LA
CONSOMMATION D'ALCOOL ET D'AUTRES DROGUES
CHEZ
LES JEUNES CANADIENS
RAPPORT
DE L'ENQUÊTE NATIONALE SUR L'ALCOOL ET
LES
AUTRES DROGUES (1989)
Introduction
De nombreux témoignages donnent à penser qu'une consommation abusive
d'alcool et d'autres drogues nuit directement à un nombre important de
Canadiens et, indirectement, à un plus grand nombre encore.
Des recherches précédentes ont permis de recueillir des informations sur
la consommation d'alcool et d'autres drogues. Ces travaux incluent notamment
l'Enquête Promotion Santé Canada, menée en 1985. Ces études facilitent le travail des chercheurs et des
praticiens. Elles ont aussi démontré la nécessité d'une banque de données plus
complète pour approfondir les questions liées à l'alcool et aux autres drogues.
La réalisation de cette banque de données a été intégrée aux grandes
priorités de la Stratégie canadienne antidrogue (SCA). Lancée le 27 mai 1987 par le
ministre de la Santé nationale et du Bien‑être social, cette stratégie a
pour objectif de réduire le tort que l'abus de psychotropes cause aux
particuliers, aux familles et aux collectivités (Beatty, 1991).
L'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues (ENAAD) est la
première grande étude canadienne sur les problèmes liés à l'alcool et à
d'autres drogues (voir l'annexe). Elle
vise à mettre en lumière les aspects suivants :
* Les
caractéristiques nationales et régionales de la consommation d'alcool et
d'autres drogues;
* Les
motifs qui poussent à consommer de l'alcool et d'autres drogues;
* Où
et quand les gens prennent de l'alcool et d'autres drogues;
* Le
rôle joué par les membres de la famille et les amis dans le comportement du
consommateur d'alcool ou de drogues;
* Les
conséquences de la consommation d'alcool et d'autres drogues;
* Les
mesures prises face aux conséquences ou en prévision de celles‑ci;
* Les
attitudes et opinions des Canadiens sur la consommation de psychotropes et sur
les politiques qui s'y rapportent.
Méthodes
Les données de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues
ont été recueillies par des entrevues téléphoniques. On a mené un sondage auprès de 11 634 Canadiens de 15
ans et plus provenant des dix provinces. L'échantillon n'incluait pas les
personnes placées dans des institutions comme les prisons et les hôpitaux. À cause de certaines contraintes
d'échantillonnage, on mènera des enquêtes particulières au Yukon et dans les
Territoires du Nord‑Ouest.
L'exclusion de ces populations ne devrait pas modifier outre mesure les
moyennes nationales.
Soixante‑dix‑neuf pour cent des personnes interrogées ont
répondu aux questions du sondage. Ce
taux de réponse élevé donne à penser que l'échantillon était représentatif.
Le présent rapport ne s'intéresse qu'aux réponses fournies par les
1 887 jeunes Canadiens de 15 à 24 ans qui ont répondu à
l'enquête. Bien que l'accent soit mis
sur les jeunes, certaines sections comparent ce groupe d'âge à d'autres, ce qui
permet de mettre en évidence des variations importantes entre les époques de la
vie. Il importe de souligner que la
consommation d'alcool et d'autres drogues varie énormément parmi les jeunes de
15 à 24 ans. Le rapport donne
aussi un aperçu des variations dans la consommation d'alcool et d'autres
psychotropes chez les jeunes, comme l'ont révélé des enquêtes de Santé et Bien‑être
social Canada et de la Fondation de la recherche sur la toxicomanie de
l'Ontario. (Voir Eliany et
coll., 1990, pour les résultats obtenus pour l'ensemble des répondants de
15 ans et plus).
Statistique Canada a mené les entrevues au nom de Santé et Bien‑être
social Canada en mars 1989. On a eu
recours à la composition automatique de numéros de téléphone choisis au hasard
pour joindre les ménages, chacun ayant une chance égale d'être choisi. Les données ont été pondérées pour tenir
compte des foyers sans téléphone, des personnes qui n'ont pas répondu, des
foyers ayant plusieurs numéros de téléphone, du nombre de personnes formant le
ménage, du recensement des provinces et, enfin, de la pyramide d'âge et de la
répartition des sexes dans la population.
Les personnes interrogées ont dû parler de périodes précises et
indiquer, par exemple, combien de consommations d'alcool ils avaient prises
pendant la semaine précédant l'enquête.
L'échantillonnage aléatoire tient compte de la possibilité que les
répondants aient eu, au cours de cette période, des niveaux de consommation
anormalement élevés ou bas. Le présent
rapport établit donc le nombre moyen de consommations hebdomadaires en
supposant que le nombre de consommations prises au cours de la semaine
précédant l'enquête soit une base d'évaluation fiable. Le fait que l'enquête ait été menée en mars
élimine le risque que certains congés spéciaux n'aient entraîné une
surévaluation de la consommation d'alcool.
Tous les résultats contenus dans ce rapport ont fait l'objet d'un examen
pour en déterminer la valeur statistique.
Leur degré de justesse, c'est‑à‑dire la marge d'erreur ou le
coefficient de variation (CV), a servi à déterminer si les résultats pouvaient
être publiés ou non. Dans les tableaux
ci-joints, les chiffres pour lesquels le CV varient entre 16,5 p. 100
et 33,0 p. 100 ont été marqués d'un astérisque (*), ce qui
signifie qu'ils doivent être interprétés avec prudence. Les chiffres dont le CV dépasse
33 p. 100 ne sont pas considérés comme fiables; ils ne sont donc pas
publiés dans ce rapport. (Voir l'annexe
sur la méthodologie pour plus de précision.)
