un effet positif du programme.
Même si l'effet des médias sur la plupart des variables de l'étude n'a pu être
isolé de celui qu'a suscité l'organisme communautaire, on a conclu que les
campagnes médiatiques peuvent constituer une composante utile d'un programme de
promotion de la santé plus complet.
Outre
les études canadiennes citées par Moskowitz (1989), un certain nombre
d'évaluations de campagnes médiatiques ont été effectuées au Canada. Plusieurs
de ces campagnes mettaient l'accent sur la promotion de la santé. Santé et
Bien-être social Canada (1988) a évalué six campagnes d'information et de
sensibilisation du public à l'échelle nationale, dont trois en anglais et trois
en français : «Really me»/«Les drogues... pas besoin!» (Programme
d'action contre les drogues); «Play It Smart»/«Moi, j'ai toute ma tête!»
(Programme national à long terme de lutte contre la conduite avec facultés
affaiblies) et «Break Free»/«Pour une génération de non-fumeurs» (Programme
nationale de lutte contre le tabagisme). Les données ont été recueillies en
deux étapes au moyen d'entrevues et de questionnaires personnalisés et
présentés à domicile. Un pourcentage élevé des personnes composant les groupes
cibles primaires et secondaires de chaque suivi publicitaire, y compris celles
qui présentaient des risques, étaient au courant de la campagne. La plupart des
répondants croyaient que les annonces publicitaires étaient intéressantes et
dignes de foi, et un grand nombre d'entre eux étaient capables de se rappeler
de plusieurs messages clés de la campagne. On a également demandé aux
répondants s'ils croyaient être susceptibles (ou que d'autres l'étaient) de
changer leur comportement devant l'usage d'alcool et d'autres drogues, ou encore
face à la conduite automobile avec facultés affaiblies et le tabagisme, par
suite de la campagne. La plupart ont répondu de façon positive à ces mesures
comportementales.
Dans
le cadre d'un programme présenté à Sudbury (Ontario) et visant à prévenir la
conduite automobile avec facultés affaiblies, Caverson et coll. (1990) ont
combiné l'utilisation des médias avec d'autres stratégies de persuasion et de
coercition. Pendant un an, on a arrêté des conducteurs au hasard, et ceux qui
n'avaient pas bu recevaient une récompense (pochette de plastique pour insérer
le permis de conduire) en vue de renforcer le respect de la loi. En même temps,
des messages publicitaires dont le thème était «Merci d'être un conducteur
prudent» visaient ces mêmes conducteurs et tentaient de renforcer la sobriété
au volant. L'évaluation mettait l'accent principalement sur le degré de soutien
communautaire, et ses résultats ont été très positifs. Même si on ne connaît
pas les effets de la campagne sur les attitudes et sur la conduite automobile
avec facultés affaiblies, c'est un autre exemple de la façon dont les campagnes
médiatiques peuvent s'intégrer à d'autres types d'interventions communautaires
de promotion de la santé.
Whitehead
(1978) a produit un rapport sur l'évaluation de la campagne AWARE en
Saskatchewan; il s'agissait d'une campagne médiatique dont le thème était la
consommation raisonnable d'alcool. L'évaluation des résultats a été effectuée
au moyen d'une étude à partir d'un groupe restreint (panel study)
composé des mêmes personnes interrogées avant et après une année de
participation au programme. Les collectivités rurales et urbaines étaient
comprises. Une communauté de référence d'une autre province faisait également
partie de l'étude mais n'était pas touchée par la campagne. Les résultats de
l'évaluation ont fourni peu de preuves que la campagne médiatique ait suscité
un effet significatif sur les attitudes pertinentes de la population touchée
(par exemple, attitudes face à l'intoxication, acceptation des mesures sociales).
D'autres éléments de l'évaluation touchaient l'application du programme et
l'exposition réelle à la publicité ainsi que le souvenir qu'on en gardait. La
notoriété spontanée des annonces publicitaires était faible (Whitehead 1979).
Cependant, les annonces ont été remarquées par les habitants de la
Saskatchewan, la plupart d'entre eux étant favorables à un tel message.
Pendant
les années 80, l'Alberta Alcohol and Drugs Commission (AADAC) a consacré
des ressources considérables aux campagnes médiatiques à l'intention des
adolescents et, dans une proportion moindre, à leurs parents. Les campagnes
comprenaient des messages diffusés à la télévision, à la radio et dans la
presse écrite, de même que Zoot Capri, un magazine pour adolescents
contenant des articles d'intérêt général et sur des thèmes spécifiques liés à
la prévention de l'alcoolisme et des autres toxicomanies. Ces programmes ont
été évalués en vertu de plusieurs critères incluant les résultats
comportementaux.
Une
étude a permis de suivre pendant quatre ans l'effet de la campagne de
prévention primaire de l'AADAC à l'intention des adolescents (Thompson, 1986a).
Les données d'évaluation recueillies par des entrevues auprès d'adolescents
albertains et de leurs parents ont montré que des composantes de la campagne
médiatique ont très bien réussi à sensibiliser les adolescents et leurs parents
à l'abus de drogues. Par exemple, tous les adolescents (100 p. 100)
et la plupart des mères (87 p. 100) se sont rappelés d'au moins un des
messages de la campagne de l'AADAC. La plupart des adolescents et des parents
qui étaient au courant de la campagne ont également affirmé qu'elle leur a été
bénéfique. Des adolescents ont affirmé qu'elle les a aidés à mieux composer
avec les pressions qui les portaient à boire, à consommer d'autres drogues ou à
fumer. Les mères ont indiqué qu'elle les a aidés à discuter avec leurs
adolescents sur la façon de composer avec ces pressions. En outre, le
pourcentage d'adolescents albertains qui buvaient de l'alcool a diminué entre
1981 et 1985, passant de 55 p. 100 à 47 p. 100. Par contre,
le pourcentage d'adolescents faisant usage d'alcool n'a pas accusé une
diminution semblable dans la province de référence, le Manitoba, où des
campagnes identiques à celle de l'AADAC n'ont pas été mises en oeuvre
(49 p. 100 en 1981 et en 1985). De plus, la fréquence des occasions
de boire et la quantité totale d'alcool consommée par les adolescents
albertains ont diminué de façon significative entre 1981 et 1985. La première
consommation d'alcool avait également tendance à être retardée. On a observé
tout le contraire au Manitoba. Nombre de ces résultats se sont répétés dans une
enquête ultérieure sur les ménages où l'on a comparé les adolescents de
l'Alberta et du Manitoba (Thompson et coll., 1987).
Le
dernier suivi de l'évaluation de l'AADAC a été entreprise en vue de déterminer
les modifications longitudinales et les tendances au titre de la réalisation
des objectifs du programme (Thompson, 1988). Toute la série d'enquêtes sur les
ménages portant sur les adolescents de l'Alberta et du Manitoba et sur leurs
parents (1981, 1983 et 1985-1987) ont été utilisées pour évaluer l'effet de la
campagne médiatisée. Tout comme les études précédentes, les résultats ont
montré que la plupart des adolescents albertains et de leurs parents étaient au
courant de la campagne et l'ont trouvée bénéfique pour eux. Cependant,
contrairement aux résultats antérieurs, les données mesurées en cinq étapes ont
révélé un écart par rapport à l'évolution favorable de plusieurs indicateurs
qu'on relevait dans les études précédentes : âge où le premier verre est
consommé, quantité totale d'alcool consommée et pourcentage de non-fumeurs. Par
exemple, même si le pourcentage des adolescents albertains qui consomment de
l'alcool a diminué régulièrement en passant de 55 p. 100 en 1981 à
43 p. 100 en 1987, la consommation d'alcool a accusé une baisse plus
rapide au Manitoba entre 1986 et 1987. De même, les données portant sur l'âge
où les adolescents commencent à boire et sur la quantité d'alcool consommée
révèlent que les adolescents albertains ont commencé à boire plus jeune que
ceux du Manitoba. Même si les adolescents albertains et leurs parents étaient
toujours bien au courant des campagnes, on a conclu que la sensibilisation aux
idées principales des programmes déclinait rapidement. On a suggéré que le
retrait des messages diffusés à la radio et à la télévision en 1986 (en vue de
concentrer l'attention sur Zoot Capri) était grandement responsable des
résultats négatifs. On a également avancé que les médias électroniques peuvent
être nécessaires, en plus de la presse écrite, pour mettre l'accent sur les
objectifs de prévention de l'AADAC et renforcer ces derniers.
Les
résultats de ces études canadiennes des campagnes médiatisées sont généralement
compatibles avec ceux que l'on retrouve dans la documentation internationale.
Même si les campagnes médiatisées peuvent agir sur les connaissances
relatives à l'alcool et aux autres drogues, de même que sur la sensibilisation
aux sujets connexes, les campagnes ne sont pas susceptibles de créer à elles
seules des changements comportementaux à long terme. Ces campagnes semblent
produire plus d'effets dans des domaines qui intéressent déjà la population
cible (par exemple, la conduite automobile avec facultés affaiblies). Il
conviendrait de les considérer comme un des éléments d'une stratégie plus
globale de promotion de la santé. Ainsi employées, les campagnes médiatiques
peuvent créer un environnement propice à l'action des autres stratégies (par
exemple, politiques relatives au contrôle de l'alcool).
Programmes de prévention axés sur la famille
Les programmes de prévention axés sur la famille
représentent une autre option parmi la gamme de programmes de promotion de la
santé relatifs à l'alcool et aux autres drogues. Certains programmes axés sur
la famille tentent de modifier les connaissances et les attitudes des parents
devant l'alcool et les autres drogues. D'autres mettent l'accent sur
l'amélioration générale des compétences parentales.
Deux
modèles socio-psychologiques ont été particulièrement importants dans
l'élaboration de programmes d'éducation à l'intention des parents. Un grand
nombre de programmes ont été fondés sur l'approche de la «persuasion», par
laquelle on tente de modifier les croyances et les attitudes des parents en
leur fournissant des informations. Les parents sont également encouragés à
exercer des pressions normatives en vue de modifier la perception que leurs
enfants se font d'eux-mêmes. Par l'influence de l'attitude ou de l'aspect
normatif, on pense que les parents agissent sur le comportement de leurs
enfants.
La
deuxième approche se fonde sur la théorie «behavioriste» ou de l'«apprentissage
social». Cette approche a pour prémisse que le comportement peut être modifié
au moyen de renforcements positifs et négatifs. De plus, elle est fondée en
grande partie sur l'imitation de modèles. Les programmes d'éducation à
l'intention des parents qui sont fondés sur cette approche reposent sur la
conviction que le comportement d'un enfant peut être modelé par le recours
judicieux aux récompenses et aux punitions et par le fait que les parents
servent de modèles positifs pour les enfants.
Même
si ces deux approches de prévention ont fait l'objet d'un grand nombre de
recherches, on a très peu étudié l'efficacité des programmes à l'intention des
parents qui sont fondés sur l'une d'elles. On peut diviser ces programmes
d'éducation entre ceux qui tentent d'enseigner aux parents à composer plus
efficacement avec leurs enfants sans insister sur des problèmes comportementaux
particuliers, et ceux qui mettent spécifiquement l'accent sur l'alcool et les
autres drogues. Une étude des programmes d'éducation à l'intention des parents,
publiée par Santé et Bien-être social Canada (1984), a cerné 12 programmes
fondés sur la première approche, et 10 sur la seconde. Des 22 programmes,
seulement six présentaient une forme d'évaluation officielle. Moskowitz (1989)
a examiné deux études de programmes d'éducation axés sur la famille; ils
étaient mis en oeuvre auprès de parents d'enfants normaux et mettaient l'accent
sur la prévention des problèmes relatifs à l'alcool et aux autres drogues chez
les adolescents. L'une des études était un programme d'intervention à
l'intention des parents qui s'inscrivait dans le cadre d'un programme en milieu
scolaire (Gersick et coll., cité par Moskowitz, 1989). Pendant 12 heures, les
parents ont reçu des renseignements et de la formation sur la prise de
décisions, les aptitudes de communication, le développement des adolescents et
l'usage d'alcool et d'autres drogues. Comparativement à un groupe de référence,
les participants ont présenté certaines améliorations à court terme au chapitre
de leurs compétences parentales. Cependant, le recrutement des parents et les
abandons ont été cités comme étant les problèmes principaux.
La
deuxième étude examinée par Moskowitz a été effectuée en Ontario par Shain et
coll. (1980). Il s'agit de l'évaluation d'un programme de 20 heures conçu selon
le programme de formation à l'intention des parents. Ce programme met l'accent
sur les aptitudes de communication et de résolution de problèmes. On essayait
de créer une atmosphère familiale dans laquelle les enfants prendraient des
décisions plus avisées. Des comparaisons ont été effectuées entre deux groupes
expérimentaux et un groupe de référence. Selon les résultats, le cours était
efficace pour susciter des changements positifs à court terme dans la perception
des enfants face à la vie de famille et dans le degré d'aptitudes des parents,
particulièrement au chapitre de l'écoute active. Cependant, les compétences
parentales, comme la confrontation constructive et la résolution de problèmes,
ont réussi à prévenir la consommation d'alcool chez les enfants seulement
lorsque les parents étaient abstinents. Les enfants des participants qui
buvaient ont imité le comportement de leurs parents et ont accru leur
consommation d'alcool.
Parmi
les autres évaluations canadiennes, on retrouve celle d'Albert et coll. (1983)
qui porte sur un programme d'éducation sur l'alcool conçu à l'intention des
parents par le U.S. National Council on Alcohol Education. Le cours
visait les parents qui n'éprouvaient pas de problèmes imputables à l'alcool. Il
cherchait à les aider à étudier l'influence qu'ils ont sur le comportement de
leurs enfants. De plus, le cours tentait de les aider à jouer un rôle de modèle
responsable. Il se composait de huit séances d'une demi-heure menées par
des animateurs sans formation professionnelle et touchait une vaste gamme de
sujets, y compris les effets de l'alcool sur l'organisme, les motifs pour en
consommer et le rôle de modèle des parents. Pendant l'étude, on recrutait au
moins un groupe de 16 personnes dans six collectivités ontariennes. Les
questionnaires administrés avant et après le cours ont montré un accroissement
significatif des connaissances relatives à l'alcool chez les participants au
programme, comparativement au groupe de référence. Cependant, on n'a observé
aucune modification marquée des attitudes envers l'alcool, des connaissances ni
du comportement des parents. On a observé une modification imprévue et négative
de l'attitude de certains parents. Cette modification pourrait provenir du fait
que certains participants étaient des parents bénévoles trop préoccupés. Le
volet du programme cherchant à clarifier les valeurs a peut-être apaisé cette
préoccupation excessive, ce qui s'est manifesté par un relâchement des
attitudes lors du post-test. On a suggéré que de tels programmes devraient
seulement être offert à des parents qui ont un besoin évident de se renseigner
ou de changer d'attitude.
Parmi
les travaux effectués au Canada, on retrouve une étude albertaine rapportée par
Nutter (1984) où l'on évaluait une intervention correspondant sous certains
aspects à une intervention familiale. L'évaluation portait sur un projet de
théâtre participatif destiné aux parents et aux adolescents. Ce programme était
conçu pour améliorer la communication et la compréhension mutuelle. On a
supposé qu'en améliorant la communication entre les parents et les adolescents,
on pourrait éviter les problèmes imputables à l'usage d'alcool et d'autres
drogues. La pièce a été présentée dans plusieurs communautés du nord et du
centre de l'Alberta. Les participants étaient recrutés de diverses façons, y
compris les contacts personnels, les affiches, les brochures et la publicité.
Le degré d'appréciation des participants a été mesuré par des questionnaires
présentés après la pièce de théâtre et touchant les réactions face à la pièce
et à son thème. On a aussi effectué un suivi un mois plus tard en vue de
déterminer si les participants avaient discuté de la pièce de théâtre et s'ils
avaient perçu des modifications dans les schèmes de communication familiale.
Selon les résultats, les participants ont réagi de façon très positive à la
pièce, et cette dernière les a aidés à comprendre l'importance de la
communication. La moitié des adolescents et plus de 85 p. 100 des parents
ont manifesté l'intention de discuter de la pièce une fois qu'elle était
terminée. Les réponses au questionnaire de suivi étaient peu nombreuses et
l'échantillon des répondants n'était pas représentatif du groupe d'origine. Ces
facteurs et l'absence de données sur le taux initial de communication dans la
famille avant la pièce ont écarté toute conclusion définitive concernant les
effets du programme sur les attitudes pertinentes ou sur les formes de
communication.
Les
évaluations des programmes de prévention axés sur la famille ont fourni peu de
preuves des effets à long terme sur l'usage d'alcool et d'autres drogues chez
les enfants. Pour les parents, certains résultats sont positifs, et on observe
des améliorations au chapitre de la confiance, de l'estime de soi, des
connaissances et des attitudes. Cependant, on n'a pas étudié la mesure dans
laquelle les parents traduisent ces changements dans leur comportement à la
maison. Chez les enfants, les résultats sont moins positifs; on a observé des
changements comportementaux négligeables ou, dans certains cas, un
accroissement de la consommation des substances visées. En outre, pendant les
programmes de prévention axés sur la famille, on a eu du mal à recruter des
parents et à maintenir leur participation.
On a
suggéré que l'efficacité des programmes d'éducation à l'intention des parents
peut s'améliorer si l'on prend en considération l'âge des enfants et leur stade
de développement (Santé et Bien-être social Canada, 1984). Plutôt que de
destiner l'ensemble de ces programmes à tous les parents, on devrait orienter
ces derniers vers les programmes qui sont le plus appropriés au stade de
développement moral de leurs enfants. Il faut également prendre en
considération les différences de culture, de valeurs et d'objectifs. Si les
programmes axés sur la famille doivent continuer à être considérés comme une
option valable en matière de promotion de la santé, divers types de programmes
devront être élaborés à l'intention de classes sociales et de groupes ethniques
différents. Même si les programmes de prévention axés sur la famille peuvent
être utilisés pour enrichir d'autres programmes, comme les programmes de
prévention en milieu scolaire, leurs objectifs doivent être énoncés clairement,
et leurs résultats doivent être évalués en fonction de ces objectifs.
Actuellement, les preuves ne permettent pas de conclure que les programmes
familiaux appuient les campagnes de prévention ou qu'ils garantissent le choix
d'un type de programme plutôt qu'un autre.
Programmes communautaires
Ces programmes de promotion de la santé visent
l'ensemble de la collectivité. Une «collectivité» peut être définie de
nombreuses façons, par exemple, selon les aspects géographiques, culturels ou
organisationnels (Perry, 1986; Pederson et coll., 1990). Selon Rothman (1979),
dans le cadre d'interventions axées sur la collectivité, on peut orienter les
campagnes de trois façons différentes : développement communautaire
(encourager la participation de la collectivité dans la résolution des
problèmes), planification sociale (résoudre des problèmes particuliers) et
action sociale (soutenir les groupes défavorisés). En pratique, ces modèles se
chevauchent souvent. En outre, la portée des programmes réunis sous l'étiquette
générale d'«intervention axée sur la collectivité» varie considérablement. Les
programmes les moins complexes recourent à des variables ou à d'autres
stratégies de promotion de la santé (par exemple, les médias); cependant, ils
les mettent en application dans le cadre d'un contexte communautaire
spécifique, et les consultations communautaires constituent alors un aspect
secondaire de la mise en oeuvre. Ces programmes se fondent en grande partie sur
le modèle des connaissances, des attitudes et du comportement pour justifier
les changements comportementaux. Les interventions communautaires les plus
élaborées présentent de multiples aspects et sont fortement intégrées; parmi
leurs composantes, on retrouve le développement communautaire, l'éducation
communautaire, les médias, les groupes de discussion, les interventions de
personne à personne, les ateliers, les changements d'orientation et
l'aménagement du cadre de vie. Des programmes globaux de ce type s'inspirent
d'une diversité de modèles théoriques relatifs au comportement sain de
l'individu (par exemple, la théorie de l'apprentissage social et la théorie de
la communication persuasive). Ils peuvent également s'inspirer de modèles
globaux pour la planification des interventions communautaires (par exemple,
Green et coll.,1980). En dernier lieu, l'approche la plus étendue peut mettre
l'accent sur l'ensemble du contexte environnemental de la collectivité, comme
dans le projet de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Canada
intitulé «Healthy Cities» (Villes en santé) (Ashton et coll., 1986;
Hancock, 1987).
Même
si les programmes communautaires de promotion de la santé axés sur la
collectivité ont suscité un grand enthousiasme, peu d'entre eux mettent
l'accent sur l'alcool ou les autres drogues. La plupart de ces programmes de
prévention communautaire avaient un objectif global de promotion de la santé et
mettaient l'accent sur la réduction des facteurs de risque des maladies
cardio-vasculaires. Les meilleurs exemples connus sont la Stanford Three
Community Study, la Stanford Five Community Study, le Minnesota
Heart Health Program, la Pawtucket Experiment et le programme de la
Carélie du Nord, en Finlande (voir Shea et Basch (1990) pour obtenir un aperçu
de ces programmes). On cite souvent ces études en considérant qu'elles
fournissent des preuves de l'efficacité des programmes (par exemple, McAlister
et coll., 1982). Cependant, malgré la qualité et la vaste portée de certains de
ces programmes, les évaluations obtenues jusqu'à maintenant n'ont pas été
positives sur tous les aspects. Par exemple, dans l'étude de la Carélie du
Nord, la façon dont l'évaluation a été conçue peut avoir produit des résultats
mitigés (Klos et Rosenstock, 1982), et ces derniers ont fait l'objet de débats
vigoureux (Solomen, 1987; McCormick et Strabanek, 1988). Dans la Stanford
Three Community Study, plusieurs effets attribués à l'intervention
communautaire étaient peu marqués, sauf lorsque les participants présentaient
un risque élevé et qu'ils recevaient également une éducation et une formation
intensives sous forme de counselling à domicile (Farquahar et coll., 1977).
Harris (1985) a traité de la méthode utilisée dans cette intervention
communautaire et a avancé que l'étude peut avoir été faussée pour que les effets
observés soient positifs.
Pendant
l'exécution de certains programmes de promotion de la santé axés sur l'alcool,
les campagnes médiatisées ont été appuyées par la participation de la
collectivité et des organismes communautaires. L'un des premiers programmes du
genre a été connu sous le nom de California Prevention Demonstration, ou
«Winners Campaign». Ce programme a été évalué par Wallack et Barrows
(1982-1983). Il visait à modifier les attitudes et le comportement liés à la
consommation d'alcool parmi la collectivité. Selon l'évaluation, rien ne prouve
que le programme ait été efficace.
Le Community
Action Project de Nouvelle-Zélande, abordé précédemment dans la section sur
les campagnes médiatisées, faisait appel, lui aussi, à un organisme communautaire.
Ce projet tentait de soutenir les politiques de contrôle de l'alcool touchant
la disponibilité et la publicité, de même que la consommation de cette
substance chez les hommes (Casswell et Gilmore, 1989; Casswell et Stewart,
1989). La stratégie de l'organisme communautaire, combinée aux médias, a
tempéré le libéralisme du public face à la disponibilité de l'alcool et à la
publicité à ce sujet. L'évaluation du processus a montré que les programmes
communautaires traitant l'alcoolisme dans une optique de santé publique
provoquaient de la résistance dans certains secteurs de la collectivité. Par
contre, ils ont bénéficié d'un soutien considérable de plusieurs organismes
communautaires et des médias.
Entre
1982 et 1986, on a mis sur pied à San Francisco un programme global, axé sur la
collectivité et visant la prévention des problèmes imputables à l'alcool
(Wallack, 1984-1985). Le projet comprenait trois composantes principales :
la recherche, l'éducation et la planification communautaire. Wittman (1990) a
résumé l'historique et les résultats du projet. Ses conclusions sont mitigées.
Un comité de planification, formé pendant le déroulement du projet, a réussi à
prévenir un élargissement dans la disponibilité de l'alcool (vente de bière et
de vin dans les stations-service locales). Cependant, la plupart des projets ne
se sont pas traduits par des programmes significatifs ou par des changements de
politique.
Un
autre projet communautaire de Californie s'est inspiré du projet de prévention
de San Francisco (Shane et Cherry, 1987). Mis en oeuvre par un groupe de
travail sur les drogues d'une commission scolaire locale, le Castro Valley
Project a mobilisé la collectivité pour qu'elle définisse et évalue ses
problèmes imputables à l'alcool. Contrairement au programme de San Francisco,
ce projet a été bien soutenu par la collectivité et a permis d'appliquer
plusieurs mesures préventives. (Wittman, 1990). Parmi les raisons de ce succès,
on a cité la grande importance accordée aux communications et à l'utilisation des
médias. Les données ne permettent pas encore de déterminer si le projet et les
campagnes de prévention ultérieures se sont traduites par un changement dans
l'usage d'alcool ou d'autres drogues ou encore par une amélioration des
problèmes sociaux connexes.
À
Kansas City et à Indianapolis, un programme communautaire à l'intention des
adolescents et de leurs parents est toujours en cours et a donné quelques
résultats positifs (Pentz et coll., 1990). L'intervention présente cinq
aspects : éducation sur la santé dans les écoles, intervention auprès des
parents et de la famille, organismes communautaires, changement des politiques
et médias. Les quatre premiers aspects sont introduits au nombre d'un par
année, et les médias sont utilisées pendant toute la durée du projet. Plus de
32 500 adolescents sont évalués tous les ans, et des données sont
également recueillies auprès de la collectivité, des leaders d'opinion et des
parents. Selon les résultats des trois premières années à Kansas City, le
groupe soumis à l'intervention présente une croissance nette de l'usage de
cigarettes, d'alcool et de marijuana deux fois moindre que celui des groupes de
référence (Pentz, Dwyer et coll., 1989; Pentz, Johnson et coll., 1989). Par
rapport à ces groupes, les parents et les adolescents du groupe ayant fait
l'objet de l'intervention étaient également beaucoup plus susceptibles de
s'engager dans des pratiques préventives, d'adopter des comportements sains
(par exemple, l'exercice aérobique) et étaient moins susceptibles d'avoir consommé
de l'alcool la semaine précédente (Pentz, Johnson et coll., 1989).
Récemment,
un symposium a eu lieu à Scarborough (Ontario), et on y a résumé l'expérience
internationale dans le domaine des interventions communautaires face à l'alcool
et aux autres drogues (Giesbrecht et coll., 1990). Plusieurs études canadiennes
ont été abordées dans ce symposium, même si toutes n'avaient pas la même portée
globale. Certaines évaluations ont été incluses dans d'autres sections du
présent rapport (par exemple, Caverson et coll., (1990) dans les campagnes
médiatisées et Gliksman et coll. (1989) dans les programmes présentés dans des
établissements d'études universitaires/collégiales). Cependant, deux projets
supplémentaires sont dignes de mention.
Un
programme mis en oeuvre à Thunder Bay (Ontario) comprenait l'élaboration et
l'adoption d'une politique visant à réglementer les permis de vente d'alcool
dans les parcs et les établissements de loisirs de la municipalité. Afin
d'amener les personnes à se soumettre volontairement aux règlements, on a
également mis en oeuvre une campagne de marketing à grande échelle qui
comprenait, par exemple, des communiqués, des messages d'intérêt public, des
annonces payées, des brochures et des affiches (voir Douglas (1990) pour obtenir
un aperçu du projet). Selon les résultats de l'évaluation, la campagne a
convaincu davantage de résidents de se soumettre à la politique. En outre, par
rapport à la collectivité de référence, on a observé des modifications
significatives des attitudes des résidents en ce qui touche le contrôle légal
de la consommation d'alcool, la tolérance de la consommation d'alcool chez les
mineurs et le soutien à l'usage d'alcool dans les établissements de loisirs
(Gliksman et coll., 1990).
Giesbrecht
et coll. (1990) ont rédigé un rapport sur une intervention communautaire dans
une petite ville du sud de l'Ontario. La recherche avait pour but de déterminer
si la distribution globale de la consommation d'alcool dans la collectivité
peut être influencée par la modification des habitudes de consommation d'un
nombre significatif de grands buveurs au moyen d'un programme individuel de
counselling et d'éducation. D'autres aspects du programme cherchaient à
susciter les nouveaux projets de programmes et de politiques par l'entremise de
la mobilisation et de l'organisation de la collectivité. Selon les résultats,
la consommation d'alcool des participants au programme de counselling a diminué
de façon marquée. En outre, le projet a attiré l'attention des médias locaux et
a suscité de l'intérêt chez les membres des comités locaux de santé et de
services sociaux quant aux problèmes imputables à l'alcool. Cependant, l'étude
n'a pu prouver une chute de la quantité totale d'alcool vendue ou une
modification marquée de la distribution de la consommation d'alcool dans la
population. L'évaluation du processus a mis en lumière une résistance
significative au programme et les moyens par lesquels certains aspects de cette
résistance ont été vaincus.
L'évaluation
de ces programmes communautaires de prévention donne généralement des résultats
semblables à ceux des programmes d'éducation : preuves de l'accroissement
des connaissances et de la modification des attitudes, et peut-être de
modifications comportementales à court terme. Des études supplémentaires seront
nécessaires pour démontrer des modifications comportementales importantes et
durables découlant de projets actuellement en cours (par exemple, le Midwestern
Prevention Project, Pentz et coll., 1990). Comme nous l'avons affirmé
précédemment dans la section sur les programmes d'éducation présentés à
l'école, certains chercheurs (par exemple, Moskowitz, 1989) ont comparé l'usage
immodéré d'alcool et d'autres drogues au tabagisme. Selon eux, comme les
modifications des normes et des valeurs de la société face à la cigarette ont
contribué à l'efficacité des programmes de prévention et d'élimination du
tabagisme, des modifications similaires des normes et des valeurs liées à
l'alcool et aux autres drogues seront nécessaires pour améliorer l'efficacité
des programmes de prévention axés sur ces substances. Cependant, la meilleure
façon d'exercer un effet sur les normes et les valeurs communautaires reste
toujours à déterminer. Une approche échelonnée sur un grand nombre d'années,
présentant de multiples aspects et faisant appel aux stratégies d'éducation,
aux médias et à l'environnement a des chances de produire un tel effet.
L'importance
accrue de l'analyse systémique des problèmes d'alcool est à l'origine de
l'approche communautaire (voir Wallack (1984-1985) et Holder et Wallack (1986)
pour la discussion). Dans cette perspective, la consommation d'alcool ou
d'autres drogues et les conséquences de cette consommation doivent être
considérées comme faisant partie d'un système ou d'un réseau plus vaste de
variables interdépendantes. L'accent ne peut être mis seulement sur l'individu;
la famille, la collectivité et les facteurs sociaux, économiques, juridiques,
politiques, culturels et physiques doivent également être pris en
considération. Nous en savons toujours relativement peu sur la prévention
communautaire des problèmes imputables à l'alcool et aux autres drogues; il est
donc nécessaire d'effectuer des études supplémentaires sur son application et
son efficacité. En outre, nous ne faisons que commencer à explorer les
nouvelles voies qu'ouvre l'évaluation des interventions communautaires, ainsi
que les problèmes qu'elle soulève (par exemple, Goodstadt, 1990).
Programmes à l'intention des serveurs
Pendant les 15 dernières années, il est arrivé de plus
en plus souvent que des personnes se fassent poursuivre pour la conduite de
leurs clients, invités ou collègues en état d'ébriété. Même si le Code
criminel prévoit des sanctions pour les conducteurs aux facultés
affaiblies, aucune disposition ne touche les gens qui incitent les conducteurs
fautifs à boire ou ceux qui servent de l'alcool. En mettant l'accent sur la
situation qui mène à la consommation immodérée d'alcool, le Code civil
et la formation à l'intention des serveurs inaugurent une approche nouvelle et
éventuellement importante pour prévenir la conduite automobile avec facultés
affaiblies ainsi que d'autres problèmes liés à l'ébriété. Ces
cinq dernières années, les organismes hôteliers, les organismes
gouvernementaux et les producteurs d'alcool ont adopté ou élaboré des
programmes de formation à l'intention des serveurs. Un certain nombre d'États
américains ainsi que les gouvernements de l'Ontario et de la
Colombie-Britannique imposent des programmes de formation à l'intention de tous
les serveurs des établissements où il est permis de vendre de l'alcool. Au
gouvernement fédéral, la Direction générale de la promotion de la santé de
Santé et Bien-être social Canada, avec la collaboration du National Steering
Committee on Impaired Driving, a soutenu une conférence nationale sur la
formation à l'intention des serveurs en mars 1989.
L'intervention
auprès des serveurs est une approche environnementale en matière de prévention,
car elle tente de modifier l'environnement des établissements où il est permis
de vendre de l'alcool. L'objectif consiste à créer un environnement de
consommation d'alcool plus sûr au moyen d'un ensemble de stratégies conçues
pour réduire le risque que les clients s'enivrent, qu'ils se blessent ou qu'ils
blessent d'autres personnes. L'intervention auprès des serveurs comprend la
formation de ces derniers en matière de pratiques responsables (par exemple,
savoir reconnaître l'ébriété et cesser de servir les clients ivres), la
promotion des boissons non alcoolisées, les services de transport de rechange
(y compris des programmes de conducteurs désignés, où les conducteurs qui ne
consomment pas d'alcool sont servis à prix réduit ou gratuitement) et la sensibilisation
des serveurs à leurs responsabilités.
Les
résultats préliminaires mesurés aux États-Unis et au Canada montrent que les
programmes de formation à l'intention des serveurs réduisent efficacement le
nombre de personnes en état d'ébriété. Quatre évaluations ont été effectuées
jusqu'à maintenant -- trois aux États-Unis, et une au Canada. La première
évaluation d'un programme de ce type portait sur un programme de prévention
global des problèmes imputables à l'alcool dans un bar de la marine américaine
à San Diego (Saltz, 1985; 1986; 1987). Selon les résultats, le taux de
consommation a diminué de façon significative, et la probabilité que les
consommateurs s'enivrent a été coupée de moitié. On n'a observé aucune
réduction de la consommation totale d'alcool par les clients; les revenus
n'étaient donc pas touchés. Cependant, la globalité du programme (18 heures de
formation et autres politiques de soutien de la direction) et le caractère
fermé d'une base militaire ne permettent pas d'étendre ces résultats à d'autres
bars ni à d'autres tavernes.
Une
autre étude évaluait l'effet du programme «TIPS» (Training for Intervention
Procedures by Servers, formation sur les procédures d'intervention à
l'intention des serveurs dans deux bars d'une cité universitaire entourée d'une
zone rurale (Russ et Geller, 1987; Geller et coll., 1987). La formation
comprenait environ six heures de sketchs sur bandes vidéo, de discussions
dirigées par un animateur et de jeux de rôle effectués par les serveurs. Au
moyen d'acteurs jouant le rôle de clients, on a constaté que les serveurs ayant
reçu la formation étaient moins susceptibles de servir des clients jusqu'à
l'ivresse et que le montant des pourboires n'avait pas été affecté.
La
troisième étude américaine, effectuée par la U.S. National Highway Safety
Administration, a évalué son programme «TEAM» (Techniques of Effective
Alcohol Management) portant sur les techniques de gestion efficace de
l'alcool dans sept gymnases de la National Basketball Association
(McKnight, 1986; Vevega, 1986). Le programme a été efficace pour ce qui est
d'aider à élaborer des politiques visant à prévenir l'ébriété et les problèmes
imputables à l'alcool dans les gymnases. Des données sur les ventes,
recueillies dans deux gymnases seulement, ont montré que la consommation
globale de bière était inférieure, mais que les ventes de nourriture et de
boissons non alcoolisées ont augmenté. L'assistance a également augmenté.
La
seule évaluation canadienne d'un programme d'intervention à l'intention des serveurs
a été effectuée à Thunder Bay (Ontario) en 1988 (Glicksman et Single, 1988)
avant et après la mise en oeuvre du programme. Des observations ont été
recueillies dans huit tavernes avant et après le cours de formation à
l'intention des serveurs, offert dans quatre établissements par la Fondation de
recherche sur l'alcoolisme et la toxicomanie. Des clients, incarnés par des
acteurs professionnels, ont joué sept «scénarios» illustrant les
comportements abordés dans le cadre du cours de formation. Ces comportements
incluaient la commande de consommations doubles, les commandes fréquentes,
l'enivrement et le fait d'arriver sur les lieux déjà ivre. Selon l'étude, on a
observé des modifications significatives et positives des connaissances et des
attitudes des serveurs ayant reçu la formation. L'observation de leurs
réactions face au comportement des acteurs a révélé des changements importants
dans leur façon de composer avec des clients ivres, fauteurs de troubles, qui
cherchent à boire trop ou qui ne semblent pas avoir l'âge requis. Après avoir
suivi le cours, les serveurs étaient beaucoup plus susceptibles d'intervenir
afin de prévenir l'ébriété et de composer adéquatement avec les clients ivres
ou qui n'ont pas l'âge requis.
Les
résultats de l'évaluation de Thunder Bay sont très encourageants. Cependant, il
faut remarquer que les effets à court terme (c'est-à-dire en deçà d'un mois)
seulement ont été évalués. Il faut effectuer des études supplémentaires pour
évaluer les avantages à très long terme des programmes de formation des
serveurs. Néanmoins, les données disponibles laissent croire que ces programmes
peuvent contribuer de façon importante à prévenir les problèmes imputables à
l'alcool, particulièrement la conduite automobile avec facultés affaiblies. Les
programmes supplémentaires de cette nature pourraient certainement être
soutenus par le grand public, puisque 82 p. 100 des adultes canadiens
approuvent les campagnes de sensibilisation des serveurs (Santé et Bien-être
social Canada, 1990).
Politiques de contrôle de l'alcool
Les gouvernements adoptent des lois et des règlements
pour modifier la consommation d'alcool et d'autres drogues et pour prévenir les
problèmes connexes. L'évaluation des politiques qui mettent l'accent sur le
contrôle de la disponibilité de l'alcool s'est composée principalement d'études
quasi expérimentales et économétriques. Ces études ont évalué les effets de la
disponibilité de l'alcool et de deux types de problèmes imputables à cette
substance, soit la cirrhose ainsi que les décès et les blessures faisant suite
à un accident de voiture. Les politiques de contrôle de la disponibilité de
l'alcool peuvent être classées en termes de disponibilité physique, économique
et sociale (Moskowitz, 1989); c'est d'ailleurs la position adoptée dans la
présente étude.
Il
est difficile de distinguer les évaluations canadiennes sur les effets des
politiques de contrôle de l'alcool par rapport à la documentation
internationale. Les études canadiennes se trouvent dans cette documentation en
raison de l'important travail de pionnier qu'ont fait plusieurs chercheurs
établis au Canada, comme deLint, Schmidt et Popham à propos de la distribution
physique d'alcool (deLint et Schmidt, 1968; Schmidt et Popham, 1978; Whitehead,
1975; Smart, 1980 et Single, 1990). Cette approche cherche à restreindre la
consommation excessive d'alcool et ses conséquences en réduisant la
consommation moyenne par l'entremise du contrôle des débits de boisson, du prix,
de l'âge légal pour en consommer, etc. La grande contribution des évaluations
canadiennes dans ce domaine est reconnue dans la présente étude et s'inscrit
dans le contexte plus étendu de la documentation internationale.
Politiques de contrôle de la disponibilité physique de
l'alcool
Moskowitz (1989) a cerné diverses dimensions de la
disponibilité physique, y compris le format des contenants de boissons
alcoolisées, la concentration d'éthanol dans la boisson, les heures et les
jours où cette boisson peut être vendue, l'emplacement, le nombre et la densité
des points de vente au détail de boissons alcoolisées, le fait que l'alcool
soit vendu pour être consommé à l'extérieur ou à l'intérieur d'un
établissement, quels autres produits ou activités accompagnent les ventes
d'alcool et qui a le droit de consommer ou de vendre des boissons alcoolisées
(âge minimum, personne sobre). Plusieurs études récentes de ces publications
ont été effectuées, incluant celle de Single et coll. (1989) dans un article
demandé par Santé et Bien-être social Canada.
Même
si les conclusions sont limitées, on a établi une corrélation entre le contrôle
des heures d'exploitation des débits de boisson, les habitudes de consommation
et les problèmes imputables à l'alcool dans un certain nombre d'établissements.
Popham (1982) a établi une corrélation entre les arrestations pour ivresse
publique et les heures d'ouverture des tavernes à Toronto. Selon une étude
suédoise d'Ollson et Wikstron (1982) sur les effets de la fermeture des débits
de boisson le samedi, on a observé une réduction globale des ventes d'alcool et
de l'ivresse publique, une réduction des troubles publics et des crimes
violents le samedi et le dimanche et une réduction de 30 à 46 p. 100 de la
violence en milieu familial le samedi. Smith (1986) a comparé 72 hommes qui
fréquentaient des hôtels ouvrant à six heures ou à sept heures avec
un groupe de référence de 87 hommes interrogés dans des hôtels avoisinants qui
ouvraient à 10 heures. Les personnes des deux groupes présentaient des
caractéristiques personnelles très semblables, quoique les hommes du premier
groupe consommaient significativement plus d'alcool, buvaient plus souvent,
consacraient plus de temps à la consommation d'alcool et obtenaient des
résultats significativement plus élevés à la version abrégée du Test de
dépistage de l'alcoolisme du Michigan. On a conclu que le fait d'ouvrir de
bonne heure favorisait l'alcoolisme. Selon plusieurs autres études réalisées en
Australie, on peut noter une corrélation entre l'accroissement des accidents de
voiture reliés à l'alcool et l'accroissement de la disponibilité (Smith, 1978,
1980, 1986).
Il
existe relativement peu de données sur l'effet de la réduction ou de l'ajout
d'heures ou de jours où il est permis de vendre de l'alcool. Single et coll.
(1989) ont avancé plusieurs raisons à ce manque de preuves. Premièrement, les
modifications des heures et des jours de vente légale sont rarement soumises à
une évaluation systématique. En second lieu, de tels changements se produisent
fréquemment dans le cadre de modifications à grande échelle des règlements en
matière de contrôle, ce qui rend extrêmement difficile d'isoler l'effet de
l'accroissement des heures. Finalement, le manque d'attention porté aux
variables temporelles ne s'étend pas seulement aux études sur la disponibilité;
il est représentatif de la plupart des recherches épidémiologiques sur
l'alcool.
En ce
qui concerne la densité des points de vente, il faut indiquer qu'il y a
corrélation entre l'interdiction totale de vendre de l'alcool et des taux très
faibles de consommation d'alcool et des problèmes reliés à cette substance
(Popham, 1956). En ce qui touche les différences moins marquées dans la
concentration des points de vente d'alcool, les résultats laissent croire à une
corrélation positive entre les indicateurs de problèmes et le nombre de points
de vente d'alcool. À l'aide d'un modèle d'équation structurelle, Rush et coll. (1986a)
de même que Gliksman et Rush (1986) ont étudié la corrélation entre la
disponibilité de l'alcool (telle qu'elle est mesurée par le nombre de points de
vente d'alcool à consommer à l'intérieur ou à l'extérieur d'un établissement
par 1 000 adultes), la consommation de même que la morbidité et la
mortalité imputables à l'alcool, au moyen de données recueillies dans
49 comtés ontariens. Les résultats étaient similaires à ceux d'autres
études. On a observé une corrélation marquée et positive entre la disponibilité
de l'alcool au détail et la consommation par habitant, et entre la consommation
et le taux de morbidité imputable à l'alcool. Il existait également une
corrélation forte et indirecte entre la consommation et la mortalité imputable
à l'alcool, influencée par la morbidité découlant de cette substance. Les taux
de consommation étaient beaucoup plus élevés, et le nombre de problèmes
(mesurés par la morbidité et la mortalité causées par la cirrhose et par les
décès imputables aux accidents de voiture) étaient un peu plus grands dans les
comtés dont la concentration des points de vente était supérieure à la moyenne.
Les auteurs ont conclu que les politiques visant la restriction de la
disponibilité de l'alcool au détail permettront probablement de réduire la
consommation par habitant, de même que la morbidité et la mortalité imputables
à l'alcool.
Les
études de ces publications présentent toutes essentiellement la même conclusion
(Smith,1983; Macdonald et Whitehead, 1983; Farrell, 1985). Comme l'énoncent Macdonald
et Whitehead, «si l'on tient compte de
la qualité des études, la prépondérance de la preuve incrimine nettement la
disponibilité des points de vente; ce paramètre est en partie responsable de la
variation de l'étendue des courbes de consommation d'alcool» (1983:482).
Cependant, la corrélation entre la concentration des points de vente et la
consommation d'alcool tend à être supérieure dans le cas des points de vente où
l'alcool doit être consommé à l'extérieur de l'établissement. Il faut remarquer
que la relation de causalité entre la concentration des points de vente et la
consommation d'alcool n'est pas plus claire. Il est fort probable que ces
paramètres s'influencent mutuellement. En outre, vu la nature de la recherche
sur cette corrélation, il est toujours possible de formuler des interprétations
différentes. Par exemple, la concentration des points de vente et la
consommation sont susceptibles d'être touchées par des facteurs
socio-économiques inhérents à la collectivité, comme le revenu moyen
disponible. Il est difficile de vérifier adéquatement des facteurs si
déconcertants avec les méthodes de recherche courantes.
La
vente d'alcool dans les dépanneurs est un autre aspect de la disponibilité
physique qui a attiré l'attention au Canada. Une étude de l'effet du permis de
vente limitée de vin dans les épiceries du Québec n'a révélé aucune
modification marquée des ventes de vin ou des ventes totales d'alcool (Smart,
1986). Parmi les raisons avancées pour cette absence d'effets, on trouve le contexte
économique défavorable, l'impopularité relative du vin, comparativement à
d'autres boissons et la tendance à long terme vers une baisse de la
consommation d'alcool dans l'ensemble du Canada. Macdonald (1986) a évalué
l'effet sur la consommation de la disponibilité accrue du vin dans les
épiceries de quatre États où l'on vient de modifier la politique pour permettre
la vente. Pendant les années suivant le changement de politique dans trois des
quatre États, la consommation de vin s'est accrue d'une façon significativement
plus grande qu'on aurait pu le prévoir à partir de la tendance observée pendant
les années précédant le changement.
Les
effets de l'âge légal pour consommer de l'alcool sont assez clairs. Plus cet
âge est bas, plus l'âge auquel les adolescents consomment de l'alcool pour la
première fois est bas, plus la consommation d'alcool est élevée et plus les
problèmes imputables à l'alcool sont nombreux, y compris les accidents de
voiture causés par l'alcool chez les adolescents. Plusieurs études ont été
effectuées au Canada, aux États-Unis et en Australie sur l'effet des
modifications de l'âge légal pour consommer de l'alcool. Smart (1977) a comparé
les ventes d'alcool parmi 25 États américains où l'on a réduit l'âge légal de
consommation d'alcool avec des États voisins qui n'ont pas pris de telles
mesures. Dans la plupart des États où on a réduit cet âge, les ventes de bière
et de spiritueux ont augmenté pendant l'année où la modification a eu lieu et
celle qui a suivi. Les données à long terme n'ont pas été analysées. Selon un
examen des données canadiennes, une réduction de l'âge légal de consommation
d'alcool entraîne un accroissement important de l'usage d'alcool chez les
jeunes, particulièrement dans les établissements (Smart et Goodstadt, 1977). On
a observé un accroissement des accidents de voiture imputables à l'alcool chez
les personnes de 15 à 17 ans et de 18 à 20 ans. Lorsque l'âge légal de
consommation d'alcool en Ontario est passé de 21 à 18 ans en 1971, on a observé
un accroissement des problèmes imputables à l'alcool, particulièrement une
nette montée de la consommation d'alcool et des accidents de voiture chez les
adolescents. Pour cette raison, l'âge légal est passé à 19 ans en 1979 (Single
et coll., 1981).
Il
existe beaucoup moins de preuves du fait que l'accroissement de l'âge
légal puisse réduire la consommation. Au Massachusetts, cet âge est
passé de 18 à 20 ans en 1979. Les comparaisons avant et après l'adoption de la
loi entre les données de l'enquête et les statistiques sur les accidents
mortels laissent croire que l'accroissement de l'âge légal a présenté des
effets négligeables sur le comportement des adolescents en ce qui touche
l'alcool. Cependant, l'endroit où on obtenait l'alcool et où on le consommait a
changé significativement (Smith et coll., 1984). Une étude canadienne effectuée
par Johnson et coll. (cité dans Johnson et coll., 1990) laisse croire qu'en
moyenne, la consommation baisse de 3 p. 100 pour chaque année
d'accroissement de l'âge légal pour consommer de l'alcool. La hausse de cet âge
de 18 à 19 ans en Ontario a présenté un effet négligeable, particulièrement
chez les buveurs réguliers (Vingilis et Smart, 1981). Cependant, les effets
avaient tendance à être positifs, bien que peu importants. En général, même si
les chercheurs ont constaté que l'accroissement de l'âge légal pour consommer
de l'alcool est quelquefois associé à une réduction du nombre de blessures et
de décès imputables à l'alcool chez les adolescents, ces effets étaient plutôt
minimes (Wagenaar, 1986; Wagenaar et Maybee, 1986).
L'effet
plus remarquable de la diminution de l'âge légal de consommation d'alcool peut
découler du fait que les réductions sont habituellement de trois ans (de
21 à 18 ans), alors que les accroissements sont habituellement d'un ou de
deux ans (de 18 ans à 19 ans ou de 18 ans à 20 ans) (Vingilis et Mart,
1981). La plupart des études de l'effet de l'âge légal de consommation d'alcool
portaient seulement sur les hommes. On manque de données sur l'effet de ce type
de lois sur les conductrices, et il faut encourager les recherches dans ce
domaine. Comme les femmes sont généralement moins portées à transgresser les
lois que les hommes, ce type de législation peut les influencer davantage.
Par
conséquent, les données laissent croire que le contrôle de la disponibilité
physique de l'alcool est une composante importante d'une stratégie globale de
promotion de la santé. La réglementation des heures de disponibilité de même
que le nombre et la concentration des points de vente d'alcool pouvant être
consommé à l'intérieur ou à l'extérieur sont toutes des politiques qui
contribuent à prévenir les problèmes imputables à cette substance et ce, mieux
qu'avec la réduction de l'âge légal de consommation d'alcool.
Les
démarches visant à contrôler la disponibilité physique de l'alcool ont
rapidement gagné le soutien du public au Canada. Selon les résultats de
l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues (Eliany et coll., 1990),
70 p. 100 des Canadiens adultes pensent que les heures d'exploitation des
points de vente de bière et de spiritueux doivent rester les mêmes, 7
p. 100 croient qu'elles doivent être élargies, et 17 p. 100 sont
d'avis qu'elles doivent être réduites. En outre, 74 p. 100 de la
population pense que l'alcool ne devrait pas se vendre dans les dépanneurs. En
dernier lieu, 50 p. 100 de la population est d'avis que l'âge légal doit
être accru, 45 p. 100 pense qu'il devrait demeurer identique, et seulement
3 p. 100 est d'avis qu'il doit être réduit.
Politiques de contrôle de la disponibilité économique
de l'alcool
La disponibilité économique touche le prix réel des
boissons alcoolisées en fonction du revenu disponible et du prix des autres
boissons. Le coût de l'alcool varie selon le type de boisson (bière, vin ou
spiritueux), la marque et le type de points de vente (pour consommation à
l'intérieur ou à l'extérieur de l'établissement). Le prix d'une boisson dans un
point de vente particulier peut même varier selon l'heure (par exemple, prix
réduit de moitié, cinq-à-sept). La recherche sur la corrélation entre le prix
des boissons alcoolisées et la consommation d'alcool met souvent l'accent sur
l'«élasticité» de la demande[5].
Cependant, l'élasticité de la demande d'alcool varie avec le temps et dépend
aussi des changements de prix et du type de boisson. La demande de vins et de
spiritueux s'est révélée particulièrement élastique (Ornstein et Levy, 1983).
Cook (1981) et Cook et Tauchen (1982) ont constaté qu'une hausse relativement
faible du prix des spiritueux distillés, causée par un accroissement des taxes
d'État, a amené une réduction significative de la consommation. Du point de vue
méthodologique, la recherche de Cook fait partie des études les plus solides
sur le sujet. Pendant son étude quasi expérimentale, il a comparé la
consommation de spiritueux avant et après la hausse des taxes dans
39 États avec celles de plusieurs autres dont les taxes n'avaient pas
monté. Dans les premiers, on a observé une chute importante de la consommation
de même qu'une diminution des décès causés par les accidents de voiture et la
cirrhose.
Selon
un examen des études économétriques (Ornstein et Levy, 1983), la plupart des
études ont déterminé que l'élasticité par rapport au prix est d'environ -1,5
pour la consommation de spiritueux aux États-Unis. Ils ont également conclu que
la consommation de vin n'était pas aussi intimement tributaire du prix,
particulièrement chez les jeunes. Cependant, des études sur le grand public
laissent croire que la consommation de vin s'accroît après une diminution des
prix. Les preuves de la sensibilité par rapport au prix de la bière sont
minimes. Même s'il existe une corrélation entre la consommation de bière et la
variation du prix, la variation de la quantité de bière achetée est moins que
proportionnelle pour un taux donné de variation du prix. Ainsi, la demande de
bière n'est pas élastique par rapport au prix. Ornstein et Levy (1983) évaluent
cette élasticité à environ -0,3.
Dans
un récent article de Johnson et coll. (1990) sur la taxation et la politique en
matière d'alcool, préparé pour Santé et Bien-être social Canada, on trouve un
examen des études canadiennes sur l'élasticité par rapport au prix. On y
conclut que la demande pour les trois boissons n'était généralement pas
élastique et que l'élasticité de la demande de bière était nettement plus
faible que celle des deux autres boissons. Ils ont évalué l'élasticité à court
terme de la demande de bière à -0,3 et celle des vins et des spiritueux à
environ -0,8. Même si les études canadiennes et internationales semblent révéler
qu'une diminution de l'élasticité s'est produite avec le temps, la consommation
est toujours fonction de la variation du prix, et cette option demeure valable
dans le cadre d'une politique de contrôle de l'alcool.
Toute
modification des taxes à la consommation se reflète sur les prix. Johnson et
coll. (1990) évaluent qu'une hausse d'un dollar de la taxe d'accise fédérale
peut causer une augmentation de prix de plus de 2,50 $. De nombreux chercheurs
mesurent l'effet éventuel d'un changement de taxe au moyen d'études de
simulation, dont un certain nombre ont été examinées par Johnson et coll.
(1990). Ces études montrent invariablement qu'une hausse des taxes et des prix
peut amener une baisse de la consommation, de même qu'une réduction des
problèmes imputables à l'alcool, comme les décès causés par la cirrhose et les
accidents de voiture. Cook (1984) a analysé les données recueillies entre 1964
et 1972 dans 30 États américains où l'on a besoin d'un permis pour vendre de
l'alcool; il a relevé qu'une augmentation d'un dollar par gallon dans la taxe
sur les spiritueux peut réduire à court terme de 1,9 p. 100 le taux
de décès causés par la cirrhose. Si la taxe fédérale sur les spiritueux était
doublée, le taux de mortalité causée par la cirrhose chuterait d'environ
20 p. 100 la première année. Selon une étude de Grossman et Saffer
(citée par Johnson et coll., 1990), si les taxes sur la bière avaient été
indexées au taux d'inflation depuis 1951 aux États-Unis (augmentation des taxes
de 150 p. 100), la vie de 1 022 jeunes entre 18 et 20 ans
aurait pu être sauvée entre 1975 et 1981, c'est-à-dire une réduction de
15 p. 100.
En
Belgique et au Danemark, des taxes exceptionnellement élevées sur les
spiritueux ont amené une réduction marquée de la consommation de ces substances
(Bruun et coll., 1975). La consommation de vin fortifié en Finlande a été
réduite avec succès par une hausse substantielle des prix de ces produits
(Makela et coll., 1981). En Ontario, les producteurs de vin tenaient à
dissocier leurs produits des clochards alcooliques au début des années 1970.
Ainsi, la société des alcools de cette province a monté seulement le prix du
vin fortifié ontarien, ce qui a causé le remplacement de ce produit par le vin
de table (Single et coll., 1981).
Une
autre façon d'étudier l'effet des prix sur la consommation consiste à mettre
l'accent sur le prix en fonction du revenu disponible. Pendant la grève des
mineurs et des métallurgistes à Sudbury (Ontario) en 1978-1979, on a observé
une baisse globale de la consommation d'alcool. De plus, la proportion d'alcool
vendue sous forme de bière s'est élevée légèrement, comparativement au vin et
aux spiritueux. Les données ont permis de soutenir l'hypothèse selon laquelle
la diminution du revenu disponible a pour effet de réduire la consommation
d'alcool (Giesbrecht et coll., 1982). Selon les données recueillies dans 30
États américains, on a observé que le taux de mortalité causé par la cirrhose a
augmenté de 5,5 p. 100 à la suite d'une augmentation du revenu moyen
de 1 000 $ par personne (Cook, 1984).
Rush
et coll. (1986b) se sont penchés sur la corrélation entre la disponibilité de
l'alcool, la consommation d'alcool et les pertes imputables à cette substance
échelonnées sur 28 ans en Ontario et au Michigan. Dans ces deux endroits, on a
observé une corrélation significative entre la consommation individuelle et le
taux de mortalité causé par la cirrhose. Les changements dans la consommation
représentaient 92 p. 100 et 72 p. 100 respectivement de la
variation du taux de mortalité causé par cette maladie. Le prix relatif de
l'alcool a diminué régulièrement pendant l'étude, ce qui s'est accompagné d'une
hausse de la consommation et du taux de mortalité causé par la cirrhose. Le
changement du prix relatif expliquait 98 p. 100 de la variation de la
consommation et 90 p. 100 de la variation du taux de mortalité causé
par la cirrhose en Ontario. Au Michigan, ces valeurs étaient de
76 p. 100 et de 37 p. 100 respectivement.
Le
fait d'encourager la consommation de boissons non alcoolisées à prix modique,
ou dont le taux d'alcool est peu élevé, plutôt que des boissons contenant une
quantité normale d'alcool, fait souvent partie des programmes et des politiques
de prévention (Single et coll., 1989). Ainsi, par exemple, l'article 8(18) du
Règlements de la Loi sur les permis de vente d'alcool de l'Ontario exige
que tous les établissements détenteurs de permis vendent du thé, du café, du
lait et une gamme d'autres boissons non alcoolisées à un prix raisonnable.
Selon des lignes directrices récentes, on entend par «prix raisonnable» un prix
inférieur à la boisson alcoolisée la moins chère. Le fait d'encourager la
consommation de boissons non alcoolisées ou dont le taux d'alcool est peu élevé
s'inscrit souvent dans le cadre des programmes de prévention, comme ceux
destinés aux serveurs.
Malgré
l'inclusion de cette méthode dans les politiques et programmes, il existe peu
de recherches sur l'incitation à la consommation d'autres formes de boissons à
prix modique. Les études connues mettent l'accent sur les boissons dont le taux
d'alcool est peu élevé, plutôt que sur les boissons non alcoolisées (Single et
coll., 1989). La méthode consistant à encourager la consommation d'autres types
de boissons s'inscrit dans des programmes de prévention plus vastes (par
exemple, le Campus Alcohol Policy and Education Program en Ontario),
mais il est impossible d'établir une distinction entre le fait d'accroître la
disponibilité d'autres types de boissons et les autres éléments de ces
programmes de prévention. Cependant, si la consommation de boissons alcoolisées
et non alcoolisées est tributaire des changements de prix, on peut
raisonnablement croire que le fait d'assurer la disponibilité d'autres types de
boissons à des prix non sujets à l'inflation est donc très susceptible
d'influencer certaines personnes à consommer ces boissons plutôt que de
l'alcool (Single et coll., 1989).
On
s'est demandé s'il existe une corrélation entre le prix et la production
d'alcool à domicile, qui est la plus grande source de consommation non
enregistrée. Comme l'ont fait remarquer Johnson et coll. (1990), il existe peu
de données connues permettant de répondre à cette question. Selon une étude
ontarienne effectuée au début des années 70, on a estimé que la consommation de
vin fabriqué à la maison équivalait à 73 p. 100 du volume total de
vin vendu aux points de vente au détail (Pernanen, 1972). La bière fabriquée à
la maison compte pour seulement 0,2 p. 100 des ventes de bière. En
prenant ces données et d'autres facteurs en considération, Single et Giesbrecht
(1978) ont estimé que si la consommation d'alcool produit à la maison était
ajoutée à la consommation enregistrée, le total augmenterait seulement de
6,5 p. 100. Malheureusement, il n'existe aucune donnée sur la
variation de la production d'alcool à domicile par rapport aux changements de
prix. Cependant, selon Johnson et coll. (1990), il est peu probable que de
petites modifications des taxes (donc, du prix) amènent un changement
significatif de la production à domicile, car cette dernière s'effectue à une
échelle relativement limitée. Par contre, une forte augmentation des taxes peut
exercer un effet notable, particulièrement sur le vin.
Le
grand public s'oppose aux augmentations de taxes. Cependant, les données
laissent croire qu'une augmentation des taxes sur l'alcool et le tabac est
beaucoup mieux acceptée que d'autres types de prélèvement, comme l'impôt
foncier, l'impôt sur le revenu et la taxe de vente (Johnson et coll., 1990).
Des données tirées de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues
(Santé et Bien-être social Canada, 1990) montrent que 46 p. 100 des
adultes canadiens croient que les taxes sur l'alcool doivent rester identiques,
27 p. 100 pensent qu'elles doivent être augmentées, et
18 p. 100 sont d'avis qu'elles doivent être réduites. Un plus grand
nombre de femmes que d'hommes croient qu'elles doivent être accrues, alors
qu'un plus grand nombre d'hommes que de femmes sont d'avis qu'elles doivent
être réduites. Selon une série de sondages effectués par Gallup Canada, Inc. en
1981, environ un tiers des répondants appuyaient une augmentation marquée du
prix des boissons alcoolisées. Un soutien encore plus marqué était accordé à
l'accroissement de l'âge légal de consommation d'alcool (62 p. 100),
à l'élimination de toute forme de publicité sur les spiritueux
(49 p. 100) et à l'accroissement du volume de publicité
gouvernementale sur les dangers de la consommation d'alcool
(66 p. 100) (Johnson et coll., 1990).
En
résumé, la corrélation entre le prix de l'alcool, la consommation d'alcool et
les problèmes imputables à cette substance est bien établie. Pour le
gouvernement, le changement du prix de l'alcool est un moyen efficace pour
contrôler la consommation de cette substance et ses conséquences.
Politiques de contrôle de la disponibilité sociale de
l'alcool
La disponibilité sociale touche la promotion des
boissons alcoolisées aux points de vente (par exemple, les affiches dans les
bars et les succursales de la Société des alcools), parmi la collectivité et
dans les médias. En plus de promouvoir ses produits par la publicité,
l'industrie des boissons alcoolisées parraine des activités sportives et de
loisirs. La représentation exacte de ces produits (par exemple, la liste des
ingrédients, les étiquettes de mise en garde) est également considérée comme un
aspect de la disponibilité sociale. La fausse représentation est un autre point
important à considérer, c'est-à-dire l'association de la consommation d'alcool
avec des activités inadéquates (par exemple, les activités sportives et de
loisirs, conduite automobile) ou avec des caractéristiques non pertinentes (par
exemple, le sex-appeal ou le statut social). Les campagnes médiatiques peuvent
montrer l'abus d'alcool avec ou sans les conséquences négatives connexes. Elles
peuvent également servir à indiquer les bons comportements face à la
consommation d'alcool.
Il
n'existe pratiquement aucune recherche sur l'effet des promotions spéciales
pour l'alcool. Même si ces dernières ont été négligées par les chercheurs,
elles ont grandement préoccupé le législateur qui impose souvent des limites
strictes aux campagnes promotionnelles des fabricants d'alcool et de leurs
agences (Single et Solomon, 1988).
La
recherche relative aux effets de la disponibilité sociale de l'alcool a porté
principalement sur la publicité dans les médias. Smart (1988a) identifie quatre
types d'études pour mesurer l'effet de la publicité sur la consommation : 1)
recherche sur l'effet des interdictions publicitaires; 2) études économétriques
sur l'effet des changements des dépenses consacrées à la publicité sur la
consommation d'alcool; 3) étude sur l'exposition individuelle à la publicité;
et 4) recherche expérimentale sur les effets de la publicité.
Selon
les études sur l'interdiction de la publicité pour l'alcool, on n'a observé
aucune diminution de la consommation imputable à l'interdiction. Cependant, les
interdictions ont habituellement été partielles ou de courte durée. La
Colombie-Britannique a interdit la publicité sur les boissons alcoolisées et le
tabac du 1er septembre 1971 au 31 octobre 1972.
Pour évaluer les effets de l'interdiction, on a choisi l'Ontario comme province
de référence. Smart et Cutler (1976) ont analysé la consommation annuelle et
mensuelle de bière, de vin et de spiritueux et n'ont constaté aucun effet
majeur de l'interdiction sur la consommation. Ils ont avancé plusieurs raisons
pour ce manque de succès : durée relativement courte, manque de soutien
populaire, manque de soutien des médias, caractère partiel (puisque la
publicité nationale et des autres provinces ne pouvaient pas être interrompue)
et incertitude sur l'avenir de l'interdiction en cas de changement de
gouvernement. Les auteurs ont prévu qu'un grand nombre de difficultés
surgiraient si l'on interdisait la publicité sur l'alcool dans tout l'Occident;
par conséquent, ils suggèrent que l'interdiction de la publicité ne constitue pas
l'une des façons les plus efficaces de prévenir les problèmes imputables à
l'alcool.
Une
autre étude canadienne qui souligne l'effet limité de la publicité a été menée
en Saskatchewan (Makowsky et Whitehead, sous presse). Une interdiction de la
publicité sur les boissons alcoolisées en Saskatchewan, qui durait depuis 58
ans, a été levée en 1983. On a étudié les données sur les ventes mensuelles de
bière, de vin et de spiritueux de 1981 à 1987. On a constaté principalement
l'absence d'effet de l'introduction de la publicité sur l'alcool sur les ventes
totales, ce qui laisse croire que la publicité n'a pas d'incidences sur la
consommation d'alcool.
La
plupart des études des médias évaluent les effets sur la consommation totale
des modifications marginales des dépenses consacrées à la publicité. Il existe
des études rapportant les effets sur la consommation totale d'alcool de la
publicité d'une marque spécifique. En général, on n'a pas pu déceler le moindre
effet. Les études pendant lesquelles on expose des sujets à la publicité en une
seule occasion tendent également à montrer l'absence d'effets sur la
consommation ultérieure (Kohn et Smart, 1984., Kohn et coll., 1984). Certaines
études axées sur les jeunes laissent croire que leur taux de consommation est plus
facilement influencé par la publicité que celui du grand public. Cependant, une
étude de l'exposition à la publicité de boissons alcoolisées chez les
adolescents a révélé une corrélation uniformément faible entre l'exposition à
la publicité et l'usage sain et abusif de l'alcool (Strickland, 1983).
Seulement un p. 100 de la variation de la consommation d'alcool peut
être attribué uniquement à l'exposition à la publicité. Seulement
0,5 p. 100 de la variation des problèmes comportementaux a été
associé avec l'exposition à la publicité, et presque tous les éléments de cet
effet découlaient de l'influence de la publicité sur la consommation. La
proportion d'amis buveurs est ressortie comme le facteur le plus fortement
associé à la consommation et à l'excès d'alcool. L'incapacité des études de
cerner l'effet sur la consommation des changements marginaux dans les dépenses
consacrées à la publicité laisse croire que ce phénomène, s'il existe, serait
néanmoins minime. Cependant, des études sur les effets des changements
publicitaires marginaux ne peuvent servir de fondement à la prédiction des
effets de toutes les publicités sur la consommation.
La
plupart des recherches sur la publicité des boissons alcoolisées n'ont pas
donné de résultats concluants (Single et coll., 1989). Il n'existe pas de
preuves suffisantes pour affirmer que la publicité exerce ou non une incidence
sur la consommation d'alcool. Il faut certainement mener plus de recherches.
Comme l'a remarqué Smart (1988a), pratiquement toute la recherche sur l'effet
de la publicité souffre de certaines limites fondamentales. Premièrement, comme
la publicité n'est qu'un des nombreux facteurs qui peuvent influencer la
consommation d'alcool, et même si elle avait un effet, son influence serait
probablement mineure comparativement à d'autres facteurs comme le prix et le
revenu disponible. Un effet relativement petit de la publicité pourrait
facilement être masqué par ces influences trompeuses. Deuxièmement, la
publicité vise habituellement des groupes particuliers, ce qui n'est pas le cas
de la recherche sur ses effets. Ainsi, son incidence sur les jeunes ou sur
d'autres groupes cibles pourrait ne pas ressortir des résultats. En dernier
lieu, la recherche s'est penchée seulement sur les effets à très court terme de
la publicité. Il est possible que ses conséquences les plus importantes se
composent d'effets cumulatifs qui ne peuvent être détectés qu'au moyen de
recherches à long terme.
Étant
donné le manque de preuves sur l'efficacité de la publicité, il est étonnant de
constater les sommes qui lui sont consacrées par les brasseries. On a estimé
que les brasseries canadiennes ont affecté environ 375 millions de dollars
en 1988 à l'ensemble des campagnes de promotion, et 104 millions de
dollars ont servi à l'achat de publicité (McMullen et Associés, 1989). On
estime que les producteurs d'alcool et que les établissements vinicoles
dépensent respectivement 60 millions et 10 millions de dollars à ce
chapitre. Des 104 millions de dollars consacrés à l'achat de publicité par
les brasseries en 1988, plus des deux tiers ont été affectés à la télévision,
et le reste l'a été pour la plus grande part à la radio. En juillet 1988, la
télévision canadienne a diffusé en moyenne 1,6 publicité par heure sur
l'alcool, ce qui constituait 6 p. 100 de toute la publicité télévisée
pour ce mois (Erin Research, 1989). Les lois interdisant la diffusion de la
publicité sur les spiritueux à la radio et à la télévision ont amené les
producteurs d'alcool à recourir principalement aux médias imprimés pour la
promotion. Ils ont affecté environ les deux tiers des 28 millions de
dollars consacrés à l'achat de publicité en 1988 aux médias imprimés,
particulièrement aux revues. Même si les établissements vinicoles ont dépensé
beaucoup moins que les brasseries, ils ont également consacré la plus grande
partie de leur budget de promotion à la publicité télévisée. Le parrainage de
sports et de loisirs est également un outil promotionnel très important.
Étant
donné les sommes énormes investies dans la publicité et dans d'autres outils
promotionnels, les producteurs d'alcool, notamment les brasseries, ont mesuré
la réaction des consommateurs à l'entreprise et à la marque ainsi que la
notoriété de la publicité, l'image de l'entreprise, l'essai des produits et
leur consommation. Cependant, comme l'ont fait remarquer McMullen et Associés
(1989), la difficulté consiste à relier ces données au volume de ventes et à la
part du marché. Ils suggèrent que les producteurs d'alcool font «acte de foi»
envers les budgets de promotion. Même s'ils se doutent que certaines sont de
pures pertes, aussi longtemps que leurs compétiteurs consacreront des fonds à
la promotion, ils devront les suivre.
L'industrie
de l'alcool a été critiquée parce qu'elle vise les jeunes dans ses campagnes
promotionnelles (Erin Research, 1989; McMullen et Associés, 1989). Pour
combattre l'opinion publique défavorable face à la conduite automobile avec
facultés affaiblies et la publicité qui vise les jeunes, l'industrie de la
production d'alcool, particulièrement les brasseries, se sont engagées
progressivement à promouvoir la «consommation responsable». Par exemple, Labatt
a récemment présenté en collaboration avec la société Ford un programme de
conduite préventive qui doit être mis en oeuvre dans l'ensemble du pays. Molson
a soutenu un vidéo interactif conçu pour promouvoir la prise de décisions
responsables sur l'utilisation d'alcool. Cependant, la mesure dans laquelle de
telles campagnes sont des manifestations de responsabilité authentique, plutôt
qu'une tentative de combattre les pressions visant à restreindre davantage la
promotion des boissons alcoolisées, est une question d'opinion (McMullen et
Associés, 1989). En outre, ces programmes n'ont pas été évalués; leur utilité
demeure donc indéterminée.
Les
messages d'avertissement sur les boissons alcoolisées constituent le dernier
aspect des politiques de contrôle de la disponibilité sociale dont nous
traitons dans le présent rapport. Pour consulter une étude plus détaillée des
publications, voir Single et coll. (1989). Depuis le
18 novembre 1989, toutes les boissons alcoolisées vendues aux
États-Unis doivent porter un message d'avertissement spécifique. Étant donné le
caractère récent de cette obligation et le fait que le Canada n'a pas de
politique semblable, il n'est pas surprenant qu'il n'existe pratiquement aucune
étude empirique qui porte spécifiquement sur l'effet des étiquettes de mise en
garde. La plupart des publications traitant de ces étiquettes se composent de
rapports et de réactions aux mesures législatives (Single et coll., 1989). Le
gouvernement américain a demandé un sondage d'opinion à propos des étiquettes
d'avertissement sur les boissons alcoolisées, et a constaté que le public y
était très favorable. Selon les données de l'Enquête nationale sur l'alcool
et les autres drogues (Santé et Bien-être social Canada, 1990), le public
soutient fortement l'utilisation d'étiquettes d'avertissement au Canada;
74 p. 100 des adultes canadiens croient que les boissons alcoolisées
devraient porter des étiquettes d'avertissement.
Engs
(1989) a utilisé le modèle de croyances en matière de santé pour déterminer si
les étiquettes d'avertissement sont susceptibles de modifier le comportement.
Elle a conclu que ces étiquettes pourraient être efficaces lorsqu'elles
s'inscrivent dans un programme complet de promotion de la santé, mais que leur
utilisation isolée était peu susceptible de présenter un effet important sur la
consommation. Smart (1988b) a examiné des études américaines sur l'efficacité
des messages d'avertissement sur d'autres produits. Il en a conclu que ces
étiquettes peuvent être conçues de façon efficace, et que la consommation peut
être réduite de 4 à 10 p. 100.
Les
études sur le tabac, la nourriture et les drogues licites fournissent presque
toutes les preuves voulues à l'effet que les étiquettes d'avertissement peuvent
agir sur le comportement. Selon une étude demandée par le gouvernement
américain sur les effets des étiquettes de mise en garde, ces dernières peuvent
avoir un effet sur les consommateurs si on les conçoit de sorte qu'elles soient
dignes de foi, utiles, spécifiques, faciles à lire et évidentes. Outre la
conception, il existe d'autres facteurs qui agissent sur la réaction du
consommateur aux étiquettes : caractère familier du produit, coûts liés à la
conformité et à l'influence sociale et gravité des dommages qui peuvent
découler de l'utilisation (Single et coll., 1989). Vu les résultats des
recherches effectuées jusqu'à maintenant, des étiquettes d'avertissement sur
l'alcool peuvent contribuer à réduire la consommation si elles s'inscrivent
dans le cadre d'une approche systématique et intégrée comprenant des programmes
de promotion de la santé qui se renforcent mutuellement. Des évaluations sont
nécessaires pour étayer l'apport éventuel des étiquettes d'avertissement à
cette approche globale.
Politiques de contrôle social du comportement
Les sociétés adoptent des lois et des politiques qui
réglementent l'utilisation ou la possession d'alcool et d'autres drogues. Ces
types de contrôle social interdisent également de se livrer à certaines
activités, comme de conduire un véhicule motorisé en consommant de l'alcool ou
sous l'influence de cette substance. Les lois définissent également le degré
d'ébriété (lois non discrétionnaires). Habituellement, ces lois interdisent
également de servir de l'alcool à des mineurs ou à des personnes en état
d'ébriété. Malgré tous ces règlements, on a effectué peu de recherches pour
déterminer leur efficacité. Les études effectuées ont mis l'accent
principalement sur l'évaluation des lois régissant la conduite automobile avec
facultés affaiblies; en outre, on y évaluait surtout les politiques et les
programmes de persuasion conçus pour accroître la perception du risque d'être
arrêté et puni pour avoir conduit une automobile avec facultés affaiblies.
Le
concept de persuasion à court terme se fonde sur le fait qu'on se soumet à une
loi pour éviter d'être puni. On croit que trois variables influencent le
respect de ces lois : la certitude, la sévérité et la rapidité de la
punition. La dissuasion à long terme concerne l'intériorisation du comportement
désiré en fonction de l'éducation morale et de l'acquisition d'habitudes (Moskowitz,
1989). La plupart des évaluations ont porté sur des politiques ou sur des
programmes qui mettaient l'accent sur la certitude d'être puni comme forme de
dissuasion à court terme. Selon les études des lois non discrétionnaires, ces
dernières sont efficaces pour réduire, du moins à court terme, le taux de
mortalité imputable aux accidents de voiture. Cependant, pour être efficaces,
ces lois semblent devoir faire l'objet de publicité à grande échelle par les
médias. Une application plus stricte des lois régissant la conduite automobile
avec facultés affaiblies est perçue comme une augmentation de la certitude
d'être puni. Même si on ne connaît pas le seuil critique de certitude d'être
puni où se produit l'accroissement de la dissuasion, on a estimé qu'il est aussi
élevé que 30 p. 100. Si on arrêtait ainsi 30 % des contrevenants,
aucun système pénal ne pourrait composer avec le nombre très élevé de
poursuites qui en résulterait (Vingilis, 1985). On a estimé que les risques
d'être arrêté pour conduite automobile avec facultés affaiblies sont aussi bas
que 1 sur 5 000 (Chamberland, 1989).
Les
études sur l'efficacité du contrôle policier donnent des résultats mitigés.
Selon certaines études, les lois non discrétionnaires et les contrôles de la
sobriété peuvent amener au moins une réduction à court terme du taux
d'accidents en véhicule motorisé (Vingilis et coll., 1980; U.S. Department
of Health and Human Services, 1987). Pour être plus efficace, le programme
doit bénéficier d'une couverture à grande échelle des médias. En fait, cette
couverture des médias peut même se révéler plus importante que l'accroissement
du nombre de contrôles routiers ou des accusations portées par la police.
Mercer (1985) a évalué une campagne de lutte contre la conduite automobile avec
facultés affaiblies en Colombie-Britannique; dans cette étude, on a procédé à
des contrôles routiers, à une application plus stricte de la loi et à une
campagne-éclair des médias. On n'a constaté aucun changement du nombre
d'accidents imputables à l'alcool, de la conduite automobile avec facultés
affaiblies signalée par le contrevenant ou de la connaissance de la
campagne-éclair des médias. Mercer suggère que l'absence d'impact a été causée
par une couverture inadéquate des médias, découlant d'une grève des journaux
pendant la campagne. On n'a observé aucun changement du risque perçu d'être
appréhendé.
Même
dans les cas où on a constaté des effets à court terme, dès que les conducteurs
se sont rendu compte après un certain temps que les risques d'être pris sont
toujours relativement faibles, les nombres d'accidents et de personnes
conduisant une automobile avec facultés affaiblies revenaient généralement à la
valeur initiale. La réduction des décès imputables aux accidents de voiture au
Canada, par suite de l'adoption de lois non discrétionnaires, a duré moins d'un
an (Carr et coll., 1975; Chambers et coll., 1976). Selon d'autres études, on
n'a observé aucune diminution initiale de la conduite automobile avec facultés
affaiblies après l'accroissement de la certitude d'être puni. Par exemple, Ross
(1985) a fait la constatation suivante : même si le recours à des
contrôles de la sobriété augmentait la perception du risque de conduire une
automobile avec facultés affaiblies (CAFA), l'accroissement n'était pas suffisant
pour modifier ce type de comportement. Il reste à déterminer le nombre de
contrôles nécessaires pour exercer un effet de dissuasion efficace à long
terme.
Quelques
évaluations seulement ont été effectuées sur les politiques et les programmes
visant à accroître la sévérité des sanctions, et elles ont donné des résultats
variables. Selon une étude de l'effet d'une nouvelle loi au Maine, qui
prévoyait des pénalités obligatoires et des poursuites civiles en cas de CAFA,
les accidents mortels qui se produisent la nuit et impliquant un seul véhicule
ont diminué pendant deux ans avant de revenir au taux relevé avant
l'application de la loi (Hingson et coll., 1987). On a observé une baisse des
décès et des blessures avant l'application de la loi, ce qui laisse croire que
la publicité sur le sujet de même que la désapprobation publique de la CAFA
sont responsables de cet effet. Le même phénomène a été observé au
Massachusetts avant l'imposition de pénalités plus sévères en cas de CAFA.
Selon des sondages effectués dans les deux États avant et après l'adoption de
la loi, la certitude que la CAFA serait punie a été renforcée dans l'opinion
publique. Mais peu de gens étaient
d'avis que les personnes qui adopteraient un tel comportement seraient
arrêtées.
Il
semble que les lois qui prévoient des sanctions sévères ne sont pas souvent
mises en application parce que le système judiciaire les atténue. Les policiers
sont souvent réticents à porter des accusations s'ils considèrent que les
sanctions sont trop sévères. Si des accusations sont portées, les cas sont
souvent rejetés, et une grande proportion des accusés sont libérés. Il faut
atteindre un équilibre entre la sévérité et la certitude d'être puni (Jonah et
Wilson, 1983).
Pour
que les lois sur la conduite automobile avec facultés affaiblies aient un
effet, il est essentiel que les organismes gouvernementaux et non
gouvernementaux à tous les paliers coopèrent et coordonnent leurs campagnes.
Par exemple, les campagnes-éclair des médias qui ne sont pas soutenues par des
mesures coercitives n'auront pas la moindre incidence. Les lois doivent être
strictes et applicables. Le public doit
connaître les lois auxquelles il est soumis et les sanctions connexes. Il faut
concentrer les campagnes pour convaincre le public qu'on risque d'être pris si
on conduit une automobile avec facultés affaiblies. Si c'est le cas, une
sanction doit être appliquée. Sinon, la loi ne joue aucun rôle dissuasif. La
police, les responsables de la santé publique, les compagnies d'assurance, les
représentants de groupes de pression (comme Students Against Drunk Driving
et Mothers Against Drunk Driving) et d'autres parties intéressées
doivent tous participer aux campagnes visant à renforcer l'effet des contrôles
légaux sur l'usage et l'abus d'alcool.
Après une revue de la documentation portant sur les
types officiels de contrôle social visant à prévenir la conduite automobile
avec facultés affaiblies, Moskowitz (1989) conclut que des facteurs
extra-juridiques peuvent agir sur le comportement de façon beaucoup plus
importante que les facteurs juridiques. Selon certaines études, la conduite
automobile avec facultés affaiblies n'est pas tributaire de la perception du
risque d'être arrêté, mais bien du degré habituel de consommation d'alcool
d'une personne, des attitudes envers les lois régissant la conduite automobile
avec facultés affaiblies et de l'acceptation d'un tel comportement. Moskowitz
suggère que l'apport le plus important des nouvelles lois et des campagnes
éclair consiste à renforcer les contrôles sociaux officiels déjà existants ou
qui se sont institués dans certaines sous-cultures de la société. Ainsi, les
contrôles sociaux officiels doivent être en harmonie avec les types non
officiels et véhiculer les préoccupations d'ordre moral de la collectivité. De
cette façon, ils peuvent compléter et renforcer l'élaboration de valeurs et de
normes qui découragent l'abus d'alcool.
En
raison de la difficulté de dissuader la conduite automobile avec facultés
affaiblies par la menace de sanction, on a proposé d'autres mesures moins
exigeantes envers la personne. Les approches environnementales de recherche sur
la prévention comprennent principalement les changements technologiques qui
réduisent les difficultés de la conduite automobile. Il existe des
contre-mesures passives qui visent à réduire les accidents imputables à
l'alcool en adaptant l'environnement au comportement des personnes qui
conduisent avec des facultés modifiées. L'éclairage des routes la nuit pour
améliorer la perception des conducteurs est un exemple d'une mesure de sécurité
environnementale. D'autres approches de sécurité routière comprennent la
réduction du degré de courbure des routes, de même que l'élimination des
intersections et des objets à proximité de la route. On a montré qu'une autre
mesure de sécurité (c'est-à-dire l'installation de feux dans la lunette arrière
des voitures) a réduit de moitié le nombre de collisions par l'arrière
(Robertson, 1983). Un certain nombre d'améliorations des normes de sécurité des
automobiles peuvent également protéger le conducteur et les passagers contre
les blessures graves ou fatales. Parmi les exemples, on retrouve le fait
d'équiper le véhicule d'un dispositif de protection passive contre les collisions,
comme les ballons à air et les ceintures de sécurité à bouclage automatique, ou
d'autres dispositifs comme un tableau de bord garni de bourrelets anti-choc,
des pare-brise impossibles à perforer et des colonnes de direction
amortissantes. L'adoption d'un grand nombre de mesures environnementales et de
ces caractéristiques de sûreté fait face à une opposition considérable de la
part de l'industrie et du public. Un grand nombre de ces changements sont
coûteux, mais leur effet spécifique et éventuel sur les accidents imputables à
l'alcool ou aux autres drogues est inconnu.
Questions sur les méthodes d'évaluation des programmes
de promotion de la santé
Dans la présente étude de l'efficacité des approches
de promotion de la santé face à l'alcool et aux autres drogues, on a accordé
peu d'attention aux faiblesses méthodologiques des évaluations. Dans chacune
des approches, on note des problèmes méthodologiques importants. Par exemple,
l'évaluation des programmes en milieu scolaire a été entravée par le manque de
contrôle des groupes de référence, par la petite taille des échantillons, par
le taux d'abandon élevé, par l'incapacité de contrôler certaines variables, par
le manque de suivi à long terme et par la mesure inadéquate des variables
principales. Ces défauts et d'autres problèmes, comme le contrôle de
l'exposition au programme, ont miné l'évaluation des campagnes médiatisées. En
ce qui concerne les politiques de contrôle de l'alcool, la corrélation souvent
observée entre le prix, d'autres mesures de la disponibilité et la consommation
d'alcool repose sur des prémisses plutôt faibles quant à la validité et à
l'objectivité des données sur la vente d'alcool en tant qu'indicateur de la
consommation. Même les programmes de promotion de la santé les plus novateurs
soulèvent leurs propres questions et des problèmes spécifiques en matière
d'évaluation. Par exemple, si les programmes sont vraiment fondés sur un modèle
de développement communautaire et de responsabilisation, leurs objectifs
doivent pouvoir être modifiés au besoin, ce qui perturbe ainsi les évaluations
axées sur les objectifs. De plus, ces programmes axés sur la collectivité
supposent un type de relation différent entre les promoteurs des programmes et
les évaluateurs (Goodstadt, 1990). Ils peuvent aussi exiger un modèle
d'évaluation non traditionnel, complètement distinct et fondé sur la recherche
active (Lewin, 1946) ou sur des enquêtes quasi expérimentales (Guba et Lincoln,
1983).
L'une
des questions méthodologiques soulevées le plus régulièrement affecte presque
tous les programmes de promotion de la santé. Il s'agit de la nécessité
d'étayer davantage les interventions réelles et l'évaluation de leur
implantation. Bien qu'il existe certaines exceptions récentes et remarquables
(par exemple, Casswell et Stewart, 1989), on retrouve peu de documents faisant
état de l'application des programmes, même si ce type d'information est d'une
importance capitale pour interpréter les résultats et répandre l'utilisation de
programmes et de politiques efficaces (Moskowitz, 1989). Comme le fait
remarquer Wallack (1980), la question «Qu'est-ce qui s'est passé?» est
au moins aussi importante que «Est-ce que cela a fonctionné?». Wallack
suggère également que l'évaluation doit transcender l'individu et s'attacher
aux groupes, aux situations, aux institutions et aux collectivités afin
d'accroître l'utilité des données pour les planificateurs.