Tous les pourcentages relatifs à la consommation d'alcool ont été
arrondis sans décimale; c'est pourquoi leurs sommes ne font pas toujours
100 p. 100. Par contre, on
exprime la décimale pour la consommation de drogue car le pourcentage
d'utilisation est bien moindre, qu'il s'agisse de drogues licites ou illicites.
Dans tout le rapport, les différences entre les réponses sont exprimées
en «points» de pourcentage, c'est‑à‑dire par rapport à la réponse
globale plutôt qu'au nombre de personnes qui ont répondu à la question. Ainsi, une baisse de 77 p. 100 à
67 p. 100 est considérée comme une diminution de 10 points
(77 ‑ 67 = 10), et non comme une réduction de
13 p. 100 (10/77 x 100).
Les résultats donnés dans ce rapport sont surtout basés sur des tableaux
statistiques. Ils ne visent pas à pondérer les effets associés à d'autres
phénomènes. Aussi les résultats doivent‑ils
être interprétés prudemment.
Limites de
l'enquête
Si vastes que
soient l'étendue et la portée de l'enquête, il faut savoir au départ qu'elle
comporte de sérieuses limites.
Tout d'abord, elle s'intéresse surtout à la consommation d'alcool, les
autres drogues venant au second rang.
Des recherches antérieures corroborent cette optique, puisque l'alcool
pose un problème particulièrement important, tant par l'ampleur de la consommation
que par ses conséquences.
Deuxièmement, l'enquête ne pouvait porter que sur un nombre de drogues
limité parmi les milliers de psychotropes et autres substances qui altèrent la
santé des Canadiens. Aucune étude ne pourrait faire toute la lumière sur
chacune de ces substances. Par
conséquent, l'enquête a mis l'accent sur les substances psychotropes qui, en
raison de la fréquence de la consommation, des quantités prises et du contexte
d'utilisation, risquent le plus d'affecter la santé ou de causer d'autres
problèmes.
Troisièmement, étant donné la rareté relative des consommateurs de
certaines drogues, il n'a pas été possible de décrire en détail les
caractéristiques de ces consommateurs ni les conséquences qu'ils
subissent. Pour traiter de ces questions,
il serait plus indiqué de mener des études approfondies parmi ces groupes
particuliers.
Quatrièmement, les Canadiens placés en établissements et ceux qu'on ne
pouvait atteindre par téléphone ont été exclus de l'enquête. Les habitudes de consommation de ces groupes
peuvent être bien différentes de celles de la population en général (pour les
jeunes tout particulièrement, voir Radfort et coll., 1989;
Smart et coll., 1990).
Il faudra mener des études spéciales parmi ces groupes pour parachever
le présent rapport.
Finalement, dans toute enquête sur la consommation d'alcool et d'autres
drogues, on se préoccupe beaucoup de la justesse des données fournies par les
personnes interrogées. On s'en est
tenu, dans la mesure du possible, à des
questions standard qui s'étaient révélées efficaces lors de recherches
antérieures. De plus, en conformité
avec la Loi sur la statistique, on a donné à toutes les personnes
interrogées l'assurance que l'anonymat et la confidentialité seraient
protégés. Cet anonymat accroît le taux
de réponse et la probabilité que les personnes interrogées répondent avec
franchise aux questions délicates (Bradburn, 1985; Gfroerer, 1985; Murray
et Perry, 1987). Il est possible
que le haut taux de réponse - supérieur à 99 p. 100 pour la plupart
des questions - rende les données plus fiables.
Des recherches précédentes suggèrent que l'autoévaluation de la
consommation d'alcool est très fiable (Fitzgerald et Mulford, 1978;
Khavari et Farmer, 1978). La
justesse des autoévaluations de la consommation de drogue est confirmée par un
nombre d'études sans cesse croissant (Akers et coll., 1983;
Bachman et O'Malley, 1981; O'Malley et coll., 1983;
Single et coll., 1985; Smart et Jarvis, 1981). Il est possible qu'on ait sous‑estimé,
dans certaines réponses, la fréquence de la consommation et la quantité
d'alcool et d'autres drogues prises, mais cela ne devrait pas compromettre les
comparaisons entre les groupes (Smart et Adlaf, 1987).
On peut s'attendre, toutefois, à ce que la consommation d'alcool et
d'autres drogues soit dans une certaine mesure sous‑évaluée dans les
déclarations des répondants. Ce
problème sera sans doute plus ou moins accentué selon la drogue en cause. Par exemple, dans le cas des médicaments
d'ordonnance, il est possible qu'un grand nombre de répondants ignorent les
catégories de drogues qu'ils ont consommées.
Pour les drogues illicites, bon nombre de consommateurs ont pu être
réticents à déclarer leur consommation.
En conséquence, ces estimations doivent être considérées non seulement
pour leur mérite propre, mais aussi dans le contexte plus vaste des nouvelles
données dont on dispose sur l'alcool et les autres drogues au Canada. Chaque source d'information présente
certains avantages, mais chacune a aussi des limites. Ensemble, elles nous permettent de brosser un tableau toujours
plus précis et juste de la situation.
PREMIÈRE PARTIE : LA CONSOMMATION D'ALCOOL CHEZ
LES JEUNES CANADIENS
Cette section brosse un tableau des habitudes de consommation des
Canadiens de 15 à 24 ans. Dans la
plupart des études nationales et internationales, la population étudiée pour
déterminer les caractéristiques de la population adulte en général est celle
des 15 ans et plus. Il apert
cependant que bon nombre de personnes commencent à consommer de l'alcool et à
subir des conséquences avant l'âge de 15 ans. Les répondants devaient donner des indications sur la fréquence
et le niveau de leur consommation d'alcool.