Il
est probable que des ressources considérables seront consacrées à l'évaluation
des questions et des problèmes touchant l'application des programmes. Cela peut
être dû en partie aux strictes limites de longueur des travaux publiés dans les
périodiques professionnels. Un tel écart est mis en lumière par un grand nombre
d'études canadiennes examinées dans le cadre du présent rapport puisqu'une
grande proportion d'entre elles sont des rapports non publiés dont la
circulation est limitée. Par exemple, le mélange d'études des processus et des
résultats dans un grand nombre des évaluations de l'AADAC est caractéristique.
La plupart des publications récentes sur les programmes de promotion de la
santé (Giesbrecht et coll., 1990) proviennent d'un symposium sur l'application
de ces programmes. Ce symposium constitue une tentative importante d'étayer et
de répandre davantage les connaissances sur l'application de ces programmes et
sur les problèmes auxquels fait face la recherche sur la promotion de la santé.
En
résumé, une stratégie globale de promotion de la santé requiert un cadre
d'évaluation tout aussi global. Cela doit comprendre un dosage adéquat entre
l'examen des processus, l'évaluation des résultats et les étude
économétriques. On doit recourir
simultanément aux méthodes qualitatives et quantitatives.
CHAPITRE TROIS : PROGRAMMES D'INTERVENTION
PRÉCOCE
Les programmes d'intervention précoce forment une
autre grande catégorie de programmes communautaires contre l'alcoolisme et les
toxicomanies. Cette catégorie englobe les interventions qui visent à identifier
les consommateurs d'alcool ou d'autres drogues alors qu'ils commencent tout
juste à éprouver des problèmes. Les programmes d'intervention précoce
comprennent aussi des stratégies pour atténuer les problèmes imputables à
l'alcool et aux autres drogues et pour réduire la consommation de ces
substances. Au plan de la santé publique, ces programmes sont fondés sur les principes
généraux de la prévention secondaire. Ils reposent sur la thèse voulant qu'on
puisse interrompre et renverser le processus menant à l'alcoolisme ou à la
toxicomanie si les symptômes et les facteurs d'incitation sont décelés dès les
premiers stades et si on s'en occupe immédiatement.
La
plupart des études sur l'intervention précoce portent sur des programmes pour
les automobilistes arrêtés en état d'ébriété, sur des programmes en milieu de
travail ou sur des programmes dans les établissements de soins et de services
sociaux. Quelques études sur l'intervention précoce portent sur des programmes
destinés aux sous-groupes particulièrement exposés à l'alcoolisme et aux autres
toxicomanies. Ces sous-groupes peuvent inclure, par exemple, les enfants élevés
dans un foyer où on éprouve de graves problèmes de toxicomanie («enfants
d'alcooliques»), les enfants qui souffrent de troubles de comportement ou dont
l'attention est déficiente, les jeunes autochtones, particulièrement ceux des
régions éloignées qui sont exposés à l'inhalation de solvants, les jeunes de
milieux défavorisés, les mères célibataires dont le revenu est faible ou qui
souffrent de dépression, les femmes enceintes (exposées au syndrome
d'alcoolisme foetal) et les personnes âgées particulièrement exposées à la
consommation abusive d'alcool ou de médicaments. Comme le souligne
l'introduction, le présent rapport ne saurait examiner toutes les publications
pertinentes aux sous-groupes à risque ou à d'autres segments particuliers de la
population. Malgré cette limite, on peut affirmer que la recherche sur les
programmes d'intervention précoce dans ces milieux à risque est encore à ses
débuts et qu'il existe un besoin évident d'un plus grand nombre d'évaluations.
Dans
la présente étude des interventions précoces, on mettra l'accent sur les
programmes destinés aux personnes arrêtées pour conduite automobile avec
facultés affaiblies, sur les programmes en milieu de travail et sur les
programmes touchant la clientèle des établissements de santé et de services
sociaux. Les programmes destinés aux groupes les plus exposés sont abordés
brièvement. Cependant, avant d'étudier cette documentation, nous brosserons un
tableau des programmes d'intervention précoce au Canada.
Les programmes d'intervention précoce au Canada
Les programmes à l'intention des conducteurs arrêtés
pour facultés affaiblies sont assez communs dans l'ensemble du pays. Ils se
limitent habituellement à quelques séances mettant l'accent sur l'éducation.
Ces programmes tentent de changer les connaissances et les attitudes face à la
conduite automobile avec facultés affaiblies afin de réduire ce comportement.
Certains programmes mettent davantage l'accent sur le counselling que
sur l'éducation; leurs objectifs plus vastes touchent à l'ensemble du
mode de vie afin de réduire les problèmes imputables à l'alcool ainsi que la
conduite dangereuse. Les personnes accusées de conduite avec facultés
affaiblies peuvent se voir obligées de suivre un traitement; c'est le dernier
vestige du traitement coercitif contre l'alcool et les autres drogues dans
presque toutes les parties du Canada (Rush et Ogborne, sous presse).
Les
programmes en milieu de travail sont aussi très répandus dans l'ensemble du
pays, mais l'attention accordée à l'alcool et aux autres drogues varie
considérablement (Bennett, 1978). Les programmes de promotion de la santé
fondés sur une philosophie de «bien-être» global peuvent comprendre un volet
sur l'alcool et d'autres drogues afin d'identifier les abus et les problèmes
connexes. Cette philosophie inspire plusieurs programmes de bien-être offerts
par de grandes sociétés (par exemple, O'Laughlin et coll., 1988). Les
programmes d'aide aux employés (PAE) de plusieurs entreprises implantent les
politiques, les procédures et les ressources nécessaires pour composer avec les
problèmes imputables à la toxicomanie chez les travailleurs. Cependant, les PAE
s'inspirent habituellement d'une approche très vaste où l'on considère que ces
problèmes font partie d'un large éventail de problèmes sociaux, familiaux et
personnels. Selon une étude récente et exhaustive des PAE en Ontario, on a
utilisé cette approche globale dans plus de 90 p. 100 des cas
(Macdonald et Dooley, 1989). Selon une étude nationale similaire, menée pour
les sociétés de transport canadiennes sous réglementation fédérale, environ
31 p. 100 des lieux de travail comptant 100 employés ou plus
avaient un PAE, et environ 78 p. 100 de ces programmes s'inspiraient
d'une approche globale (Macdonald et Dooley, 1990). On a avancé que les PAE ne
sont pas particulièrement efficaces pour détecter les problèmes à un «stade
précoce» car les problèmes graves doivent se manifester au travail avant que
l'abus d'alcool soit décelé et que la personne participe au programme (Shain et
Groeneveld, 1980). Enfin, certaines sociétés ont des programmes de dépistage
visant à réduire l'intoxication au travail et les risques qui en découlent.
Selon l'étude nationale sur le milieu des transports, 20 p. 100 des entreprises
avaient recours au dépistage de drogues et 15 p. 100 détectaient
l'alcool. Même si la plupart des tests étaient administrés à l'embauche
(80 p. 100), 45 p. 100 des sociétés procédaient à un
dépistage périodique accompagné d'examens médicaux réguliers (Macdonald et
Dooley, 1990).
Les
programmes d'intervention précoce ne sont pas très répandus dans les
établissements de soins et de services sociaux canadiens. Dans leur aperçu
national du traitement au Canada, Rush et Ogborne (sous presse) ont remarqué un
intérêt considérable, partout au pays, envers les programmes d'intervention
précoce dans les établissements de soins de santé, entre autres. Le manque
d'activité actuel, dans ce domaine, peut s'expliquer en partie par le caractère
récent des modèles et des techniques employés (par exemple, voir Institute
of Medicine, 1990). On considère que ces programmes améliorent le
traitement des problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie. En effet les
recherches indiquent que le traitement est plus efficace, et probablement plus
économique, si les problèmes sont décelés avant qu'ils ne deviennent graves
(par exemple, Ogborne, 1978).
Récemment,
au Canada, on s'est beaucoup intéressé au rôle du médecin de famille et des
autres professionnels de la santé dans les programmes d'intervention précoce,
particulièrement en ce qui a trait à l'éducation et à la formation médicale
(par exemple, Ashley et coll., 1990; Brewster et coll., 1990). Selon une étude
nationale récente sur les médecins de famille, ces derniers sont assez peu
familiarisés avec les diverses techniques disponibles pour reconnaître et
traiter les patients alcooliques. De
plus, les médecins utilisent assez rarement ces techniques (Rush et coll.,
1990). Dans le cadre de ses projets de recherche, la Fondation de recherche sur
l'alcoolisme et la toxicomanie a mis au point plusieurs programmes et
techniques d'intervention précoce qu'elle a ensuite mis à l'essai dans des
établissements de Toronto (par exemple, Skinner et coll., 1986; Sanchez-Craig,
1987a; 1987b). L'Alberta Alcohol and Drug Abuse Commission (AADAC) vient
de distribuer une trousse pour aider les médecins à mieux détecter et traiter
les buveurs intempérants; l'évaluation de ce projet est résumée ci-dessous
(Brown et coll., 1990). L'AADAC offre également le Drinking Decisions
Program (programme de prise de décisions sur la consommation d'alcool) dans
l'un de ses centres de traitement; ce programme vise les personnes socialement
stables qui éprouvent des problèmes d'alcool mineurs (Thompson, 1986b).
Enfin,
même si certains programmes d'intervention précoce visent les groupes à risque
élevé, aucune étude systématique n'a mesuré leur portée ou leur efficacité. Les
centres de traitement offrent souvent des programmes à l'intention des «enfants
d'alcooliques» en mettant l'accent sur les services à la famille (Sobol, 1988).
Il existe des programmes d'intervention précoce spécialisés à l'intention des
femmes, et l'un d'eux a été décrit par Chamberland (1989) dans une étude des
programmes de prévention et de traitement au Québec. De plus, il existe des
programmes d'intervention précoce visant les jeunes fortement exposés; par
exemple, le «programme d'intervention précoce» d'Ottawa (Hôpital Royal
d'Ottawa, sans date) et le programme HYPER de Halton (Ontario) (Marshman,
1990).
En
résumé, les programmes d'intervention précoce les plus répandus au Canada
visent les conducteurs aux facultés affaiblies et, à dans une moindre mesure,
les travailleurs. Un grand nombre d'établissements de santé et de services
sociaux s'intéressent à l'intervention précoce et quelques programmes ont été
évalués. Cependant, on n'a guère progressé en ce qui concerne l'implantation
systématique de ces programmes dans les établissements. On trouve également,
ici et là au pays, des programmes d'intervention précoce à l'intention des
sous-groupes fortement exposés à l'alcoolisme et aux toxicomanies.
Revue des études étrangères et canadiennes
Passons maintenant à une revue des évaluations
étrangères et canadiennes portant sur les programmes d'intervention précoce et
concentrons-nous sur les catégories suivantes :
· Programmes à l'intention des
conducteurs aux facultés affaiblies;
· Programmes en milieu de travail;
· Programmes mis en oeuvre dans les
établissements de soins et de services sociaux;
· Programmes à l'intention des groupes
à risque élevé.
Programmes à l'intention des conducteurs aux facultés
affaiblies
Le recours à l'éducation et à la réhabilitation comme
solution de rechange aux sanctions légales contre la conduite automobile avec
facultés affaiblies (CAFA) est devenu de plus en plus populaire dans un grand
nombre de pays depuis les années 60 (Makela et coll., 1981). Les conducteurs
aux facultés affaiblies sont plus susceptibles d'éprouver des problèmes
d'alcool (Rosenberg et coll., 1972). Cependant, tous les contrevenant ne sont
pas alcooliques; ce sont les récidivistes qui éprouvent les problèmes les plus
sérieux (Macdonald et Pederson, 1990). Étant donné la gravité du problème, le
dépistage par contrôle routier et l'intervention auprès des personnes arrêtées
sont tout indiqués comme stratégies d'intervention précoce.
Les
évaluations dans ce domaine ne sont pas assez solides au plan de la méthode
pour qu'on en arrive à des conclusions définitives sur l'efficacité des
programmes (Nichols et coll., 1978; Foon, 1988). Par exemple, dans l'étude
effectuée par Nichols et ses collaborateurs (1978), les résultats les plus
optimistes venaient des études les moins bien contrôlées. Ils ont aussi
remarqué que même si on rapportait souvent des résultats positifs quant aux
connaissances et aux attitudes des participants, moins de 25 p. 100
des études notaient une réduction des arrestations ultérieures pour conduite
automobile avec facultés affaiblies. Dans les études qui distinguent entre le
buveur «social» et l'alcoolique, on observe que l'efficacité de l'intervention dépend
du type de buveur. Les programmes étaient plus efficaces auprès des buveurs
sociaux. Ces derniers étaient moins susceptibles de récidiver, peu importe la
nature du programme d'éducation. Par contre les alcooliques n'ont pas semblé
être touchés par quelque programme que ce soit.
Des
études dignes de foi effectuées après l'examen de Nichols et coll. (1978) ont
fourni des preuves variables sur l'efficacité des programmes; cependant, des
questions demeurent sur la durée et la cohérence de tout comportement positif
observé par la suite (Foon, 1988). Reis (1983) a comparé les effets de
plusieurs programmes d'éducation et de counselling. Dans l'une de ces études,
on a réparti au hasard des personnes arrêtées pour la première fois entre un
programme d'éducation en quatre séances,
un programme d'étude à domicile et un groupe de référence qui ne
recevait aucun traitement. Après un suivi de trois ans, les deux groupes
traités avaient subi moins de nouvelles arrestations que le groupe de référence
non traité. Selon une étude connexe (Swenson et Clay, 1980), on n'a observé
aucune différence entre les programmes d'étude à domicile et la formation en
classe pour ce qui est de réduire la récidive. Selon une autre étude de Reis
(1983) sur les conducteurs récidivistes, on a pu constater que même si le
counselling et les rencontres semi‑hebdomadaires réduisaient la
consommation d'alcool pendant un an, cette réduction ne durait pas au delà du
traitement. McGuire (1978) a comparé trois formes de programmes d'éducation,
trois formes de thérapie et un groupe de référence. Parmi les programmes
d'éducation, on retrouvait un programme d'étude par correspondance, des cours
de conduite automobile et un groupe de discussion. Les trois approches ont
produit des effets positifs chez les conducteurs qui consommaient peu d'alcool,
mais aucun effet bénéfique chez les grands buveurs. Brown (1980) a comparé un
cours conventionnel à l'intention des conducteurs arrêtés avec facultés
affaiblies, un cours sur le contrôle de la consommation d'alcool et un groupe
de référence qui ne recevait aucun cours. Un an après l'arrestation, on a
observé que les personnes ayant assisté aux deux cours s'amélioraient
comparativement à celles du groupe de référence. Les participants au cours de
contrôle de la consommation d'alcool enregistraient une plus forte diminution
en volume et en fréquence de la consommation d'alcool et un moins grand nombre
de jours d'usage abusif que les sujets soumis au cours conventionnel et membres
du groupe de référence.
En
résumé, Foon (1988) conclut qu'aucun programme éducatif ou thérapeutique n'a
donné de preuve définitive d'un changement comportemental soutenu. Au Canada,
on trouve quelques évaluations de ces programmes, confirmant, dans l'ensemble,
les résultats des études étrangères.
Vingilis
et coll. (1981) ont réparti au hasard des conducteurs récidivistes entre un
programme d'éducation et un groupe de référence. Comparativement à ce dernier,
les personnes faisant partie du groupe d'éducation ont fait montre d'un
accroissement significatif des connaissances et d'un changement marqué des
attitudes avant et après l'étude. Cependant, après trois ans et demi, aucune
différence marquée ne distinguait le groupe ayant fait l'objet du programme
d'éducation et le groupe de référence en ce qui concerne la sécurité routière.
Chamberland
(1989) a relaté l'évaluation du processus d'un programme québécois à
l'intention des personnes arrêtées au moins deux fois pour avoir conduit un
véhicule automobile avec facultés affaiblies. Les conducteurs ont été répartis
entre trois programmes selon le nombre de fois qu'ils ont été arrêtés pour
conduite automobile avec facultés affaiblies. Les programmes étaient plus longs
et plus intensifs pour les personnes arrêtées le plus souvent. Le traitement comprenait
du counselling individuel et de groupe. Les participants devaient suivre
certaines règles pour rester dans le programme : présence et participation
aux activités, sobriété et ponctualité. Selon les résultats de l'évaluation,
les méthodes de répartition des contrevenants entre les trois programmes ont
fonctionné; des 35 participants qui ont commencé le programme en 1984‑1985,
31 l'ont fini, et 24 ont «réussi» à suivre les règlements. En général, les
participants étaient satisfaits. Cependant, on ne sait pas si le programme a
exercé le moindre effet sur la conduite automobile avec facultés affaiblies.
Whitehead
et coll. (1984) ont évalué un programme de traitement à l'intention des
conducteurs aux facultés affaiblies, à Saint‑Louis (Saskatchewan). Le
programme s'adressait aux récidivistes. Il mettait l'accent sur l'alcoolisme en
général, plutôt que sur la simple conduite automobile avec facultés affaiblies.
Le programme comprenait une peine obligatoire de deux semaines, purgée au
Centre correctionnel de Saint‑Louis. De plus, on révoquait le permis de
conduire des contrevenants. Le programme de réhabilitation de deux semaines
était fondé sur les principes des Alcooliques Anonymes (A.A.). Il mettait
l'accent sur l'alcool en tant que cause des problèmes. Les journées étaient
bien programmées; elles comprenaient des conférences, des discussions en
groupe, des films et du counselling individuel. Les 262 participants au
programme -- tous des hommes -- ont été comparés à ceux qui ont purgé la
totalité de leur sentence en prison. Le groupe incarcéré a reçu des
informations sur la conduite automobile avec facultés affaiblies et avait accès
à certaines ressources thérapeutiques, comme les A.A. et le counselling.
L'affectation au programme ou à l'incarcération n'était pas aléatoire; les
participants au programme de Saint‑Louis l'avaient demandé au préalable,
et on avait conclu qu'ils pouvaient en tirer profit. Ainsi, ils peuvent avoir
été plus motivés et avoir éprouvé des problèmes d'alcool plus graves que les
sujets incarcérés.
Les
personnes étaient regroupées en fonction du délit principal, du groupe
ethnique, de l'âge, du degré de scolarité et de la longueur de la sentence.
Dans l'analyse des données, on distinguait entre les autochtones et les autres
sujets. L'évaluation portait sur les huit objectifs du programme, son
processus et ses résultats. On a recueilli les données au moyen d'entrevues, de
questionnaires et de dossiers judiciaires pendant les 25 mois suivant la
libération. On pouvait obtenir des résultats de suivi sur 77 p. 100
des personnes du groupe de Saint‑Louis.
Les
participants au programme ont généralement manifesté une attitude favorable au
programme et ont senti qu'il leur a permis de constater le rôle destructeur de
l'alcool dans leur vie. Les résultats incluaient une comparaison du nombre
moyen de «jours sans délit» chez les sujets incarcérés comparativement aux
sujets envoyés à Saint-Louis. On a défini «jours sans délit» comme le nombre de
jours entre la libération de prison ou la sortie de Saint-Louis et
l'arrestation pour un autre délit. Ni les autochtones, ni les autres
participants au programme de Saint-Louis n'ont réduit nettement leur nombre de
jours sans délit, comparé au groupe de référence incarcéré avec qui ils avaient
été jumelés. Cela peut être dû au fait que le programme de Saint-Louis a adopté
une méthode de traitement globale et n'avait pas mis l'accent sur la conduite
automobile avec facultés affaiblies. Pour ce qui touche les autres crimes et
délits, comme les infractions aux lois sur l'alcool et les crimes contre la
propriété, le groupe de Saint-Louis s'en est généralement mieux tiré que le
groupe incarcéré. Cependant, les différences n'étaient pas spectaculaires.
L'absence d'un groupe de référence non
traité et la répartition non aléatoire compliquent l'interprétation des
résultats
En
Alberta, l'AADAC a mis en application et évalué deux programmes d'éducation
visant les conducteurs aux facultés affaiblies : le programme IMPACT et l'Alberta
Impaired Drivers Course (AIDC). IMPACT est un programme provincial basé sur
le modèle de prévention par l'éducation aux adultes. Il tente de sensibiliser
les récidivistes au rôle que l'alcool ou d'autres drogues jouent dans leur vie.
Des animateurs aident les participants au moyen de conférences et d'activités
structurées en petits groupes dans le cadre d'un programme d'immersion en
établissement durant une fin de semaine. Le programme vise à évaluer et à
documenter les habitudes de consommation individuelle d'alcool ou d'autres
drogues ainsi que la quantité consommée. On cherche aussi à déterminer dans
quelle mesure cette consommation touche les aspects principaux de la vie. Dès
que les besoins futurs de la personne sont déterminés, on lui présente des
plans d'action appropriés et des solutions de rechange à la conduite automobile
avec facultés affaiblies. Les participants au programme IMPACT y étaient
référés principalement par les tribunaux, la division des véhicules automobiles
ou le bureau de surveillance de la conduite automobile. Seul un petit nombre de
participants s'y inscrivaient volontairement. La participation au programme
IMPACT est également exigée par la division des véhicules automobiles de
l'Alberta comme condition à la remise en vigueur du permis de conduire.
Sept
études de formation ont servi à évaluer des aspects particuliers du programme
IMPACT et à guider son développement (Jeune et coll., 1988). On s'est penché
sur l'application du programme, les effets à court terme sur les attitudes, les
connaissances et le comportement des participants ainsi que les perceptions et
les attitudes des animateurs. Selon les résultats, les volets du programme
IMPACT s'appliquaient de façon uniforme à tous les endroits où le programme
était mis en oeuvre. Les petits groupes créaient un environnement favorable à
la tenue de discussions. Les animateurs ont fait preuve d'enthousiasme et
d'engagement envers le programme. Les participants avaient habituellement une
perception favorable. Cependant, on a recommandé certains moyens de renforcer
le programme. Par exemple, même si on avait déterminé que l'environnement des
groupes favorisait l'atteinte des objectifs du programme, il existait certaines
preuves que le découragement découlant des sentiments négatifs et des
désaccords pouvait avoir gêné la formulation de réponses honnêtes et la
révélation de soi. Les auteurs ont recommandé que les animateurs encouragent
les participants à exprimer leurs pensées et leurs sentiments de façon plus
ouverte et plus franche.
Selon
certaines données, les récidivistes de la conduite avec facultés affaiblies ont
tiré profit du programme IMPACT. Dans une analyse des changements après la
participation au programme, Huebert (1990) a relevé un faible taux de récidive,
soit environ 12 p. 100. De même, dans un suivi à court et à long
termes des participants après la fin du programme, Jeune et coll. (1988) ont
relevé une meilleure sensibilité au rôle que l'alcool et d'autres drogues
peuvent jouer dans la vie, de même qu'une amélioration des attitudes envers la
conduite automobile avec facultés affaiblies. La plupart des répondants ont
aussi rapporté une diminution de la consommation d'alcool depuis qu'ils ont
participé au programme IMPACT.
L'Alberta
Impaired Drivers Course (AIDC) est un cours d'une journée auquel assistent
les conducteurs arrêtés pour une première offense afin de remettre en vigueur
leur permis de conduire. C'est un programme d'éducation sur l'alcool qui permet
aux participants de réévaluer leur consommation. Il facilite le traitement des
personnes susceptibles d'éprouver des problèmes plus graves. Le cours d'une
journée se compose principalement de conférences, de films et de discussions en
atelier. Davidson (1983) a observé une forte incidence d'alcoolisme chez les
participants à l'AIDC. De plus, la conduite automobile avec facultés affaiblies
était une habitude bien ancrée chez plusieurs d'entre eux. L'évaluation a
décelé une nette modification des attitudes après le cours. Huebert (1990) a
observé un faible taux de récidive, soit environ 12 p. 100, chez les
participants au cours AIDC. Les participants considérés comme les consommateurs
les plus excessifs d'alcool ou d'autres drogues étaient plus susceptibles
d'être condamnés à nouveau. Ces résultats sont semblables à ceux d'autres
études qui laissent croire que les programmes d'éducation à l'intention des
conducteurs arrêtés sont plus efficaces dans le cas des buveurs sociaux,
ceux-ci étant moins susceptibles de récidiver.
Même
si les évaluations des processus d'IMPACT et de l'AIDC ont procuré des données
utiles pour améliorer ces programmes, les résultats sont nettement limités en
plusieurs aspects. Par exemple, le suivi des modifications comportementales
post traitement se fondait principalement sur des rapports rédigés par les
participants. Certaines études ont été affectées par un faible taux de réponse
aux entrevues de suivi. Par exemple, dans l'étude de suivi à court terme des
participants au programme IMPACT de Jeune et coll. (1988), seulement
59 participants sur 133 se sont soumis au suivi un an plus tard. Le groupe
soumis au suivi était différent de l'échantillon de l'étude générale (par
exemple, dans le groupe suivi, on retrouvait moins de femmes, la moyenne d'âge
était légèrement plus élevée et les problèmes imputables à l'alcool et aux autres
drogues étaient plus graves). Par conséquent, les résultats ne peuvent être
généralisés à l'ensemble des personnes qui bénéficient du programme IMPACT. En
dernier lieu, l'absence de groupe de référence dans ces études empêche la
démonstration concluante d'un lien entre la participation au programme et la
modification des connaissances, des attitudes ou du comportement à court terme.
En
résumé, les évaluations canadiennes des programmes d'éducation ou de
counselling à l'intention des conducteurs arrêtés pour facultés affaiblies
arrivent aux mêmes résultats que les études menées à l'étranger. Certaines
évaluations remarquent des effets positifs sur les connaissances et les
attitudes, mais il n'existe aucune preuve d'effets durables sur le
comportement. De plus, les difficultés méthodologiques observées dans un grand
nombre d'études canadiennes se retrouvent aussi dans les principales études
étrangères (par exemple, Foon, 1988). Il ne serait pas raisonnable de
s'attendre à ce que des changements comportementaux à long terme découlent
d'une brève participation à ces programmes d'intervention. Il conviendrait
mieux d'être sélectif dans le choix des conducteurs qu'on réfère à ces
programmes. Selon la gravité du problème, on devrait diriger les conducteurs
vers des programmes de conception et d'intensité diverses.
Programmes en milieu de travail
La plupart des programmes en milieu de travail
touchant l'alcool et d'autres drogues se classent en deux catégories : les
programmes d'aide aux employés (PAE) et les programmes de promotion de la santé
axés sur le «bien-être». La plupart de ces programmes sont des PAE et visent
davantage le traitement de l'alcoolisme que la prévention ou l'intervention
précoce (Roman, 1981; Nathan, 1984). On a beaucoup vanté les mérites des PAE au
plan de l'intervention précoce, mais cette opinion n'est guère prouvée (Shain
et Groeneveld, 1980). Même s'il n'existe pas de normes uniques et généralement
acceptées en ce qui touche la mise en oeuvre des PAE, la méthode est
habituellement la suivante : 1) la diminution du rendement au travail permet de
déceler le problème imputable à l'alcool; 2) le superviseur met l'employé au
fait de la situation; 3) on réfère l'employé à des ressources internes ou
externes de counselling ou de traitement; et 4) on menace de prendre des
mesures disciplinaires contre l'employé ou de congédier ce dernier s'il ne
s'améliore pas (Babor et coll., 1986). La plupart des programmes favorisent
maintenant une approche globale et ne mettent pas l'accent exclusivement sur
l'alcool.
La
grande variété des objectifs et des stratégies d'implantation complique
l'évaluation des PAE (Jerrell et Rightmyer, 1982). En outre, la plupart des
études incluent une évaluation avant et après la mise en oeuvre du programme
sans groupes de référence. Ce ne sont là que quelques facteurs expliquant
l'absence de preuves à l'appui des PAE en général, et de leur apport aux
interventions précoces en particulier (Jerrell et Rightmyer, 1982; Walker et
Shain, 1983; Nathan, 1984). La plupart des preuves citées à l'appui des PAE
proviennent d'évaluations plutôt limitées du programme de traitement ou du
service de counselling (par exemple, Kurtz et coll., 1984). Cependant,
l'évaluation globale des PAE est bien différente d'une évaluation de leurs
composantes (Babor et coll., 1986).
Les
programmes de promotion de la santé en milieu de travail, axés ou non sur le
bien-être, peuvent inclure un dépistage de l'alcoolisme et une intervention, le
cas échéant. Cependant, les programmes axés sur le bien-être s'inspirent
habituellement d'une vision très globale du mode de vie. Ils omettent souvent
de mentionner l'alcool comme facteur de risque pour la santé. Parmi les
comportements sains et les facteurs de risque les plus souvent abordés, on
retrouve le tabagisme, la nutrition, l'exercice et la gestion du stress
(Weinstein, 1986). Certains programmes mettent aussi l'accent sur
l'assainissement du cadre de travail. Un de ces programmes globaux (le
programme «Vivre pour mieux vivre» de Johnson et Johnson) a réussi à réduire
les hospitalisations, de même que les réclamations d'ordre médical versées par
l'entreprise (Bly et coll., 1986). De nombreuses recherches démontrent
l'efficacité des programmes axés sur le bien-être global en ce qui concerne la
réduction de certains facteurs de risque pour la santé, de même que certains
aspects de la santé (par exemple, Blair et coll., 1984; Baun et coll., 1986;
Bibeau et coll., 1988). Cependant, les publications étrangères ne fournissent
aucune preuve de l'effet de ces programmes globaux en ce qui touche la
consommation d'alcool ou les problèmes connexes.
Ces
observations tirées des publications étrangères reflètent assez bien la
situation au Canada. Les études canadiennes ont démontré certains effets
positifs des programmes axés sur le bien-être en milieu de travail. Par
exemple, Cox et coll. (1981) ont montré que les employés participant à un
programme de conditionnement physique ont amélioré leur forme à plusieurs
égards tout en réduisant l'absentéisme et le roulement de la main-d'oeuvre.
Cependant, peu d'évaluations canadiennes ont mis l'accent sur la consommation
d'alcool ou sur le dépistage et le traitement des employés qui éprouvent des
problèmes imputables à l'alcool.
En
Ontario, selon une étude de Shain et coll., (1986), on a constaté une
consommation hebdomadaire d'alcool nettement inférieure à la moyenne chez des
employés des deux sexes après la participation à un cours de six heures.
Les réductions les plus remarquables s'observent chez les plus grands buveurs.
Cependant, on n'a eu recours à aucun groupe de référence. L'ensemble des
résultats laisse croire que cette réduction était due à la participation au
programme, en partie à tout le moins. Shain et coll. évaluent maintenant un
projet conjoint en milieu de travail (Fondation de recherches sur l'alcoolisme
et la toxicomanie/Santé et Bien-être social Canada). Ce programme global a été
conçu d'après une évaluation exhaustive des besoins et des critères
d'évaluation établis récemment (Shain, 1990).
Une
autre évaluation exhaustive d'un programme de promotion de la santé en milieu
de travail, orientée sur la consommation d'alcool, est aussi en cours à
Montréal (Kishchuk et coll., 1990). Le programme vise tous les buveurs, y
compris ceux qui présentent des risques modérés d'éprouver des problèmes
d'alcool. En général, le programme vise à tempérer la consommation. Le contenu
de l'intervention a été défini par une série d'évaluations de processus par des
groupes de discussion et d'autres méthodes qualitatives. A cette étape-ci de
l'évaluation, on observe une nette résistance des travailleurs à certains
aspects des programmes d'éducation sur l'alcool. On a observé notamment de la
résistance à l'emploi d'un questionnaire comme indicateur de «problèmes
imputables à l'alcool»; les employés croyaient que cela les ferait passer pour
des alcooliques. On a aussi émis des réserves sur les limites proposées comme
une «saine» consommation (par exemple, 14 verres par semaine). Plusieurs participants
ne consommaient pas cette quantité et croyaient que le programme risquait
d'encourager une plus forte consommation, contrairement à ses objectifs. Ce
programme sera soumis à une étude d'efficacité. Dans l'ensemble, ce programme
novateur est un excellent exemple d'évaluation graduelle et multiforme d'un
programme sur l'alcool en milieu de travail.
Groenveld
et ses collègues ont relaté en 1984, l'une des évaluations canadiennes les plus
complètes portant sur un programme d'aide aux employés. L'évaluation s'est
penchée sur l'implantation des politiques du PAE, de même que sur les résultats
de la participation au traitement subséquent de l'alcoolisme. L'évaluation du
processus a mis en lumière diverses perceptions des objectifs du programme (par
exemple, l'économie et la réhabilitation). L'évaluation a aussi relevé certains
indicateurs de l'application des politiques (par exemple, le nombre et les
caractéristiques des employés référés, les critères utilisés par les
superviseurs pour référer des employés et les résultats des références). Dans
l'évaluation des résultats, un groupe de buveurs intempérants qui ont été
référés pour suivre un traitement ont été jumelés en fonction de l'âge et de
l'ancienneté à un groupe d'employés qui ne font pas d'excès. On a observé, chez
les participants au programme, d'importantes améliorations quant au coût des
services de santé, aux mesures disciplinaires et à l'absentéisme. Selon une
étude de suivi d'un autre groupe de participants au programme, la plupart de
ces derniers ont rapporté que le traitement leur a été utile et qu'ils ont été
capables de mieux gérer certains aspects de leur vie (par exemple, le travail,
la famille). De même, on a noté une baisse de la consommation d'alcool
rapportée par les participants. Presque tous les employés qui participaient à
l'étude de suivi avaient déjà cherché à se faire traiter à l'extérieur; en
outre, même si le traitement était considéré généralement comme utile, nombre
de participants ont moins apprécié certains aspects (par exemple,
l'hospitalisation, les rencontres de suivi). Dans l'évaluation, on a formulé
plusieurs recommandations pour améliorer le processus d'identification des
buveurs intempérants en milieu de travail et pour réintégrer les employés après
le traitement. Cette évaluation fournit certaines preuves qualitatives et
quantitatives de l'application réussie et de l'efficacité d'un PAE. Cependant,
la nature de l'évaluation des participants élimine toute affirmation définitive
selon laquelle les améliorations dans la consommation d'alcool et dans le
fonctionnement général découlent des politiques ou du traitement.
En
résumé, il existe certaines preuves que les programmes en milieu de travail
axés sur le «bien-être» peuvent être efficaces pour améliorer certaines dimensions
de la santé et réduire des facteurs de risque comportementaux, comme le
tabagisme et l'alimentation. Cependant, leur efficacité à réduire la
consommation d'alcool et d'autres drogues est loin d'être prouvée. Les PAE ont
rarement été évalués en profondeur, et, jusqu'à maintenant, les évaluations
contrôlées ne démontrent guère l'efficacité de ces programmes en ce qui touche
la consommation d'alcool et les problèmes imputables à cette substance.
Programmes des établissements de soins de santé et de
services sociaux
Pendant les 10 dernières années, l'une des tendances
les plus significatives dans la prestation de services liés à l'alcool et aux
autres drogues est l'élaboration de programmes d'intervention précoce. La
stratégie consiste à offrir ces programmes sur les lieux mêmes où des
professionnels de la santé sont susceptibles de rencontrer quotidiennement des
buveurs intempérants et des toxicomanes (par exemple, Martin, 1990). Dans ce
domaine, on a mis l'accent sur les médecins et les autres professionnels de la
santé (Skinner, 1990). Il est prouvé que les médecins oublient souvent
d'encourager leurs patients qui éprouvent des problèmes d'alcool à réduire leur
consommation. Ils oublient de les avertir des dangers de l'intempérance pour la
santé ou, si c'est nécessaire, de les diriger vers un programme de traitement
contre l'alcoolisme (Hingson et coll., 1982; Cleary et coll., 1988). Cependant,
les médecins ne sont pas les seuls professionnels susceptibles d'intervenir
dans ce domaine. Tous les agents de soins de santé primaires et nombre d'autres
professionnels, comme les travailleurs sociaux et les psychiatres, pourraient
avoir recours aux techniques d'identification et de traitement avec leurs
clients réguliers qui éprouvent des problèmes imputables à l'alcool et à
d'autres drogues (par exemple, Ehline et Tighe, 1977; Jacobson et Lindsay,
1980).
Stratégies de détection
Plusieurs recherches ont porté sur des procédures de
dépistage simples et précises pour détecter rapidement les problèmes
d'alcoolisme et de toxicomanie. Quatre grandes catégories de méthodes ont
retenu l'attention : les épreuves de laboratoire pour détecter les
marqueurs biochimiques de la consommation d'alcool, les questionnaires et
entrevues à base d'indicateurs psychosociaux, les indices cliniques et les
techniques multiples.
Les
marqueurs biochimiques de la consommation d'alcool qu'on utilise le plus
fréquemment sont le taux de gamma‑glutamyl-transférase (GGT) et le volume
globulaire total moyen (VGT). La GGT est un enzyme emmagasiné principalement
dans le foie. Cet enzyme est influencé par la quantité d'alcool métabolisé. Le
VGT désigne le volume de globules rouges total, et on croit qu'il varie par un
effet direct de l'alcool sur la moelle osseuse. Les études initiales sur ces
indicateurs ont été fondées sur un échantillonnage de personnes traitées pour
des problèmes imputables à l'alcool (par exemple, Rosalki et Rau, 1972). On a
constaté que leurs indicateurs étaient anormaux dans 60 à
80 p. 100 des cas. Cependant, selon des résultats plus récents fondés
sur un échantillonnage du grand public ou de la pratique médicale, ces
indicateurs ne permettraient de détecter que 10 à 40 p. 100 des
personnes qui éprouvent des problèmes d'alcool (par exemple, Chick et coll.,
1981). Même si ces marqueurs biochimiques et plusieurs autres ont fait l'objet
d'études [voir Babor et coll., (1986) et Saunders et Conigrave (1990) pour des
études récentes], on n'a pas pu prouver qu'ils sont assez sensibles pour
déceler les premiers stades d'alcoolisme.
Ces marqueurs ne semblent pas aussi efficaces que d'autres méthodes courantes
(Bush et coll., 1987). Actuellement, la recherche met l'accent sur les mesures
biochimiques plus sensibles aux stades précoces d'alcoolisme (par exemple,
Stibler et coll., 1986). Malgré ces réserves, les épreuves de laboratoire
peuvent quand-même fournir des preuves objectives des dommages imputables à la
consommation d'alcool et convaincre la personne de s'abstenir ou de tempérer
leur consommation.
Les
questionnaires sur les problèmes imputables à l'alcool et leurs conséquences
aident depuis longtemps les professionnels à poser un diagnostic d'alcoolisme.
Plusieurs variantes de cette méthode ont servi à dépister les premières
manifestations de problèmes imputables à l'alcool. Parmi ces questionnaires,
les mieux connus sont le CAGE (Mayfield et coll., 1974) et le Test de dépistage
d'alcoolo-dépendance du Michigan (MAST) (Selzer, 1971). Le questionnaire CAGE[6]
a fait l'objet d'une attention considérable, récemment, quand des études ont
montré sa très grande sensibilité (c'est-à-dire son aptitude à déceler
précisément les personnes qui éprouvent des problèmes imputables à l'alcool) et
sa très grande spécificité (c'est-à-dire sa capacité d'exclure les
personnes qui n'éprouvent pas ces problèmes) (par exemple, King, 1986; Bush et
coll., 1987; Beresford et coll., 1990). Ainsi, Beresford et coll. (1990) ont
constaté que le CAGE a reconnu 76 p. 100 des cas positifs et éliminé
94 p. 100 des cas négatifs, ce qui dépasse de loin l'efficacité de
divers marqueurs biochimiques. L'un des avantages notables du CAGE est sa
concision qui permet de l'incorporer facilement et sans que cela paraisse aux
questions de routine posées aux patients. Cependant, la mesure dans laquelle il
permet de déceler les premiers stades d'alcoolisme est toujours discutable.
Le
MAST et les nombreuses versions modifiées de cet instrument (Pokorny et coll.,
1972; Swenson et Morse, 1975; Selzer et coll., 1975; Kritenson et Trell, 1982)
ont également été étudiés dans un grand nombre d'établissements de soins de
santé. Comme pour le CAGE, il est
certainement possible d'utiliser le MAST comme instrument de dépistage dans les
établissements de santé (voir par exemple, Cleary et coll., 1988; Flemming et
Barry, 1991). Cependant, le MAST présente peu d'avantages sur le CAGE, voire
aucun; de plus, il semble mieux conçu pour détecter les cas graves
d'intempérance et d'alcoolisme.
Une
vaste gamme de questionnaires de dépistage psychosociaux ont été élaborés pour
reconnaître les problèmes (par exemple, le Canterbury Alcoholism Screening
Test (Elvy, 1984)). L'une des contributions récentes et notables dans le
domaine vient d'une étude sur l'intervention précoce en collaboration avec
l'OMS (Babor et Grant, 1989). L'Alcohol Use Disorders Identification Test
(AUDIT) a été élaboré pour dépister les buveurs excessifs ou ceux qui éprouvent
des problèmes connexes (Saunders et coll., sous presse). Même s'il faut
effectuer beaucoup d'autres recherches pour valider l'AUDIT dans divers
établissements et avec des populations cliniques différentes, les résultats des
études originales ont montré une sensibilité de 92 p. 100 et une
spécificité de 94 p. 100. On a recommandé l'AUDIT comme instrument de
dépistage et comme guide général pour les professionnels de la santé,
lorsqu'ils rencontrent des antécédents de consommation abusive d'alcool
(Saunders et Conigrave, 1990).
Les
indices cliniques et les signes de consommation immodérée d'alcool constituent
la troisième approche de dépistage des premières phases d'alcoolisme dans les
établissements de santé. En France, le chercheur Le Go a élaboré une grille
d'analyse des signes cliniques, comme les tremblements et les stigmates
physiques. Cette «grille de Le Go» a été utilisée à grande échelle comme
instrument de dépistage dans les établissements français (Le Go, 1976; Babor et
coll., 1985). On a aussi recommandé que les signes cliniques et symptômes
divers ainsi que les autres aspects du comportement du patient, comme les
annulations de rendez-vous et les demandes d'avis de maladie, soient incorporés
aux indices composites pour aider à reconnaître les patients qui éprouvent des
problèmes d'alcool (par exemple, Wilkins, 1974). Dans le cadre du projet de
l'Organisation mondiale de la santé relatif aux interventions précoces,
plusieurs signes physiques ont formé la base d'une procédure de dépistage
clinique (Saunders et coll., sous presse). Comme l'ont remarqué Saunders et
Conigrave (1990), l'un des problèmes des stratégies de détection de ce type est
que la plupart des conséquences physiques découlent d'une consommation
immodérée plus régulière et plus prolongée qu'on pourrait en conclure par l'identification
dite «précoce». Ils fournissent une liste des indicateurs cliniques qui ont été
cités dans la documentation comme étant des signes précoces d'alcoolisme. Comme
pour les résultats des épreuves de laboratoire, les observations de médecins
quant à ces conséquences objectives et physiques peuvent aider à faire admettre
au patient qu'il éprouve un problème d'alcool. Ils peuvent aussi inciter le
médecin à poser plus de questions sur la consommation d'alcool, plutôt que
d'être utilisés comme seule technique de dépistage.
En
dernier lieu, certains chercheurs ont étudié l'effet combiné de diverses
méthodes pour améliorer l'exactitude de la détection. On trouve, par exemple,
la combinaison de divers marqueurs biochimiques (Ryback et coll., 1982) et la
combinaison de la mesure de la GGT avec une version modifiée du MAST
(Kristenson et Trell, 1982). Cependant, les données statistiques donnent à
croire que la combinaison de différentes épreuves de dépistage réduit
souvent leur sensibilité, plutôt qu'elle ne l'améliore (Sackett et
coll., 1985). En outre, à moins que les indicateurs individuels soient
régulièrement disponibles, les indices composites peuvent être moins pratiques
à utiliser que d'autres options pour dépister les buveurs excessifs.
En
résumé, une vaste gamme de méthodes ont été évaluées comme instruments de
dépistage de l'alcoolisme à un stade précoce. Aucune d'entre elles ne s'est
distinguée par sa précision et sa fiabilité pour la détection précoce
parmi les populations hétérogènes. Cependant, on s'accorde généralement pour
dire que la meilleure approche consiste à incorporer des entrevues brèves et
des questionnaires (comme le CAGE ou l'AUDIT) dans la pratique quotidienne et
régulière (par exemple, Saunders et Conigrave, 1990). D'autres approches
peuvent être utilisées pour apporter des informations supplémentaires.