Les jeunes buveurs devaient aussi préciser où et quand ils consommaient
de l'alcool, ainsi que pourquoi et avec qui ils buvaient. L'enquête a permis d'établir l'incidence des
problèmes liés à l'alcool et les attitudes à l'égard de cette substance
psychotrope dans des situations précises.
Définitions
Tout au long de ce rapport, l'expression «buveur actuel»
désigne les Canadiens qui ont bu au moins un verre dans les 12 mois qui
ont précédé l'enquête (Q12 à l'annexe A).
Cette définition est la même que dans l'Enquête Promotion Santé Canada
de 1985 (Santé et Bien‑être social Canada, 1988). C'est aussi la définition standard qu'on
relève dans les recherches menées aux États‑Unis (Clark et
Midanik, 1982).
Une «consommation», c'est :
* une
bouteille de bière ou un verre de bière pression; ou
* un
verre de vin ou de vin panaché; ou
* une
consommation nature ou un mélange contenant 44 ml (1,5 oz) de
spiritueux.
Les Canadiens qui ont pris de l'alcool à un moment ou à un autre de leur
vie, mais non pendant les 12 mois qui ont précédé l'enquête, sont appelés «anciens
buveurs». Quant aux personnes
qui déclarent n'avoir jamais consommé de boissons alcooliques, on les retrouve
sous la rubrique «n'ont jamais bu».
Le «niveau de consommation d'alcool» renvoie à la fois à la «fréquence»
de la consommation et à la «quantité» d'alcool bu. La fréquence désigne le nombre de fois, en moyenne, où des
boissons alcooliques ont été consommées dans les 12 mois qui ont précédé
l'enquête (Q19 à l'annexe A). La
quantité est déterminée en fonction des réponses fournies aux questions sur le
nombre de boissons alcooliques consommées par les répondants durant chacun des
sept jours qui ont précédé l'entrevue (Q24 à l'annexe A). La consommation hebdomadaire est évaluée
selon les réponses à ces questions.
Dans le présent rapport, on mesure aussi la quantité utilisée d'après le
nombre de consommations prises à chaque occasion (Q20 à l'annexe A).
Enfin, l'enquête s'est penchée sur les épisodes de «forte
consommation d'alcool».
Généralement, on dit qu'il y a forte consommation quand le buveur a pris
cinq consommations ou plus en une seule occasion
(Johnston et coll., 1989; Chamberlayne et coll., 1988;
Smart et Adlaf, 1989). Dans la
présente enquête, comme dans les précédentes, on estime qu'il y a eu forte
consommation d'alcool toutes les fois où le buveur a pris, au cours des
12 derniers mois, cinq consommations ou plus en une seule occasion (Q22 à
l'annexe A).
INCIDENCE DE LA CONSOMMATION D'ALCOOL
Environ huit jeunes Canadiens, de 15 à 24 ans sur 10 (81 %)
déclarent avoir pris au moins une boisson alcoolique au cours des 12 mois
qui ont précédé l'enquête de 1989. Un
autre groupe (11 p. 100) sont d'anciens buveurs, puisqu'ils ont déjà
bu de l'alcool mais n'en ont pas pris pendant les 12 mois qui ont précédé
l'enquête. En conséquence,
92 p. 100 des jeunes Canadiens ont à tout le moins une certaine
expérience de l'alcool. Seulement
8 p. 100 déclarent n'en avoir jamais pris (figure 1;
tableau 1).
La plupart des jeunes Canadiens boivent assez rarement
(figure 2). Près d'un jeune buveur
de 15 à 24 ans sur trois (29 p. 100) déclare boire moins d'une
fois par mois. Un autre groupe de
jeunes (28 p. 100) boivent d'une à trois fois par mois. On peut donc conclure que plus de la moitié
de tous les jeunes buveurs actuels (57 p. 100) disent prendre de
l'alcool moins d'une fois par semaine.
Vingt‑et‑un pour cent des jeunes buveurs prennent de
l'alcool en moyenne une fois par semaine.
Un sur cinq (22 p. 100) boit deux fois par semaine ou
plus. Le jeune buveur moyen prend
environ 3,7 consommations d'alcool par occasion (tableau 2).
Plus de la moitié (52 p. 100) de tous les buveurs actuels de
15 à 24 ans n'avaient pas pris d'alcool dans la semaine qui a précédé
l'enquête (figure 3). Cette constatation corrobore le fait que plus de la
moitié de tous les jeunes buveurs (57 p. 100) déclarent prendre de
l'alcool moins d'une fois par semaine (tableau 2). Environ 34 p. 100 des jeunes
buveurs avaient pris entre une et sept consommations dans la semaine précédant
l'enquête, tandis que 14 p. 100 en avaient pris huit ou plus
(tableau 1).
Les résultats indiquent que les buveurs actuels de 15 à 24 ans
prennent environ 3,4 consommations par semaine (tableau 1). Cependant, cette moyenne est fortement
tributaire du fait que 14 p. 100 des jeunes déclarent avoir pris au
moins huit consommations. Les
recherches menées aux États‑Unis donnent à entendre que les
10 p. 100 de buveurs qui consomment le plus d'alcool prennent à eux
seuls plus de la moitié de tout l'alcool consommé (Department of Health and
Human Services des États‑Unis, 1987).
Chez les 15 à 24 ans, deux buveurs actuels sur trois
(67 p. 100) déclarent avoir pris cinq consommations ou plus au moins
une fois dans les 12 mois qui ont précédé l'enquête. Le tiers (35 p. 100) d'entre eux
ont pris cette même quantité d'alcool d'une à cinq fois. Un jeune buveur sur dix
(12 p. 100) a pris cinq consommations ou plus en une seule occasion
de 6 à 14 fois, et 20 p. 100 au moins 15 fois
(figure 4; tableau 3).
HABITUDES DE CONSOMMATION SELON LES SEGMENTS DE
POPULATION
Géographie
En général, la consommation d'alcool chez les jeunes Canadiens de 15 à
24 ans augmente d'Est en Ouest (figure 5; tableau 4). Les provinces des Prairies
(87 p. 100) et la Colombie‑Britannique (86 p. 100)
enregistrent les proportions les plus élevées de jeunes buveurs actuels. Viennent ensuite le Québec
(83 p. 100), l'Ontario (78 p. 100) et les provinces de
l'Atlantique (75 p. 100). Ces
deux dernières sont les seules régions où les taux enregistrés sont inférieurs
à la moyenne nationale (81 p. 100).
Les jeunes des provinces de l'Atlantique prennent de l'alcool moins
souvent que leurs pairs des autres régions du pays (tableau 5). Seulement 13 p. 100 des jeunes buveurs
de la région de l'Atlantique déclarent prendre de l'alcool au moins deux fois
par semaine, contre 20 p. 100 dans toutes les autres régions.
D'après l'estimation du nombre moyen de consommations prises dans la
semaine qui a précédé l'enquête, ce sont les provinces des Prairies qui
enregistrent le plus haut niveau de consommation d'alcool
(4,1 consommations par semaine).
Viennent ensuite la Colombie‑Britannique et l'Ontario (3,6), le
Québec (3,0) et les provinces de l'Atlantique (2,5) (tableau 4).
Comme l'indique le tableau 5, les jeunes buveurs des provinces de l'Atlantique
sont plus exposés que d'autres jeunes aux conséquences négatives de la
consommation d'alcool. Bien que les
jeunes buveurs des provinces de l'Atlantique aient tendance à boire moins
souvent que leurs pairs des autres régions, ils consomment davantage que les
autres lorsqu'ils boivent (tableau 5).
Les buveurs actuels de 15 à 24 ans des provinces de l'Atlantique et
des Prairies prennent en moyenne 4,3 verres par occasion. Ceux de la Colombie‑Britannique, de
l'Ontario et du Québec prennent 3,8, 3,5 et 3,2 consommations
respectivement. Les buveurs mâles des
provinces de l'Atlantique prennent plus de consommations par occasion (5,3) que
tout autre groupe.
Les jeunes buveurs actuels de l'Ouest du Canada sont plus susceptibles
que leurs pairs des autres régions de connaître des épisodes de forte
consommation d'alcool (tableau 6).
Ainsi, 25 p. 100 des jeunes vivant dans les provinces des
Prairies ont pris cinq consommations ou plus au moins 15 fois au cours de
l'année écoulée. Les taux correspondant
en Colombie‑Britannique, en Ontario, au Québec et dans les provinces de
l'Atlantique sont respectivement de 23, 18 et 15 p. 100.
Âge
Chez les jeunes
Canadiens, on observe une relation réelle entre l'âge et l'incidence de la
consommation d'alcool. En général, le
pourcentage des jeunes qui déclarent avoir consommé de l'alcool au cours de
l'année précédant l'enquête augmente avec l'âge (tableau 1). Soixante‑trois pour cent des Canadiens
de 15 et 16 ans ont consommé de l'alcool dans l'année qui a précédé l'enquête,
tandis que 80 p. 100 des 17 à 19 ans et 88 p. 100 des 20 à
24 ans déclarent avoir fait de même.
Comparés à l'ensemble des Canadiens, les hommes de 20 à 24 ans affichent
le taux le plus élevé de consommation récente d'alcool, les 15 à 16 ans venant
au second rang (figure 6).
De plus, les jeunes adultes boivent plus souvent et en plus grande
quantité que leurs cadets de moins de 20 ans (figure 7). Ainsi, 60 p. 100 des 15 à 16 ans
déclarent avoir pris de l'alcool moins d'une fois par mois, tandis que
seulement 20 p. 100 des jeunes de 20 à 24 ans ont pris aussi peu
d'alcool. Par contre,
27 p. 100 des 20 à 24 ans déclarent avoir pris de l'alcool au moins
deux fois par semaine, comparativement à seulement 7 p. 100 des 15 à
16 ans. Les jeunes de 20 à 24 ans
enregistrent le taux de consommation hebdomadaire le plus élevé (4,3
consommations par semaine). Viennent
ensuite les 17 à 19 ans (3,0) et les 15 à 16 ans (1,0) (figure 8).
La forte consommation d'alcool est un phénomène plus courant chez les
jeunes adultes que chez leurs cadets de moins de 20 ans (tableau 3). Ainsi, 71 p. 100 des 20 à 24 ans
déclarent avoir pris 5 verres ou plus au moins une fois au cours de l'année,
contre 53 p. 100 chez leurs cadets.
De la même façon, le quart (23 p. 100) des 20 à 24 ans
déclarent avoir pris cinq consommations ou plus au moins 15 fois,
comparativement à 9 p. 100
des 15 à 16 ans.
Il est clair que les habitudes de consommation des jeunes Canadiens de
15 à 24 ans diffèrent grandement de celles de leurs aînés. De façon générale, les jeunes buveurs
actuels prennent de l'alcool moins souvent que leurs aînés (figure 9), mais
sont plus susceptibles d'en prendre en grande quantité lorsqu'ils boivent (figure
10). Des liens ont pu être établis
entre ces habitudes de consommation, qui conduisent souvent à l'ébriété, et
divers problèmes associés à l'alcool.