Les
études de la sensibilité, de la spécificité et de la valeur prévisionnelle des
procédures et instruments permettent de vérifier ces techniques de dépistage.
Cependant, il s'agit habituellement de projets de recherche contrôlés et
surveillés étroitement qui n'abordent pas l'application pratique de ces
techniques dans divers établissements. En outre, elles n'abordent pas la
formation des médecins et d'autres professionnels de la santé, ou diverses
stratégies de dissémination des résultats de recherche. Très peu d'études se
sont penchées sur l'application et la dissémination.
Une
étude rapportée par Dudgeon et Mayfield (1985) a porté sur les effets de
l'intégration du questionnaire CAGE aux outils de détection et aux habitudes de
diagnostic des médecins résidents. Ils ont étudié 100 dossiers de malades admis
à un service ambulatoire avant la publication du CAGE. Ces dossiers ont été
comparés avec ceux des 100 premiers malades examinés après la publication
du CAGE. Peu de preuves laissaient croire qu'une collecte systématique de
données ait été effectuée ou qu'un groupe de malades ait été dépisté par un
résultat positif aux questions du CAGE. Cependant, certains indices laissaient
croire qu'il a aidé à poser un diagnostic d'«alcoolisme» et qu'il a amélioré la
qualité des remarques écrites sur les malades. Même si le CAGE peut être utile
aux médecins, on en a conclu que sa simple publication n'est pas susceptible
d'être très efficace s'il n'y a pas d'efforts concertés pour former les
médecins et inciter ces derniers à utiliser le questionnaire.
En
Grande-Bretagne, on a eu recours à des «animateurs de santé» pour former des
médecins et pour agir sur leur pratique régulière en cabinet en ce qui touche
la promotion de la santé et les pratiques préventives. Ce modèle a été élaboré
pour fournir aux équipes de soins primaires un service de consultation et de
formation en ce qui concerne les facteurs de risque cardio‑vasculaire
(Fullard et coll., 1984, 1987). Depuis, il a été étendu à d'autres problèmes de
santé, y compris l'usage intempérant d'alcool (Anderson 1990). Chez les buveurs
excessifs, cette substance est considérée comme un facteur de risque pour la
santé. Un animateur est habituellement responsable d'assurer des services de
formation et de consultation auprès de 30 à 40 équipes de soins primaires,
sous l'autorité d'un responsable de la santé. L'évaluation d'un projet
comprenant un animateur spécialisé dans les problèmes imputables à l'alcool est
actuellement en cours (John, 1990).
Le
modèle de l'équipe «A» (A-team model) est une autre approche visant la
dissémination de l'intervention précoce, de même que les stratégies de
traitement (Williams et coll., 1985). Ce programme se compose d'une
intervention en milieu hospitalier à l'aide d'une équipe interdisciplinaire qui
assure des services d'éducation et de consultation auprès du personnel en ce
qui concerne la détection et le traitement des malades qui éprouvent des
problèmes imputables à l'alcool. Plusieurs aspects de ce programme visent la
détection et le traitement des cas graves d'alcoolisme (par exemple, les
méthodes de désintoxication). Sa capacité de disséminer les outils et les
techniques d'intervention précoce n'a pas fait l'objet de recherches
approfondies.
Les
chercheurs canadiens ont contribué de façon notable à l'élaboration d'outils et
de techniques de détection des problèmes d'alcool à leurs premiers stades. Les
travaux de Skinner et de ses collaborateurs à Toronto sont les plus
remarquables par leur apport dans une vaste gamme de stratégies pouvant être
utilisées dans les établissements de santé et autres. On a mis au point une
«évaluation informatisée du mode de vie» (Computerized Lifestyle Assessment)
y compris une composante pour dépister l'abus d'alcool et les problèmes
connexes (Skinner et coll., 1985a, 1985b, 1987). Une «échelle des traumatismes»
(Trauma Scale) a également été élaborée pour aller de pair avec des
marqueurs biochimiques (Skinner et coll., 1984). L'approche la plus exhaustive
est l'«index des signes cliniques liés à l'alcool» (Alcohol Clinical Index),
qui combine les signes et les symptômes cliniques avec des détails tirés des
antécédents médicaux (Skinner et coll., 1986). Outre ces techniques et leur
apport pratique, Skinner et ses collaborateurs ont clairement défini le rôle
des médecins de famille et d'autres professionnels de la santé en ce qui touche
la prévention, l'intervention précoce et le traitement. Ils ont fourni une
grande partie de la base conceptuelle et théorique par laquelle on peut
appliquer les procédures et les programmes pertinents (par exemple, Skinner,
1985a, 1990; Skinner et Holt, 1983).
Au
Canada, comme ailleurs, il existe peu d'évaluations de la diffusion et de
l'application des procédures de dépistage dans les établissements.
En
Alberta, l'AADAC était préoccupé par le peu de personnes référées par des
médecins à leur service de traitement. En collaboration avec l'Alberta
Medical Association, l'AADAC a élaboré une trousse documentaire pour aider
les médecins à diagnostiquer et traiter l'alcoolisme ainsi que la toxicomanie
(Brown et coll., 1990). La trousse, intitulée Treatment of Alcohol and Drug
Related Problems: Resources for
Physicians («traitement des problèmes imputables à l'alcool et aux autres
drogues; trousse documentaire à l'intention des médecins), contenait des aides
diagnostiques, un répertoire des services aux toxicomanes en Alberta, un réseau
de références et de communications, de même qu'un petit guide détaillé sur le
traitement médical des problèmes d'alcool. Deux affiches destinées aux bureaux
des médecins étaient aussi incluses pour encourager les malades à parler de
toxicomanie. Au total, 103 médecins ont été choisis pour l'étude; ils
devaient être des généralistes ou des spécialistes qui assuraient des soins
permanents à leurs malades. La plupart des médecins ont rempli un questionnaire
avant de recevoir la trousse et ont participé à une courte entrevue
téléphonique de suivi trois et six mois après la réception de la trousse.
Selon
les résultats de l'évaluation, trois mois après la réception de la trousse,
deux tiers des médecins l'avaient lue, et la plupart avaient trouvé cette
documentation quelque peu ou très utile. Selon les observations de certains
spécialistes (par exemple, les obstétriciens et les orthopédistes), la trousse
n'était pas pertinente à leur pratique. Même si 15 p. 100 des
médecins qui avaient pris connaissance de la documentation ont utilisé les
aides diagnostiques, la plupart d'entre eux les ont utilisées moins d'une fois
par mois. Six mois après la réception de la trousse, 16 p. 100
des médecins ont rapporté avoir utilisé le manuel pour diagnostiquer ou traiter
des malades toxicomanes. De ce groupe, la plupart ont indiqué que le manuel les
avait aidés à assurer un meilleur service aux malades. Six mois plus tard, on a
observé un accroissement significatif de la facilité avec laquelle les médecins
pouvaient lancer la discussion sur les problèmes imputables à l'alcool et à
d'autres drogues et utiliser les services de l'AADAC. Après avoir reçu la
trousse, le personnel a également rapporté que les médecins référaient des
malades d'une façon plus appropriée et qu'ils étaient plus satisfaits des
communications. Les auteurs ont conclu que la trousse documentaire était utile
aux médecins. Plusieurs recommandations ont été formulées pour accroître son
utilité : inclure plus de renseignements sur les autochtones, les femmes et les
adolescents; et concevoir les trousses en fonction d'un groupe plus restreint de
médecins.
L'un
des principes les plus importants pour tout programme de dépistage ou de
détection précoce est celui du traitement : il faut disposer d'un moyen
pratique et efficace pour traiter les problèmes cernés (Wilson et Jungner,
1968). En intervenant de façon précoce, particulièrement avant que la
dépendance psychologique ou physique ne s'installe, les chances de réussite
sont meilleures. Un certain nombre d'études ont évalué l'efficacité du
counselling ou d'autres techniques de traitement à l'intention des personnes
qui consomment une quantité immodérée d'alcool et qui ont été dépistées au
moyen de programmes d'intervention précoce. Même si certaines études sont aussi
mentionnées dans le chapitre suivant, qui traite de l'évaluation des programmes
de traitement, nous les abordons brièvement en raison de leur lien
évident avec les programmes d'intervention précoce.
Stratégies d'intervention
Les stratégies de counselling à l'intention des
buveurs intempérants dépistés par des programmes d'intervention précoce se
fondent sur le principe général selon lequel il faut faire correspondre les
traitements aux forces et aux faiblesses spécifiques du malade (Glaser, 1980; Institute
of Medicine, 1990a). La gravité du problème est l'un des critères servant à
choisir le type de traitement. Par exemple, une étude importante a montré que
les malades qui présentent peu de symptômes de dépendance à l'alcool ont tiré
le plus grand profit d'un bref counselling dont l'objectif consistait à réduire
la consommation, alors que les malades souffrant de dépendance physique s'en
sont mieux tirés avec un traitement plus intensif visant l'abstinence totale
(Orford et coll., 1976). Ainsi, la plupart des stratégies de traitement
préconisées par les programmes d'intervention précoce visent les personnes non
dépendantes qui éprouvent des problèmes imputables à l'alcool et dont les
objectifs sont souples et comprennent la réduction de la consommation. On
accorde une grande confiance aux techniques comportementales et de maîtrise de
soi, orientées en grande partie par les travaux de Miller et de ses
collaborateurs (par exemple, Miller, 1980; Miller et Taylor, 1980). La nature
et l'efficacité de ces techniques comportementales sont abordées en plus amples
détails au chapitre suivant.
À
Malmö, en Suède, dans le cadre d'un programme de dépistage, Kristenson et
coll., (1983) ont étudié un groupe important d'hommes d'âge moyen et en bonne
santé, reconnus comme de grands buveurs. Le diagnostic était fondé sur un taux
élevé de GGT, et les sujets ont été divisés de façon aléatoire entre un groupe
d'intervention et un groupe de référence. Les membres du second groupe ont été
informés par courrier que leur examen avait permis de relever une détérioration
du foie. On leur conseillait de réduire leur consommation d'alcool et on leur
demandait de se soumettre à un nouvel examen du foie deux ans après. Les
membres du groupe d'intervention ont fait l'objet d'un examen physique
détaillé, d'une entrevue exhaustive sur leur consommation d'alcool et les
problèmes connexes. Ils ont reçu des
conseils sur la façon de modérer cette consommation, et on assurait le suivi
sous forme de rendez-vous et de contacts pour contrôler les progrès. Pendant
les cinq années qu'a duré le suivi, le taux de GGT s'est amélioré chez les deux
groupes. Cependant, chez le groupe d'intervention, on a observé un taux
nettement inférieur d'absentéisme causé par la maladie, d'hospitalisation et de
décès comparativement au groupe de référence. C'est l'une des premières preuves
qu'une simple intervention avec rétroaction régulière peut présenter un effet
majeur sur la consommation d'alcool ainsi que la santé en général.
Cette
constatation générale a été confirmée par plusieurs projets ultérieurs mis en
oeuvre dans divers établissements médicaux. Chick et coll., (1985) ont évalué
l'efficacité d'une séance de counselling de 30 à 60 minutes et d'un guide
à l'intention des personnes non dépendantes qui éprouvent des problèmes
imputables à l'alcool et qui ont été choisies par dépistage dans un hôpital
général. Même si les membres du groupe d'intervention et du groupe de référence
ont rapporté une réduction significative de la consommation d'alcool au moment
du suivi un an plus tard, on a observé un moins grand nombre de problèmes
imputables à l'alcool au sein du groupe d'intervention. Wallace et coll.,
(1988) ont rassemblé un échantillon de grands buveurs parmi la clientèle des
omnipraticiens; la moitié d'entre eux ont été choisis de façon aléatoire pour
recevoir une brève séance de counselling de la part de leur médecin. Pendant la
séance, on leur a remis un guide et un journal pour noter leur consommation
d'alcool. On leur a aussi donné un rendez-vous un mois plus tard. Au suivi à un
an, les hommes et les femmes du groupe d'intervention présentaient une
réduction nettement plus importante de la consommation d'alcool rapportée.
Il
faut mieux évaluer la part du traitement dans les stratégies d'intervention
précoce dans les établissements canadiens. Le traitement comportemental et les
approches autonomes qui conviennent aux programmes d'intervention précoce ont
été évalués pendant les recherches contrôlées de Sanchez-Craig et coll., (1984;
1989). Ces études s'inscrivent dans le contexte plus global de la documentation
internationale portant sur la vaste gamme des techniques de traitement
comportemental à l'intention des personnes non dépendantes qui éprouvent des
problèmes imputables à l'alcool (Miller et Hester, 1986). Selon les résultats
des études de Sanchez-Craig et de ses collègues, par exemple, des personnes non
dépendantes qui éprouvent des problèmes imputables à l'alcool s'en tirent aussi
bien avec un programme dont l'objectif consiste à modérer la consommation que dans
ceux où on leur demande de s'abstenir totalement (Sanchez-Craig et coll.,
1984). En outre, la plupart des sujets considéraient que la modération est un
objectif plus convenable et plus acceptable.
Des
évaluations exhaustives de ces stratégies comportementales et autonomes restent
à effectuer dans le cadre de programmes d'intervention précoce dans les
cliniques communautaires canadiennes. McIntosh et Sanchez-Craig (1984)
rapportent les résultats d'une étude pilote dans un cabinet de médecine
familiale. Dix-sept patients ont été choisis pour l'étude en fonction de leurs
antécédents en ce qui a trait à la consommation d'alcool ou d'évaluations au
moyen du MAST ou du CAGE. Deux séances étaient offertes. Pendant la première,
on établissait un objectif de consommation d'alcool sain (ou initial) et on
recevait des instructions sur la façon d'atteindre l'objectif et sur la tenue
du journal. La deuxième séance servait à assurer que tout le monde comprenne
clairement la marche à suivre. Elle pouvait aussi servir à rajuster l'objectif,
au besoin. Sur les 17 sujets, 14 ont été suivis pendant au moins six mois, neuf
pendant au moins un an, et les cinq autres pendant deux ans. Avant le
traitement, la consommation hebdomadaire d'alcool des sujets variait entre 12
et 130 verres; au dernier rendez-vous de suivi, près de la moitié ne buvaient
plus, et aucun ne consommait plus de 35 verres par semaine. L'essai contrôlé
d'une stratégie de traitement similaire est en cours dans une autre clinique
médicale (McIntosh et Leigh, 1989).
Lors
d'un programme communautaire de promotion de la santé mis en oeuvre dans le sud
de l'Ontario par Giesbrecht et coll. (1990) et mentionné au chapitre précédent,
un programme de counselling et d'intervention précoce a été établi pour
modifier les habitudes de consommation d'alcool parmi la population locale. Le
programme visait les buveurs intempérants recrutés au moyen de références
médicales et juridiques, de publicité et de conseils transmis de bouche à
oreille. Il comprenait sept séances hebdomadaires où le sujet se
retrouvait seul avec un conseiller. Pendant les séances, on évaluait la
dépendance à l'égard de l'alcool, on examinait son journal de consommation et
on élaborait des stratégies de contrôle. Les résultats indiquent que la
consommation d'alcool a diminué chez les participants pendant le programme. Par
exemple, le pourcentage de sujets qui consommaient plus de 14 verres par
semaine est passé de 54,1 p. 100, la semaine avant le début du
programme, à 21,2 p. 100, la dernière semaine où les données étaient
disponibles. Cependant, l'absence de groupe de référence et d'un suivi à plus
long terme ne permettent pas de démontrer avec certitude l'efficacité du
programme. L'évaluation de l'implantation du programme montrait une résistance
initiale à ce dernier, particulièrement chez les médecins locaux et les
spécialistes du traitement, de même que son acceptation graduelle chez les
responsables des soins de santé et des services sociaux.
En
Alberta, l'AADAC offre le Drinking Decisions Program à des personnes
socialement stables qui éprouvent des problèmes d'alcool plus bénins. On aide
les sujets à évaluer leur consommation d'alcool et on leur enseigne des moyens
de la réduire ou l'interrompre. Le programme suit une méthode de counselling
cognitif et comportemental fondée sur un modèle éducationnel visant à aider les
sujets avant qu'ils n'atteignent le stade chronique. Pour participer au
programme, les sujets doivent avoir moins de 45 ans, boire entre 21 et
45 verres par semaine, éprouver des problèmes imputables à l'alcool depuis
moins de neuf ans, bénéficier de soutien familial et avoir subi peu de
traitements contre ces problèmes. Il existe plusieurs critères d'exclusion (par
exemple, les antécédents familiaux d'alcoolisme). L'évaluation du programme
comprenait 55 sujets qui ont commencé à participer entre juillet 1982
et février 1984 (Thompson, 1986b). La plupart des participants à l'étude
ont été admis au traitement. Ceux qui n'ont pas terminé le programme ou qui ont
seulement été évalués ont également été soumis à l'étude. L'évaluation a fourni
des données sur les variables démographiques et sur la situation avant le
traitement. Un suivi téléphonique a été effectué un an et deux ans et demi
après le traitement en vue de déterminer les habitudes de consommation
d'alcool, la vie sociale et familiale, la santé émotionnelle et physique, la
situation financière et professionnelle et les perceptions du Drinking
Decisions Program. De l'échantillon de départ, 42 sujets étaient
disponibles pour le suivi. Selon les résultats, on a observé une amélioration
des habitudes de consommation d'alcool, de la vie de famille et de la joie de
vivre en général chez les trois sous-groupes, c'est-à-dire ceux qui ont terminé
le programme, ceux qui ne l'ont pas terminé et les malades qui ont fait
seulement l'objet d'une évaluation. Cependant, on a observé une réduction
supérieure de la consommation d'alcool par rapport à la situation précédant le
traitement et une satisfaction accrue face à la vie familiale et sociale chez ceux
qui ont terminé le programme. Les personnes qui ont terminé ou non le programme
ont indiqué que ce dernier les a sensibilisées davantage aux problèmes
d'alcool, et elles l'ont évalué très positivement. Même si ces résultats ont
fourni certaines preuves d'efficacité, l'absence d'un groupe de référence
n'ayant pas subi le traitement empêche d'établir tout lien de cause à effet. En
outre, certaines préoccupations ont été soulevées dans l'évaluation en ce qui
concerne la représentativité du groupe disponible pour les entrevues de suivi
par rapport à l'échantillon de personnes qui ont terminé le programme.
En
résumé, les résultats de plusieurs recherches contrôlées ont montré qu'on peut
intervenir à peu de frais auprès des personnes qui éprouvent des problèmes
imputables à l'alcool et qui sont dépistées dans des établissements de soins.
Même si la réduction de la consommation d'alcool et des problèmes connexes que
rapportent ces études est peu importante, le temps et les coûts investis dans
les interventions le sont encore moins (Babor, 1990). Un nombre considérable de
recherches sont toujours en cours pour évaluer les stratégies de traitement et
de counselling qui sont les plus adéquates pour les personnes commençant à
éprouver des problèmes d'alcool (par exemple, Babor et coll., 1986). Il faut
mener davantage de recherches pour comparer l'efficacité de ces stratégies
d'intervention auprès des hommes et des femmes. Ces travaux devront mieux
mettre en lumière les drogues autres que l'alcool et la polytoxicomanie. En
outre, comme pour l'évaluation des stratégies de dépistage des personnes
qui éprouvent des problèmes imputables à l'alcool, il faut se pencher davantage
sur les questions logistiques, techniques et professionnelles en ce qui touche
le traitement précoce. Par exemple, selon plus d'une étude, même si les
médecins reçoivent une trousse contenant une description des techniques de
dépistage, des guides d'entrevue et des documents d'information à l'intention
des malades, plusieurs hésiteront à utiliser ces ressources (McLean et Brown,
1986; Brown et coll., 1990). Les stratégies servant à faire connaître les
méthodes de dépistage (par exemple, l'emploi d'un animateur spécialisé ou une
équipe «A» au l'intérieur d'un hôpital) doivent aussi faire connaître les méthodes
de traitements en phase d'intervention précoce. Il faudra davantage d'études
qualitatives de l'application des programmes et de l'évaluation des diverses
stratégies de formation et de dissémination. Enfin, il faut accroître le nombre
d'établissements où les programmes d'intervention précoce sont mis en
application et évalués (voir, par exemple, Ehline et Tighe, 1977; Jacobson et
Lindsay, 1980).
Programmes pour les groupes fortement exposés
Des études ont permis de déterminer qu'un certain
nombre de sous-groupes étaient particulièrement exposés à des problèmes
d'alcoolisme ou de toxicomanie. Même si on remarque un phénomène de
chevauchement dans les programmes de promotion de la santé, d'intervention
précoce et de traitement pour ces sous-groupes, on rassemble habituellement
tous ces programmes sous la catégorie d'intervention précoce (par exemple,
Babor et coll., 1986). Les groupes les plus souvent visés sont les femmes ou
les jeunes qui éprouvent divers types de problèmes ou qui vivent dans diverses
conditions (voir, par exemple, Dupont 1989).
Étant
donné que la santé et la situation de la femme ont pris de l'intérêt ces
dernières décennies, un certain nombre de programmes de prévention à
l'intention des femmes fortement exposées ont été mis au point (Ferrence,
1984). Les programmes sont axés sur des groupes cibles comme les femmes
enceintes dont le foetus risque d'être atteint du syndrome d'alcoolisme foetal,
les femmes dépressives exposées à la polytoxicomanie, les travailleuses, les
femmes âgées et les consommatrices de tranquillisants ou d'alcool.
Les
femmes sont environ deux fois plus susceptibles que les hommes de prendre des
tranquillisants (Santé et Bien-être social Canada, 1989b). Un programme a été
conçu pour informer les Québécoises au sujet des tranquillisants et de
l'alcool. Ce programme voulait les inciter à s'interroger sur les attitudes
sociales et les stéréotypes véhiculés à l'endroit des femmes toxicomanes,
provoquer des changements sur le plan de la consommation et amener la
population à prendre part à la résolution du problème (Mercier, cité dans
Chamberland, 1989). Il s'agit d'un programme souple ayant recours à un manuel, à
un vidéo, à des affiches et à des travaux de groupes informels pour tenter
d'atteindre les femmes de toutes les régions, de toutes les classes sociales et
de toutes les ethnies. L'évaluation du programme a révélé que les taux de
participation espérés n'ont pas été atteints. Les personnes qui ont participé
au programme ont acquis des connaissances sur les tranquillisants, mais aucun
changement durable en ce qui a trait aux attitudes ou au comportement n'a été
signalé.
Pour
diverses raisons, la plupart des interventions précoces auprès des femmes
étaient surtout axés sur les femmes enceintes. En effet, on est porté à
considérer le syndrome d'alcoolisme foetal (SAF) comme un problème de santé
public plutôt qu'individuel et on l'associe à divers degrés de consommation. De
même, on ne peut parler de «crime sans victime», contrairement à d'autres
comportements sous l'influence de l'alcool comme l'ivresse publique. Il y a
pourtant de bonnes raisons d'être optimiste quant à l'efficacité éventuelle des
programmes visant à réduire l'incidence du SAF. Ferrence (1984) donne la
description de plusieurs programmes axés sur la prévention des problèmes
d'alcoolisme pendant la grossesse. Même si un certain nombre de ces programmes
n'ont pas encore fait l'objet d'une évaluation, on peut déjà remarquer que
certains semblent parvenir à réduire la consommation d'alcool de la mère
pendant la grossesse. Un programme offert à l'hôpital de Boston consistait à
informer les femmes enceintes qui consommaient de l'alcool de façon modérée ou
excessive, des risques pour la vie du foetus. Parmi les quelque 1 700
femmes interrogées, environ 10 p. 100 ont signalé qu'elles buvaient
de façon intempérante et elles ont par la suite été orientées vers un programme
thérapeutique. Environ 25 p. 100 ont eu recours à un service de
counselling trois fois ou plus. De ce pourcentage, plus de la moitié ont réussi
à s'abstenir ou à réduire leur consommation d'alcool avant le troisième
trimestre de leur grossesse. Un programme de l'université de Washington comportait
une campagne médiatique visant le grand public. Cette campagne comprenait des
messages téléphoniques et la publication de brochures à l'intention des femmes
enceintes ou en âge de procréer, des services de counselling pour les femmes
enceintes, des services d'orientation pour les femmes enceintes et les mères
alcooliques, de même qu'une formation pour les professionnels sur l'alcoolisme
et la grossesse. Des résultats encourageants ont été obtenus dans le cadre
d'une évaluation préliminaire portant sur trois groupes : (1) les femmes
qui ont reçu une brochure et le questionnaire de dépistage; (2) les femmes qui
ont reçu des services de counselling et qui ne semblaient éprouver aucun
problème d'alcoolisme apparent; et (3) les femmes qui ont reçu des services de
counselling et qui éprouvaient des problèmes d'alcoolisme. On a signalé une
diminution notable de la consommation pendant la grossesse pour les deux
groupes de femmes qui ont reçu des services de counselling. En outre,
l'augmentation de la consommation après l'accouchement était moins
prononcée chez les femmes qui avaient reçu un counselling que chez celles qui
avaient été très peu suivies par un spécialiste. De même, l'évaluation de la
formation professionnelle était généralement positive. En général, l'évaluation
révèle que les programmes d'information et de counselling dispensés aux femmes
sont efficaces en ce qui a trait aux risques liés à la consommation d'alcool
pendant la grossesse.
À
l'heure actuelle, certaines données probantes révèlent que les enfants
d'alcooliques sont eux-mêmes gravement exposés pour des motifs génétiques et
psychosociaux (Goodwin, 1984). Par conséquent, l'élaboration de programmes de
prévention et de traitement s'est davantage attachée à la situation de ces
jeunes. Toutefois, les programmes sont nouveaux et peu de travaux de recherche
ont été entrepris pour en évaluer l'efficacité (Russel et coll., 1985). Le
programme CASPAR offert aux enfants d'alcooliques dans les écoles du
Massachusett compte parmi les programmes les mieux étudiés[7]
(DiCicco et coll., 1984). Dans le cas des enfants de la 2e à la 6e
année, de 8 à 12 jeunes se rencontrent pendant les heures d'école, une fois par
semaine, pendant 10 semaines. Quant aux enfants de la 7e à la 12e
année, ceux-ci se rencontrent après l'école à la résidence CASPAR, située hors
campus. Il y a deux types de groupes pour les enfants de la 7e à la
12e année : les groupes BASIC offrent des renseignements généraux
sur l'alcool et accueillent tout enfant qui souhaite y prendre part, y compris
les enfants issus de familles d'alcooliques; les groupes d'enfants de
familles alcooliques (EFA) sont axés sur l'alcoolisme, ses effets sur la
famille et les stratégies pour affronter les situations difficiles. Pour les
deux programmes, les enfants sont recrutés par l'entremise de visites en
classe, par les professeurs, les conseillers pédagogiques et les parents, de
même que par des renseignements transmis de bouche à oreille. L'évaluation du
processus a révélé que, même si les enfants d'alcooliques participent à un
programme comme le BASIC où on les réunit avec d'autres enfants, le recrutement
est plus difficile pour les groupes spécialisés comme l'EFA qui les identifient
comme étant des enfants d'alcooliques. En ce qui concerne les enfants qui ont
effectivement pris part aux groupes d'EFA, l'évaluation a permis de constater
que les enfants de ce groupe étaient plus enclins à s'ouvrir et à partager leur
vécu et à s'engager intensément que les enfants d'alcooliques qui avaient
choisi de demeurer dans les groupes BASIC. Cependant, même les enfants
d'alcooliques des groupes BASIC ont vécu l'expérience de façon différente
comparé à leurs pairs issus d'une famille non alcoolique. Par exemple, ils
sentaient que les discussions entreprises dans le cadre du programme étaient
plus intimes et les sensibilisaient davantage aux problèmes familiaux liés à
l'alcoolisme. En outre, une proportion plus élevée d'enfants d'alcooliques des
groupes BASIC ont signalé que leur participation leur avait fait prendre
conscience qu'ils devaient modifier leurs habitudes de consommation et qu'ils
buvaient moins depuis qu'ils assistaient aux réunions. Même si ces données
préliminaires sur l'efficacité du programme doivent faire l'objet d'une étude
approfondie parallèlement avec des études longitudinales et mieux contrôlées,
elles montrent au moins qu'il est possible d'atteindre les enfants
d'alcooliques par l'entremise de groupes qui ne les identifient pas comme tels.
Les
efforts consacrés à l'élaboration de programmes visaient également les jeunes
fortement exposés qui ont un comportement déviant et qui peuvent ou non être
des enfants d'alcooliques ou de toxicomanes. Le Programme d'aide aux étudiants
offert dans l'État de New York a recours à des conseillers professionnels pour
fournir des services de prévention et d'intervention contre l'abus d'alcool et
d'autres drogues aux étudiants des écoles secondaires dont les parents sont
alcooliques, qui ont eux-mêmes fait un usage abusif d'alcool ou d'autres
drogues ou qui affichent des problèmes comportementaux ou scolaires laissant
transparaître qu'ils abusent de l'alcool ou d'autres drogues ou que leurs
parents en consomment (sans auteur, 1983). Les données recueillies au cours de
la première année d'évaluation montraient que les participants au programme
dont les parents sont alcooliques fréquentaient l'école plus assidûment
qu'auparavant et qu'ils avaient diminué de façon encore plus importante la
consommation ou l'abus d'alcool ou d'autres drogues que les étudiants du groupe
de contrôle. Cependant, seul le sous-groupe d'enfants toxicomanes de parents
alcooliques accusait une diminution importante quant à la consommation d'alcool
ou de marijuana, quant au nombre d'étudiants qui «planaient» pendant les cours
et quant à la consommation de narcotiques autres que l'héroïne. Dans le cadre
d'une évaluation de suivi, il est ressorti que les deux groupes (expérimental
et de contrôle) avaient beaucoup réduit leur consommation d'alcool et d'autres
drogues. Le manque de publications au sujet de la conception des processus
d'évaluation, de la composition du groupe de contrôle et des critères de mesure
utilisés empêchent de tirer une conclusion définitive à partir des résultats
publiés.
Dupont
(1989) a passé en revue les programmes offerts aux jeunes qui évoluent dans des
milieux à haut risque. Cet examen est d'une importance particulière étant donné
qu'il comprend une discussion des stratégies et méthodes permettant d'identifier
les jeunes fortement exposés à l'alcoolisme et à d'autres toxicomanies. Ces
méthodes de dépistage et d'intervention précoce ne sont qu'à un stade très
primaire de développement. Ils sont habituellement composés de listes de
vérification de divers facteurs de risque ou de comportements pouvant entraîner
des problèmes (par exemple, Hawkins et coll., 1988). Une liste de ce genre a
été élaborée par l'Homewood Health Services à Guelph (Ontario), et a été
utilisée dans le cadre d'un cours aux enseignants sur la prévention de
l'alcoolisme et des autres toxicomanies (Homewood Health Services, sans
date).
En
Ontario, Marshman (1990) effectue actuellement une évaluation de la rentabilité
d'un programme de développement des aptitudes personnelles à l'intention des
étudiants de l'école secondaire qui sont exposés à la toxicomanie. L'étude du
programme HYPER (High Risk Power Enhancing Regimen) suscite un intérêt
particulier du fait qu'il s'agit d'une évaluation exhaustive de l'approche
novatrice et globale de la promotion de la santé de Ken Low en Alberta (Low
1986,1990). Cette étude compte également parmi les quelques évaluations
économiques de programmes de promotion de la santé au Canada ou ailleurs.
En
Alberta, l'effet du programme médiatisé HYPER destiné aux adolescents a été
étudié pour déterminer s'il convenait aux adolescents peu exposés ou très
exposés aux problèmes d'alcoolisme à l'âge adulte (Dyer et Lind, 1988).
Fondée sur le développement
psychosocial des adolescents, l'étude avait comme point de référence un modèle
pour classer les adolescents à faible ou à haut risque. Un sondage aléatoire
parmi les ménages d'Alberta a permis d'interroger 462 adolescents et leur mère.
Ce sondage a révélé que les adolescents à plus haut risque qui éprouvaient déjà
des problèmes d'alcoolisme étaient moins au courant de la campagne médiatisée
comparativement à leurs pairs à plus faible risque et aux buveurs qui
n'éprouvent aucun problème, peu importe le degré du risque. Les buveurs
n'éprouvant aucun problème, à haut et à faible risques étaient semblables en ce
que les deux groupes connaissaient le programme AADAC et la campagne médiatisée
et qu'ils les prenaient au sérieux. Cependant, les buveurs à haut risque qui
n'éprouvent aucun problème par suite de leur consommation étaient plus
susceptibles de croire que le programme était inutile. Les résultats ont
également révélé que, même si la proportion d'adolescents qui éprouvent des
problèmes d'alcoolisme a diminué depuis le lancement de la campagne, le
pourcentage qui éprouvent les mêmes problèmes et qui suivent un traitement a
augmenté. Les auteurs en ont conclu que les campagnes médiatiques pourraient
être plus efficaces parmi les groupes à faible risque que chez les adolescents
fortement exposés à la toxicomanie.
Questions sur la méthode d'évaluation des programmes
d'intervention précoce
La documentation sur les programmes d'intervention précoce
n'est pas unanime en ce qui concerne les objectifs de détection. Il faut
comprendre la différence entre la détection (détermination d'un problème
d'alcoolisme ou de toxicomanie possible parmi un vaste groupe de personnes non
choisies), le dépistage (détermination plus précise d'un problème
d'alcoolisme ou de toxicomanie parmi les personnes reconnues comme éprouvant
des problèmes de ce genre) et le diagnostic (détermination de la nature
et de la gravité d'un problème accompagnée de recommandations pour le
traitement) (Allan et coll., 1988). Ces divers objectifs auront un effet sur la
conception et l'évaluation des programmes; par exemple, une méthode de
détection et d'intervention peut s'appliquer à l'ensemble d'une population (par
exemple, une auto-évaluation de la consommation d'alcool ou d'autres drogues et
un guide pour apprendre à diminuer le risque). Une autre méthode pourrait être
plus appropriée pour le dépistage dans les cliniques de médecine familiale (par
exemple, le CAGE et du counselling à court terme donné par un professionnel de
la santé). Enfin, une méthode de diagnostic (par exemple, le MAST ou l'échelle
de dépendance envers l'alcool) pourra mieux convenir à certains établissements,
pour décider si on doit traiter un cas sur place ou orienter le client vers un
organisme spécialisé en traitement de l'alcoolisme ou des autres toxicomanies.
Le
manque d'uniformité rend nécessaire de fixer une «règle d'or» servant de norme
pour comparer les stratégies de sélection. Étant donné qu'aucune norme n'a fait
l'unanimité, on peut difficilement comparer les nombreuses stratégies de
détection étudiées, en termes de sensibilité, de spécificité et de valeur
prévisionnelle. De fait, l'élaboration d'une telle norme a été entravée par les
divers concepts de l'«alcoolisme» véhiculés dans les études. Plusieurs études
ont donné un résultat unique ou ont eu recours à une norme limite permettant
aux cliniciens de distinguer entre les sujets «alcooliques» et «non
alcooliques». Cette entité unique et cette conception pathologique de
l'alcoolisme diffèrent considérablement de concepts plus récents qui insistent
davantage sur la distinction entre la dépendance à l'égard de l'alcool (ou à
l'égard d'autres drogues) et les problèmes liés à leur usage, d'une part, et la
consommation d'alcool et d'autres drogues, d'autre part (par exemple, Skinner,
1985; Martin, 1990). L'élaboration d'une règle d'or ou d'une norme pour évaluer
l'efficacité des diverses méthodes de détection refléterait ce cadre
multidimensionnel.
Une
troisième question qui n'a pas encore été examinée adéquatement a trait à la
valeur prévisionnelle des diverses stratégies de détection. La valeur
prévisionnelle positive désigne le nombre de personnes ayant des résultats
positifs lors d'un test et qui ont réellement le problème détecté (positif
réel). La valeur prévisionnelle négative désigne le nombre de personnes
choisies qui ont eu des résultats négatifs lors d'un test et qui n'ont pas le
problème dans la réalité (négatif réel). La valeur prévisionnelle positive
varie davantage en fonction de la spécificité du test et de l'incidence du
problème qu'en fonction de la sensibilité (Sacket et coll., 1985; Cole et
Morrison, 1980). Ainsi, on doit reconnaître de façon plus générale que la
valeur prévisionnelle d'une méthode de sélection des problèmes liés à
l'alcoolisme et à la toxicomanie varie en fonction de la fréquence de ces
problèmes dans la communauté où cette méthode même doit être utilisée. Ainsi,
une méthode de sélection peut être particulièrement utile dans les
établissements correctionnels où la fréquence est élevée (par exemple, de 50 à
75 p. 100), mais n'est pas très utile dans certains établissements de
services sociaux ou de santé où la fréquence est plus faible (par exemple, de 5
à 15 p. 100). Ces données confirment la nécessité d'évaluer les stratégies
de détection précoce qui doivent être mises en application dans divers
établissements de services correctionnels, sociaux et de santé.
La
stratégie d'évaluation pour les diverses procédures de sélection ne doit pas
porter que sur sa capacité de détection et de diagnostic; elle doit comprendre
un examen du processus en vertu duquel ces procédures sont adoptées et mises en
application par les dispensateurs de services. L'évaluation des divers types de
programmes de formation s'impose donc, de même qu'un plus grand nombre d'études
qualitatives et empiriques dans divers établissements. Il est particulièrement
intéressant de souligner l'efficacité des différentes stratégies pour recruter
les personnes éprouvant des problèmes associés à la consommation d'alcool et
d'autres drogues afin de les traiter (Babor et coll., 1986). La fidélité au
traitement est aussi une question importante à évaluer par des moyens
qualitatifs.
Il
faudra aussi des études sur la valeur de diverses méthodes de détection parmi
certains sous-groupes démographiques (par exemple, hommes et femmes, jeunes et
aînés). De même, il faudra étudier les méthodes d'intervention précoce auprès
de personnes qui éprouvent des problèmes de toxicomanie plutôt que des
problèmes d'alcoolisme. Des travaux de recherche semblent s'imposer en ce qui
concerne l'application de diverses techniques de détection parmi les
communautés culturelles et ethniques. Ce besoin est illustré dans l'élaboration
du questionnaire AUDIT (Saunders et coll., sous presse) et dans d'autres
recherches récentes (par exemple, Alcorso, 1990). Toute démarche visant à
transplanter une méthode d'intervention précoce d'un milieu culturel à l'autre
doit être entreprise avec précaution. Étant donné que nombre de ces procédures
traitent des conséquences néfastes de l'alcool ou des autres drogues, on doit
convenir que la perception de ces «conséquences» et de leur gravité est, en
grande partie, influencée par la culture.
Les
programmes d'intervention précoce pour les groupes à risque comme les femmes et
les jeunes exigent une attention particulière; pour ce faire, on aura recours à
des stratégies d'évaluation qui portent sur les méthodes, les résultats et
l'aspect économique. Il faut notamment élaborer et évaluer des stratégies de
détection précoce pour les jeunes à risque dans divers établissements. Le
besoin de trouver un équilibre entre les exigences des programmes
d'intervention précoce et les effets néfastes éventuels sur les jeunes à risque
est particulièrement important dans ce secteur de recherche et de développement
(Dupont, 1989). Comme dans le cas de l'élaboration de programmes pour une
population donnée, il est important de mentionner le concept de risque en tant
que «probabilité» relative de divers problèmes, compte tenu des facteurs
environnementaux et des comportements personnels en cause.
CHAPITRE QUATRE :
PROGRAMMES
DE TRAITEMENT ET DE RÉHABILITATION
Les chapitres deux et trois portaient sur les
programmes de promotion de la santé et d'intervention précoce en tant que
grandes catégories de réponses de la collectivité aux problèmes d'alcoolisme et
de toxicomanie. La troisième grande catégorie est celle du traitement et de la
réhabilitation. Cette catégorie se
divise elle-même en une vaste gamme de services communautaires qui s'inscrivent
dans un continuum de soins.
Programmes de traitement et de réhabilitation au
Canada
On s'est récemment penché sur l'évolution des
traitements de l'alcoolisme et de la toxicomanie au Canada, ainsi que sur leur
évolution et les questions qu'ils soulèvent dans tout le pays (Rush et Ogborne,
sous presse). Cette étude a permis de définir quatre périodes
historiques : (1) du début de l'histoire du Canada à la fin de la Deuxième
guerre mondiale, époque marquée par une conception moraliste des problèmes
d'alcoolisme et par le peu d'attention de la part du gouvernement et de la
profession médicale; (2) de la fin des années 40 au milieu des années 60,
époque où l'on détermine que l'alcoolisme est une maladie et un problème de
santé chronique légitime auquel s'attaqueront des organismes financés par les
provinces en mettant sur pied des services de traitement; (3) du milieu des
années 60 à 1980, une période d'expansion et de professionnalisme dans le
domaine du traitement au Canada; et (4) des années 80 à ce jour, période
marquée par la diversification des services, un taux de croissance plus
raisonnable, une perspective bio‑psycho‑sociale plus vaste en ce
qui a trait à la nature des problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie et une
planification reposant sur une approche systémique plus formelle.
Rush
et Ogborne (sous presse) ont souligné le manque d'uniformité entre les
provinces et les territoires sur le plan de l'administration, du financement
des services et de l'accessibilité des programmes pour certains groupes cibles.
On a toutefois remarqué de nombreuses ressemblances sur le plan de la
prestation des programmes. Par exemple, même si l'alcool demeure la principale
drogue dont les clients abusent, la plupart des programmes de traitement
offrent des «services aux toxicomanes» dont le mandat global est de traiter la
«chimio‑dépendance» ou la «dépendance». En ce qui a trait aux autres
caractéristiques des clients, la moyenne d'âge des personnes qui prennent part
à un traitement décroît. On a remarqué en outre une baisse générale de la
participation des alcooliques chroniques (clochards) aux programmes de
traitement.
En ce
qui a trait aux types de services offerts, on utilise de moins en moins de lits
d'hôpitaux spécialement conçus pour le traitement des problèmes d'alcoolisme et
de toxicomanie, et on utilise davantage d'établissements non médicaux. Les
soins externes gagnent également de plus en plus la confiance des intervenants.
En fait, on reconnaît généralement que le traitement doit être accessible dans
divers établissements communautaires dans le cadre d'un continuum de soins --
désintoxication, soins externes, traitement de jour/de soir et soins en
établissement à court et à long termes. On accorde davantage d'importance à
l'évaluation globale qui vise à orienter les clients vers les programmes
appropriés et à mettre au point des plans de traitement très individualisés.
Plusieurs
programmes de traitement élargissent leur portée afin d'aider toute la famille
d'un alcoolique ou d'un toxicomane et de faire bénéficier les clients d'une
expérience plus vaste dans le domaine du traitement familial. Dans le cas des
services aux autochtones, par exemple, le fait de considérer l'usage excessif
d'alcool et d'autres drogues comme un problème qui afflige toutes les
générations influence considérablement la conception et la prestation des
programmes.
Sans
base de données nationale uniforme, il est impossible d'établir des
comparaisons quantitatives entre la nature et la capacité des programmes de
traitement de l'alcoolisme et de la toxicomanie dans toutes les provinces et
tous les territoires. La dernière enquête nationale sur ces programmes remonte
à 1976 et elle a fait l'objet d'un rapport de Reid (1981). Cependant, on a
assez de données pour relever des différences notables en ce qui a trait à
l'efficacité des programmes, des d'établissements et des traitements au pays
(Rush et Brochu, 1991; Martin, 1990).
Étude de la documentation étrangère et canadienne
On a publié récemment plusieurs revues importantes de
la documentation internationale sur l'efficacité du traitement de l'alcoolisme
et d'autres toxicomanies (par exemple, Miller et Hester, 1980, 1986a, 1986b; Institute
of Medicine, 1990a, 1990b). En outre, on a tenté de fournir une vue
d'ensemble plus condensée de cette documentation de façon à trouver les
principaux résultats de recherches et à guider les organismes de financement.
Une des études les plus intéressantes a été préparée par le Comité consultatif
sur le traitement de la toxicomanie relevant du ministre responsable de la
Stratégie provinciale d'action antidrogue d'Ontario (Martin, 1990). Une
deuxième étude a récemment été préparée en Australie pour la campagne nationale
contre la toxicomanie (Heather et Tebbutt, 1989).
Cette
revue de la documentation étrangère et des études canadiennes abordera
plusieurs questions relatives à l'évaluation de l'efficacité des traitements.
Les principaux résultats d'études sont ensuite regroupés sous les catégories
suivantes :
· Modes de traitement;
· Contexte et durée du traitement;
· Évaluation du client et choix de
traitement;
· Prévention des rechutes et soins
continue;
· Questions sur les systèmes de
traitement.
L'étude se termine enfin par les enjeux méthodologiques
liés à l'évaluation des programmes de traitement et de réhabilitation.
Questions générales sur l'évaluation de l'efficacité
des programmes
Comme Hesther et Tebbutt (1989) l'ont déjà fait
remarquer, le fait que l'efficacité des traitements fasse l'objet de nombreux
débats depuis vingt ans reflète l'incertitude dans ce domaine. Les faibles
résultats observés, l'absence de différences notables entre les effets de
diverses méthodes de traitement et la constatation que les traitements
intensifs classiques n'étaient pas plus efficaces qu'un simple counselling de
courte durée ont fait perdre confiance en l'efficacité des traitements durant
les années 70 (Emrick, 1975). D'importantes études effectuées par Baekeland
(1977) et Ogborne (1978) ont fait ressortir l'influence des caractéristiques
des clients sur les résultats des traitements. Un vaste programme de recherche
entrepris par Moos et ses collègues (par exemple, Billings et Moos 1983) a
permis d'illustrer l'importance de «l'après-traitement». Selon cette recherche,
certains événements traumatisants de la vie permettent de prédire les résultats
du traitement. Dans l'une de ces études (Orford et Edwards, 1977), on demandait
aux clients quel était pour eux le facteur le plus important ayant contribué à
leur rétablissement. Ils ont fourni les réponses suivantes : les
changements apportés à leur mode de vie (par exemple, le travail et le
logement) et à leurs liens conjugaux semblaient plus importants que le
traitement offert à l'externe, en établissement, chez les Alcooliques Anonymes
ou chez d'autres organismes d'entraide.
Les
dispensateurs de traitements et les chercheurs ont proposé une solution à
plusieurs volets pour enrayer la perception pessimiste des évaluations. Une de
ces solutions était d'offrir des traitements de meilleure qualité, suggérant
par le fait même que le traitement pourrait réellement «fonctionner» s'il était
dispensé correctement. Une autre solution était de procéder à des évaluations
contrôlées de meilleure qualité tout en élargissant le modèle d'évaluation de
façon à surpasser la méthodologie habituellement utilisée pour ce genre
d'essais cliniques. On adoptait aussi une perspective plus vaste en ce qui a
trait aux objectifs de traitement. Cette perspective faisait ressortir le
besoin d'établir un plus grand éventail de critères pour déterminer les progrès
réalisés et pour évaluer l'efficacité des programmes. Par exemple, Martin
(1990) a résumé trois perspectives portant sur les objectifs du traitement de
l'alcoolisme et de la toxicomanie -- rétablissement, amortissement
des effets néfastes ou soins. Un programme de counselling pour les
usagers de drogues injectables peut être «inefficace» si on considère que le
patient ne se rétablira pas ou ne pourra s'abstenir de consommer, mais il peut
quand même être «efficace» pour amortir les effets néfastes associés à ce type
de toxicomanie. Enfin, un des progrès les plus marquants réalisés au cours de
la dernière décennie a été l'élaboration de «l'hypothèse d'appariement». Celle-ci repose sur la supposition que des
clients différents répondront différemment à divers types et objectifs de
traitement. Ainsi, l'inefficacité des traitements dans l'évolution naturelle
des problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie pouvait être expliquée, du moins
en partie, par l'incapacité d'apparier les clients au programme de traitement
approprié (Glaser, 1980; Miller et Hester, 1986b).
Lorsqu'on
résume toute la documentation portant sur l'efficacité des traitements, on
constate que les études les plus récentes concluent que «oui», les traitements
«fonctionnent». La question, cependant, est devenue plus générale : «Quel
genre de personne éprouvant quel type de problème est susceptible de répondre à
quel genre de traitement en cherchant à atteindre quels objectifs lorsque la
prestation est assurée par quel genre de praticien?» (Institute of Medicine,
1990a). Tandis qu'on s'efforce toujours de répondre à cette question
considérablement plus complexe, il ressort qu'un traitement particulier et
approprié de l'alcoolisme et des toxicomanies peut influencer positivement les
résultats. Une étude récente de la Fondation de la recherche sur la toxicomanie
(1990) conclut qu'en moyenne, de 50 à 65 p. 100 des personnes traitées
semblent s'être améliorées au suivi. Du groupe qui montrait des signes
d'amélioration, environ la moitié aura cessé tout usage d'alcool et d'autres
drogues ou aura diminué considérablement sa consommation; l'autre moitié aura
beaucoup diminué sa consommation et aura amélioré d'autres aspects de sa vie,
mais n'aura pas nécessairement réglé ses problèmes d'alcoolisme ou de
toxicomanie. Des analyses économiques récentes s'accordent pour dire que les
coûts du traitement de l'alcoolisme sont largement compensés par les économies
obtenues grâce à un recours moins fréquent aux soins de santé (par exemple,
Luckey, 1987; Holder, 1987). Une étude effectuée sur les programmes de
traitement de la toxicomanie comme le programme de traitement continu par la
méthadone, les communautés thérapeutiques et les services de counselling
externes montre également un rendement intéressant des fonds investis dans le
domaine du traitement (Institute of Medicine, 1990b).
En
résumé, les résultats de recherche justifient une attitude plus optimiste que
par le passé, grâce à une appréciation plus vaste des résultats du traitement,
à des choix de traitement plus appropriés selon les clients et à des analyses
qui démontrent le bon rendement des sommes investies. Cependant, ce regain
d'optimisme a relancé les recherches pour découvrir des méthodes de traitement
efficaces pour certains sous-groupes, de même que des traitements plus
universels applicables à plus vaste échelle. Sont particulièrement dignes d'intérêt
les méthodes de traitement qui reposent sur une base théorique solide et qui
peuvent facilement être adoptées par les dispensateurs de soins. La prochaine
section donne une vue d'ensemble quant à l'efficacité des différents types de
traitement.
Modes de traitement
Pharmacothérapie
Tout traitement qui comporte l'administration d'une
drogue pour aider à régler des problèmes d'alcoolisme ou de toxicomanie entre
dans la catégorie générale de la pharmacothérapie. Miller et Hester (1986a) ont
effectué une étude sur trois stratégies importantes dans le domaine de la
pharmacothérapie des problèmes d'alcoolisme. Ces trois stratégies emploient des
médicaments contre la dipsomanie, des psychotropes et des hallucinogènes. On
emploie aussi la pharmacothérapie contre d'autres drogues. C'est ainsi qu'on emploie la méthadone pour
le traitement de la dépendance aux opiacées et la désipramine pour soulager
l'état de manque associé au sevrage de la cocaïne.
Les
médicaments contre la dipsomanie causent une réaction physique indésirable
lorsque combinés avec l'alcool. L'effet dissuasif provient de l'inhibition de
la production de l'aldéhide‑déshydrogénase (ALDH), l'enzyme
principalement responsable de l'oxydation de l'alcool au contact de l'acide
acétique. Le patient craint d'éprouver à nouveau un stimulus négatif.
Le
disulfirame (nom de commerce : Antabuse) est le médicament contre la dipsomanie
le plus courant dans le traitement des problèmes d'alcoolisme. Combiné à
l'alcool, ce médicament produit une violente réaction déplaisante, caractérisée
par un afflux de chaleur et de sang au visage, des douleurs thoraciques et des
palpitations, des nausées et des vomissements, de la transpiration, des
céphalées, des étourdissements, des faiblesses, des troubles respiratoires et
une chute marquée de la tension artérielle. Plusieurs essais cliniques récents
n'ont pas réussi à prouver qu'on pouvait recommander le disulfirame (Institute
of Madison, 1990a). Ce manque de données probantes, combiné aux effets
secondaires dont s'assortit l'utilisation régulière, montre que le disulfirame
ne devrait pas être utilisé systématiquement comme traitement d'appoint.
Cependant, une évaluation contrôlée d'Azrin et de ses collègues (1982) révèle
que l'efficacité du disulfirame peut être accrue en donnant de la formation
pour raffermir la fidélité au traitement et à d'autres aspects du programme.
Le
carbimide calcique (noms de commerce : Temposil, Abstem) et le
métronidazole (nom de commerce : Flagyl) sont d'autres médicaments contre
la dipsomanie qui ont fait l'objet d'une évaluation (par exemple, Egan et
Goetz, 1968; Peachey et coll., 1989). Pendant leurs recherches au Canada,
Peachey et ses collègues ont mené un essai clinique transversal contrôlé par
placebo afin d'observer les effets du carbimide calcique sur les habitudes de
consommation et les séquelles médicales. Ils ont constaté que tous les patients
soumis à un traitement au carbimide calcique étaient parvenus à réduire leur
consommation à la fin du programme de quatre mois. Cependant, les deux groupes
(celui traité au carbimide calcique et le groupe placebo) ont connu la même
baisse sur le plan de la consommation. Ces résultats prouvent donc que le
traitement par les médicaments produit un effet dissuasif psychologique
important. Les médicaments contre la dipsomanie sont maintenant recommandés
pour une application sélective plutôt que générale et dans le cadre d'une
stratégie de traitement plus vaste. On tente présentement de déterminer la
mesure dans laquelle les médicaments contre la dipsomanie pourraient compléter
d'autres approches comme les techniques de prévention des rechutes (Peachey et
Annis, 1985).
On a
utilisé les psychotropes pour traiter les problèmes d'alcoolisme de la
façon suivante : en influençant les états mentaux, tout en traitant les
psychopathologies sous‑jacentes comme l'anxiété ou la dépression qui
semblent souvent être à l'origine de la consommation immodérée. Toutefois,
aucune évaluation contrôlée n'a encore montré que les psychotropes modifiaient
les habitudes de consommation et, étant donné le risque possible qu'un sujet
abuse de ces drogues en plus de l'alcool, on devrait en déconseiller
l'utilisation (Heather et Tebbutt, 1989). Cette conclusion s'assortit cependant
d'une exception : on peut recourir au diazépam (Valium) comme aide pour le
sevrage dans les cas d'alcoolisme avancé (voir la section ci-après intitulée Méthodes
de désintoxication). Certaines données provisoires suggérent en outre que
les antidépresseurs et le lithium pourraient faire décroître très légèrement le
désir de consommer de l'alcool, mais les recherches effectuées à ce jour sont
loin d'être toutes concluantes. À l'heure actuelle, il n'y a pas suffisamment
de données pour justifier le recours aux antidépresseurs pour les clients qui
ont des problèmes d'alcoolisme, sauf pour les clients montrant des signes de
dépression ou d'anxiété obsessionnelle qui persistent même après que toute
consommation ait cessé.
De la
fin des années 50 au début des années 70, l'utilisation du diéthylamide de
l'acide d-lysergique (LSD) pour le traitement de l'alcoolisme a connu un
immense succès. On croyait que les alcooliques entreraient dans un état de demi
conscience, ce qui les aiderait à procéder à une introspection et à laisser
tomber leurs défenses. Par ailleurs, ils seraient plus disposés à effectuer des
changements de comportement. Même si des études non contrôlées ont donné des
résultats positifs, des évaluations contrôlées ultérieures ont remis
l'efficacité du LSD en question. Les études récentes recommandent que le LSD et
d'autres drogues hallucinogènes ne servent plus à traiter des problèmes
d'alcoolisme (par exemple, Miller et Hester, 1986a).
La méthadone
est le traitement le plus courant pour la dépendance aux opiacées (héroïne). Il
s'agit d'une drogue synthétique qu'on substitue à d'autres opiacées pour
prévenir les effets néfastes du sevrage. L'objectif de ce traitement est de stabiliser
l'usager qui procède à des changements d'habitudes de vie, changements qui
l'aideront ensuite à vivre sans dépendance envers une substance quelconque. À
en juger d'après les évaluations, la méthadone demeure le traitement par
excellence contre la dépendance aux opiacées (Martin, 1990); Institute of
Medicine, 1990b; Heather et Tebbutt, 1989). Toutes ces études font
ressortir le fait que la participation à un programme de traitement continu par
la méthadone entraîne une plus grande fidélité au traitement, des améliorations
sur le plan de la santé, une baisse de la consommation de drogues illicites et,
dans une moindre mesure, une tendance à réduire les activités criminelles. Des
données recueillies dernièrement montrent également que le traitement par la
méthadone amène le sujet à se désintéresser graduellement des drogues
injectables, ce qui réduit par le fait même le risque d'une infection au VIH
(Hubbard et coll., 1988).
D'autres
drogues ont fait l'objet de recherches en tant qu'agents thérapeutiques
éventuels pour le traitement de la toxicomanie; on propose au lecteur de
consulter d'autres revues plus exhaustives à ce sujet (par exemple, Heather et
Tebbutt, 1989). Certaines pharmacothérapies sont prometteuses pour des
situations particulières, comme l'utilisation de la désipramine, un
antidépresseur tricyclique, pour aider à réduire les symptômes de sevrage aigus
découlant de la privation de cocaïne (Gawin et coll., 1989). Cependant, ces
pharmacothérapies ne sont pas encore suffisamment appuyées par des évaluations
contrôlées pour que l'on puisse généraliser leur application.
Counselling et psychothérapie
Le terme général «psychothérapie» englobe une vaste
gamme de traitements employés contre l'alcoolisme d'autres toxicomanies. Il est
donc difficile de résumer toutes les études dans ce domaine. Certains auteurs
considèrent que tout traitement axé sur une orientation psychologique est une
psychothérapie (par exemple, Emrick, 1982). Une telle définition est évidemment
trop vaste pour être d'une quelconque utilité. Dans la plupart des revues de la
documentation qu'ont effectuées Miller et Hester (1980, 1986a) et Heather et
Tebbutt (1989), on soutient que le traitement de l'alcoolisme par psychothérapie
provient d'un modèle psychanalytique, et on utilise surtout ce terme pour
désigner la thérapie psychanalytique axée sur l'introspection. D'après ce
modèle, les problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie sont les symptômes d'un
conflit latent (par exemple, une fixation orale ou l'homosexualité latente) et
le traitement devrait s'attacher au conflit plutôt qu'au symptôme. Cette
pratique diffère du «counselling» qui est plutôt axé sur l'orientation et
l'appui, la réalité, les progrès à court terme, la résolution des problèmes et
les changements comportementaux. Malheureusement, la tendance des évaluations à
ne pas fournir les détails relatifs au contenu et aux méthodes de
psychothérapie ou de counselling fait en sorte qu'il est particulièrement difficile
de résumer ou de comparer l'efficacité des études.
On a
eu recours à différentes méthodes pour évaluer l'efficacité de la
psychothérapie en tant que traitement de l'alcoolisme, y compris, par exemple,
l'évaluation de cette méthode en tant qu'adjuvant au traitement habituellement
dispensé en établissement (Levinson et Sereny, 1969; Pattison et coll., 1967),
au traitement à l'externe (par exemple, Kissin et coll., 1970) ou encore,
combiné parfois au disulfirame (Bruun, 1963). D'autres études ont comparé les
diverses méthodes de psychothérapie; par exemple, une des premières études
effectuées par Ends et Page (1957) qui établissait une comparaison entre les
groupes axés sur les clients et les groupes psychanalytiques, ou l'étude
effectuée par Pomerleau et ses collègues (1978) qui établissait une comparaison
entre les groupes traités par introspection et les groupes de thérapie axés sur
le comportement.
Les
conclusions suivantes ont été tirées de la revue effectuée par Miller et Hester
(1986a) :
· La plupart des études n'ont relevé
aucune différence entre les personnes qui suivaient une psychothérapie et
celles qui n'en suivaient pas;
· Dans plusieurs études, les
différences relevées sont à l'avantage des personnes qui n'ont pas reçu de
counselling ou de psychothérapie;
· Les études dont les résultats
favorisaient la psychothérapie n'avaient pas utilisé une sélection aléatoire,
manquaient de résultats adéquats sur la consommation ou, au mieux, révélaient
des différences minimes.
Heather
et Tebbutt (1989) font ensuite remarquer que la psychothérapie est
habituellement un traitement de longue haleine et que les recherches actuelles
qui portent sur les interventions à court et à long termes tendent à favoriser
les traitements à court terme en raison de leur rentabilité.
La
psychothérapie a fait l'objet d'une évaluation en tant que traitement de la
toxicomanie, habituellement pour la dépendance aux opiacées, et souvent en tant
qu'adjuvant à un traitement pharmacologique. On soutient parfois que la
psychothérapie est tout à fait appropriée pour les toxicomanes étant donné que
ces derniers ont une incidence de psychopathologie très élevé (Rounsaville et
Kleber, 1985). Trop peu d'évaluations contrôlées ont été effectuées pour que
l'on puisse tirer des conclusions générales, et les résultats de deux études
expérimentales ne concordent pas. Woody et ses collègues (1987) ont fait une
comparaison entre le traitement continu par la méthadone et le counselling,
d'une part, et un programme comprenant aussi le traitement continu par la
méthadone et le counselling avec en plus une psychothérapie de soutien par
l'expression ou une thérapie cognitive du comportement, d'autre part. Après
sept mois, les deux groupes qui avaient suivi une psychothérapie recevaient une
dose moins forte de méthadone et d'antidipsomaniques. On a trouvé alors moins
d'échantillons d'urine contenant des traces d'opiacés que chez le groupe qui
n'avait pas suivi la même thérapie. En outre, les clients à forte incidence de
psychopathologie semblaient avoir fait des progrès sur plusieurs autres plans
s'ils avaient suivi la thérapie complémentaire. Par contre, Rounsaville et ses
collègues (1986) ont effectué une étude contrôlée sur un même échantillon de
personnes et n'ont trouvé aucun avantage notable à l'ajout d'une psychothérapie
interpersonnelle au programme de traitement continu par la méthadone, même pour
les patients à forte incidence de psychopathologie. En fait, les clients
souffrant de dépression semblaient progresser moins vite s'ils suivaient en
parallèle une psychothérapie, et on a même remarqué d'importants problèmes en
ce qui a trait au recrutement et au maintien des clients parmi les groupes
intéressés.
Ainsi,
même si on s'attendait à ce que les alcooliques et les toxicomanes tirent
profit de la psychothérapie, les évaluations contrôlées ne semblent pas prouver
l'efficacité de cette méthode. Il reste possible que les personnes qui
éprouvent certains types de problèmes d'alcoolisme ou de toxicomanie puissent
bénéficier de ce genre de traitement, spécialement les personnes qui
manifestent certains types de psychopathologie. Cependant, on devra poursuivre
les recherches dans ce domaine. À en juger d'après les données disponibles, on
ne peut recommander la psychothérapie, particulièrement en raison de la
complexité du traitement, du besoin d'avoir des conseillers très spécialisés de
même que de la durée et du coût du traitement.
Influence
du thérapeute. Même si on possède encore
très peu de données sur les effets positifs de la psychothérapie et du
counselling, il demeure possible d'établir que les caractéristiques du
thérapeute (par exemple, les attitudes, les croyances, la personnalité, les
caractéristiques, la formation, l'expérience, les comportements, le style,
l'empathie, l'engagement et la perspective thérapeutique) constituent un
facteur déterminant au moment d'évaluer les résultats d'un traitement donné.
Cartwright (1981) a remis en question la supposition selon laquelle le
thérapeute joue à peine un rôle d'arrière-plan dans le traitement de
l'alcoolisme et a laissé entendre que les facteurs (énoncés précédemment)
peuvent être tout aussi importants dans ce domaine que pour la psychothérapie
en général. La documentation actuelle est limitée en ce qui a trait à
l'importance de ces facteurs étant donné qu'on ne les décrit habituellement pas
en détail et qu'ils font rarement l'objet d'une évaluation selon un modèle
expérimental.
Dans
le cadre d'une étude portant sur les caractéristiques des conseillers, on a
réparti de façon aléatoire les patients qui éprouvaient des problèmes
d'alcoolisme entre huit conseillers (Valle, 1981). Le traitement comprenait un
counselling de groupe et un counselling individuel, des exposés didactiques,
des réunions des Alcooliques Anonymes, une évaluation psychologique, une
thérapie récréative et une consultation quotidienne avec des médecins. Les
conseillers étaient responsables de la coordination de tous les services
offerts à leurs patients et entretenaient une interaction très étroite avec
eux. Les conseillers ont été évalués en ce qui a trait à leur degré d'empathie,
d'authenticité, de respect et d'objectivité face à plusieurs énoncés
ressemblant aux relations réelles entre le conseiller et les patients. Les
résultats ont révélé que plus le conseiller faisait preuve d'aptitudes en
relations interpersonnelles, moins les patients étaient susceptibles de faire
une rechute et, en fait, moins de patients ont eu une rechute aux suivis à 6, à
12 et à 24 mois.
Luborsky
et ses collègues (1985) ont relevé des différences importantes entre les
résultats obtenus par les neuf thérapeutes qui offraient les trois types
d'intervention lors d'essais contrôlé de la psychothérapie pour les clients
traités par la méthadone. La qualité des relations thérapeute‑client
était le facteur le plus important expliquant ces différences. Dans une autre
étude sur les participants à un programme de traitement par la méthadone, la
qualité du traitement différait énormément entre les thérapeutes,
indépendamment des caractéristiques des clients (McLellan et coll., 1980). Les
thérapeutes qui décrivaient les progrès thérapeutiques de façon plus
systématique et plus détaillée, qui respectaient un plan de traitement précis,
qui tentaient de prévoir les problèmes et de s'y préparer, qui respectaient les
procédures du programme et qui étaient plus sincères envers les clients
semblaient obtenir de meilleurs résultats.
Dans
la dernière revue de la documentation sur le traitement effectué par l'Institute
of Medicine (1990a), on a souligné que la contribution des thérapeutes aux
résultats positifs était sous‑estimée. Enfin, les quelques travaux de
recherche effectués révèlent que les compétences du thérapeute, ses aptitudes
et son empathie envers le client contribuent notablement aux résultats positifs
du traitement.
Éducation sur l'alcoolisme et la toxicomanie
L'éducation
est l'une des caractéristiques les plus communes des programmes de traitement
de l'alcoolisme et de la toxicomanie. Cet aspect comprend habituellement des
exposés, des films, des conférences ou des discussions sur l'alcool, les
drogues, l'alcoolisme et la toxicomanie. Cette approche éducative repose sur
l'hypothèse que les personnes qui éprouvent des problèmes d'alcoolisme et de
toxicomanie manquent d'information et que l'éducation pourrait les aider à
modifier leur comportement, résolvant, par le fait même, une partie de leurs
problèmes. Comme Miller et Hester l'ont déjà fait remarquer (1986a), il y a un
parallèle évident ici entre la composante de «traitement» et celle de
«prévention», la distinction étant le degré d'évolution du problème des
clients.
Dans
le chapitre précédent, qui portait sur les programmes d'intervention précoce,
on a passé en revue les programmes éducatifs offerts aux personnes accusées de
conduite avec facultés affaiblies. Les résultats des évaluations contrôlées
pour ce groupe sont partagés et ne fournissent aucune donnée définitive quant à
un changement comportemental durable (Nichols et coll., 1978; Foon, 1988). On a
entrepris très peu d'évaluations sur les approches éducatives faisant partie
intégrante de modes de traitement plus classiques. Stalonas et ses
collègues (1979) ont établi une comparaison entre trois méthodes d'éducation
(vidéocassettes, exposés ou lecture de présentations écrites). Ils ont constaté
au suivi que les trois groupes étaient revenus au point de départ sur le plan
des connaissances acquises. L'étude ne comprenait pas de groupe de contrôle.
En
résumé, les évaluations contrôlées n'ont pas réussi à prouver l'efficacité des
programmes éducatifs sur l'alcoolisme et les autres toxicomanies en ce qui a
trait à la modification des comportements de consommation et à la résolution
des problèmes connexes. À la lumière de ces données très limitées, on peut
facilement remettre en question la ferveur que connaît le traitement par
l'approche éducative.
Confrontation
L'idée que les alcooliques et les toxicomanes doivent
être confrontés à la réalité de leurs problèmes et qu'il s'agit là d'une
pratique thérapeutique est très répandue. Même si la documentation fournit une
description détaillée de différentes méthodes de confrontation, Miller et
Hester (1986a) n'ont trouvé aucune évaluation contrôlée du counselling par la
confrontation chez les alcooliques. Certaines données révèlent qu'un
intervenant qui adopte une attitude hostile dans une thérapie de groupe peut
produire plus d'effets négatifs que s'il emploie une autre méthode
d'animation (Liberman et coll., 1973). On se préoccupe, et avec raison, du
danger que cette méthode pousse les clients à abandonner le traitement et à
perdre leur estime de soi.
Pendant
leur étude, Miller et Hester (1986a) ont noté que les méthodes de confrontation
ne doivent pas nécessairement être des contrôles coercitifs ou extrinsèques. La
«confrontation» comprend également le recours à la rétroaction au sujet de
l'état de santé ou aux vidéocassettes pour confronter les personnes à leur
comportement lorsqu'elles sont sous l'effet de l'alcool ou d'une drogue. La
rétroaction sur l'état de santé s'est révélée efficace comme stratégie
d'intervention précoce chez les buveurs qui commencent à éprouver des
problèmes. On a déjà mentionné une étude à ce sujet dans le chapitre précédent
(Kristenson et coll., 1983). Des études mesurant les effets d'une confrontation
au moyen d'une vidéocassette n'ont relevé aucun effet durable sur les habitudes
de consommation (par exemple, Baker et coll., 1975; Shaefer et coll., 1972).
Des rapports cliniques révèlent que cette expérience est une grande source de
stress et qu'elle mène souvent à la dépression et à la perte d'estime de soi.
Des recherches montrent également que cette méthode accuse un taux de rechute
élevé après la fin du traitement (Feinstein et Tamerin, 1972) de même qu'un
taux plus élevé d'abandon (Schaefer et coll., 1971).
En
résumé, même une dose minime de rétroaction quant aux effets de l'alcool sur
l'état de santé peut modifier considérablement le comportement des personnes qui
commencent à peine à éprouver des problèmes du fait de leur alcoolisme.
Cependant, d'autres techniques axées sur le comportement ou sur le counselling
de confrontation jouissent d'un soutien empirique mitigé de la part des
évaluations contrôlées. Ces techniques peuvent même causer plusieurs effets
négatifs.
Thérapie conjugale et familiale
Les problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie ont une
influence certaine sur la situation familiale de l'intéressé. En retour, la
famille a aussi un rôle à jouer. Les programmes de thérapie conjugale et
familiale emploient diverses méthodes qui reposent habituellement sur une
perspective familiale (Steinglass, 1979). Certains traitements prévoient des
rencontres de tous les membres de la famille, tandis que d'autres ne font
participer que le couple ou le conjoint ou encore tous les membres de la
famille sauf le toxicomane ou l'alcoolique, le cas échéant. Certaines approches
ne s'intéressent pas seulement à la consommation d'alcool et de drogues, mais
également aux modes de communication et d'interaction familiales. La thérapie
familiale est particulièrement recommandée pour les jeunes toxicomanes (Coleman
et Davis, 1978). Elle repose sur une
approche systémique ou comportementale (Bry, 1988).
La
plupart des recherches sur les méthodes de traitement conjugales et familiales
ont porté sur les buveurs excessifs; peu d'études ont cherché à déterminer la
possibilité d'appliquer ces méthodes aux toxicomanes. Miller et Hester (1986a)
ont passé en revue quatre évaluations contrôlées sur les thérapies conjugales
et familiales. Ils ont constaté suffisamment de résultats positifs,
particulièrement à court terme, pour proposer cette méthode comme traitement
d'appoint. Dans une étude, par exemple, McCrady et ses collègues (1979) ont
comparé trois situations : l'hospitalisation du buveur intempérant et de
son conjoint; la participation des conjoints aux soins ambulatoires dispensés
aux buveurs intempérants; aucune participation du conjoint. Au suivi à six
mois, les deux groupes qui bénéficiaient du soutien du conjoint ont beaucoup
diminué leur consommation d'alcool, comparativement au groupe de contrôle.
Cependant, au suivi à quatre ans (McCrady et coll., 1982), les différences entre
les groupes avaient disparu. O'Farrell et ses collègues (1985) ont constaté,
dans le cadre d'une étude, des effets positifs à court terme, mais
transitoires, pendant environ six mois. Cette étude comparait deux types de
thérapies où le conjoint était présent (comportementale c. interactive) à un
counselling individuel externe. Le groupe qui suivait une thérapie
comportementale et où le conjoint était présent ont produit plus de résultats
positifs à court terme.
Une
étude menée récemment par McCrady et ses collègues (1986) a permis de comparer
l'efficacité des trois types de participation du conjoint au traitement externe
de l'alcoolisme. Les couples ont été répartis de façon aléatoire entre les
trois modes de traitement suivants : (i) participation minimum du
conjoint; (ii) participation du conjoint axée sur les problèmes liés à
l'alcoolisme; et (iii) participation du conjoint axée sur les problèmes liés à
l'alcoolisme, plus une thérapie conjugale axée sur le comportement. Le
traitement pour les trois groupes était réparti en 15 séances de 90 minutes.
Dans le premier cas, le rôle du conjoint consistait à faire preuve de
compréhension et à soutenir le buveur intempérant. Dans le deuxième cas, on
enseignait au conjoint à renforcer l'abstinence de même qu'un certain nombre
d'autres aptitudes grâce à des simulations et à des répétitions. Dans le
troisième cas, on offrait du counselling conjugal. Les sujets des trois groupes
ont eu des résultats positifs accompagnés d'une diminution de la consommation
d'alcool. En outre, ils étaient plus satisfaits quant à leur situation, à leur
vie conjugale, à l'activité sexuelle et à la stabilité d'emploi. Des trois
groupes, celui qui suivait une thérapie conjugale semblait avoir obtenu de
meilleurs résultats, entre autres, en ce qui a trait aux habitudes de
consommation et à la satisfaction conjugale.
Prises
de façon globale, ces données suggèrent qu'une thérapie conjugale et familiale
axée sur le comportement est un adjuvant intéressant au traitement de
l'alcoolisme, du moins à court terme. Dans le cadre d'une vaste étude effectuée
au Canada par Zweben et ses collègues (1988), on a effectué un essai contrôlé
pour établir une comparaison entre l'efficacité d'un programme externe axé sur
les systèmes, consistant en huit séances de counselling avec le conjoint, et un
«counselling d'orientation», consistant en une séance à laquelle participait
également le conjoint. Les objectifs de consommation ont été définis :
consommation modérée ou abstinence de même qu'une gamme d'autres critères de
mesure des résultats (par exemple, l'adaptation conjugale). Le suivi a été
prolongé jusqu'à 18 mois. Aucune différence n'a été relevée entre les deux
modes de traitement qui différaient pourtant totalement par leur portée et leur
intensité. Cependant, les résultats ont révélé que les deux groupes avaient
diminué leur consommation d'alcool, avaient augmenté le nombre de jours
d'abstinence et s'étaient améliorés sur le plan de l'adaptation conjugale.
Ainsi, l'étude confirmait l'important rôle du conjoint dans le traitement, mais
ne montrait pas la pertinence de prolonger cette participation pendant une
longue période dans le cadre d'un processus thérapeutique exhaustif.
Malgré
la documentation prometteuse sur le traitement de l'alcoolisme par la thérapie
familiale et conjugale, on possède très peu de données quant à la possibilité
d'utiliser ce traitement contre les autres toxicomanies. Dans le cadre d'une
étude bien contrôlée sur les toxicomanes (héroïnomanes de sexe masculin), la
thérapie familiale s'est révélée plus efficace que la thérapie individuelle ou
le groupe de contrôle (Stanton et coll., 1982). Comme Martin (1990) l'a déjà
fait remarquer, l'efficacité de la thérapie familiale n'a pas été clairement
établie pour les jeunes toxicomanes étant donné que les quelques études portant
sur la thérapie familiale pour ce groupe n'ont pas été concluantes. Ainsi, à
partir des quelques études effectuées sur des alcooliques adultes, on ne peut
généraliser quant à la valeur de la thérapie familiale et conjugale.
Thérapie comportementale
On a eu recours à certaines méthodes de thérapie
comportementale pour le traitement de l'alcoolisme et de la toxicomanie.
Thérapie par aversion : Cette méthode de traitement cherche à supprimer les
habitudes de consommation en inculquant une aversion ou un dégoût pour
l'alcool. Cette méthode repose sur les techniques de conditionnement
classiques, c'est-à-dire que l'alcool est combiné de façon répétitive à des
expériences déplaisantes. On ne doit cependant pas confondre avec l'usage des
médicaments contre la dipsomanie, comme le disulfirame, qui consiste à
supprimer les habitudes de consommation par la crainte de manifestations
déplaisantes immédiates.
Pendant
la thérapie par aversion pour le traitement de l'alcoolisme, les sens soumis au
conditionnement sont la vue, l'odorat et le goût des breuvages alcoolisés. Les
stimuli non conditionnés sont les médicaments produisant des nausées (thérapie
par aversion chimique), les chocs électriques (thérapie par aversion
électrique) ou la visualisation d'expériences déplaisantes (sensibilisation
cachée). Si on parvient à conditionner le sujet, il réagira automatiquement de
façon négative lorsqu'on lui présentera de l'alcool seulement.
Au
cours des années 40, une série d'études effectuées à Seattle ont donné des
résultats très positifs lorsqu'on utilisait l'émétine pour causer la nausée
comme réponse conditionnée à l'exposition à l'alcool (Voegtlin et coll., 1941).
Cependant, le fait d'avoir choisi un échantillon de population très stable sur
le plan social peut avoir influencé les résultats. Dans la revue de la
documentation publiée depuis les années 40, Miller et Hester (1986a) constatent
que les résultats sont mitigés mais que la plupart tendent à démontrer une
augmentation lente, mais constante, des taux d'abstinence, d'un semestre à
l'autre. Une consommation réduite et des besoins de consommation moindres
plutôt qu'une abstinence totale semblent être les résultats les plus courants.
En outre, les techniques de conditionnement par les nausées semblent être plus
efficaces que les méthodes par aversion électrique. Les données laissent croire
que la thérapie par aversion chimique pourrait être une composante intéressante
d'un programme de traitement multimodal, particulièrement pour les buveurs
intempérants très motivés et stables sur le plan social. La thérapie par
aversion chimique ou par aversion électrique n'a fait l'objet d'aucune
évaluation contrôlée chez les personnes toxicomanes.
Le
troisième type de thérapie par aversion, connu sous le nom de «sensibilisation
cachée» a fait l'objet d'une étude à laquelle prenaient part des buveurs
intempérants. Dans le cadre du traitement, on projetait des images accompagnées
de suggestions associant l'alcool avec la nausée, avec des vomissements et avec
d'autres expériences déplaisantes. Miller et Hester (1986a) ont découvert des
résultats prometteurs dans certaines évaluations contrôlées (par exemple,
Elkins 1980). Le manque d'uniformité sur le plan des résultats de la
documentation restante découle probablement des diverses méthodes employées et
de la mesure dans laquelle on est parvenu à conditionner les sujets de la
recherche. On privilégie maintenant la sensibilisation cachée plutôt que
d'autres techniques par aversion étant donné que cette méthode est moins
douloureuse et moins dangereuse. En outre, on peut pratiquer cette thérapie
sans hospitalisation et elle permet d'appliquer le programme de traitement à
domicile. En ce qui concerne les autres types de thérapie par aversion, celle
par sensibilisation cachée n'a fait l'objet d'aucune évaluation contrôlée avec
des drogues autres que l'alcool.
Le
traitement hypnotique ressemble étrangement à la sensibilisation cachée, même
s'il englobe toute une gamme de méthodes allant de la simple suggestion post
hypnotique à l'aversion induite. On a effectué très peu d'études contrôlées sur
l'efficacité de cette méthode. Cependant, les études les plus pertinentes sur
le plan méthodologique montrent que cette méthode n'offre aucun avantage
particulier par rapport aux autres traitements (par exemple, Jacobson et
Silfverskïold, 1973). La variabilité des procédures d'hypnose peut expliquer le
manque d'uniformité des résultats de recherche, ce qui rend impossible, à
l'heure actuelle, l'évaluation de telles procédures pour le traitement de
l'alcoolisme.
Reconnaissance de l'alcoolémie : L'alcoolémie est fréquemment utilisée comme critère de mesure du niveau
d'intoxication. Les renseignements relatifs aux liens entre la consommation
d'alcool, l'alcoolémie et les effets sur le comportement constituent une
composante de nombreux programmes de traitement destinés aux buveurs excessifs.
À l'heure actuelle, il existe deux grandes méthodes pour enseigner aux
personnes comment reconnaître leur alcoolémie : la première porte sur les
stimuli internes et la deuxième, sur les stimuli externes. L'expression
«reconnaissance de l'alcoolémie» fait généralement référence à la première
définition. Par cette méthode d'apprentissage, les personnes consomment des
breuvages alcoolisés tout en étant soumis à des stimuli proprioceptifs et à
d'autres stimuli internes. Elles reçoivent ensuite une rétroaction quant à leur
niveau d'alcoolémie. Ainsi, les sujets apprennent à associer certains stimuli
internes à des niveaux d'alcoolémie précis. La rétroaction provient souvent
d'un ivressomètre. À la fin du programme, on estime qu'une personne est en
mesure de déterminer son alcoolémie sans l'aide de l'appareil. Les évaluations
de l'apprentissage de la sensibilité aux stimuli internes ont donné des
résultats variés, les résultats les plus positifs ayant été obtenus par les
buveurs qui commencent à éprouver des problèmes liés à l'alcool plutôt que par
les alcooliques chroniques (Miller et Hester, 1980).
En ce
qui a trait à l'apprentissage de la sensibilité aux stimuli externes, on
fournit aux personnes une table de calcul ou une machine à calculer pour
qu'elles évaluent leur alcoolémie en fonction de la quantité d'alcool absorbée,
du temps écoulé, du sexe et de la masse corporelle. Cette technique a été
intégrée à plusieurs programmes de thérapie multimodale, et les taux
d'amélioration signalés sont comparables à ceux obtenus pour les stimuli
internes, voire meilleurs (Miller et Hester, 1980). L'apprentissage de la
sensibilité aux stimuli externes est préférable à l'apprentissage des stimuli
internes parce qu'il est moins dispendieux et semble être tout aussi efficace.
Cependant, la nécessité d'inclure cet apprentissage au traitement de
l'alcoolisme n'a pas été établie définitivement. Il faut poursuivre les
recherches pour déterminer si cette méthode serait profitable pour certains
types d'alcooliques et de buveurs excessifs.
Exposition aux stimuli : Selon cette approche comportementale relativement
nouvelle, la tolérance, et les symptômes de sevrage seraient des phénomènes
conditionnés. Ils seraient donc appelés à disparaître par l'exposition des
buveurs intempérants aux stimuli qui les portent à boire tout en les
décourageant ou en les empêchant de succomber. Une des principales méthodes
employées consiste à donner aux buveurs gravement dépendants une «première»
dose d'alcool très forte et de les empêcher ensuite de boire tout en les
soumettant à des stimuli, par exemple, leur faire tenir un verre et humer de
«l'alcool». Une évaluation contrôlée de cette procédure, avec un nombre
restreint de sujets, a donné des résultats encourageants (Rankin et coll.,
1983). Une autre approche semblable a été mise à l'essai avec des usagers
d'opiacées et a donné des résultats prometteurs quant à la réduction de l'état
de besoin des héroïnomanes (Childress et coll., 1986). Les recherches devront
être considérablement approfondies afin de déterminer l'efficacité des méthodes
d'exposition aux stimuli dans le cadre du traitement et de la prévention des
rechutes.
Modification des facteurs externes : Contrairement aux approches comportementales énoncées
précédemment, et qui reposent sur les méthodes de conditionnement classiques,
l'approche comportementale de traitement comprend également les principes de
conditionnement tels qu'élaborés à l'origine par B.F. Skinner. Fondé sur ces
principes, le programme de traitement vise à modifier les circonstances de
renforcement du milieu qui aident à forger et à maintenir un comportement de
consommation excessive d'alcool ou d'autres drogues.
Miller
et Hester (1980) ont passé en revue plusieurs études expérimentales étroitement
contrôlées révélant que même la consommation des buveurs les plus gravement
dépendants peut être modifié en changeant les conséquences de leur
consommation. Par exemple, une série d'études effectuées par Bigelow et ses
collègues (par exemple, voir Miller et Hester, 1980) ont révélé que des buveurs
intempérants parviendront à réduire leur consommation d'alcool s'ils reçoivent
une punition pour avoir bu : par exemple, le fait d'être confiné à un
milieu restreint ou d'être coupé de tout contact social.
On a
également recours à la manipulation du milieu en vue d'accroître la conformité
au programme de traitement. Bigelow et ses collègues (1976), par exemple, ont
constaté qu'un programme financier permettait d'accroître la conformité au
traitement par le disulfirame.
Le
programme d'appui communautaire (PAC), mis au point par Hunt, Azrin et ses
collègues (Hunt et Azrin, 1973; Azrin, 1976) représente la méthode de gestion
des facteurs externes la plus étendue et la plus réussie dans le cadre du
traitement de l'alcoolisme. La méthode est structurée de façon telle qu'on
encourage le client à cesser de boire tout en l'appuyant dans d'autres aspects
de sa vie, y compris les liens familiaux et conjugaux, l'emploi et les
aptitudes sociales. L'objectif de cette méthode est de modifier les
circonstances sociales qui incitent à consommer de l'alcool ou à s'en abstenir.
En réorganisant le milieu social du buveur de façon à ce que d'autres activités
plus stimulantes agissent sur le comportement de consommation, on espère que le
client renoncera à l'appui de l'alcool du fait de la perte de nombreux autres
appuis.
Le
programme d'appui communautaire était très vaste, au début. Il comprenait du
counselling en matière d'emploi, de la formation en résolution de problèmes, de
la thérapie familiale axée sur le comportement et du counselling social. Il
fallait en moyenne 50 heures de counselling individuel pour chaque client (Hunt
et Azrin, 1973). En 1976, Azrin a présenté un programme d'appui communautaire
«amélioré» qui incluait le disulfirame comme agent inhibiteur de la
consommation impulsive, l'aide continue du conjoint, l'utilisation d'une
échelle d'humeurs afin d'aider à prévenir les rechutes éventuelles, le recours
à des conseillers-amis et le remplacement du counselling individuel par un
counselling de groupe. Ces changements ont permis de réduire la période
initiale de 50 heures à 30 heures par client.
Les
études effectuées sur le PAC font partie de la documentation la plus
encourageante et la plus pertinente sur le plan de traitement. Une étude de
comparaison entre le traitement hospitalier habituel et le PAC amélioré a donné
des résultats très différents qui semblaient favoriser la deuxième option
(Azrin, 1976). Une autre étude, qui portait sur les clients à l'externe
seulement et sur le PAC en tant que traitement d'appoint au disulfirame, a
également donné des résultats encourageants (Azrin et coll., 1982). Dans ces
études, le PAC a semblé produire un effet considérable sur la consommation et
l'adaptation sociale pendant au moins 24 mois. Certains aspects particuliers du
PAC, comme la fréquentation d'un club social pour non-alcooliques, ont été
évalués et ont semblé efficaces pour réduire la consommation d'alcool (Mallams
et coll., 1982). Le PAC, pris dans son ensemble, semble particulièrement
avantageux pour les personnes qui jouissent d'un appui social moindre et qui
semblent éprouver des problèmes plus chroniques (Azrin et coll., 1982).