Sexe
Les résultats indiquent que les jeunes hommes sont plus susceptibles que
les jeunes femmes d'être des buveurs actuels (figure 11). Dans l'ensemble, 85 p. 100 des
hommes de 15 à 24 ans déclarent avoir bu de l'alcool dans l'année qui a précédé
l'enquête, comparativement à 78 p. 100 des femmes. Seuls les plus jeunes font exception à cette
règle générale. En effet, les jeunes
femmes de 15 à 16 ans sont légèrement plus susceptibles (66 p. 100)
de boire que les jeunes hommes du même âge (61 p. 100).
Quel que soit l'âge, les jeunes hommes boivent plus souvent que les
jeunes femmes, et en plus grande quantité (tableaux 1 et 2). Ainsi, 54 p. 100 des buveurs mâles
de 15 à 24 ans déclarent qu'ils prennent de l'alcool au moins une fois par
semaine, comparativement à 30 p. 100 chez les buveuses du même
âge. Qui plus est, 29 p. 100
des jeunes buveurs mâles déclarent prendre de l'alcool au moins deux fois par
semaine, comparativement à 13 p. 100 des jeunes buveuses. En termes de quantité, les jeunes hommes
boivent en moyenne 4,3 verres par occasion, comparativement à 3,0 chez les
jeunes femmes.
L'estimation du nombre de consommations prises dans la semaine qui a
précédé l'enquête permet en outre de souligner certains écarts entre les
habitudes de consommation des deux sexes (tableau 4). Ainsi, 21 p. 100 des jeunes buveurs mâles déclarent
avoir pris 8 consommations ou plus dans la semaine précédant l'enquête,
comparativement à 7 p. 100 des jeunes buveuses. Dans l'ensemble, les jeunes hommes de 15 à
24 ans déclarent prendre en moyenne 4,8 consommations par semaine, contre 1,9
chez les jeunes femmes. Les jeunes
hommes de 20 à 24 ans prennent plus de consommations par semaine (6,1) que tout
autre groupe (figure 12).
Les résultats indiquent aussi que les jeunes hommes sont beaucoup plus
susceptibles que leurs consoeurs de connaître des épisodes de forte consommation
d'alcool (tableau 3). Ainsi, environ
43 p. 100 des buveurs mâles de 15 à 24 ans déclarent avoir pris cinq
consommations ou plus au moins six fois au cours de l'année précédant
l'enquête, comparativement à 20 p. 100 des jeunes femmes du même
âge. Par contre, 42 p. 100
des jeunes femmes déclarent n'avoir jamais pris cinq consommations ou
plus en une seule occasion, comparativement à 25 p. 100 chez leurs
confrères.
Tendances récentes
Les données sur les habitudes de consommation des jeunes Canadiens
tirées de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues de 1989 se
comparent à celles de l'Enquête Santé Canada de 1985 (Santé et Bien-Être Social
Canada, 1988). Ces comparaisons
révèlent une tendance à la modération dans la consommation d'alcool : moins de jeunes Canadiens boivent et ceux
qui le font boivent moins.
L'incidence de la consommation d'alcool chez les jeunes Canadiens a
diminué de 1985 à 1989 (tableau A ). En
1985, par exemple, 81 p. 100 des jeunes de 15 à 19 ans déclaraient
avoir pris de l'alcool dans l'année qui précédait l'enquête, comparativement à
74 p. 100 des répondants de 1989 (ce qui représente une chute de sept
points). De la même façon, chez les 20
à 24 ans, le pourcentage des buveurs actuels est passé de 92 p. 100
en 1985 à 88 p. 100 en 1989.
En revanche, le pourcentage des non-buveurs et des ex-buveurs a augmenté
entre 1985 et 1989.
Qui plus est, on constate que le niveau de consommation d'alcool chez
les jeunes buveurs actuels a aussi diminué (tableau A). En 1985, le buveur actuel moyen de 15 à 19
ans prenait 3,3 consommations par semaine, comparativement à 2,4 en 1989. De la même façon, les buveurs de 20 à 24 ans
prenaient 6,0 consommations par semaine en 1985 et 4,3 en 1989. Cette réduction s'observe autant chez les
deux sexes. (données non compilées).
Des enquêtes provinciales sur les étudiants révèlent une chute récente
de la consommation d'alcool (voir Adlaf et Smart, 1991 pour une étude de cette
question ). Chez les étudiants
ontariens de 12 à 19 ans, le pourcentage de buveurs actuels est passé d'un taux
record de 77 p. 100 en 1979 à 66 p. 100 en 1989. La consommation d'alcool chez les étudiants francophones catholiques du
secondaire a diminué de 69 p. 100 en 1976 à 47 p. 100 en 1984
(Desranleau, 1984). À Vancouver, la
consommation d'alcool chez les élèves de la huitième à la douzième année est
passée de 78 p. 100 en 1978 à 62 p. 100 en 1982 (Hollander
et Davis, 1983). Toutefois, la
consommation d'alcool chez les élèves de la septième à la douzième année du
Nouveau-Brunswick n'affiche aucune diminution à court terme, l'incidence
annuelle variant de 70 p. 100 en 1986 à 71 p. 100 en 1989
(Campbell, 1989).