Malgré
les données probantes que le PAC est efficace pour les patients à l'interne
comme à l'externe, son usage n'est pas très répandu ni très connu. L'ensemble
du programme peut être trop vaste et trop dispendieux pour une application
régulière. Cependant, les principes fondamentaux de la gestion des facteurs
externes utilisés dans le programme devraient être plus souvent incorporés aux
programmes de traitement. Les recherches effectuées à ce jour révèlent que
cette méthode constitue un ajout de grande valeur au traitement de l'alcoolisme
et méritent qu'on en poursuive l'application et l'évaluation. Les méthodes de
gestion des facteurs externes semblent également prometteuses pour le
traitement de la dépendance aux opiacés (Hall et coll., 1979).
Traitement multiple : La revue de la documentation sur le traitement de l'alcoolisme et de la
toxicomanie permet de relever diverses méthodes de traitement qui se rangent
sous la rubrique générale de traitement multiple (Miller et Hester,
1986a; Heather et Tebbutt, 1989). Par traitement multiple, on entend
habituellement une méthode qui consiste à évaluer les problèmes de consommation
de chaque client ainsi que leurs les antécédents et leurs conséquences afin de
choisir et d'offrir plusieurs modes de traitement. Même si la méthode de
traitement multiple n'a pas encore fait l'objet d'une évaluation, certains
modes d'intervention qui font habituellement partie de ces traitements ont déjà
fait l'objet d'une recherche. Ces modes de traitement comprennent notamment une
formation axée sur des compétences (par exemple, les aptitudes sociales et les
compétences en résolution de problèmes), la gestion du stress et les techniques
de relaxation.
Les
personnes qui éprouvent des problèmes liés à l'alcoolisme semblent souvent
accuser une déficience sur le plan des aptitudes sociales. Des recherches ont
permis de déterminer qu'une formation axée sur des compétences sociales est
avantageuse pour le traitement de l'alcoolisme. Ces recherches ont permis de
constater que cette formation comprend notamment un cours d'affirmation de soi
et une formation de groupe comprenant des séances d'exercices pratiques et une
restructuration cognitive. La plupart des recherches ont été effectuées sur les
cours d'affirmation de soi et ont donné des résultats positifs. C'est le
cas, entre autres, d'une étude effectuée par Freedberg et Johnston (1978a) au
Canada. La méthode de restructuration cognitive consiste à enseigner aux
clients comment examiner leurs croyances fausses ou irrationnelles et à les
modifier de façon appropriée. Oei et Jackson (1980) ont évalué un programme de
formation aux compétences sociales destiné aux buveurs excessifs dont
l'affirmation de soi étaient quasi inexistante. Les sujets étaient soumis à
l'une des quatre méthodes suivantes : a) une formation qui enseigne des
compétences sociales sans chercher à modifier les attitudes et les croyances;
b) une restructuration cognitive, ayant recours à la persuasion rationnelle
pour transmettre de l'information et modifier les croyances irrationnelles; c)
une combinaison des deux stratégies précédentes; et d) une thérapie d'appui
classique, qui servait de groupe de contrôle et où on encourageait les patients
«à procéder à une introspection». Les résultats ont révélé que la combinaison
(formation et restructuration) avait produit un rendement supérieur au suivi à
un an en ce qui a trait aux aptitudes sociales et à la réduction de la
consommation. Les résultats des méthodes comportementales étaient meilleurs que
ceux de la thérapie d'appui.
Chaney
et ses collègues (1978) ont évalué un programme de formation axé sur des
compétences qui combinait certains éléments communs du cours d'affirmation de
soi et de la formation en techniques de résolution de problèmes pour composer
avec les situations où on risque de boire excessivement. Le groupe expérimental
a eu l'occasion de faire des exercices pratiques et d'obtenir une certaine
rétroaction à propos des nouvelles compétences acquises. En faisant des
comparaisons avec deux groupes de contrôle différents -- un groupe assistant à
des séances de thérapie pour discuter des sentiments liés aux situations à haut
risque et un groupe recevant un traitement régulier en établissement -- on a pu
constater lors du suivi à un an que le degré d'aptitude du groupe expérimental
avait beaucoup augmenté selon divers critères de mesure. Cette constatation est
conforme aux attentes à l'égard de la théorie d'apprentissage social où les
méthodes «axées sur le rendement» (par exemple, les exercices pratiques et la
simulation) sont susceptibles d'être plus efficaces que les méthodes théoriques
(par exemple, la psychothérapie et le counselling).
Au Canada,
Sanchez-Craig et ses collègues de la Fondation de la recherche sur la
toxicomanie de Toronto ont décrit certaines stratégies d'enseignement des
méthodes d'adaptation, y compris la restructuration cognitive et la répétition
inconsciente de comportements d'adaptation (Sanchez-Craig, 1975; Sanchez-Craig,
1976; Sanchez-Craig et Walker, 1974; Walker et coll., 1974). Le programme de
restructuration cognitive visait entre autres la reconnaissance des situations
de risque et les compétences nécessaires pour affronter ces situations, pour
élaborer des stratégies de restructuration cognitive et de modification du
comportement et pour évaluer de façon objective les progrès réalisés. Ce
programme s'est révélé efficace pour éliminer certains comportements liés à l'alcoolisme
chez les sujets soumis à des conditions d'abstinence ou de consommation
contrôlée (Sanchez-Craig et coll., 1984). Les recherches effectuées révèlent
également que ce programme de restructuration cognitive et comportementale peut
être plus efficace que l'une ou l'autre de ces méthodes prises individuellement
(Sanchez-Craig et Walker, 1974).
Dans
le cadre d'une étude de suivi non contrôlée, Brown et Thompson (1990) ont
entrepris une évaluation du programme de formation axée sur les compétences sociales
offert au Lander Treatment Centre en Alberta et conçu pour les personnes
qui sont reconnues comme étant alcooliques ou toxicomanes dépendantes ou
gravement dépendantes. Le programme visait à encourager les participants à ne
plus boire en leur faisant prendre conscience de leur dépendance et de ses
conséquences. De même, le programme visait à rehausser l'estime de soi, à
améliorer les relations personnelles et les comportements sociaux et à
enseigner des techniques de prévention des rechutes. Le traitement durait deux
semaines et comprenait un programme de suivi d'une semaine, offert six semaines
après la fin du traitement. Les résultats du suivi à trois mois ont révélé que
la plupart des participants étaient devenus sobres ou n'avaient fait qu'une seule
rechute. Les participants ont semblé plus sensibilisés au phénomène de la
dépendance et parvenaient à reconnaître les situations à haut risque et à
utiliser les techniques de prévention des rechutes.
Une
autre composante courante du traitement multiple est la gestion du stress étant
donné qu'on a souvent formulé l'hypothèse que le stress pouvait être un
antécédent de l'alcoolisme et des rechutes. La thérapie par la relaxation
et la désensibilisation systématique
des buveurs intempérants ont fait l'objet d'évaluations contrôlées.
Miller et Hester (1980) ont remarqué que la formation en techniques de
relaxation était utilisée pour quatre raisons principales, soit d'aider les
personnes à : réduire leur degré
d'excitation physiologique; apaiser leur besoin d'alcool; mieux dormir; et
faire face à certaines sources d'«anxiété». Par «désensibilisation
systématique», on entend le recours à la formation en techniques de relaxation
pour la dernière raison énoncée.
Les
évaluations de la formation en techniques de relaxation semblaient porter
strictement sur les effets physiologiques de la relaxation plutôt que ses
effets sur la consommation. Certaines études contrôlées qui mesuraient la
consommation ont semblé révéler que le fait d'ajouter une formation en
techniques de relaxation à d'autres formes de traitement ne produisait que de
minces résultats. Par exemple, Blake (1967) a constaté qu'une thérapie par
aversion électrique combinée à une formation en techniques de relaxation était
un peu plus efficace que la simple thérapie par aversion électrique. Dans une
étude effectuée au Canada par Freedberg et Johnston (1978b), on a comparé les
résultats d'un groupe qui avait reçu une formation en techniques de relaxation
en plus du traitement régulier en établissement aux résultats du groupe de
contrôle qui n'avait reçu que le traitement. Au suivi à un an, aucune
différence notable n'a été constatée sur le plan des critères de mesure de la
consommation, quoique le groupe de relaxation ait donné des résultats
supérieurs quant aux critères de l'emploi, de la dépression et de la
relaxation. D'autres évaluations contrôlées sur la relaxation (par exemple,
Sisson, 1981) n'ont révélé aucun effet sur la consommation. Le manque
d'uniformité dans les résultats peut découler de la faible différence entre les
clients en ce qui a trait à la gravité de leur anxiété. Dans une étude
effectuée par Rosenberg (1979), les clients étaient divisés en deux groupes
selon leur degré d'anxiété (élevé ou faible). Seul le premier groupe semblait
avoir diminué sa consommation à la suite de la rétroaction biologique. Cela
révèle donc la nécessité d'apparier les besoins des clients à la composante
appropriée du traitement polyvalent.
La
désensibilisation systématique est une technique par laquelle on soumet un
sujet calme à certains stimuli ou à certaines scènes qui provoquent
habituellement chez lui de la tension ou de l'anxiété. Le traitement est réussi
lorsque le patient demeure calme malgré les stimuli ou les scènes qui,
auparavant, lui causaient du stress. On pousse parfois le traitement jusqu'à
amener le client à adopter les comportements cibles plutôt que de seulement les
imaginer, tout en demeurant calme. Très peu d'évaluations ont été effectuées
sur ces techniques comme traitement de l'alcoolisme, et plusieurs études ont
été faussées par des taux d'abandon très élevés. Toutefois, les études
effectuées par Miller et Hester (1980; 1986a) révèlent qu'un optimisme prudent
est permis et que l'inclusion de ce traitement aux programmes de traitement
multimodal devrait être envisagée. Comme en ce qui a trait aux autres
composantes du traitement multiple, la formation en techniques de relaxation et
la désensibilisation systématique devraient être utilisées de façon sélective
et conformément aux besoins du client plutôt que de les dispenser sans
discernement.
Formation en maîtrise du comportement : Par formation en maîtrise du comportement (FMC), on
entend souvent formation en autogestion. Même si la formation peut varier d'un
établissement à l'autre, elle comprend habituellement une composante éducative
conçue pour aider les personnes à contrôler leurs habitudes de consommation.
Cette formation est offerte à l'externe et peut prendre diverses formes, y
compris une thérapie individuelle, de groupe ou une thérapie par la lecture.
Heather et Tebbutt (1989) ont décrit les caractéristiques communes des
différentes versions de la FMC. Les clients apprennent d'abord à surveiller
étroitement leurs habitudes de consommation. Ces habitudes sont ensuite
analysées afin de découvrir les antécédents de consommation excessive, ce qui
mène ensuite à l'élaboration d'une série de règles pour contrôler la
consommation future (par exemple, les périodes, les lieux et compagnons de
consommation). On enseigne également au client des stratégies pour respecter
ces règles.
Une
série d'évaluations contrôlées effectuées par Miller et ses collègues a donné
des résultats très positifs quant à l'efficacité de cette méthode chez les
personnes qui commencent à éprouver des problèmes par suite de leur
consommation d'alcool (Miller 1978; Miller et Taylor, 1980; Miller, Taylor et
West, 1980; Miller, Gribskov et Mortell, 1980; Miller et Baca, 1983). Toutes
ces études comparaient la FMC à une méthode d'intervention plus vaste axée sur
le thérapeute et révélaient qu'elles étaient toutes efficaces. Un dépouillement
de toute la documentation et une vaste gamme d'études effectuées par d'autres
chercheurs à travers le monde ont confirmé les données constantes et très
concluantes issues de la FMC.
La
plupart des méthodes de formation en maîtrise du comportement comprennent une
«thérapie par la lecture» ou le recours à un «guide» pour aider le patient à
surveiller ses habitudes de consommation, à se fixer des objectifs, etc. Cette
stratégie peut atteindre une grande partie du groupe de personnes qui éprouvent
des problèmes du fait de leur alcoolisme.
Certaines
des études effectuées par Miller et ses collègues portaient sur une version
autodirigée par la lecture de la FMC. Elles ont révélé que cette version était
aussi efficace que la thérapie dirigée par un thérapeute. Par exemple, Miller,
Gribskov et Mortell (1981) ont comparé l'efficacité d'un manuel de maîtrise de
soi et différents types d'interaction avec un thérapeute. Trente et un buveurs
intempérabts qui se sont portés volontaires ont été soumis au hasard à l'une
des deux conditions d'un programme de traitement de 10 semaines. Dans la
première situation, le thérapeute intervenait très peu, les clients ne
bénéficiant que d'une seule entrevue d'évaluation et recevant ensuite un guide,
des cartes de maîtrise de soi et 10 enveloppes adressées et affranchies que le
patient devait poster à la clinique chaque semaine. Les thérapeutes ne
communiquaient que très brièvement avec leurs clients pour les encourager à
retourner les cartes. Dans la deuxième situation, les clients recevaient la
même entrevue d'admission, le même manuel et les mêmes cartes de suivi, mais
rencontraient en plus toutes les semaines un thérapeute paraprofessionnel pour
des séances de 30 à 45 minutes chacune pour discuter des renseignements
contenus dans le guide. On a remarqué une diminution marquée de la consommation
d'alcool au cours de la première semaine comparativement à la période préalable
au traitement, et les clients ont continué à réduire leur consommation tout au
long du traitement, le taux s'étant stabilisé au suivi. L'alcoolémie suivait la
même courbe que celle de la consommation d'alcool. On n'a remarqué aucune
différence entre les deux modes de traitement en ce qui a trait aux résultats.
Le taux d'amélioration était de 87 p. 100, ce qui dépasse amplement
les attentes pour des personnes non traitées.
Heather
(1986) a évalué l'efficacité des guides fournis aux buveurs intempérants
recrutés en Écosse par l'entremise des médias nationaux et locaux. Chaque
répondant à l'annonce a reçu un guide ou un feuillet d'information générale sur
les problèmes liés à l'alcoolisme. Les guides traitaient des effets de
l'alcool, des motifs de consommation, des techniques de maîtrise de soi, de
l'autorenforcement, des conseils sur les façons de diminuer les quantités
d'alcool consommées et des informations sur la prévention des rechutes. On y
avait joint également une liste d'organismes pour les personnes qui pourraient
avoir besoin d'une aide plus personnalisée. Le feuillet, au contraire, ne
contenait aucune instruction précise sur les façons de diminuer la
consommation, mais comprenait une liste d'adresses que les sujets pouvaient
consulter en cas de besoin. Le taux d'attrition des deux groupes (expérimental
et de contrôle) était très élevé, et à la fin de la période de suivi à un an,
ce pourcentage était plus élevé pour le groupe de contrôle. Au suivi à six
mois, le groupe qui avait reçu le guide montrait une réduction plus marquée que
le groupe de contrôle sur le plan de la consommation. Le groupe d'entraide
semblait également s'être énormément amélioré sur le plan de la santé et du
contrôle des problèmes associés à l'alcoolisme. Au suivi à un an, à l'exception
des sujets qui avaient reçu une autre forme d'aide depuis la dernière
rencontre, les diminutions de la consommation étaient toujours importantes, et
le groupe qui avait reçu le guide s'était amélioré considérablement sur le plan
des relations sociales et des liens conjugaux. Les progrès réalisés au suivi à
six mois s'étaient maintenus. Aux suivis à six mois et à un an, les alcooliques
graves avaient réduit leur consommation au moins autant que les alcooliques
ayant des problèmes de consommation moindres.
Plusieurs
études portent sur les composantes fondamentales de la FMC dans des programmes
de traitement plus complexes. Par exemple, Ewing et Rouse (1976) ont intégré
des éléments de la FMC à la thérapie par aversion électrique et à la thérapie
conjugale. Sobell et Sobell (1973a) ont intégré des éléments de la FMC à un
programme de thérapie axé sur le comportement qui comportait entre autres un
conditionnement par aversion. La structure de ces programmes et leurs modes
d'évaluation n'ont pas permis de déterminer l'apport de la FMC.
Les
études portant sur l'efficacité de la FMC ont révélé qu'elle était pertinente
comparativement à d'autres méthodes de traitement plus générales lorsque
dispensée à des alcooliques moins excessifs qui voulaient consommer de l'alcool
de façon modérée. D'un autre côté, lorsque ce traitement était dispensé à des
buveurs intempérants, les résultats étaient généralement négatifs. Miller et
Baca (1983) ont constaté que la capacité de réduire la consommation d'alcool
était inversement proportionnelle à la gravité du problème. La documentation
démontre bien qu'une consommation modérée n'est pas un objectif réaliste à long
terme pour les personnes qui éprouvent de graves problèmes de dépendance envers
l'alcool (voir, par exemple, Foy et coll., 1984). Cependant, les études qui ont
été effectuées à ce sujet ne concordent pas étant donné que certaines
recherches montrent que la FMC est très utile, même pour les cas d'alcoolisme
grave (par exemple, Heather, 1986).
Au
Canada, Sanchez-Craig et ses collègues (1984) ont jumelé la FMC à une formation
cognitive et ont constaté que la formule était efficace chez les sujets qui
avaient des objectifs d'abstinence ou de consommation modérée. Dans le cadre
d'une autre étude, on répartissait les buveurs intempérants de façon aléatoire
entre les trois modes de traitement suivants : trois séances de
counselling plus un feuillet; trois séances d'orientation avec un guide; et six
séances ou plus d'orientation avec un thérapeute portant sur le guide
(Sanchez-Craig et coll., 1989). Le nombre de journées de consommation immodérée
a été considérablement réduit pour les trois groupes. Cependant, au suivi à un
an, plus de femmes que d'hommes étaient parvenues à tempérer leur consommation
et ce, dans toutes les conditions.
Alden
(1978) a mis au point, à Vancouver, un programme de maîtrise de soi pour les
buveurs intempérants à partir du programme de FMC de Miller. Les sujets étaient
soumis à l'un de deux types de traitement. Dans le premier cas, on leur
enseignait comment contrôler leurs habitudes de consommation, à agir sur les
facteurs externes et à calculer leur alcoolémie. On leur demandait ensuite de
choisir une alcoolémie absolue, et on leur enseignait à ne pas dépasser la
limite qu'ils avaient choisie. Dans le cadre d'un programme élargi, on offrait
également la possibilité d'acquérir des techniques supplémentaires comme une
formation en techniques de relaxation et d'affirmation de soi afin de les aider
à gérer le stress lié à leur consommation d'alcool. Tous les sujets ont reçu
deux séances d'introduction et 10 séances de traitement à raison d'une séance
par semaine. À la fin du traitement, les sujets des deux groupes étaient
parvenus à diminuer considérablement la fréquence de consommation et la
quantité d'alcool consommée. Cependant, les groupes différaient en ce qui a
trait à leur degré de «consommation dangereuse», c'est-à-dire, le fait de
consommer plus de 12,5 onces d'alcool absolu par semaine ou le fait de dépasser
plus d'une fois par semaine l'alcoolémie qu'ils avaient choisie. Les personnes
faisant partie du programme amélioré affichaient un taux de consommation non
dangereuse de 88 p. 100, comparativement à 57 p. 100 pour les
personnes soumises aux conditions de base, ce qui représente une différence
importante.
Alden
(1988) a évalué une clinique de traitement pour les buveurs au stade initial.
Cette étude portait sur le recrutement et l'efficacité respective des
différentes stratégies de traitement. Les buveurs intempérants étaient recrutés
dans le grand public et assignés au hasard à une liste d'attente ou à l'un des
deux programmes de traitement d'une durée de 12 semaines -- maîtrise du
comportement ou counselling axé sur la modification du comportement. Les
participants ont été suivis pendant deux ans. Les évaluations révèlent que le
programme était parvenu à atteindre un groupe de buveurs intempérants, mais non
dépendants qui avaient signalé des problèmes connexes. Les personnes qui
avaient terminé l'un des deux programmes de 12 semaines semblaient s'être
énormément améliorées quant à la plupart des critère de mesure du rendement, y
compris ceux de la consommation, comparativement aux gens qui n'avaient pas
reçu de traitement. L'équivalence de certains aspects des deux stratégies de
traitement peut expliquer le fait qu'elles semblent équivalentes. Par exemple,
dans les deux types de traitement, les clients surveillaient leur propre
consommation au début et à la fin du traitement, discutaient de leurs habitudes
de consommation et d'autres problèmes connexes avec un conseiller empathique et
établissaient un objectif de traitement quelconque. Cependant, un autocontrôle
continu, un calcul de l'alcoolémie et d'autres stratégies de maîtrise du
comportement n'ont pas semblé contribuer à l'efficacité globale du traitement
plus que le counselling d'appui et l'établissement d'objectifs individuels.
Au
moins deux évaluations supplémentaires sur l'efficacité des guides pour les
alcooliques non dépendants sont présentement en cours au Canada (Evans, 1989;
Ogborne, 1989).
Les
résultats recueillis à ce jour révèlent que la FMC est plus rentable que des
méthodes de traitement plus élaborées et plus coûteuses pour les personnes qui
éprouvent des problèmes d'alcoolisme moins graves. On doit cependant poursuivre
les recherches afin de déterminer quels sont les éléments indispensables et
suffisants pour modifier les comportements de consommation. Toutefois, on ne
doute pas que la FMC soit en mesure d'enseigner des stratégies de modération et
constitue par conséquent une importante composante des programmes
d'intervention précoce (voir également le chapitre 3).
Entrevue de motivation : Cette méthode de traitement axée sur le comportement
est relativement nouvelle et repose sur l'un des modèles de changement les plus
simples mais toutefois les plus efficaces dans le domaine de l'alcoolisme et de
la toxicomanie. Dans sa forme initiale, le modèle de changement élaboré par
Prochaska et di Clemente (1986) comprend quatre stades de changement, que les
personnes doivent traverser pour éliminer leur dépendance -- auto-examen
préliminaire, introspection, plan d'action et maintien. Heather et Tebbutt
(1989) ont fait remarquer que la plupart des interventions se préoccupent
davantage du «plan d'action», car on enseigne alors au patient diverses
stratégies et techniques pour l'aider à modifier son comportement. La technique
d'entrevue motivationnelle est une expression utilisée par Miller (1983) pour
décrire une méthode qui insiste sur la motivation du client à dépasser les
étapes d'introspection préalable et d'introspection. Cette méthode reconnaît
que la motivation du client à poursuivre un traitement découle plus des liens
établis entre le client et le dispensateur de traitement que de la seule
personnalité du client. Cette méthode insiste sur la responsabilité qu'a la
personne de changer son comportement en lui montrant les conséquences néfastes
(dissonance cognitive). On a recours à une écoute empathique et à une
rétroaction des évaluations des objectifs en vue de modifier cette dissonance
cognitive.
Allsop
et ses collègues (1988, cité dans Heather et Tebbutt, 1989) ont récemment
combiné l'entrevue de motivation à une évaluation des situations où il y a un
risque élevé de rechute et à une formation en techniques de résolution de
problèmes. Au suivi à six mois, les personnes qui avaient participé à ce
programme combiné avaient de meilleurs résultats que les groupes de contrôle
qui n'avaient reçu aucun traitement ou qui ont seulement participé à des
discussions de groupe. Même si cette méthode est prometteuse, les études
contrôlées n'ont fourni aucune donnée permettant de confirmer à l'heure
actuelle l'efficacité de cette technique, particulièrement lorsqu'on la compare
à des méthodes de confrontation plus classiques qui portent sur la motivation
du client.
En résumé,
cette section cherchait à faire le tour des travaux de recherche effectués sur
l'efficacité d'une vaste gamme de thérapies axées sur le comportement pour le
traitement de problèmes liés à l'alcoolisme et à la toxicomanie. Même si la
méthode axée sur le comportement regroupe diverses stratégies de traitement,
des études d'évaluation en ont fait état plus que toute autre méthode générale
(Heather et Tebbutt, 1989). Les résultats d'études sur le conditionnement par
aversion, la formation en maîtrise de soi, les méthodes cognitives axées sur le
comportement, la gestion des facteurs externes et certains éléments du
traitement multimodal ont été particulièrement encourageants pour certains
groupes cibles. D'autres méthodes comme l'exposition aux stimuli semblent
prometteuses compte tenu de leurs fondements théoriques solides.
La
contribution du Canada à cette documentation est importante comme le prouvent
les travaux de Sanchez-Craig, d'Annis et de leurs collègues de Toronto ainsi
que d'autres évaluations (Alden, 1978; Freedberg et Johnston, 1978a, 1978b).
Les travaux des chercheurs Sobell, qui travaillent maintenant à la FRT à
Toronto ont contribué énormément à ce domaine d'étude par l'entremise
d'évaluations individuelles (par exemple, Sobell et Sobell, 1973b, 1976) et de
contributions conceptuelles ou théoriques (par exemple, Sobell et Sobell, 1978,
1987).
Groupes d'entraide
Les programmes d'organismes comme Alcooliques Anonymes
(AA), Narcotiques Anonymes (NA) et Cocaïnes Anonymes (CA) offrent un appui
communautaire aux personnes qui éprouvent des problèmes liés à l'alcoolisme et
à la toxicomanie. Un tel appui est également offert aux familles de ces
personnes (par exemple, Al-Anon et Alateen). L'organisme Alcooliques Anonymes
est le groupe d'entraide le mieux établi et le plus connu : il a des sections
dans plus de 90 pays et compte plus d'un demi-million de membres actifs. Cet
organisme fait partie intégrante de nombreux programmes de traitement de
l'alcoolisme. Toutes les sections utilisent le même matériel de base, tiennent
le même genre de réunions et sont gérées par des alcooliques en voie de
guérison. L'organisme AA bénéficie de la confiance des professionnels des
services de la santé, des services sociaux et des établissements
correctionnels. Ces professionnels croient que de nombreux AA ont atteint la
sobriété, soit par le programme de l'organisme seulement ou grâce à une
combinaison traitement et AA (Miller et Hester, 1980). Toutefois les nombreux
rapports anecdotiques et les évaluations contrôlées ne s'entendent pas quant à
l'efficacité des AA. Certains croient que les caractéristiques particulières du
programme des AA ne peuvent faire l'objet d'une évaluation scientifique
(Bebbington, 1976). D'autres chercheurs reconnaissent ces difficultés, mais
sont plus optimistes en ce qui a trait à la possibilité d'effectuer de bonnes
études d'évaluation (Bradley, 1988).
Le
programme des AA a malgré tout fait l'objet de trois études contrôlées. Brandsma
et ses collègues (1980) ont recruté des sujets à partir du système judiciaire
et les ont assignés de façon aléatoire soit aux AA, soit à une thérapie par
introspection, soit à une thérapie axée sur un comportement rationnel dispensée
par un professionnel, soit à un groupe d'entraide axé sur un comportement
rationnel, soit encore à un groupe de contrôle qui prenait ses propres
dispositions pour recevoir un traitement. Sur les 197 sujets qui ont commencé
le traitement, 104 ont assisté à au moins 10 séances et ont fourni des données
sur certains critères de mesure des résultats. Tous les sujets avaient un grave
problème d'alcool et tous les types de traitement étaient offerts à l'externe.
Tous les groupes de traitement se sont améliorés davantage que le groupe de
contrôle, l'écart se réduisant toutefois avec le temps. Si on les compare aux quatre groupes, les AA
montraient le taux d'abandon le plus élevé (68 p. 100 contre
57 p. 100 pour les autres groupes); deuxièmement, les AA ne
semblaient pas s'être beaucoup améliorés par rapport aux autres groupes, avec
très peu ou pas de différences importantes par rapport au groupe de contrôle.
Les AA étaient plus susceptibles d'avoir échoué au suivi à trois mois que les
sujets soumis aux autres traitements. Le principal facteur limitant
l'interprétation de ces résultats peu flatteurs est que les sujets avaient été
choisis par l'entremise du système judiciaire et que le programme des AA
n'était peut-être pas adapté à ce genre d'alcooliques. Cette même réserve
s'applique à une étude effectuée par Ditman et ses collègues (1967) où on
assignait les «dépendants à l'alcool» soit à un groupe de AA, soit à un
traitement en clinique, soit encore à aucun traitement (mise en liberté
surveillée seulement). D'après les dossiers, le groupe des AA et le groupe de
personnes traitées en clinique ont produit les résultats les plus faibles. Une
troisième étude contrôlée (voir Miller et Hester, 1980) n'a révélé aucune
différence entre les AA et les patients alcooliques soumis à un programme de
traitement continu par la méthadone.
Même
si ces études n'offrent aucune mesure scientifique de l'efficacité des AA, ils
font toutefois ressortir le besoin d'étudier de plus près les types de
personnes pour lesquelles le programme des AA semble le mieux adapté. Dans
l'étude effectuée par Miller et Hester (1986a), il ressort que les AA peuvent
être plus efficaces pour les personnes qui acceptent de se soumettre à
l'autorité, qui ont des besoins de dépendance et d'appartenance plus forts, qui
éprouvent des problèmes par suite de leur consommation d'alcool plus graves ou
encore, qui ont moins de scolarité ou une incidence de psychopathologie moins
élevée. Il se peut également que les AA soient plus efficaces si on y a recours
comme méthode de soin continu suite à un traitement professionnel (Bradley,
1988). Contrairement aux méthodes de traitement plus officielles, les AA ont
l'avantage d'être déjà accessibles dans la plupart des collectivités. En outre,
l'importance de l'appui social dans la méthode des AA est généralement reconnue
pour tout type de traitement (par exemple, Vaillant, 1983). Enfin, on reconnaît
l'efficacité de l'approche en 12 étapes des AA. Cette méthode s'apparente aux programmes de traitement reposant
sur ces mêmes principes, comme le modèle du Minnesota (Cook, 1988; Keso et
Salaspuro, 1990). Vu leur grande facilité d'accès et leur gratuité, on devrait
promouvoir le recours à des organismes comme les AA et à d'autres groupes
d'entraide. D'un autre côté, cependant, ces méthodes ne conviennent pas à tous
les alcooliques et toxicomanes. On devrait poursuivre les études d'évaluation
en vue de déterminer pour quels types de patients ce programme est efficace.
Au
Canada, aucune étude d'évaluation n'a été publiée sur les AA, ni sur aucun
autre groupe d'entraide. Cependant, certains chercheurs comme Ogborne et Glaser
(1981) et Ogborne (1982) ont apporté une contribution en effectuant une vaste
revue de la documentation sur les caractéristiques des organismes affiliés aux
AA et d'une étude sur les méthodes d'évaluation et les questions appropriées.
Contexte et durée du traitement
Les recherches qui ont été citées précédemment portent
sur l'efficacité des différents types d'interventions et modes de traitement.
Une autre série d'évaluations a permis de comparer l'efficacité des méthodes de
traitement dans différents contextes (les soins en établissement contre les
soins ambulatoires) et pour des durées différentes.
On
suppose souvent que les programmes de traitement les plus efficaces sont les
plus intensifs et les plus longs. Pourtant, plusieurs études ont comparé
l'efficacité du traitement en établissement à des méthodes externes moins
intensives et moins coûteuses. Après avoir passé en revue 12 évaluations
contrôlées, Miller et Hester (1986a) ont constaté qu'aucune de ces études ne
confirmait la supériorité du traitement en établissement par rapport aux soins
ambulatoires. Ils ont souligné que ces études étaient de grande qualité, utilisaient
une assignation aléatoire ou un appariement précis et comprenaient généralement
un suivi prolongé et un échantillon de buveurs excessifs qui, autrement,
auraient été admis en établissement. Non seulement les personnes recevant un
traitement à l'externe ont réussi aussi bien que les personnes en établissement
-- elles réussissaient parfois beaucoup mieux.
Les
premières études classiques ont été effectuées par Edwards et Guthrie (1966,
1967) qui assignaient au hasard des alcooliques à un traitement en établissement
(neuf semaines) ou à un traitement externe (huit séances). Les auteurs n'ont
relevé aucune différence importante entre les résultats aux suivis à six et à
douze mois. Edwards et ses collègues (1977) et Orford et ses collègues (1976)
ont assigné au hasard des alcooliques à une séance de counselling et
d'orientation ou à un programme de traitement intensif en établissement ou à
l'externe, y compris les AA. À aucun moment au cours des deux années de suivi
les données n'ont donné à croire que le traitement intensif était supérieur à
une seule séance de counselling.
Chick
et ses collègues (1988) ont également établi une comparaison entre un
traitement court et un traitement prolongé.
Dans le premier cas, ils ont comparé une séance d'information très brève
à une séance plus complète. La séance brève visait à informer le patient, en
présence d'un proche et en moins de cinq minutes, qu'il avait un problème
d'alcoolisme et que le seul traitement possible était de cesser toute
consommation. Les patients qui recevaient une information plus complète
passaient de 30 à 60 minutes avec un psychiatre qui les invitait, en présence
d'un proche, à réfléchir sur la raison pour laquelle un changement radical sur
le plan de la consommation était nécessaire et sur la façon d'y parvenir. Le
traitement prolongé comprenait le même counselling, mais le patient avait
également accès à un programme de désintoxication et à d'autres séances ou
encore, il pouvait participer à un programme de traitement thérapeutique axé
sur le groupe et le milieu d'une durée de deux à quatre semaines et offert en
établissement ou à l'externe. Même si un traitement prolongé a aidé à maintenir
une diminution des problèmes liés à l'alcoolisme, il n'a toutefois pas concouru
à accroître les chances d'atteindre une abstinence stable, ou d'adopter une
consommation modérée stable, plus que les modes d'intervention de courte durée.
Le counselling prolongé ne s'est pas révélé plus efficace qu'une simple séance
d'information.
Longabaugh
et ses collègues (1983) ont comparé l'efficacité d'une hospitalisation
partielle (c'est-à-dire, un traitement de jour) à un traitement en
établissement. Les deux groupes ont participé au même programme, sauf que les
sujets hospitalisés partiellement retournaient chez eux le soir et la fin de
semaine, tandis que les patients en établissement retournaient à leur unité de
soins. À la fin du traitement, les deux groupes avaient accru leur nombre de
jours d'abstinence et, au suivi à six mois, aucune différence notable n'a été
relevée entre les deux groupes en ce qui a trait aux critères de mesure du
comportement de consommation. Les données montrent que l'hospitalisation
partielle est plus efficace, confirmant ainsi que cette méthode était au moins
aussi efficace que le traitement en établissement et que, en outre, ce
traitement pouvait être offert à un coût moindre. Ces résultats positifs
étaient toujours valables au suivi à deux ans (Fink et coll., 1985).
En
général, ces études et d'autres incluses dans la documentation internationale
n'ont révélé aucune différence importante entre les résultats des alcooliques
qui recevaient un traitement en établissement par rapport à ceux qui suivaient
un traitement à l'externe, un traitement de jour en clinique ou une
hospitalisation partielle. Les études effectuées au Canada ont confirmé ce
résultat général. Annis et Liban (1979) ont comparé un groupe participant à un
programme de désintoxication et suivant un traitement dans une maison de
transition par rapport à un autre groupe qui ne suivait que le programme de
désintoxication. Au suivi à trois mois, aucune différence n'a été signalée en
ce qui a trait aux périodes d'ivresse totale. Smart et ses collègues (1977) ont
assigné au hasard des alcooliques graves à l'un des trois traitements suivants :
soins à l'externe, en maison de transition ou en établissement. Les résultats
favorisaient le groupe suivant un traitement à l'externe ou les clients qui
avaient refusé les trois options. McLachlan et Stein (1982) de l'institut
Donwood, de Toronto, ont assigné des patients au hasard à un programme de
quatre semaines offert à l'externe ou en clinique sous forme de traitement de
jour. Au cours de l'année de suivi, aucune différence n'a été signalée en ce
qui a trait à la consommation d'alcool ou d'autres drogues et à divers autres
critères de mesure du rendement. Pour l'un des critères (journées
d'hospitalisation comparativement à l'année préalable au traitement), les
sujets recevant un traitement de jour s'étaient considérablement améliorés par
rapport au groupe en établissement. Une étude de suivi non contrôlée sur les
clients suivant un programme de jour à Chatham (Ontario) a donné des résultats
positifs comparables à ceux de programmes en établissement plus coûteux (Malla,
1987). Des résultats semblables ont été obtenus dans le cadre d'études de suivi
sur des clients qui participaient aux programmes AADAC de jour en Alberta
(Dyer, 1984; Dyer, 1986) et à un programme à l'externe au Québec (Grenier,
1983).
Une
seule étude contrôlée a permis de comparer le traitement en établissement à
court terme et le traitement à l'externe pour les personnes éprouvant des
problèmes liés à la toxicomanie (Wilkinson et Martin, 1983; cité dans Martin,
1990). L'étude portait sur des jeunes usagers de différentes drogues et comparait
les deux modes de traitement en établissement avec le même programme offert à
l'externe. En général, aucune différence n'a été observée entre les résultats
du traitement en établissement et ceux du traitement à l'externe aux suivis à
un an et à deux ans. Même si l'un des modes de traitement en établissement
semblait être plus efficace que les deux autres options, cela résultait plus
des procédures particulières utilisées que d'un avantage absolu du traitement
en établissement. Il est intéressant de souligner que plus des deux tiers des
sujets admissibles ont refusé de participer à l'étude, la plupart prétendant ne
pas vouloir suivre de traitement en établissement.
D'autres
études ont cherché à déterminer si l'efficacité d'un traitement est fonction de
la durée de l'intervention. L'allégation selon laquelle un traitement prolongé
est plus efficace repose sur certaines études qui établissent une corrélation
entre la durée du traitement et les résultats (Armor, Polich et Stambul, 1978).
Cependant, les résultats de telles études non contrôlées ne sont pas concluants
étant donné que des variables incontrôlables comme la gravité du problème et la
motivation du patient peuvent expliquer la durée d'un traitement et les
résultats positifs. D'autres évaluations non contrôlées établissent également
des corrélations minimes ou négatives entre la durée d'un traitement et les
résultats (par exemple, Brook et Whitehead, 1980).
Quatre
études contrôlées comparant les résultats de traitements courts et prolongés en
établissement ont révélé que les séjours plus courts étaient au moins aussi
efficaces que les séjours prolongés (Miller et Hester, 1986a). Par exemple,
Mosher et ses collègues (1975) ont assigné au hasard des alcooliques à un
programme en établissement à court terme (neuf jours) ou prolongé (30 jours),
combiné à un programme de désintoxication et à un suivi à l'externe. Les
données recueillies aux suivis à trois et à six mois, quant à la consommation
d'alcool ou d'autres drogues, à la situation de travail et à l'anxiété n'ont
révélé aucune différence importante entre les résultats des deux groupes. Dans
le cadre d'une étude non contrôlée effectuée par Jones et Sawka (1984) au Henwood
Treatment Centre en Alberta, on a constaté que les progrès du client
n'étaient liés en rien à la durée du traitement en établissement. Même si
certaines études montrent des différences entre les résultats des séjours à
court et à long termes, elles tendent plutôt à favoriser la première option
(Miller et Hester, 1986a).
Les
résultats obtenus sur l'efficacité des différentes durées et intensités de
traitement à l'externe étaient moins constants. Certaines études qui avaient
recours à des méthodes d'appariement non aléatoires ont révélé qu'un traitement
prolongé pouvait offrir un certain avantage (par exemple, Robson et coll.,
1965; Smart et Gray, 1978). D'autres études non contrôlées comme celle de
Nutter (1982) en Alberta n'ont révélé aucune différence entre les clients
recevant un counselling à long terme (trois visites ou plus) et ceux recevant
un counselling à court terme (une ou deux visites). Les études qui recourent à
un mode d'évaluation par assignation aléatoire n'ont pas avantagé un traitement
externe prolongé ou plus intensif (par exemple, Edwards et coll., 1977; Powell
et coll., 1985; Zweben et coll., 1988).
Ainsi,
les données révèlent qu'un traitement prolongé n'est pas nécessairement
un meilleur traitement. Il semblerait même qu'un traitement externe plus
court et moins intensif soit au moins aussi efficace qu'un traitement prolongé
en établissement. L'argument en faveur du traitement de jour, du traitement
externe et d'autres options offertes à l'externe repose principalement sur un
point de vue économique étant donné que des résultats semblables, voire
meilleurs, semblent avoir été obtenus à un coût moins élevé qu'avec les soins
en établissement. Cependant, certains groupes de patients peuvent nécessiter
des soins en établissement plus intensifs, particulièrement les personnes qui
éprouvent des problèmes plus graves (voir la section ci-après sur l'appariement
des clients au traitement).
Ces
conclusions générales sur le contexte et la durée du traitement sont appuyées
par les études canadiennes précitées. Les contributions de McLachlan et de
Stein (1982), de Brook et de Whitehead (1980), de Smart et de ses collègues
(par exemple, Smart et coll., 1977) et de Zweben et de ses collègues (1988) ont
été particulièrement importantes du fait des méthodes employées. Les nombreuses
études de suivi entreprises par l'AADAC en Alberta sont représentatives des
études d'évaluation effectuées au Canada (par exemple, Jones et Sawka, 1984;
Nutter, 1982; Atwood, 1986). Annis (1986a) a également effectué un certain
nombre d'études importantes sur la présente documentation ou sur le contexte et
la durée du traitement.
Dans
la présente discussion sur l'efficacité du traitement offert dans différents
contextes et pour des durées différentes, deux autres questions ont été
soulevées qui méritent d'être brièvement abordées. La première porte sur l'efficacité
des différentes méthodes de désintoxication, étant donné qu'on doit souvent
justifier la rentabilité d'un tel service dans divers types d'établissement. La
deuxième question porte sur le rôle et l'efficacité des programmes prolongés
offerts en établissement, comme les maisons de transition et les communautés
thérapeutiques.
Programmes de désintoxication : Lorsqu'une personne physiquement dépendante de
l'alcool ou d'autres drogues cesse toute consommation de la substance, elle
souffre d'un syndrome de sevrage, dont les manifestations sont l'antithèse des
symptômes d'intoxication. Par désintoxication, on entend le processus par
lequel des personnes dépendantes de l'alcool ou d'autres drogues se remettent
d'une intoxication avec l'aide de professionnels de façon à ce que les
symptômes associés au sevrage soient réduits le plus possible (Heather et
Tebbutt, 1989). Plus la dépendance physique est grave, plus le syndrome de
sevrage risque d'être intense et plus le sujet aura besoin d'aide.
La
désintoxication peut être supervisée en établissement (par exemple,
établissement de désintoxication spécialisé, salle commune) ou non (par
exemple, à domicile, service de consultation externe). La désintoxication peut
être entreprise sans le recours à un médicament (c'est-à-dire, une approche
sociale ou «sans médication») ou avec l'aide de médicaments (c'est-à-dire, une
approche «avec médication»). Dans le dernier cas, les médicaments utilisés pour
aider la personne pendant la période de sevrage produisent des effets
semblables à ceux de la substance envers laquelle la personne a acquis une
dépendance. Parmi les médicaments utilisés, on compte le diazépam et le
chlorméthiazole pour le sevrage de l'alcool et la chloridine ou la méthadone
pour le sevrage des opiacées. Heather et Tebbutt (1989) et DenHartog (1982) ont
produit les études les plus récentes et les plus complètes sur l'efficacité et
la rentabilité de ces diverses méthodes avec ou sans médication.
Dans
de nombreux pays, et particulièrement aux États-Unis, la méthode habituelle de
désintoxication est l'approche avec médication, entreprise dans des unités de
désintoxication spécialisées et dotées principalement d'un effectif médical. Le
modèle social sans médication s'inscrivait dans un mouvement pour
décriminaliser l'ivresse publique qui résultait alors en une incarcération, en
faveur d'une approche de réadaptation plus humaine pour les problèmes
d'alcoolisme (O'Briant 1974-1975; O'Briant et coll. 1976-1977). Cette approche,
qui repose principalement sur les recherches effectuées au Canada dans les
années 70 sur l'efficacité du modèle de désintoxication social (Annis, 1979), a
acquis de la notoriété dans le monde entier. Les recherches effectuées sur ce
modèle ont toutes révélé que les symptômes de sevrage pouvaient être soulagés
en fournissant un milieu sain et non stimulant de même que l'appui d'un
personnel qualifié, habituellement des professionnels qui ne sont pas du milieu
médical ou qui sont des non-spécialistes (DenHartog, 1982). Ces travaux de
recherche ont également démontré qu'une très petite proportion (de 1 à
5 p. 100) de personnes qui fréquentent ce genre d'établissement non
médical doivent faire l'objet d'un suivi médical dans un établissement
hospitalier. En outre, le modèle social s'est révélé plus efficace à apparier
les clients et les ressources de traitement une fois que la désintoxication est
terminée (par exemple, McGovern, 1983). Ainsi, ces établissements de
désintoxication spécialisés non médicaux semblent être aussi efficaces et
certainement plus rentables (Sparadeo et coll., 1982) que les établissements
qui privilégient l'approche avec médication. Les recherches démontrent
cependant qu'une approche avec médication peut s'avérer nécessaire pour les cas
de sevrage intense, et la plupart des pays ont adopté, à l'heure actuelle, une
combinaison d'unités de désintoxication avec et sans médication en
établissement (DenHartog, 1982).