Bien que la consommation actuelle d'alcool ait diminué, la fréquence de
la consommation parmi les élèves ontariens qui boivent n'affiche aucune
modification significative entre 1981 et 1989 (Smart et Adlaf, 1989). Chez les buveurs, le pourcentage des jeunes
qui boivent toutes les semaines est demeuré stable (20 p. 100 en
1981, 21 p. 100 en 1983, 21 p. 100 en 1985,
18 p. 100 en 1987 et 19 p. 100 en 1989). Fait plus déconcertant, on a observé, chez
les élèves ontariens qui boivent, une augmentation du pourcentage de sujets
déclarant avoir pris cinq consommations ou plus en une seule occasion au cours
des quatre semaines précédant l'enquête - de 29 p. 100 en 1981 à
36 p. 100 en 1989. De plus,
le nombre de ceux qui déclarent avoir souvent pris cinq consommations ou plus
(c'est-à-dire au moins cinq fois au cours des quatre semaines précédant
l'enquête) augmente constamment (3,2 p. 100 en 1981,
4,2 p. 100 en 1983, 4,0 p. 100 en 1985, 4,6
p. 100 en 1987, et 5,2 p. 100 en 1989).
PROBLÈMES LIÉS À L'ALCOOL
Problèmes engendrés par la consommation personnelle
On a demandé à tous les jeunes buveurs de 15 à 24 ans s'ils avaient déjà
eu le sentiment que leur consommation d'alcool avait nui à leur santé physique,
à leurs amitiés, à leur vie sociale, à leur vision de la vie, à leur bonheur, à
leur vie de famille, à leurs études, à leur travail ou à leur situation financière
(questions 36A à 36B - annexe A).
Un buveur actuel de 15 à 24 ans sur quatre (23 p. 100) a subi un
problème dû à l'alcool au cours de l'année précédant l'enquête (tableau
7). Ce sont les problèmes de santé qui
ont été les plus fréquents (11 p. 100), suivis des problèmes d'amitié et
de vie sociale (9 p. 100), des problèmes financiers (9 p. 100), d'un
changement de conception de la vie (6 p. 100), de problèmes dans les
études ou au travail (5 p. 100) et de problèmes familiaux (5 p. 100).
Des pourcentages semblables de jeunes de 20 à 24 ans et de 15 à 19 ans
(23 et 24 p. 100, respectivement) ont indiqué avoir eu des problèmes dus à
la consommation d'alcool pendant l'année précédant l'enquête. Les différences entre les groupes d'âges
sont généralement minimes. Les jeunes
de 20 à 24 ans ont été légèrement plus nombreux à ressentir des problèmes de
santé par suite de leur consommation d'alcool que leurs cadets de 15 à 19 ans
(9 p. 100). Pour tous les autres
types de problèmes, la différence entre les groupes d'âge est inférieure à un
point (tableau 7).
Dans tous les groupes d'âge, les jeunes hommes (28 p. 100) ont été
plus nombreux que les jeunes femmes (18 p. 100) à subir des problèmes liés
à la consommation d'alcool pendant l'année précédant l'enquête (tableau
7). L'écart est le même pour six des
sept problèmes de la liste. La
proportion d'hommes et de femmes était la même pour ce qui est du bonheur et de
la vision de la vie. Le taux élevé de
problèmes liés à la consommation d'alcool chez les jeunes hommes est imputable
au fait qu'ils prennent beaucoup plus d'alcool que leurs consoeurs (voir
ci-dessus).
Un jeune buveur sur dix a déclaré avoir eu deux problèmes ou plus à
cause de l'alcool dans les 12 mois qui ont précédé l'enquête; un sur vingt a indiqué
avoir eu trois problèmes ou plus (tableau 8). Encore une fois, l'écart entre les groupes d'âge n'est pas très
vaste. Par exemple, 6 p. 100 des
hommes de 15 à 24 ans ont répondu avoir subi trois problèmes ou plus,
comparativement à 4 p. 100 chez leurs consoeurs. Toutefois, les garçons de 15 à 19 ans ont été plus nombreux que
les filles à rapporter trois problèmes ou plus (7 et 1 p. 100
respectivement). La proportion entre
les groupes d'âge ne varie pas considérablement. Environ 5 p. 100 des 15 à 19 ans et 6 p. 100 des 20 à
24 ans ont déclaré qu'ils avaient subi trois problèmes ou plus dans les 12 mois
qui ont précédé l'enquête.
Les résultats de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues
révèlent clairement que les jeunes buveurs ont été plus nombreux que leurs
aînés à subir des problèmes par suite d'une consommation récente d'alcool
(figure 13). À titre d'exemple,
23 p. 100 des jeunes de 15 à 24 ans ont connu des problèmes engendrés par
l'alcool pendant l'année précédant l'enquête, comparativement à 4 p. 100
des 65 ans et plus.
Le rapport négatif entre l'âge et les problèmes d'alcool peut
s'expliquer par la consommation irrégulière qu'on observe souvent chez les
jeunes Canadiens qui assistent occasionnellement à des fêtes (voir ci-dessus). En fait, les jeunes buveurs qui ne
traversent pas d'épisodes de forte consommation d'alcool sont moins
susceptibles de connaître des problèmes que ceux qui en traversent (figure 14). Ainsi, seulement 8 p. 100 des jeunes
buveurs qui prennent moins de cinq verres par occasion ont déclaré avoir eu des
problèmes dus à l'alcool au cours de l'année précédant l'enquête,
comparativement à près de la moitié (48 p. 100) de ceux qui ont consommé
au moins cinq verres à 15 occasions ou plus.
Selon l'Ontario Student Drug Use Survey (Smart et Adlaf, 1989),
en dépit d'une diminution de l'incidence de la consommation d'alcool, le
pourcentage de problèmes liés à l'alcool est resté le même entre 1981 et
1989. Le pourcentage d'étudiants qui
déclarent avoir reçu un avertissement ou avoir été arrêtés par des policiers en
raison de leur ébriété variait de 5,1 à 6 p. 100. De même, le pourcentage de jeunes qui ont
indiqué avoir envie de boire s'établissait entre 4,8 et 6,1 p. 100.
Des recherches antérieures, ont étudié la nature de la consommation
d'alcool et des problèmes qui en découlent chez les adolescents et les jeunes
adultes. En général, les études
longitudinales démontrent que la consommation d'alcool et les problèmes connexes,
entre l'adolescence et l'âge adulte, sont de nature passagère (Donavan et
coll., 1983; Fillmore et Midanik, 1984; Ghodsian et Power, 1987; Plant et
coll., 1985; Temple et Fillmore, 1985).
Une analyse détaillée des problèmes d'alcool de l'adolescent a porté sur
deux aspects de la question (White, 1987).
Le premier est le degré de consommation, c'est-à-dire la fréquence, la
quantité et l'intoxication. Le deuxième
comprend les problèmes connexes, plus particulièrement les relations
interpersonnelles, la vie sociale et les effets symptomatiques. On a ainsi découvert que le problème
d'alcool restait stable entre 15 et 21 ans, sauf chez les garçons de 15 à 18
ans, dont la consommation ne varie pas, mais chez qui les conséquences sont
plus graves.
L'alcool au volant
À peu près un cinquième (21 p. 100 ) des conducteurs de 15 à 19 ans
et un tiers (30 p. 100) des conducteurs de 20 à 24 ans ont déclaré avoir
conduit moins d'une heure après avoir bu deux verres ou plus (question 34 -
annexe A; tableau 9). À tous les âges,
les hommes sont plus nombreux que les femmes à conduire avec des facultés
affaiblies (26 comparé à 14 p. 100 chez les 15 à 19 ans et 38 comparé
à 21 p. 100 chez les 20 à 24 ans).
Généralement, la conduite avec facultés affaiblies est plus fréquente
chez les jeunes canadiens que chez les adultes (figure 15). Le phénomène est plus courant de 20 à 34 ans
(30 p. 100). En revanche,
seulement 8 p. 100 des conducteurs actuels de 65 ans et plus déclarent
prendre le volant dans l'heure suivant la consommation de deux verres ou plus.
Il y a beaucoup plus de jeunes de 20 à 24 ans (30 p. 100) que
d'adolescents (21 p. 100) qui conduisent même s'ils ont bu. Les hommes de 20 à 24 ans (38 p. 100)
sont devancés seulement par les hommes de 25 à 34 ans (43 p. 100) en ce
qui concerne la fréquence de la conduite avec facultés affaiblies. Chez les femmes, ce sont celles de 20 à 24
ans qui arrivent au premier rang (21 p. 100 - tableau 9).
Il importe de noter que les jeunes de 15 ans ne peuvent conduire un
véhicule sans que cela constitue une infraction à la loi. Par conséquent, les taux de conduite avec
facultés affaiblies seraient peut-être plus élevés chez les plus jeunes si ont
retirait de l'échantillon les personnes de 15 ans.
Selon la Fondation de recherche sur l'alcoolisme et la toxicomanie, le
nombre d'étudiants ontariens qui conduisent après avoir bu a nettement diminué
au cours de la dernière décennie. Le
pourcentage d'étudiants qui déclarent avoir conduit dans l'heure ayant suivi la
consommation de deux verres ou plus, au moins une fois dans les douze mois qui
ont précédé l'enquête, a baissé de 31 points entre 1977 et 1989. Les taux de conduite avec facultés
affaiblies étaient les suivants : 58 p. 100 en 1977, 53 p. 100 en
1979, 41 p. 100 en 1981, 47 p. 100 en 1983, 38 p. 100 en 1985, 28 p.
100 en 1987 et 27 p. 100 en 1989.
Problèmes qu'occasionne la consommation d'alcool par
d'autres
En plus de poser des questions sur la consommation personnelle d'alcool,
on a demandé aux répondants (y compris les personnes qui ne boivent pas) s'ils
avaient subi des problèmes liés à la consommation d'alcool par d'autres
personnes (questions 56A à 56J - annexe A).
Soixante-neuf pour cent des jeunes Canadiens de 15 à 24 ans ont indiqué
avoir subi au moins un des dix problèmes liés à la consommation d'alcool par
d'autres personnes mentionnés dans le questionnaire. Il n'y a pas de différence notable entre les groupes d'âge, ni
entre les sexes. Chez les jeunes de 15
à 24 ans, les hommes et les femmes connaissent autant de problèmes de ce genre
(61 p. 100). Environ 67 p.
100 des 15 à 19 ans et 71 p. 100 des 20 à 24 ans ont répondu avoir eu un
problème ou plus. Les différences ne
sont pas significatives entre les hommes et les femmes de ces deux groupes
d'âge.
Près de 40 p. 100 des jeunes Canadiens de 15 à 24 ans ont indiqué
qu'au cours de l'année précédant l'enquête, ils avaient été bafoués ou humiliés
par quelqu'un qui avait bu (tableau 10; figure 16). Près de 35 p. 100 des jeunes Canadiens ont déclaré qu'ils
avaient été dérangés par des soirées tapageuses et 32 p. 100 ont répondu
qu'ils s'étaient querellés ou avaient eu des discussions avec quelqu'un qui
avait bu.
Un pourcentage important de jeunes Canadiens (23 p. 100) ont
indiqué que pendant l'année précédant l'enquête, ils étaient montés à bord d'une
automobile conduite par une personne qui venait de boire et quelque 3 p.