Les
modèles de désintoxication à l'externe ou à domicile soulèvent de plus en plus
d'intérêt depuis quelques années, en raison de la tendance générale vers des
méthodes de traitement à l'externe. En outre, la désintoxication à l'externe ou
à domicile est un modèle de prestation de services plus approprié pour les
petites régions urbaines, rurales et éloignées qui n'ont pas une population
suffisamment importante et, par le fait même, une demande de service suffisante
pour justifier une unité de désintoxication en établissement.
Les
programmes de désintoxication à l'externe exigent la supervision d'une personne
pendant toute la phase de sevrage tandis que le patient reste chez lui, mais
reçoit des visites quotidiennes ou régulières de représentants du service
communautaire ou d'un professionnel s'il a besoin de médicaments et (ou) d'une
autre forme d'aide. Tennant (1979) et Stinnett (1982) ont établi une
description d'un protocole de désintoxication externe. Feldman et ses collègues
(1975) ont décrit l'une des premières évaluations de l'approche externe avec
médication et ont conclu qu'il s'agissait d'une option rentable, sûre et
thérapeutique pour la plupart des personnes qui doivent entreprendre une
désintoxication. Ces données ont été confirmées dans plusieurs évaluations
ultérieures (par exemple, Stinnett, 1982; Webb et Unwin, 1988; Hayashida et coll.,
1989).
La
désintoxication à domicile se compare au modèle externe parce que la personne
continue de demeurer à sa résidence habituelle, mais reçoit la visite
quotidienne ou régulière d'un professionnel. La désintoxication à domicile peut
être offerte avec médication sous la supervision d'un professionnel de la santé
(par exemple, Stockwell et coll., 1990) ou sans médication sous la supervision
d'un professionnel qui n'est pas du milieu médical ou un non-spécialiste. Pour
les deux types d'approche (avec et sans médication), les membres de la famille,
et les proches fournissent habituellement un appui pendant tout le processus.
Le modèle de désintoxication à domicile a peu d'antécédents et, par conséquent,
n'a pas fait l'objet d'un grand nombre d'évaluations. Un programme offert à
Exeter (Angleterre) est le plus connu dans toute la documentation
internationale et a fait l'objet d'une évaluation approfondie par Stockwell et
ses collègues (Stockwell et coll., 1986; Stockwell et coll., 1990; Stockwell,
1989). Les résultats issus de ces études ont révélé que le modèle de
désintoxication à domicile était aussi sécuritaire et efficace que des soins en
établissement, même pour les alcooliques gravement dépendants. Les clients et
les familles ont semblé trouver cette approche très acceptable (la plupart
préférait cette option par rapport aux soins en établissement) et ont participé
plus que prévu à des programmes de traitement ultérieurs, ce qui a donné des
résultats positifs. Une étude récente non publiée qui a été effectuée en
Australie faisait une comparaison entre les clients qui participaient à un
programme de désintoxication à domicile et un groupe témoin qui recevait des
soins en établissement. Cette étude n'a constaté aucune différence notable du
point de vue des résultats au suivi à 12 mois (Bartu (1989) cité par Stockwell
et ses collègues, 1990).
On
doit cependant établir des critères précis qui justifieraient dans quelle
mesure la désintoxication en établissement, à l'externe ou à domicile sont
appropriées, même si on soutient généralement que les deux dernières approches
semblent mieux adaptées pour les personnes susceptibles de n'éprouver que des
symptômes de sevrage légers ou modérés (Heather et Tebbutt, 1989). Cependant,
Stockwell et ses collègues (1990) ont mentionné le succès du programme de
désintoxication à domicile d'Exeter, même pour les cas de dépendance grave.
Sausser
et ses collègues (1982) soulignent que le critère peut-être le plus important
pour la désintoxication à l'interne (ou à domicile) est l'appui offert aux
clients, non seulement par la famille, mais également par les AA, par d'autres
groupes d'entraide ou par des services de traitement. Ils font remarquer que
les critères de sélection pour la désintoxication en établissement ne comprennent
pas l'environnement et les conditions médicales appropriés pour les cas de
crises d'épilepsie, d'hallucinations, d'hypertension grave et de tachycardie.
Plusieurs critères ont été élaborés pour mesurer la gravité des symptômes de
sevrage (Gross et coll., 1973; Shaw et coll., 1981; Stinnett, 1982; Saunders,
1987; 1988). On doit poursuivre les recherches pour évaluer de quelle façon ces
critères peuvent permettre l'appariement des patients à divers programmes de
désintoxication et d'évaluer leur efficacité.
Comme
nous l'avons mentionné précédemment, l'apport du Canada à la documentation
internationale sur l'efficacité des méthodes de désintoxication a été important
grâce aux travaux de la Fondation de la recherche sur la toxicomanie effectués
en Ontario au début des années 1970. Ces travaux ont montré de façon très
concluante la valeur du modèle de désintoxication sociale sans médication selon
un point de vue thérapeutique et économique (Annis et coll., 1976; Annis,
1979). Lorsqu'on a fait la promotion de ce type d'approche aux États-Unis
(O'Briant, 1974-1975), des changements importants ont été apportés au mode de
prestation des programmes de désintoxication dans ce pays. Des changements
semblables se sont produits dans d'autres pays industrialisés.
Un
autre programme de recherche effectué à la FRT et à l'université de Toronto
portait sur le rôle des agents pharmacologiques dans le sevrage et venait
compléter les travaux effectués sur l'approche sans médication. Par exemple,
cette recherche démontrait que la plupart des patients admis au service
d'urgence pouvaient être sevrés de façon sécuritaire sans avoir recours à des
médicaments ou à des soins infirmiers de soutien (Naranjo et coll., 1983). Ce
programme de recherche a également donné lieu à l'élaboration de l'un des
critères précités pour mesurer la gravité des symptômes de sevrage (Shaw et
coll., 1981).
Étant
donné que la documentation internationale commence à peine à étudier plus à
fond les modèles de désintoxication à l'externe et à domicile, il est évident
qu'il faut étudier ces modèles offerts dans les établissements du Canada.
Programmes de traitement à long terme en
établissement : Outre les centres de
désintoxication et les unités de traitement classique à court terme en
établissement, d'autres programmes contre l'alcoolisme et la toxicomanie à long
terme sont également offerts en établissement. On fait alors référence à des
«centres de réadaptation pour toxicomanes», à des «maisons de transition» ou à
des «maisons de transition pour les alcooliques et les toxicomanes» étant donné
qu'ils ont été mis sur pied pour offrir un appui et une adaptation sociale aux
personnes qui effectuent une transition entre un traitement en établissement
plus intensif et une vie autonome en collectivité. Certains centres de
réadaptation ont également été mis sur pied pour travailler en étroite
collaboration avec les centres de désintoxication et les contrevenants
alcooliques chroniques qui fréquentent de tels établissements. Les séjours en
centre de réadaptation et en établissement de traitement à long terme sont
habituellement d'une durée de trois mois ou plus.
Très
peu de travaux de recherche ont porté sur l'efficacité de ces établissements de
traitement à long terme. Dans la revue de la documentation effectuée par Miller
et Hester (1980), les résultats n'étaient pas particulièrement encourageants.
Cependant, comme Martin (1990) l'a fait remarquer, ces programmes sont offerts
à des personnes qui sont moins susceptibles d'atteindre des résultats très
positifs, et une évaluation des programmes doit avoir pour critère des
résultats positifs sortant peut-être de la norme. Ce fait a été négligé si on
en juge d'après les résultats d'une étude effectuée en Ontario qui donnait des
résultats très faibles, mais qui pouvaient avoir sous-estimé les critères
d'amélioration au moment de la sélection des critères de mesure des résultats
(Ogborne, 1978).
Un
autre type de programme à long terme en établissement est la communauté
thérapeutique (CT). Ces programmes représentent une importante méthode de
traitement pour les personnes qui ont une dépendance envers une drogue autre
que l'alcool (même si l'alcool est en cause dans presque tous les cas). La CT a
été bâtie sur les principes d'entraide, de travaux, de recours aux pairs en tant
que modèles et au personnel en tant qu'autorité (Heather et Tebbutt, 1989).
L'ensemble de l'approche consiste à restructurer le mode de vie d'un
particulier et les attitudes qu'il entretient envers la consommation de drogues
par l'entremise d'une réadaptation sociale. On utilise très souvent les
techniques de confrontation.
La CT
n'a fait l'objet d'aucune évaluation contrôlée et les conclusions des travaux
de recherche sont étroitement limitées par les critères de sélection des
participants, de même que par le taux d'abandon. Dans une étude effectuée
récemment (Institute of Medicine, 1990b), des taux de succès élevés
étaient signalés pour les «diplômés» mais les pourcentages d'abandon se
situaient entre 75 et 85 p. 100. On s'entend pour dire que la durée
de la participation à la CT exerce un effet positif sur les résultats (par
exemple, Heather et Tebbutt, 1989). Cependant, une étude importante effectuée
au Canada ne confirme pas ce lien (Brook et Whitehead, 1980). La plupart des
études portant sur l'efficacité de la CT concluent que, malgré l'absence de
données solides au sujet de l'efficacité de tels programmes, on peut
raisonnablement supposer que l'approche est plus rentable que toute
autre option pour ce groupe, notamment l'incarcération (Institute of
Medicine, 1990b).
Évaluation du client et choix de traitement
Les deux sections précédentes du présent chapitre
portaient sur l'efficacité des divers types d'interventions ou de modes de
traitement et sur la durée et les contextes de ces interventions. Une des
conclusions de l'étude est que, vu la diversité des cas à traiter, tous les
types d'interventions ou de programmes n'auront pas toujours la même
efficacité. On reconnaît maintenant que l'efficacité d'un traitement est
susceptible d'être grandement améliorée en choisissant l'intervention la mieux
adaptée aux problèmes précis et aux forces d'une personne. En outre, la valeur
éventuelle d'un tel appariement fait ressortir le besoin d'évaluer chaque
personne et d'élaborer des plans de traitement individualisés.
Il
n'est pas du ressort de la présente revue de décrire et d'évaluer les diverses
stratégies et techniques d'évaluation des personnes qui éprouvent des problèmes
liés à l'alcoolisme et à la toxicomanie. Heather et Tebbutt (1989) et l'Institute
of Medicine (1990a, 1990b) ont discuté en détails et dans des termes très
pratiques de ces stratégies et techniques. Les évaluations devraient insister
sur la quantité d'alcool consommée, la fréquence et les habitudes passées et
présentes de consommation d'alcool et d'autres drogues, le degré de dépendance
de même que sur la nature des problèmes liés à l'alcoolisme et à la toxicomanie
(par exemple, la santé, les aspects sociaux et personnels). L'évaluation
devrait également porter sur le degré de motivation du client à apporter des
changements à son mode de vie. On remarque également l'apparition d'un nouveau
consensus sur le fait que les besoins exprimés et les demandes d'aide du client
forment une partie importante du processus d'évaluation et d'un appariement
efficace. Enfin, l'évaluation devrait prendre en considération le contexte
social dans lequel la personne évolue et faire participer les membres de la
famille et les proches, au besoin.
Les
chercheurs de la FRP en Ontario ont grandement contribué à l'élaboration de
protocoles et d'outils d'évaluation. Skinner et ses collègues ont élaboré ou
évalué les propriétés psychométriques de plusieurs outils d'évaluation, y
compris les critères de mesure de dépendance à l'égard de l'alcool (Skinner et
Allen 1982; Horn et coll., 1984), le test de dépistage de l'alcoolodépendance
du Michigan (Skinner, 1979) et le test de dépistage de la toxicomanie (Skinner,
1982a). Annis (1982) a réalisé un genre de répertoire des situations de risque,
un protocole d'évaluation étroitement lié aux procédures de prévention des
rechutes (voir ci-après). D'autres travaux de recherche entrepris à la FRP
portaient sur l'évaluation de la validité des diverses techniques utilisées
pour déterminer la quantité d'alcool consommée, la fréquence et les habitudes
de consommation, tous des facteurs présents au moment où la personne vient
consulter et dans l'ensemble de son vécu (par exemple, Sobell et coll., 1988).
Le personnel chargé des programmes et les chercheurs de la FRP ont également
mis au point l'ASIST (Fondation de la recherche en toxicomanie, 1984),
un protocole d'évaluation détaillé et très pratique. Le protocole ASIST est
couramment utilisé dans les centres spécialisés d'orientation et d'évaluation
de l'Ontario, qui, en eux-mêmes, représentent une approche communautaire unique
quant à à la prestation de services d'évaluation (Ogborne et Dwyer, 1986;
Ogborne et Rush, 1990). Des études descriptives et des évaluations du processus
qualitatif de ces centres spécialisés révèlent que ces techniques sont
couramment utilisées par divers professionnels et qu'elles font partie
intégrante du système de traitement local (Ogborne et coll., 1984). Toutefois,
dans le système de traitement ontarien, 10 p. 100 des cas seulement
ont fait l'objet d'une évaluation dans ces centres (Ogborne et Rush, 1990).
Comme dans d'autres provinces, la majeure partie de l'évaluation du client est
effectuée à son entrée dans un programme de traitement, et on peut se demander
dans quelle mesure ce processus est une simple fonction de sélection pour ce
programme, en particulier, ou est un processus précédant l'élaboration d'un
plan de traitement très individualisé (qui pourrait comprendre un service d'orientation
vers une gamme de services communautaires).
Comme
on l'a déjà souligné, l'objectif fondamental de l'évaluation du client devrait
être d'apparier ce dernier au traitement approprié, augmentant par le fait même
l'efficacité de l'intervention. La plupart des études effectuées sur
l'efficacité du traitement ont tenté d'établir une moyenne de résultats
à partir des différences entre les clients. Les études qui portent sur
l'appariement, d'un autre côté, se concentrent sur l'interaction entre le type
de client et le type de traitement -- c'est-à-dire, la mesure dans laquelle le
traitement produit un effet très sélectif sur des clients particuliers. Même si
on comprend bien que des personnes ayant des besoins différents et des
caractéristiques différentes répondront plus positivement à divers types
d'intervention, à l'heure actuelle, il s'agit toujours d'un domaine de
recherche particulièrement complexe selon un point de vue conceptuel et
méthodologique. Par exemple, les résultats peuvent varier selon les critères de
mesure des résultats choisis (par exemple, motivation face au traitement,
conformité au traitement, diminution de la consommation d'alcool ou d'autres
drogues). En outre, le choix du «traitement» approprié aux besoins du client
peut faire référence au mode de traitement (par exemple, psychothérapie de
groupe ou individuelle), à la durée ou au lieu du traitement (interne ou
externe), aux thérapeutes qui dispensent le traitement (des pairs ou des
professionnels) ou à l'objectif du traitement (modération ou abstinence). Si le
lecteur veut connaître les résultats et les questions clés, il pourra consulter
l'Institute of Medicine (1990a), Marlatt (1988) et Miller et Hester
(1986b), Finney et Moos (1986), Glaser (1980) et Skinner (1982b).
Certaines
études cherchent des critères d'appariement en utilisant une approche
corrélationnelle ou «prédictive», en vertu de laquelle le chercheur tente de
déceler, chez le patient, les résultats attribuables à divers programmes de
traitement. Les caractéristiques des patients peuvent être regroupées en
plusieurs catégories, notamment, les variables démographiques (par exemple,
l'âge, le sexe), les variables relatives au traitement de données (par exemple,
les aptitudes cognitives), les variables personnelles (par exemple, l'estime de
soi) et le contexte (par exemple, l'appui social). Miller et Hester (1986b) ont
fourni l'étude la plus approfondie des travaux de recherche effectués dans le
domaine de l'alcoolisme à l'aide de l'approche prédictive et ont conclu qu'aucune
caractéristique de client ne ressort de la documentation comme un élément
permettant de prévoir les résultats positifs, peu importe le type de
traitement dispensé. Ils ont poursuivi leur revue sur une grande diversité
d'études pour découvrir les caractéristiques des clients qui permettent de
prévoir des résultats positifs à partir de modalités de traitement
précises (par exemple, en psychothérapie, le niveau de conscience du client est
associé à un résultat positif (McLachlan, 1972)). Dans une étude ultérieure
effectuée sur les critères d'appariement pour les adolescents qui abusent de
substances, Hester et Miller (1988) ont souligné l'absence de données
empiriques permettant l'élaboration de critères de ce genre.
Une
autre grande catégorie d'étude sur les critères d'appariement porte sur la
pertinence de diverses caractéristiques des clients dans la prévision des
résultats de diverses approches de traitement (Miller et Hester, 1986b). Les
données les plus solides sont issues de recherches qui assignaient les clients
au hasard à l'un de ces modes de traitement, même si d'autres plans quasi
expérimentaux sont tout aussi valables (Finney et Moos, 1986). Une étude
décrite ci-après effectuée par McLellan, Woody, Luborsky et leurs collègues
(1983) explique une méthode non expérimentale ayant fourni des données
valables. Dans cette étude, après que les clients aient été assignés au hasard
à des thérapies en établissement et à l'externe, on considérait que les clients
étaient bien appariés ou non en se fondant sur des critères de détermination a
posteriori. Les clients bien appariés ont eu de meilleurs résultats que les
autres.
Les
recherches n'ont toujours pas produit de données empiriques concluantes sur
l'«hypothèse d'appariement». Les travaux sont toujours en cours pour déterminer
sur quels critères repose l'hypothèse. Les recherches les plus récentes à ce
sujet (Institute of Medicine, 1990a; Miller et Hester, 1986a, 1986b;
Heather et Tebbutt, 1989) portent sur les facteurs énumérés au paragraphe qui suit.
À l'heure actuelle, ces facteurs pourraient être considérés comme des critères
valables d'appariement. Le lecteur doit toutefois être prévenu que ces critères
ont été principalement établis à partir de recherches sur des alcooliques et
que très peu de données empiriques sont offertes pour les critères
d'appariement des toxicomanes (Hester et Miller, 1988).
Gravité du problème : Les clients dont l'alcoolisme est plus avancé semblent profiter
davantage d'un traitement intensif (quoiqu'il ne s'agisse pas nécessairement
d'un traitement en établissement), tandis que les clients dont les problèmes
sont moins graves profitent autant, sinon plus, d'interventions plus brèves.
Cette constatation est étayée par les travaux de Orford et ses collègues
(1976). Ceux-ci ont établi une comparaison entre le traitement intensif et le
traitement à court terme. Ils ont constaté que, parmi les alcooliques graves,
tous ceux qui bénéficiaient de résultats positifs avaient suivi le traitement
intensif, tandis que 80 p. 100 des sujets qui échouaient avaient reçu
l'intervention plus brève -- et vice-versa pour les cas moins graves. McLellan,
Woody, Luborsky et leurs collègues (1983) ont repris ces travaux dans une étude
complémentaire. Ces chercheurs ont utilisé un critère de mesure de la gravité
psychiatrique afin de prévoir les résultats de façon rétrospective à partir de
divers programmes offerts en établissement et à l'externe. En se fondant sur
une étude de suivi à six mois et des critères d'auto-évaluation, ils ont
constaté que les patients aux problèmes très graves avaient des résultats
faibles dans le cadre des programmes en établissement et à l'externe, tandis
que les patients aux problèmes moins graves avaient des résultats positifs peu
importe le type de programme choisi. Ils ont assigné les clients à un mode de
traitement en se fondant sur le procédé d'admission habituel et ont ensuite
déterminé que les clients étaient bien appariés ou non en se fondant sur les
critères de détermination a posteriori issus de la recherche précédente.
Le traitement à l'externe semblait le moins bien adapté aux clients dont les
problèmes d'alcoolisme étaient plus graves, tandis que cette même option
semblait beaucoup plus avantageuse pour les clients dont les problèmes
d'alcoolisme étaient moins graves.
Déterminants cognitifs : Les recherches ont révélé qu'il était possible
d'obtenir des résultats encore plus positifs lorsqu'un client était orienté
vers un traitement correspondant à plusieurs de ses caractéristiques
cognitives. McLachlan (1972, 1974) a constaté que les patients orientés vers
une thérapie dirigée ou libre d'après leur «niveau de conscience» (par exemple,
niveau de conscience élevé -- thérapie libre) réussissaient mieux que les
patients qui étaient mal appariés. Certaines études montrent que les patients
qui ont une source de détermination interne réussissent mieux lorsqu'ils sont
orientés vers une thérapie libre (par exemple, Abramowitz et coll. 1974), même
si les résultats ne sont pas uniformes à cet égard (par exemple, Schmidt,
1978).
Problèmes vécus : Les problèmes particuliers qui surgissent sur divers plans de la vie
quotidienne du client peuvent faire ressortir la nécessité d'orienter celui-ci
vers diverses modes de traitement polyvalent. Par exemple, Rosenberg (1979) a constaté
qu'on pouvait accroître l'efficacité de la thérapie par la relaxation lorsqu'on
l'offrait à des clients très anxieux comparativement à des personnes pour qui
il ne s'agissait pas là d'un problème majeur. Azrin et ses collègues (1982) ont
constaté qu'une formation en aptitudes sociales ou en techniques de recherche
d'emploi était plus appropriée pour les clients qui en avaient besoin.
Choix personnel : Les clients qui choisissent eux-mêmes leur mode de traitement semblent
mieux accepter la thérapie, mieux la suivre et s'améliorer, comparativement aux
clients à qui on n'a proposé qu'une seule thérapie. Même si cette constatation
n'a été étayée que dans une seule étude contrôlée (Kissin et coll. 1971), en
l'absence d'une liste exhaustive d'autres critères d'appariement, on propose
que les clients aient la possibilité de faire des choix informés à partir de
diverses méthodes plausibles (Miller et Hester, 1986b).
Au
Canada, peu d'études empiriques portent sur l'évaluation du potentiel des
critères d'appariement existants et éventuels quant à l'amélioration de
l'efficacité du traitement. Les études les plus pertinentes sont celles
énoncées précédemment (McLachlan 1972, 1974) en ce qui concerne l'appariement
du traitement au niveau conceptuel du client, de même que ceux de Annis et de
Chan (1983) et de Sanchez-Craig et de ses collègues (1984). Annis et Chan
(1983) ont choisi des personnes au hasard qui avaient commis un délit sous
l'influence de l'alcool pour recevoir ou non une thérapie de groupe par la
confrontation. Ils ont constaté que les clients qui avaient une forte estime de
soi réussissaient mieux s'ils suivaient la thérapie de groupe, tandis que les
clients qui avaient très peu d'estime de soi avaient de très mauvais résultats
avec la même thérapie et réussissaient mieux autrement. L'étude de
Sanchez-Craig et ses collègues (1984) est intéressante en ce que les buveurs
intempérants non dépendants de l'alcool avaient obtenu des résultats tout aussi
positifs, qu'ils se soient fixés une consommation contrôlée ou l'abstinence
comme objectif dans le cadre d'un programme de traitement cognitif axé sur la
modification du comportement. Cependant, l'objectif de consommation contrôlée
était plus attrayant et était, par conséquent, plus susceptible d'inciter les
clients à poursuivre le traitement. Cette constatation fait ressortir le besoin
d'insister davantage sur d'autres facteurs que l'efficacité seulement,
c'est-à-dire, une consommation réduite ou les problèmes connexes, au moment
d'établir les critères d'appariement.
Même
si peu d'études empiriques ont été effectuées à ce sujet, le Canada a fourni un
apport important dans ce domaine par l'entremise de revues approfondies de la
documentation (par exemple, Ogborne, 1978) et de progrès réalisés sur les plans
conceptuel et théorique (par exemple, Glaser 1980; Skinner 1982b).
Prévention des rechutes et soins continus
Tout comme l'élaboration d'un plan de traitement
efficace doit tenir compte des forces et des problèmes particuliers d'une
personne tels que déterminés par une évaluation, des données laissent croire
que l'efficacité du traitement peut être accrue grâce à une planification et à
une prestation de services prudentes pour aborder les difficultés qui
surviennent habituellement une fois que le traitement est terminé. De même, un
plan de traitement efficace devra aborder les soins continus du point de vue
des services offerts aux clients. Cette pratique peut exiger l'adoption de
procédures systématiques pour la prévention des rechutes ou la prestation de
services comme le suivi ou la gestion de cas.
Prévention des rechutes : Cette approche est la suite logique des travaux de
Prochaska et di Clemente (1986) et de leur modèle de changement des habitudes
de dépendance. Ces travaux ont été mentionnés précédemment sous la rubrique Entrevue
de motivation en tant que méthode de traitement prometteuse axée sur le
comportement. Les techniques de prévention des rechutes reconnaissent la
difficulté de maintenir les changements apportés au comportement et
cherchent à prévenir les éléments déclencheurs sociaux ou psychologiques (par
exemple, états émotifs néfastes, conflit interpersonnel et pression sociale).
Les travaux de Marlatt et de ses collègues (par exemple, Marlatt et Gordon,
1980; Marlatt et George, 1984) ont eu une influence particulière dans ce
domaine. On demandait aux clients de reconnaître les situations à haut risque
et on leur enseignait ensuite les techniques leur permettant de faire face à
ces situations. Le traitement repose principalement sur les principes
théoriques d'apprentissage social et insiste beaucoup sur l'accroissement des
capacités des clients ou sur la croyance qu'ils peuvent maîtriser les
situations à haut risque.
Même
si de nombreuses recherches révèlent que l'acquisition de compétences
personnelles est liée aux résultats positifs (voir Annis et Davis (1989a) pour
un bref retour et Burling et coll., 1989), cette approche a fait l'objet d'un
nombre très restreint d'évaluations contrôlées. Annis et Davis (1988) ont
rédigé un rapport sur une étude de suivi non contrôlée montrant des diminutions
marquées de la consommation au suivi à six mois pour un petit groupe de buveurs
excessifs qui avaient reçu une formation en techniques de prévention des
rechutes. La réduction de la consommation était tributaire de l'acquisition de
compétences personnelles. La formation en techniques de prévention des rechutes
a fait l'objet d'une évaluation au cours d'un essai contrôlé effectué dans le
cadre d'une étude non publiée par la même équipe de recherche (Annis et coll.,
1987). Ils choisissaient au hasard 83 alcooliques sur le marché du travail qui
avaient terminé un programme de trois semaines en établissement pour recevoir
une formation en prévention des rechutes ou un counselling classique à
l'externe. En se fondant sur le protocole d'évaluation, on déterminait que les
clients étaient à risque d'avoir une rechute dans diverses situations (risque
généralisé) ou dans des situations très précises (risque différencié). Les
résultats montrent que les clients soumis à des situations de risque
différencié avaient réduit plus considérablement leur consommation quotidienne
s'ils avaient suivi la formation que s'ils avaient reçu un counselling. Aucune
différence n'a toutefois été relevée entre les modalités de traitement pour les
personnes qui se trouvaient en situation de risque généralisé. Cet appariement
correspond aux attentes à l'égard du modèle de prévention des rechutes.
Une
autre évaluation venant étayer la méthode de prévention des rechutes est celle
effectuée par Chaney et ses collègues (1978), mentionnée précédemment dans le
présent rapport sous la rubrique des méthodes de formation en acquisition de
compétences. On remarque un chevauchement conceptuel entre la méthode de
prévention des rechutes et les méthodes de formation en acquisition des
compétences abordées précédemment sous la rubrique des traitements axés sur la
modification du comportement. Chaney et ses collègues (1978) ont constaté qu'un
groupe qui recevait une formation en techniques de résolution des problèmes en
vue de l'aider à affronter les situations susceptibles de provoquer des
rechutes avaient mieux réussi en ce qui a trait à divers critères de mesure du
comportement sur le plan de la consommation que les deux groupes de contrôle --
groupe de discussion sur les situations à risque ou un traitement classique en
établissement.
À
l'heure actuelle, les techniques en prévention des rechutes suscitent
considérablement d'enthousiasme étant donné qu'il semble possible de traiter
les difficultés associées à la modification à long terme du comportement de
dépendance. On doit toutefois poursuivre les recherches afin de déterminer la
mesure dans laquelle la méthode peut permettre d'atteindre cet objectif.
Les
travaux d'Annis à Toronto constituent la contribution canadienne la plus
pertinente aux travaux sur la prévention des rechutes (par exemple, Annis,
1982, 1986b; Annis et Davis, 1989a, 1989b). La majeure partie de ces travaux a
été discutée précédemment, c'est-à-dire les protocoles qui ont été élaborés
pour évaluer les situations à haut risque de consommation (Annis 1982) et les
évaluations portant sur un modèle de traitement en prévention des rechutes
(Annis et coll., 1987). Les éléments clés de ce mode de traitement sont
maintenant intégrés à un programme de traitement plus classique en Ontario, et
une évaluation approfondie des techniques en prévention des rechutes est
actuellement en cours (Zarebski et coll., 1990).
Soins continus : À en juger d'après la vaste gamme de programmes et de stratégies
d'intervention qui fait l'objet de la présente étude et de nombreuses autres,
il semble évident qu'une personne qui souhaite suivre un traitement pour
résoudre un problème d'alcoolisme ou de toxicomanie risque de s'engager dans un
dédale de services plutôt complexe. Ce phénomène peut se produire dans tout
programme qui vise, par exemple, la désintoxication, l'évaluation, les méthodes
de traitement en établissement et à l'externe et les méthodes particulières de
traitement. La complexité de l'interaction entre le client et le traitement
prend de l'ampleur lorsqu'on se rend compte que ces services ne sont pas
nécessairement tous regroupés sous le même programme. Nous sommes donc portés à
présumer de façon implicite que le traitement dispensé à une personne sera plus
efficace (ou que, du moins, la prestation sera plus efficace) s'il est
coordonné par les services dans lesquels le client est engagé. L'expression
«soins continus» reflète cette présomption et fait ressortir l'importance de
coordonner les soins du client à court et à long termes (Martin, 1990).
Le
terme «suivi» est habituellement utilisé pour décrire les soins qui sont
dispensés une fois la période de traitement terminée, et ces soins sont
habituellement dispensés à court terme en établissement. Ce terme s'applique
toutefois moins à la prestation de services à l'externe. Peu d'évaluations ont
porté sur les méthodes traditionnelles de suivi. Certaines études révèlent qu'il
existe un lien positif entre les résultats et la prestation de soins de suivi
(par exemple, Pittman et Tate, 1969; Pokorny et coll., 1973; Vannicelli, 1978).
D'autres recherches, comme celle effectuée par Dubourg (1969) et par Armor et
coll. (1978), offrent très peu de données à ce sujet. Dans l'étude effectuée
par Armor et ses collègues, les données issues de 44 centres de traitement
d'alcoolisme ont fait l'objet d'une analyse et aucune différence n'a été
relevée entre les résultats des patients qui avaient reçu seulement le
traitement en établissement et ceux des patients qui avaient reçu des soins de
suivi à la fin de leur séjour en établissement. Ces résultats concordent avec
ceux précités en ce qui a trait au fait que les traitements et un contact prolongés
avec le patient ne sont généralement pas plus efficaces que des interventions
plus brèves (par exemple, Zweben et coll., 1988). À l'heure actuelle,
l'application des services de «suivi» est trop variable pour que l'on puisse
généraliser sur la valeur de certains types de services de soins continus
suivant une période de traitement plus classique. En outre, du fait du recours
aux méthodes d'évaluation correlationnelles dans le cadre d'études sur les
services de suivi, la causalité entre la participation au suivi et les
résultats n'a pas été clairement établie. Les avantages éventuels d'un suivi
varient également pour les divers groupes de clients. Ce fait est illustré, par
exemple, par une évaluation portant sur un programme de suivi communautaire pour
les sans-abri du Québec. La comparaison entre les participants au programme et
le groupe de contrôle n'a permis de relever que de faibles différences en ce
qui a trait aux critères de mesure de la consommation d'alcool et d'autres
drogues, mais des différences importantes sur le plan du logement, des finances
et de la vie sociale (Péladeau, 1988).
L'expression «gestion de cas» est beaucoup plus vaste
que celle des soins continus (Johson et Rabin, 1983) étant donné qu'elle a
comme principale composante les services de santé mentale (y compris les
services pour l'alcoolisme et la toxicomanie). On la définit de la façon
suivante :
· Évaluation des forces, des faiblesses
et des besoins actuels;
· Planification permettant de
déterminer les services correspondant aux besoins particuliers du client;
· Appariement des clients aux services
appropriés et assurance que les liens seront maintenus;
· Surveillance et évaluation continues
des progrès;
· Prise de position au nom du client
(défense des droits) de façon à assurer que le système de traitement réponde
correctement et équitablement aux besoins du client.
Graham
et Birchmore Timney (1990) ont produit dernièrement un document de travail
exhaustif sur la gestion de cas, particulièrement sur la façon dont ce processus
s'applique à la prestation des services contre l'alcoolisme et la toxicomanie.
Ils font ressortir les nombreux parallèles tracés entre le service de gestion
de cas dispensé par ces services et celui que les services de santé mentale
dispensent habituellement. L'élaboration et l'évaluation du mode de gestion de
cas dans le domaine de l'alcoolisme et de la toxicomanie se retrouvent
cependant derrière celui du domaine de la santé mentale. En particulier, on
soulève beaucoup de controverse sur plusieurs questions, y compris celle de
savoir si le responsable de la gestion de cas devrait ou non dispenser des
services de thérapie, quels sont les divers rôles que le responsable devrait
jouer avec le client, quels sont les antécédents et la formation des responsables
de cas et, également, si la gestion de cas devrait être centralisé au sein du
système de traitement ou intégré à chaque programme. Graham and Birchmore
Timney (1990) soulignent en outre l'absence d'évaluation de modèles de rechange
de même que la nécessité d'effectuer des évaluations, surtout en ce qui
concerne la conception et l'application. Étant donné que la gestion de cas
comprend un grand nombre de fonctions et de services, on recommande que les
diverses composantes soient cernées et que le processus, comme l'évaluation,
porte ensuite sur ces composantes (Graham et Birchmore Timney, 1989).
Au
Canada, une évaluation contrôlée de la gestion de cas a été menée à Kingston
lors d'un projet d'élaboration de système de traitement communautaire (Ligthfoot
et coll., 1982). On choisissait des personnes au hasard qui profitaient ou non
de services continus de gestion de cas (dans l'étude, on parlait de «soins
primaires») en plus de l'évaluation approfondie. Les résultats semblaient être
en faveur du service de gestion de cas. Cependant, l'énorme manque à gagner et
la méthode d'analyse utilisée pour régler ce problème nous empêchent de tirer
une conclusion définitive.
Perlman
(1984a, 1984b, 1984c) a fait rapport d'une évaluation de la gestion de cas dans
le cadre d'un projet de recherche portant sur un système élargi de services de
traitement. Cette série d'études portaient principalement sur les effets de la
gestion de cas sur la prestation du traitement et sur la définition et le rôle
du responsable de cas. On a signalé que la gestion de cas ne diminuait pas le
taux d'abandon, mais accroissait la participation au traitement après
l'admission et l'évaluation (Perlman, 1984a).
Birchmore
Timney et Graham (1989) ont entrepris une vaste étude descriptive des services
de gestion de cas offerts en Ontario. Ils ont constaté que divers aspects de ce
type de service étaient accessibles sur une grande échelle dans les programmes
de traitement offerts dans la province. Cependant, comme cette étude l'a
justement fait remarquer, de même que des études plus récentes sur le système
ontarien (Martin, 1990), peu de programmes liés à la dépendance fournissent
toute la gamme de services qui entrent habituellement dans la rubrique générale
«gestion de cas». Certaines évaluations de la gestion de cas effectuées dans
des centres de traitement ou dans des centres spécialisés d'orientation et
d'évaluation sont présentement en cours et portent sur les diverses composantes
de la gestion de cas (par exemple, Graham, Birchmore Timney et Bois, 1990).
Graham, Saunders, Flower et leurs collègues (1990) ont également entrepris une
évaluation approfondie d'un service ambulatoire pour les aînés alcooliques.
Sous de nombreux aspects, cette évaluation constitue une évaluation du
processus. La majeure partie des travaux effectués à ce jour ont porté sur les
critères de contrôle des résultats chez les aînés alcooliques, de même que sur
les critères de mesure d'intervention en ce qui a trait au processus de gestion
de cas ou de traitement. Dans le cadre d'une analyse correlationnelle de ces
données, des résultats positifs semblent être associés à certaines
caractéristiques des clients (par exemple, attitude plus ouverte et plus
coopérative, gravité accrue des problèmes d'alcoolisme), de même que le type
d'intervention reçue (par exemple, l'amélioration des capacités cognitives ou
de la santé mentale était liée aux interventions portant sur cet aspect de la
vie du sujet).
En
résumé, on devra entreprendre un plus grand nombre d'évaluations afin de déterminer
les avantages des nombreux types de services de soins continus et de gestion de
cas offerts aux divers groupes. Comme l'ont démontré les travaux de Graham et
de ses collègues, des approches plus novatrices que par le passé seront
nécessaires pour entreprendre la conception d'un processus d'évaluation et de
critères d'évaluation des résultats.
Questions sur les systèmes de traitement
Comme on le laissait clairement entendre dans la
section précédente sur les soins continus et la gestion de cas pour les
personnes qui voulaient suivre un traitement contre leurs problèmes de
toxicomanie et d'alcoolisme, l'efficacité du traitement ne concerne pas
seulement un type d'intervention ou de programme. On peut également la prendre
en considération dans la mesure où l'ensemble du réseau de services disponibles
au sein d'une collectivité ou d'une province vise à produire des résultats
positifs -- et le tout de façon efficace. La question globale de la
coordination des services ou des systèmes a été approfondie dans la
documentation sur le traitement de l'alcoolisme et de la toxicomanie (par
exemple, Ogborne et Rush, 1983), mais son incidence sur les résultats a
rarement fait l'objet d'évaluations. On continue néanmoins de présumer qu'un
réseau de services coordonnés produira de meilleurs résultats et y parviendra
en utilisant plus efficacement les ressources.
Cette
étude n'a pas la prétention de fournir un traité détaillé sur les divers
systèmes de prestation de services accessibles dans le domaine du traitement de
l'alcoolisme et de la toxicomanie. Il y a de plus en plus de documentation à
l'échelle internationale sur les systèmes de traitement de l'alcoolisme et de
la toxicomanie (Klingeman et Takala, 1987). Les travaux de Glaser et de ses
collègues (1978), ceux de Pattison (1982) et de Holder et de Straus (1972) ont,
en particulier, une certaine influence. Ils ont contribué à plusieurs analyses
de la prestation des services de traitement contre l'alcoolisme et d'autres
toxicomanies dans les diverses provinces (par exemple, Glaser et coll., 1978).
La
contribution du Canada à cette approche systémique a été particulièrement
importante en ce qu'elle a influencé la documentation internationale. Au cours
des années 70, la prestation des services de traitement à l'institut clinique
de la Fondation de la recherche sur la toxicomanie à Toronto a fait l'objet
d'une analyse puis d'une nouvelle élaboration dans le contexte des systèmes
(Glaser et coll., 1984a, 1984b, 1984c). Cette approche constituait l'une des
premières tentatives cherchant à favoriser un processus d'évaluation du client
complet, mais centralisé, qui permettrait ensuite d'apparier les clients aux
diverses options de traitement. Les soins dispensés aux clients étaient
coordonnés par l'entremise des services de gestion de cas; à ce moment-là, on
désignait ces services par l'expression «soins primaires». Cette approche a
constitué le fondement d'une analyse systémique pour l'ensemble de la prestation
des services de traitement des problèmes liés à l'alcoolisme et à la
toxicomanie en Ontario (Marshman 1978; Ogborne et coll., 1985). Depuis 1980,
des sondages sont effectués régulièrement sur le système de traitement de
l'Ontario en vue de contrôler les services de traitement et d'évaluer les
changements apportés au réseau en ce qui a trait aux objectifs du processus
d'élaboration de programmes établis à la suite de l'analyse (par exemple, Rush
et Ekdahl, 1990). Ces études ont fait ressortir, par exemple, la croissance
rapide des services d'évaluation et d'orientation et les services de gestion de
cas au sein du réseau de la province (voir également, Ogborne et Rush, 1990).
D'autres
études systémiques ont porté sur certaines collectivités plutôt que sur
l'ensemble de la province. Graham et Brook (1985), par exemple, ont analysé les
modes d'utilisation des services dans les organismes de traitement situés aux
environs de London en Ontario. Ils ont constaté que ce réseau comprenait des
systèmes de soins plutôt distincts.
Dans
les provinces autres que l'Ontario, l'approche systémique du traitement de
l'alcoolisme et de la toxicomanie a sans aucun doute influencé l'élaboration de
programmes (Rush et Ogborne, sous presse). Cependant, les évaluations des
systèmes n'ont pas été publiées. Une étude descriptive portant sur le système
de traitement du Québec a été effectuée en 1987 (Brochu et coll., 1987). On a
ensuite comparé les résultats à ceux de l'Ontario (Rush et Brochu, 1991).
L'étude a relevé plusieurs différences entre les deux provinces en ce qui a
trait à la nature et à la capacité globale de leurs systèmes de traitement de
même qu'à la proportion d'établissements publics et privés. Une planification
stratégique des services communautaires pour le traitement de l'alcoolisme et
de la toxicomanie comme celle entreprise par Lamarche et ses collègues à
Montréal (par exemple, Lamarche et coll., 1987) reflète également un point de
vue systémique.
Questions sur la méthode d'évaluation des programmes
de traitement et de réhabilitation
La plupart des revues de la documentation sur
l'efficacité des programmes de traitement rappellent le manque de méthode des
évaluations. Les résultats sont très souvent nuancés par une mise en garde quant à leur validité, et ce pour
des raisons d'ordre méthodologique. Même si les chercheurs qui travaillent sur
le terrain sont conscients qu'une amélioration de la qualité des recherches
dans ce domaine s'impose (Longabaugh et Lewis, 1988), il n'en demeure pas moins
que la documentation comporte des problèmes de méthode. Les divers résumés
analytiques contenus dans le présent rapport ont porté sur plusieurs problèmes,
brièvement repris ci-après. Plusieurs études récemment publiées portant sur
l'évaluation et la méthodologie dans le domaine de l'alcoolisme et de la
toxicomanie ont adopté une approche plus systématique à cet égard (par exemple,
Longabaugh et Lewis, 1988; Sobell et coll.,1987; Sobell et Sobell, 1989; Martin
et Wilkinson, 1989).
Données sur les conditions de base. Plusieurs études négligent de rassembler des données
sur l'état du patient avant qu'il n'entreprenne un traitement. D'autres études
qui recueillent de telles données ne le font que pendant une très courte
période -- souvent, pendant 30 ou 60 jours. Étant donné que la période
précédant un traitement est fréquemment une période de crise pour le client et
qu'elle n'est pas représentative de l'état de ce dernier à long terme, ces
informations ne suffisent donc pas à préciser les conditions de base. Par
conséquent, les évaluations ne peuvent faire état que de l'amélioration des
patients en jugeant d'après leur état en situation de crise (Mandell 1979;
Wells et coll., 1988a). Longabaugh et Lewis (1988) proposent que les habitudes
de consommation des patients soient décrites systématiquement pendant au moins
un an avant le début du traitement. Ils proposent également que le bien-être du
client et son rendement personnel dans ses divers rôles de même que son état de
santé physique fassent l'objet d'une évaluation pendant 12 mois avant le début
du traitement. Le même délai a été proposé par Wells et ses collègues (1988a)
dans les études portant sur le traitement de la toxicomanie.
La
revue de la documentation relative à l'évaluation des traitements a permis de
constater que le fait de ne pas tenir suffisamment compte de l'état du sujet ni
de ses habitudes de consommation marquait non seulement les études publiées de
1981 à 1984, mais également celles publiées de 1976 à 1980 (Sobell et Sobell,
1982; Sobbel et coll.; 1987). Les données préalables au traitement sur des
facteurs comme la gravité de la dépendance, la chronicité de l'alcoolisme et la
quantité d'alcool consommée avaient fait l'objet d'un rapport dans seulement la
moitié des études qu'ils ont passées en revue. Ils ont également constaté que
les données qui étaient recueillies avant le début d'un traitement n'étaient
souvent pas celles qui faisaient l'objet d'une évaluation au suivi.
Évaluation des caractéristiques des clients. Un autre phénomène courant est le fait que les
caractéristiques de chaque client soient souvent laissées de côté. Dans
certains cas, des facteurs fondamentaux comme le sexe, l'âge et l'ethnie ne
sont pas inclus dans le rapport final (Singer, 1983). Lorsque des sujets sont
assignés de façon aléatoire à des conditions de traitement, une modalité peut
être avantageuse pour certains types de sujets, tandis qu'une autre modalité en
avantagera d'autres. Lorsque les groupes sont comparés, les deux traitements
semblent également efficaces ou inefficaces, et cela en raison d'un effet
d'«annulation» étant donné que les combinaisons traitement-patient réussies
sont équilibrées par des combinaisons inefficaces au sein du même groupe. Ce
que l'on doit déterminer, c'est la façon dont les caractéristiques de chaque
client correspondent au type de traitement choisi en vue de produire certains
résultats. Cette interaction est à la source même de «l'hypothèse
d'appariement» sur laquelle les études insistent de plus en plus. Chaque client
et chaque traitement doivent être décrits avec précaution de façon à ce que les
sujets puissent être comparés. Dans la plupart des cas, les données se «chevauchent»,
ce qui rend une analyse de l'appariement patient-traitement impossible.
Assignation aléatoire et groupes de contrôle. Le modèle de recherche de nombreuses études est
conçu de façon telle qu'il est pratiquement impossible de distinguer les effets
du traitement d'une «rémission spontanée». En l'absence d'un groupe de
contrôle, c'est-à-dire, «sans traitement», on ne peut, en toute confiance,
considérer objectivement les améliorations résultant du traitement. Une
comparaison des résultats de groupes de contrôle non traités dans 12 études a
révélé, au suivi à un an, des pourcentages d'abstinence de 20 à 49 p. 100
(Mandell 1979). Si une proportion importante de la population peut faire des
progrès sans suivre de traitement, il est par conséquent important d'inclure un
groupe de contrôle de façon à ce que les avantages puissent être dégagés, le
cas échéant. Cependant, même si l'évaluateur peut souhaiter la présence d'un
groupe de contrôle sans traitement, l'éthique impose parfois certaines
restrictions sur la faisabilité. En outre, un groupe de contrôle sans
traitement ne comprend que des personnes qui éprouvent des problèmes liés à
l'alcoolisme ou à la toxicomanie qui ont suivi un traitement et qui peuvent par
conséquent être différentes du reste du groupe participant à l'étude, à partir
de laquelle on espère pouvoir généraliser. Ainsi, même si un modèle
d'évaluation comprenant un groupe de contrôle sans traitement est souhaitable
dans de nombreux cas, on ne devrait toutefois pas considérer cet aspect comme
essentiel.
On
accorde beaucoup d'importance aux études qui comparent les diverses options de
traitement dans la documentation; les problèmes surviennent toutefois au moment
de l'interprétation, lorsqu'on ne soumet pas les sujets de façon aléatoire aux
conditions de traitement. Parfois, le lecteur ne connaît même pas le mode de
répartition des sujets. Il est donc impossible de déterminer si les résultats
sont imputables aux différences de traitement et aux différences relevées entre
les groupes. Souvent, les chercheurs ne se donnent même pas la peine de relever
toutes les différences possibles entre les groupes avant d'entreprendre un
traitement (Sobell et coll., 1987).
Définition de l'intervention. De nombreux chercheurs évitent de décrire le programme
de traitement dans ses détails. Le lecteur peut être informé de l'utilisation
d'une formation axée sur les compétences ou d'une formation en techniques de
relaxation ou même d'une psychothérapie individuelle, mais ces modalités ne
sont pas suffisamment décrites pour que l'on puisse les mettre en application
dans d'autres établissements et les évaluer. Les chercheurs négligent aussi
très souvent de montrer si l'efficacité du traitement est liée aux «ingrédients
actifs» du programme de traitement (Laugabaugh et Lewis 1988). L'«approche liée
à la composante» de l'évaluation des programmes a été mentionnée comme moyen
d'analyser le mode de traitement et d'établir un lien entre l'application du
programme et les résultats obtenus (Moos et Finney, 1983; Miller et Hester
1988; Graham et Birchmore-Timney, 1989).
Mode
de sélection. La plupart des évaluations des
programmes de traitement excluent un certain nombre de sujets parce qu'ils ne
correspondent pas aux critères du programme. Des facteurs comme la stabilité
psychologique, la santé physique, l'âge, le sexe et les objectifs du traitement
(par exemple, consommation d'alcool contrôlée ou abstinence) sont utilisés pour
déterminer si une personne est admissible à l'étude. Ces critères font en sorte
que les sujets qui ont le pronostic le plus faible sont souvent exclus. Ainsi,
les résultats peuvent être faussés en faveur de degrés d'efficacité plus élevés
que si le traitement avait été entrepris avec un échantillon représentatif de
sujets. Il est souhaitable que les sujets participant aux études sur les
résultats du traitement soient représentatifs de l'ensemble de la population
qui suit le traitement. Dans le cas où ce serait impossible, les différences
relevées entre les sujets qui participent à l'étude et l'ensemble de la
population doivent être clairement décrites. Les chercheurs négligent parfois
d'énoncer clairement les critères d'exclusion, ce qui rend une généralisation
des résultats quasi impossible.
Suivi
à long terme. Souvent, on néglige d'évaluer
le succès avec lequel les objectifs à long terme ont été réalisés. Les études
tendent à montrer que le nombre de sujets qui peuvent être considérés comme
ayant été «traités avec succès» décroît au fur et à mesure qu'on s'éloigne de
la période de traitement. Un suivi à long terme, quoique coûteux, est essentiel
à une évaluation adéquate. Dans la documentation, cependant, on ne s'entend pas
sur la signification de l'expression «à long terme». On a proposé un suivi d'au
moins un an après le début du traitement (Longabaugh et Lewis, 1988) et d'un an
après la fin du traitement (Singer, 1983; Wells et coll.; 1988b) Des périodes de suivi plus longues
entraînent des répercussions. Au rythme où le suivi se prolonge, l'impact des
facteurs hors traitement est également susceptible de s'accroître et l'abandon
deviendra éventuellement un problème. Des périodes de suivi plus longues
peuvent aider à expliquer l'influence des facteurs hors traitement sur les
résultats éventuels plutôt que d'évaluer les effets du traitement (Wells et
coll., 1988b).
Critères
généraux valables de mesure des résultats. Les critères de mesure des résultats sont souvent inadéquats. Une revue
de 265 études sur le traitement de l'alcoolisme a permis de constater que 80
p. 100 utilisaient la consommation comme principal critère de mesure des
résultats (Mandell, 1979). Même s'il s'agit d'un facteur important, ce n'est
pas le seul, étant donné que les alcooliques qui cessent de boire ou qui
réduisent leur consommation ne réalisent pas nécessairement de progrès sur les
autres plans, comme sur le plan de l'adaptation conjugale et en milieu de
travail. Il faut donc adopter une méthode de conceptualisation «à variables
multiples» des problèmes associés à l'alcoolisme qui s'éloignerait du rapport
abstinence-consommation contrôlée et qui comprendrait l'adaptation du sujet
comme critère de succès (Voris, 1982). Les rapports publiés présentent de
minces progrès indépendants de la consommation, comme la situation conjugale,
familiale et émotionnelle et le besoin de poursuivre le traitement (Sobell et
coll., 1987). Les données relatives à la mesure dans laquelle les sujets ont
poursuivi le traitement au cours de la période de suivi sont essentielles étant
donné qu'elles pourraient exercer un effet sur les résultats (Singer, 1983). En
outre, le critère de mesure de la consommation ne devrait pas se limiter à
l'«abstinence» et à la «non-abstinence» étant donné que l'évolution des progrès
doit être prise en considération. L'intérêt récent porté à la «réduction des
effets néfastes» en tant qu'objectif de traitement de l'alcoolisme et de la
toxicomanie correspond au besoin d'adopter de nouveaux critères de mesure des
résultats pour les évaluations. Un exemple pertinent est la réduction du risque
d'infection au VIH en tant qu'objectif de traitement légitime des programmes
destinés aux usagers de drogues injectables.
Une
proportion très élevée d'études repose principalement sur les données fournies
par les sujets. On se pose plusieurs questions sur la valeur de cette méthode
pour mesurer les problèmes et la consommation (Singer, 1983). Certains
chercheurs soutiennent que les buveurs intempérants ne sont pas en mesure de
fournir des données exactes. Par exemple, Mandell (1979) cite quelques études
qui ont montré que les niveaux d'alcool dans le sang et les auto-évaluations de
consommation modérée ne concordent pas pour 10 à 50 p. 100 des
alcooliques. D'autres soutiennent que la plupart des méthodes d'auto-évaluation
sont valides et que les critères de mesure des résultats ne sont pas sujets à
des erreurs importantes. Par exemple, Polich (1982) a constaté que seulement
2 p. 100 de son échantillon n'avait pas été classé de façon
appropriée du fait d'une auto-évaluation fausse. Fuller (1988), dans son étude
sur la question des méthodes d'auto-évaluation, soutient que si on dressait une
liste des études en faveur de l'auto-évaluation et de celles contre cette
méthode, on constaterait que la première catégorie surpasse la deuxième.
Cependant, il a fait remarquer qu'on ne pouvait ignorer que nombre de ces
études étaient limitées et que plusieurs d'entre elles déconseillaient le
recours à une telle méthode. En résumé, vu la validité douteuse de
l'auto-évaluation, l'inclusion de données physiologiques complémentaires et de
critères d'auto-évaluation multiples est souhaitable (Fuller, 1988).
Heureusement, de plus en plus d'études reposent sur une telle approche à
variables multiples. Une comparaison entre les études publiées de 1976 à 1980
et celles publiées de 1980 et 1984 révèle une augmentation marquée de
l'utilisation de sources de données multiples (Sobell et coll., 1987).
Abandon
du traitement ou du suivi. Les études portant sur
l'efficacité des programmes de traitement montrent souvent des taux élevés
d'abandon. Les données relatives au suivi fournies par les sujets peuvent
parfois être inaccessibles du fait d'un changement d'adresse, d'un décès, d'une
morbidité et d'une multitude d'autres raisons. Souvent, une proportion élevée
de patients ne terminent pas le traitement en cours, et de nombreuses études
portant sur l'efficacité des traitements n'ont tenu compte que des clients
ayant terminé le traitement dans leur calcul du pourcentage de réussite
(Longabaugh et Lewis, 1988). Cependant, il n'est probablement pas approprié de
présumer que les sujets «perdus» partagent les mêmes caractéristiques que le
reste de la population. Ce fait est de plus en plus reconnu, et de nombreux
chercheurs évaluent maintenant les répercussions d'un traitement sous toute
réserve et supposent que les sujets «perdus» auraient produit de faibles
résultats.
Les
questions d'ordre méthodologique qui ont été abordées ci-dessus représentent
les préoccupations habituellement exprimées par les experts chargés de
l'évaluation dans le domaine de l'alcoolisme et de la toxicomanie. Il s'agit là
des préoccupations les plus souvent soulevées lorsque l'objectif fixé est
l'établissement d'un lien de cause à effet entre le client qui participe au
programme et l'amélioration de son état. L'objectif ultime est alors de
généraliser les résultats afin de les appliquer à un groupe plus vaste et
d'utiliser les renseignements obtenus comme fondement pour l'élaboration de
programmes à une plus grande échelle. Très peu de personnes peuvent mettre en
doute la valeur de ces objectifs compte tenu de la disparité qui existe
aujourd'hui entre les résultats des recherches et la conception et le contenu
des programmes de traitement (Peele, 1990; Miller et Hester, 1986a). Ces
questions sont toutefois peu pertinentes à la question de l'utilité de l'évaluation
comme forme de rétroaction guidant l'amélioration des programmes. En fait, si
on tient compte du rôle de l'évaluation des programmes, on la considère alors
comme faisant partie intégrante de la gestion des programmes. Survient alors
une question qui sera abordée très brièvement dans le présent rapport et qui
revêt une grande importance lorsqu'on s'intéresse à l'évaluation de la qualité
et de la valeur globale des évaluations dans le domaine du traitement.
Un
objectif important consiste à s'assurer que tous les programmes de traitement
comprennent une certaine composante d'évaluation dans le contexte de gestion
des programmes. Ceci peut être réalisé de diverses façons, y compris, par
exemple, par l'intégration d'un processus d'évaluation au contrôle de la
qualité, par l'utilisation des données tirées du système d'information de
gestion, par un suivi et des études descriptives ou empiriques sur les clients,
par la collecte de données relatives à la satisfaction des clients ou par des
analyses de l'utilisation des ressources. Les évaluations effectuées au Canada
et qui ont été passées en revue dans le présent rapport représentent un bon
échantillon des divers types d'évaluations qui ont, sans aucun doute, contribué
aux décisions sur les programmes (Eliany et Tracey, 1991; Chamberland, 1990).
Il n'est pas approprié et, sous certains aspects, encourageant pour les
personnes qui gèrent les programmes de traitement de se faire dire que les
études expérimentales et quasi expérimentales assorties d'un suivi à un ou à
deux ans et de diverses variables liées aux résultats sont les seules
stratégies d'évaluation valables. De telles études ne sont peut-être pas
réalisables ni pratiques du fait de contraintes budgétaires, et on doit se
rappeler que d'autres types d'évaluations peuvent également être utiles.
Une
approche utile, une de celles qui a été constamment débattue dans le domaine de
l'évaluation (Pancer et Westhues, 1989) et particulièrement dans le domaine de
l'alcoolisme et de la toxicomanie (Moos et Finney, 1983; McCarty, 1984), est
celle qui consiste à choisir une stratégie d'évaluation correspondant au stade
particulier de développement du programme de traitement à un moment donné.
Cette pratique ouvre la porte à une vaste gamme de processus, de résultats
ou d'évaluations économiques qui peuvent répondre aux besoins du
programme et qui peuvent toujours donner des renseignements utiles à
transmettre à un public plus vaste. Il est intéressant de souligner, par
exemple, que la question de la rentabilité préoccupe toujours les chercheurs,
les responsables de cas et les planificateurs de programmes, au détriment
peut-être de l'évaluation économique des programmes de traitement de
l'alcoolisme et des toxicomanies.
CHAPITRE CINQ : RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
Les problèmes associés à la consommation d'alcool et
d'autres drogues sont très répandus dans la société canadienne. Leur coût
socio-économique est très lourd. Malgré plusieurs indices suggérant que l'usage
d'alcool et d'autres drogues est en baisse, les conséquences demeurent tout de
même graves, spécialement pour certains sous‑groupes de la population
(par exemple, les jeunes sans‑abri).
La
réponse canadienne aux problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie prend de
multiples formes. Tout comme on étend sur un continuum, les degrés de gravité
ou de probabilité des problèmes, on peut aussi échelonner les diverses formes
de réponse de la collectivité. Ces réponses se classent en deux grandes catégories,
la prévention et la réhabilitation, qui visent respectivement les
personnes peu exposées et les personnes à risque élevé. Divers types de
programmes entrent en jeu dans chacune de ces catégories. Aux fins de la
présente étude, les programmes d'intervention précoce ont été décrits
séparément pour témoigner de leur importance croissante dans le continuum des
services communautaires. Ainsi, la présente étude a été répartie en trois
chapitres distincts : Promotion de la santé, Intervention précoce et Traitement/réhabilitation.
Cette
revue avait des objectifs ambitieux. Le rapport se concentre sur l'évaluation
des programmes contre l'alcoolisme et d'autres toxicomanies, parmi la vaste
gamme d'interventions communautaires décrites précédemment. On a cherché à
rassembler une documentation imposante sur l'efficacité de ces interventions en
vue d'aider les planificateurs et les dispensateurs de soins à élaborer et
appliquer des programmes conformes aux résultats des recherches. On a aussi
cherché à comparer les évaluations canadiennes à l'ensemble de la documentation
internationale. Cela sert non seulement à faire ressortir l'apport important du
Canada, mais également à guider l'amélioration des méthodes d'évaluation des
programmes canadiens.
L'étude
a été limitée par le déséquilibre entre la documentation sur les programmes de
lutte contre l'alcoolisme et celle qui traite de la toxicomanie. En outre, une
certaine disparité a été notée entre les études des diverses provinces
canadiennes. Par ailleurs, le rapport ne pouvait pas traiter suffisamment de
certains sous‑groupes comme les jeunes, les femmes ou les personnes
âgées. Enfin, il était important de tenir compte de la qualité inégale des
évaluations entreprises au Canada et à l'étranger. Compte tenu de ces
contraintes, le présent rapport a, en grande partie, atteint ses objectifs.
Quels types de programmes «fonctionnent»?
La complexité des problèmes d'alcoolisme et de
toxicomanie de même que les contraintes d'évaluation empêchent la formulation
d'énoncés catégoriques quant à l'efficacité des programmes. Mis à part cette
difficulté, la documentation permet de se faire une idée sur plusieurs
questions clés et sur les choix de programmes.
Promotion
de la santé. En ce qui a trait aux
programmes de promotion de la santé, les données les plus probantes et les plus
constantes viennent appuyer certaines politiques de contrôle de l'alcoolisme.
Le fait d'accroître ou, du moins, de ne pas abaisser, l'âge minimum de
consommation réduit le nombre d'accidents d'automobile et de blessures chez les
jeunes. Les données montrent également que l'imposition de restrictions sur la
disponibilité des boissons alcoolisées, particulièrement dans des points de vente
non autorisés, réduit les problèmes liés à l'alcool. Une autre stratégie
émergeant des recherches consiste à augmenter le prix des boissons alcoolisés
par des taxes. Les données préliminaires sur les programmes d'intervention
auprès des serveurs laissent transparaître le rôle important que ces programmes
peuvent jouer dans la prévention des problèmes liés à l'alcool comme la
conduite avec facultés affaiblies.
Les
données sont plus mitigées en ce qui concerne les stratégies d'éducation visant
à prévenir l'alcoolisme et la toxicomanie dans les écoles, les universités et
les médias. Même si de tels programmes peuvent modifier les connaissances, les
attitudes et les comportements à court terme, très peu de preuves démontrent un
changement de comportement durable. Étant donné que ces programmes bénéficient
d'un appui important du grand public et des directeurs d'écoles, il est
probable que l'on poursuivra ce genre d'intervention, particulièrement en
milieu scolaire. Ainsi, l'approche la plus prudente consisterait à élaborer des
programmes scolaires complets et polyvalents qui s'intègrent à une stratégie de
promotion de la santé communautaire plus vaste. Cette approche globale et
intégrée mettant l'accent sur l'intervention communautaire est le produit de la
dernière décennie. Comme Moskowitz (1989) a conclu dans sa dernière étude, les
aspects éducatifs de ces interventions sont probablement plus efficaces pour
modifier les normes sociales et le climat socioculturel que pour changer les
comportements. Les interventions communautaires sont relativement nouvelles
dans le domaine de la prévention de l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
Même si les résultats des recherches sont prometteurs, les évaluations sont
toujours insuffisantes pour porter un jugement catégorique sur l'efficacité de
ces programmes.
Certains
chercheurs soulignent toutefois la nécessité de normes communautaires
cohérentes dans les campagnes d'éducation et de sensibilisation du public, afin
de promouvoir un comportement responsable et des réglementations adéquates
(Wallack, 1984a; Cahalan, 1987). Les pratiques courantes de commercialisation
de l'alcool et d'autres drogues tendent à encourager les ventes et la
consommation. Ainsi, ces pratiques contredisent carrément les objectifs de
promotion de la santé. Les planificateurs de politiques n'ont pas encore
corrigé ces contradictions même s'ils en sont conscients.
Intervention
précoce. La présente étude portait sur
divers types de programmes d'intervention précoce. Les évaluations qui
portaient sur l'efficacité des programmes de counselling et les programmes
éducatifs à l'intention des personnes arrêtées pour conduite en état d'ébriété
n'ont pas démontré de façon définitive leur aptitude à entraîner un changement
de comportement durable. De même, les études portant sur la méthode classique
du PAE contre les toxicomanies en milieu de travail ne font aucune promesse
quant à la capacité d'entraîner des changements positifs. Ce phénomène est
principalement lié au manque d'évaluations contrôlées ainsi qu'à la diversité
des objectifs et des stratégies d'implantation. Certaines données révèlent que
l'approche globale du «bien-être» dans l'élaboration de programmes de promotion
de la santé en milieu de travail élimine certains facteurs de risque. Cependant,
ces programmes n'incluent pas toujours l'intervention précoce contre
l'alcoolisme et la toxicomanie. On
trouve encore peu de données prouvant que ces programmes influencent la
consommation et les problèmes connexes.
Au
cours de la dernière année, des efforts considérables ont été déployés pour
concevoir et évaluer des stratégies de détection précoce de l'alcoolisme et de
la toxicomanie parmi les divers utilisateurs de services sociaux et de santé.
On demeure toutefois sceptiques quant à la capacité de plusieurs stratégies
(par exemple, les indicateurs biochimiques, certains questionnaires
psychosociaux, les signes et les symptômes physiques) de déceler des problèmes dès
leur apparition, au lieu de les découvrir au stade de la dépendance grave. À
l'heure actuelle, il semblerait que les questionnaires psychosociaux (par
exemple, le CAGE et l'AUDIT) sont les plus prometteurs en matière de détection
et de dépistage, car ils sont brefs et faciles à utiliser dans divers
établissements. Les données sur l'efficacité de la thérapie comportementale de
courte durée, dans les programmes d'intervention précoce, révèlent des progrès
considérables selon plusieurs critères de mesure des résultats (par exemple :
la consommation réduite).
Traitement/réhabilitation. En ce qui a trait aux programmes de traitement ou de
réhabilitation, il est difficile de généraliser à cause de la diversité de la
population qui veut obtenir de l'aide, de la variété des services disponibles,
des divers critères utilisés pour déterminer l'«efficacité» et du manque
d'évaluations adéquates pour comparer les diverses méthodes. Certaines
évaluations insistent surtout sur l'efficacité globale ou l'efficience du système
de services communautaires plutôt que sur un programme comme tel.
On
possède assez de preuves pour conclure que les améliorations découlant du
traitement sont plus nombreuses que si on avait laissé les cas suivre leur
cours naturel. Des études permettent de conclure qu'entre 50 et 65 p. 100
des personnes qui suivent un traitement montrent des signes d'amélioration lors
du suivi. Les données révèlent en outre qu'environ la moitié des personnes qui
ont fait des progrès ont cessé toute consommation de drogue ou d'alcool ou ont
réduit considérablement leur consommation; l'autre moitié auront réduit de
façon importante leur consommation et montreront des signes indubitables
d'amélioration sur d'autres plans de leur vie. Selon un point de vue
économique, les données révèlent que le traitement de la toxicomanie et de
l'alcoolisme est un investissement avisé d'une partie des fonds prévus pour les
soins de santé.
Aucun
mode de traitement ne s'est révélé supérieur à tous les autres. Il est
cependant clair que les traitements n'ont pas tous la même efficacité.
Le
recours aux médicaments contre l'alcoolisme et la toxicomanie se limite
exclusivement à certaines substances. L'efficacité de ces traitements est
plutôt variable. Les médicaments contre la dipsomanie, comme le disulfirame ou
le carbamide de calcium, semblent convenir à une application sélective plutôt
que générale dans le traitement des problèmes d'alcoolisme, lorsqu'on les
intègre à une plus vaste stratégie de traitement. À l'exception du diazépam
comme adjuvant à la désintoxication, les médicaments contre la dipsomanie ne
constituent pas un traitement efficace pour les problèmes liés à l'alcoolisme
et à la toxicomanie. Les résultats des recherches laissent voir que la
méthadone est le traitement par excellence pour la dépendance aux opiacées,
particulièrement à cause de sa capacité de réduire le risque d'infection par le
VIH chez les usagers de drogues injectables.
La
diversité des approches psychothérapeutiques limite les conclusions sur
l'efficacité de ces traitements pour les personnes souffrant d'alcoolisme et de
toxicomanie. Les évaluations contrôlées tendent à nier l'effet de la
psychanalyse et de l'introspection comme modes de traitement de l'alcoolisme ou
de la toxicomanie, notamment à cause de la complexité de ces méthodes, de la
nécessité d'avoir recours à des conseillers professionnels, de la durée des
soins et des coûts. Toutefois, les données démontrent que l'empathie et
l'expérience du thérapeute ou du conseiller sont directement liées aux
résultats du traitement.
La
psychothérapie n'est qu'une des nombreuses approches courantes qui n'ont pas
été appuyées suffisamment par les évaluations contrôlées. D'autres approches
qui ont bénéficié d'un appui modeste comprennent, entre autres, les thérapies
par la confrontation et l'éducation sur l'alcoolisme et la toxicomanie. Les
Alcooliques Anonymes et d'autres groupes d'entraide ne se prêtent pas vraiment
à une évaluation. Leur efficacité ne repose donc pas sur les critères
scientifiques traditionnels. Les résultats de sondages récents montrent
cependant que les personnes qui souhaitent suivre un traitement ont tendance à
s'inscrire à des programmes d'entraide comme ceux des AA (78 p. 100)
plutôt qu'à des programmes dispensés par des professionnels (Eliany et coll.,
1989).
Ce
sont les thérapies comportementales qui reçoivent les meilleures évaluations.
Heather et Tebbut (1989) soutiennent que ces approches reposent sur le
fondement théorique le plus solide, qu'il s'agisse d'une théorie
d'apprentissage classique ou pratique ou encore d'une perspective
comportementale plus moderne que l'on appelle la «théorie d'apprentissage
social». En gros, les données confirment l'une des attentes issues de la
théorie d'apprentissage social, c'est-à-dire que les méthodes de traitement
«axées sur les comportements» sont supérieures aux méthodes plus
traditionnelles «axées sur l'interaction verbale» comme la psychothérapie ou
l'éducation. Les thérapies comportementales les mieux supportées par la
documentation comprennent les thérapies familiales et conjugales
(particulièrement pour les problèmes liés à l'alcoolisme), les thérapies par
aversion, la gestion des facteurs externes et le traitement polyvalent axé sur
la formation en techniques de relaxation et en gestion du stress ainsi qu'une
vaste gamme de programmes de formation axés sur les compétences (par exemple,
les aptitudes sociales et les techniques de résolution de problèmes). La
méthode de gestion des facteurs externes illustrée par les méthodes d'appui
communautaire (MAC) de Azrin et de ses collègues (Azrin et coll., 1982) est appuyée
par certaines des données les plus probantes et les plus constantes dans le
domaine du traitement. Même si l'ensemble du programme d'appui communautaire
est trop vaste et trop dispendieux pour qu'on l'applique régulièrement, les
principes fondamentaux de gestion des facteurs externes devraient faire partie
d'un plus grand nombre de programmes de traitement. La formation en maîtrise du
comportement est également appuyée par des résultats valables et constants. Les
objectifs de modération habituellement associés à cette approche sont
considérés comme plus appropriés pour les problèmes mineurs que pour la
dépendance grave. La question n'a pas entièrement été résolue, selon la
documentation.
L'évaluation
de ces diverses approches comportementales a fait ressortir l'importance
d'adapter l'intervention aux forces, aux faiblesses et aux besoins particuliers
de toute personne qui cherche de l'aide. Les caractéristiques particulières des
clients qui entreprennent un traitement influencent fortement les résultats. On
peut améliorer l'efficacité du traitement en choisissant judicieusement la
méthode pour chaque client. Même si cette hypothèse d'appariement n'a pas
l'appui de toutes les études empiriques, certains facteurs semblent être des
critères raisonnables pour classer les clients qui éprouvent des problèmes
d'alcoolisme (par exemple, gravité du problème, facteurs cognitifs choisis,
types de problèmes liés au vécu et au choix personnel du client). À l'heure
actuelle, on trouve peu de données sur les critères de choix de traitement pour
les clients toxicomanes.
L'importance
d'un bon choix de traitement fait ressortir le besoin d'évaluer soigneusement
chaque cas ainsi que la nécessité d'une vaste gamme de services communautaires.
Cela démontre encore une fois l'importance des services de désintoxication.
Toutes les évaluations ont désigné le modèle de désintoxication sociale comme
étant utile dans la majorité de cas. Les méthodes de désintoxication sans
hospitalisation trouvent un appui dans la documentation, mais elles n'ont
toujours pas fait l'objet d'une application et d'une évaluation à grande
échelle. Les programmes de soins prolongés en établissement (c'est-à-dire les
maisons de rétablissement et les foyers d'entraide) demeurent essentiels au
système de réadaptation et de traitement communautaire, mais il faudra les
évaluer davantage d'après des critères de résultat mieux adaptés aux
alcooliques chroniques. L'efficacité des services de soins continus demeure en
majeure partie inconnue à cause des perceptions diverses quant à la
signification de l'expression «soins continus» et des résultats équivoques
issus des évaluations comparatives. Les techniques de prévention des rechutes
et la gestion de cas occupent une place de plus en plus importante dans le
système de traitement communautaire, mais leur apport global doit être évalué
plus à fond. Plusieurs études de ce genre sont en cours.
L'une
des observations les plus courantes dans l'évaluation des traitements est qu'en
général, les traitements sans hospitalisation sont plus rentables que les
traitements en établissement pour les personnes qui éprouvent des problèmes
d'alcool. Quelques évaluations contrôlées ont comparé le traitement en
établissement et à l'externe des jeunes toxicomanes. Cependant, les résultats révèlent
que le traitement en établissement est moins attrayant et plus dispendieux pour
la majorité de ces jeunes.
Évaluations canadiennes
Comme on l'a souligné précédemment, une des limites de
la présente étude est le manque d'équilibre entre les rapports d'évaluation
effectués dans diverses régions du pays. Il est toutefois évident, d'après la
documentation disponible, que plusieurs évaluations canadiennes ont apporté une
contribution importante à la documentation internationale sur l'efficacité des
programmes de promotion de la santé, d'intervention précoce et de traitement ou
de réhabilitation. Les résultats des études canadiennes correspondent
généralement à ceux d'études similaires effectuées dans d'autres pays.
Plusieurs
rapports versés à la documentation internationale ont été publiés par les
chercheurs et les spécialistes en évaluation de la Fondation de la recherche
sur la toxicomanie de l'Ontario. C'est le résultat du mandat confié à la FRT en
ce qui a trait aux recherches fondamentales et appliquées dans le domaine de
l'alcoolisme et de la toxicomanie. La plupart des autres études versées à la
documentation internationale proviennent de personnes travaillant dans des
milieux universitaires. Les études non publiées effectuées en Ontario et dans
de nombreuses autres provinces mentionnées dans la présente étude semblent
insister davantage sur des programmes particuliers. De plus, elles visent un
public limité. C'est pourquoi il faut savoir distinguer entre les recherches
d'évaluation, dont l'objectif est de contribuer à l'élaboration ou à la
promotion de programmes contre l'alcoolisme et la toxicomanie sur une plus
grande échelle, et l'évaluation de programme, dont l'objectif principal est
d'évaluer un programme donné de façon à fournir une rétroaction en ce qui a
trait aux améliorations à faire ou à d'autres questions précises comme la
responsabilité et la répartition des ressources. Même s'il y a une zone grise
entre ces deux types d'études, la distinction reste pertinente car elle donne
une vue d'ensemble des types d'évaluation dans le domaine de l'alcoolisme et de
la toxicomanie (voir, par exemple, Cox (1990) et Bickman (1990)).
Il
est utile de distinguer la recherche d'évaluation et l'évaluation de programme
car plusieurs critiques méthodologiques portées contre les évaluations dans le
domaine de l'alcoolisme et de la toxicomanie portaient en fait sur les études
fondamentales. Si l'objectif de la recherche est de fournir un fondement
empirique solide pour l'élaboration de programmes futurs, alors les critiques
comme le manque de groupes de contrôle assignés de façon aléatoire sont
fondées. Il n'est pas facile d'associer directement les changements qui se sont
produits au sein du groupe cible à la participation au programme sans se
pencher d'abord sur certains aspects fondamentaux de la recherche en cours.
Cependant, on ne saurait émettre les mêmes critiques à l'égard de toutes
les évaluations de programmes étant donné que les méthodes scientifiques peuvent
être inapplicables pour des raisons éthiques, administratives ou financières.
Il est déjà difficile d'établir un lien de cause à effet entre les résultats et
la participation au programme même si on mène des études étroitement
contrôlées. Il serait encore plus ardu de s'astreindre à une telle rigueur dans
toutes les évaluations de programmes communautaires. L'évaluation devrait faire
partie intégrante de la gestion des programmes. Les planificateurs et les
évaluateurs doivent reconnaître la valeur de la rétroaction qu'ils obtiennent
par diverses stratégies de collecte de données et d'évaluation. Comme l'ont
avancé Pancer et Westhues (1989), le type et la complexité de l'évaluation
devraient correspondre au stade de développement du programme à un moment
précis dans le temps.
Les
trois grandes sections du rapport (Promotion de la santé, Intervention précoce
et Traitement/réadaptation) démontrent toutes la nécessité d'évaluer les
processus en s'intéressant aux facteurs qui influencent l'application du programme
et la participation. Les résultats sont beaucoup moins pertinents si le
programme est dispensé de façon inadéquate, au mauvais groupe cible ou mené
d'une façon imprévue. Ce besoin d'études qualitatives sur les processus
s'applique autant aux études d'évaluation destinées à une large diffusion
qu'aux évaluations de programmes précis.
Le
manque d'évaluations économiques est un autre thème constant, dont on n'a pas
beaucoup parlé dans le présent rapport. Il est surprenant, vu l'attention
accordée à la rentabilité, que si peu d'études aient traité des aspects
économiques de la promotion de la santé, de l'intervention précoce ou du
traitement et de la réhabilitation. Certains signes donnent à croire que plus
de travaux de ce genre seront bientôt entrepris (par exemple, Marshmann, 1990).
Un
autre thème mis en lumière par la présente étude est le besoin d'entreprendre
plus d'évaluations sur l'acquisition et la diffusion des nouvelles
connaissances issues des recherches. Dans certains secteurs d'étude, cet aspect
est devenu le point le plus important des évaluations et il semblerait même
s'imposer dans le domaine de l'alcoolisme et de la toxicomanie vu la disparité
entre la pratique courante et les connaissances issues de la recherche. On
pourrait chercher, par exemple, les facteurs qui empêchent l'adoption des
traitements recommandés par les études (notamment, les interventions brèves, la
thérapie comportementale et la gestion des facteurs externes). On pourrait
aussi se demander pourquoi les campagnes de promotion de la santé continuent de
privilégier l'approche didactique et médiatique en matière d'alcoolisme et de
toxicomanie alors qu'il n'y a pas de preuve concluante que ces méthodes soient
efficaces. Dans le domaine de
l'intervention précoce, on pourrait se demander pourquoi les médecins de
famille n'emploient pas davantage le questionnaire CAGE pour la détection des
problèmes d'alcoolisme, malgré les rapports qui, depuis une décennie,
démontrent la valeur et l'économie de cette pratique à court terme (Rush et
coll., 1990). Les évaluations qui portent sur la diffusion des nouvelles
connaissances et techniques pourraient reposer sur les mêmes fondements
théoriques que la plupart des nouveaux travaux effectués dans le domaine (par
exemple, la théorie d'apprentissage social (Bandura, 1977), le modèle de
changement (Prochaska et Di Clermente, 1986)).
Un
des objectifs du présent rapport était de sensibiliser les planificateurs et
les praticiens à la nécessité d'entreprendre un plus grand nombre de recherches
et d'évaluations tout en améliorant la qualité des études auxquelles ils
prennent part. Pour conclure le rapport, on soulèvera cinq questions
susceptibles de mieux guider les évaluations canadiennes.
La
première question touche le financement puisqu'il faut des ressources
suffisantes pour mener des évaluations fiables. Le montant requis peut être
important par rapport au budget global du programme, surtout si les
participants doivent être suivis et s'il faut analyser des ensembles
considérables de données. Les organismes de financement doivent reconnaître
l'importance de l'évaluation dans la gestion continue des programmes, et y
consacrer des ressources adéquates.
La
deuxième question porte sur la formation. Même si on dispose de ressources
financières suffisantes, il faut des compétences particulières pour
entreprendre une telle évaluation. Il faut également une certaine compréhension
des concepts clés et des termes employés. Les responsables des programmes, le
personnel et les organismes de financement devraient recevoir plus de formation
dans le domaine de l'évaluation. On devrait essayer de remplir les postes avec
des candidats formés et expérimentés dans ce domaine. En Ontario, par exemple,
le service de recherche en évaluation des programmes et des services de la FRT
offre chaque année un cours sur l'évaluation des programmes à l'intention des
gestionnaires et du personnel des services de traitement. Dernièrement, la
Société canadienne d'évaluation a publié une liste de cours en évaluation de
programmes (Société canadienne d'évaluation, 1990).
La
troisième question porte sur la nécessité, pour les praticiens, d'avoir recours
à des critères de mesure et à des modèles d'évaluation pratiques et utiles qui
peuvent être intégrés aux opérations régulières des programmes ou à leur
système d'information de gestion. Dans le cas des services de traitement et, en
certains endroits, des programmes d'intervention précoce, il faut incorporer
l'évaluation à un programme global d'assurance‑qualité. Il est aussi
nécessaire de mieux guider les planificateurs des programmes et les praticiens
dans le choix des critères de mesure des résultats pour leurs études de suivi.
La
quatrième question porte sur le besoin d'entreprendre des évaluations mieux
planifiées. Les pratiques d'évaluation actuelles exigent qu'une appréciation
de l'évaluation précède l'évaluation proprement dite (Posavac et Carey,
1989; Rutman, 1980). Au cours de l'appréciation de l'évaluation, le responsable
décrit le programme et son contexte en précisant les objectifs et leur méthode
de mesure. L'appréciation aborde aussi la justification des modes
d'intervention choisis compte tenu des changements visés par les programmes.
Cela peut exiger la mise au point d'un modèle logique du programme (Rush et
Ogborne, 1991). Un tel modèle facilite la sélection des questions clés et des
stratégies de collecte de données appropriées pour l'évaluation des programmes
à un stade donné du développement. Le fait d'effectuer une appréciation de
l'évaluation garantit que l'évaluation est opportune, pertinente et aussi
rigoureuse que possible.
Enfin,
l'évaluation des programmes serait améliorée s'il existait un meilleur
mécanisme de diffusion. La publication des résultats dans des journaux
nationaux ou internationaux est le moyen traditionnel de disséminer les
résultats de recherches. Cependant, ce moyen de communication n'est pas
approprié pour tous les types d'évaluation, particulièrement pour celles qui
portent sur des programmes particuliers ou sur leur gestion. La dissémination
des résultats se fait aussi très souvent par des présentations à des
conférences ou par la participation à des colloques et à des ateliers spéciaux.
Ces occasions sont assez rares pour de nombreux planificateurs et praticiens
qui travaillent avec des budgets limités. Il s'agit là d'une difficulté qu'ont
rencontrée, entre autres, les membres du groupe de travail sur l'évaluation des
programmes de la Fondation canadienne des toxicomanies maintenant dissoute.
Il
existe une dernière solution, très intéressante, pour améliorer la diffusion
des résultats d'évaluation : il s'agit de la mise au point d'un nouveau
format de rapport pour les évaluations canadiennes dans le domaine de
l'alcoolisme et de la toxicomanie. Cela pourrait prendre la forme de brèves
études de cas, conformes aux lignes directrices recommandées récemment par
Caulley et Dowdy (1987) dans le domaine de l'évaluation des programmes. Un
format type pourrait être établi pour les programmes de promotion de la santé,
d'intervention précoce et de traitement ou de réhabilitation. Chaque rapport
pourrait comprendre une ou deux pages de dimensions régulières et décrire, par
exemple, la conception des programmes, les objectifs, les problèmes et enjeux,
la méthodologie et les principales recommandations pour les évaluations futures
de programmes similaires. L'élaboration d'une telle série de rapports à
l'échelle nationale pourrait être confiée au Centre canadien de lutte contre
les toxicomanies et (ou) au groupe de travail fédéral‑provincial sur les
problèmes liés à l'alcoolisme et aux autres toxicomanies.
Ces
actions pourraient, dans une certaine mesure, améliorer le nombre et la qualité
des évaluations de programmes entreprises dans le domaine de l'alcoolisme et de
la toxicomanie au Canada, particulièrement en ce qui a trait aux programmes de
promotion de la santé, d'intervention précoce, de traitement et de
réhabilitation.
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[1] CAGE est l'abréviation
anglaise des quatre questions de l'outil de dépistage : Avez-vous
besoin de réduire votre consommation d'alcool? (Need to cut down on
drinking?) Êtes-vous agacé par les critiques touchant votre consommation
d'alcool? (Annoyed by criticism about your drinking?) Éprouvez-vous de
la culpabilité concernant votre consommation d'alcool? (Guilty about
drinking?) Avez-vous besoin de prendre un verre le matin ou en vous levant?
(Need a morning drink or eye-opener?)
[2] Le présent document se
fonde en partie sur des résumés récents d'évaluations sur la prévention et le
traitement au Québec (Chamberland, 1989, 1990) et en Alberta (Eliany et Tracey,
1991).
[3] Plusieurs autres schémas
de classification sont possibles pour les évaluations des programmes. Posavac
et Carey (1989) considèrent également l'évaluation des besoins comme une
quatrième classe d'évaluations. Le présent document n'en tient pas compte
puisqu'elles sont abordées distinctement dans le cadre d'une étude nationale de
l'évaluation des besoins dans le domaine de l'alcool et des autres drogues
(Rush, 1989).
[4] Puisque les programmes
étudiés pouvaient présenter plus d'une cible, d'un système ou d'une stratégie,
ces pourcentages dépassent 100 p.100.
[5] La sensibilité des
consommateurs face aux changements des prix se mesure par l'élasticité par
rapport au prix, c'est-à-dire le rapport entre le taux de variation de la
quantité à acheter et le taux de variation du prix. Si le taux de variation du
prix est inférieur au taux de variation de la quantité que les consommateurs
veulent acheter, le rapport est supérieur à 1, et la demande est considérée
comme «élastique» (par exemple, une hausse de prix de 10 p.100 et une baisse de
20 p.100 de la quantité achetée équivalent à une élasticité de la demande de
-20,0/10,0, ou -2,0). Si le taux de variation du prix dépasse le taux de
variation de la quantité, le rapport est inférieur à 1 et la demande est
considérée comme non élastique (par exemple, une hausse du prix de 10 p. 100 et
une chute de 5 % de la quantité achetée équivalent à une élasticité de la
demande de -5/10, ou -0,5).
[6] CAGE est l'abréviation
anglaise des quatre questions de l'outil de dépistage : Avez-vous
besoin de réduire votre consommation d'alcool? (Need to cut down on
drinking?) Êtes-vous agacé par les critiques touchant votre consommation
d'alcool? (Annoyed by criticism about your drinking?) Éprouvez-vous de
la culpabilité concernant votre consommation d'alcool? (Guilty about
drinking?) Avez-vous besoin de prendre un verre le matin ou en vous levant?
(Need a morning drink or eye-opener?)
1 CASPAR est l'acronyme de Cambridge and Somerville
Program for Alcoholism Rehabilitation. L'organisation fournit une gamme de
services de traitement. Le programme offert aux enfants d'alcooliques est
dispensé par l'entremise du CASPAR's Alcohol Education Program dans les
écoles locales ainsi que dans les établissements de CASPAR.