100 (117 000 personnes) ont été victimes d'un accident d'automobile causé
par une personne qui avait bu.
À peu près un jeune Canadien sur cinq (18 p. 100) a répondu qu'il
avait été frappé, poussé ou battu par une personne qui avait bu pendant l'année
précédant l'enquête. Douze pour cent
des jeunes ont déclaré qu'ils avaient connu des problèmes familiaux à cause de
quelqu'un qui avait bu et 11 p. 100 ont déclaré qu'ils avaient rompu une
amitié pour la même raison. Un autre
groupe de 8 p. 100 a indiqué avoir été victime d'un acte de vandalisme
commis par une personne qui avait bu.
Enfin, 2 p. 100 des jeunes Canadiens interrogés ont répondu que
dans l'année précédant l'enquête ils avaient subi des problèmes d'argent à
cause d'une personne qui buvait.
Dans l'ensemble, il y a peu de différences entre les réponses de jeunes
de 15 à 19 ans et celles des 20 à 24 ans (tableau 10), si ce n'est que les plus
vieux sont plus nombreux à avoir été bafoués ou humiliés (41 contre 34 p.
100), dérangés par des soirées tapageuses (39 contre 32 p. 100), passagers
d'une automobile conduite par une personne qui avait bu (25 contre
21 p. 100), ou victimes de problèmes familiaux (13 contre
10 p. 100).
On note des différences entre les sexes en qui a trait aux problèmes
liés la consommation d'alcool par d'autres personnes (tableau 10). Les jeunes femmes sont plus nombreuses à
avoir été bafouées ou humiliées (40 contre 36 p. 100), à avoir eu des
discussions et des querelles (35 contre 30 p. 100), à connaître des
problèmes familiaux (17 contre 7 p. 100), à avoir été victimes
d'actes de vandalisme (9 contre 6 p. 100) et dérangées par des
soirées tapageuses (38 contre 33 p. 100). Par ailleurs, les jeunes hommes sont plus nombreux à avoir
répondu qu'ils avaient été passagers d'une automobile conduite par une personne
qui avait bu (27 p. 100 contre 19 p. 100) ou poussés,
frappés ou battus (21 contre 14 p. 100).
Il importe de signaler que, dans certains cas, la différence entre les
deux sexes est plus évidente dans le groupe des 15 à 19 ans que chez les 20 à
24 ans (tableau 10). Ainsi,
37 p. 100 des femmes de 15 à 19 ans ont indiqué avoir eu une
discussion ou une querelle avec quelqu'un qui a avait bu contre 26 p. 100
des hommes du même groupe d'âge, ce qui représente une différence de 11
points. Par contre, la différence est
inférieure à un point chez les jeunes de 20 à 24 ans (33 p. 100). Dans d'autres cas, l'écart entre les sexes
s'élargit avec l'âge. Par exemple, chez
les plus jeunes, un même nombre de femmes et d'hommes ont déclaré être montés à
bord d'une automobile dont le conducteur avait bu; mais au contraire, chez les
20 à 24 ans, l'écart est de 16 points
entre hommes et femmes (33 contre 17 p. 100).
Bien que les différences entre les sexes et les âges soient légères chez
les personnes qui ont eu un problème dû à la consommation d'alcool, l'écart
devient plus notable chez ceux qui ont vécu plus d'un problème de ce genre
(tableau 11). Les jeunes de 20 à 24 ans
sont plus nombreux à avoir signalé trois problèmes et plus que ceux de 15 à 19
ans (33 contre 28 p. 100).
Chez les 20 à 24 ans, les hommes sont plus nombreux que les femmes à
avoir déclaré autant de problèmes (36 contre 30 p. 100), alors que chez
les 15 à 19 ans, les femmes ont été plus nombreuses à rapporter des problèmes
multiples (32 contre 24 p. 100).
Globalement, les données révèlent que la possibilité d'avoir des
problèmes à cause d'une personne qui a bu diminue avec l'âge (tableau 12). Par exemple, 38 p. 100 des jeunes
Canadiens ont dit avoir été bafoués ou humiliés par quelqu'un qui avait bu au
cours de l'année précédant l'enquête, comparativement à seulement
5 p. 100 chez les personnes de 65 ans et plus. De même, 18 p. 100 des jeunes ont
déclaré avoir été poussés, frappés ou battus par une personne qui avait bu,
contre 7 p. 100 chez les 45 ans et plus. De toute évidence, qu'il s'agisse de problèmes liés à leur propre
consommation ou de problèmes liés à la consommation d'alcool par d'autres
personnes, les jeunes Canadiens sont exposés à de grands risques. Ils doivent
donc faire l'objet d'une attention particulière. D'ailleurs, il serait utile de poursuivre recherche sur ce
phénomène. D'abord, les jeunes sont
peut-être plus susceptibles que les autres d'avoir des problèmes en raison de
leurs amitiés; c'est-à-dire qu'ils fréquentent un plus grand nombre de jeunes
buveurs que tout autre groupe d'âge.
Ensuite, la recherche devrait s'intéresser davantage aux
caractéristiques des personnes qui causent ces problèmes et à celles de leurs
victimes. Enfin, il faudrait
intensifier la recherche sur la relation entre la consommation d'alcool du
répondant et la consommation d'alcool de son entourage.
RAISONS
INVOQUÉES POUR BOIRE
On a demandé aux buveurs
actuels d'indiquer pour quelles raisons ils ont bu de l'alcool au cours des 12
mois qui ont précédé l'enquête. Ils indiquaient leurs motifs en choisissant au
moins une des réponses suivantes : pour être sociable; pour rendre les repas
plus agréables; pour me sentir bien; pour me détendre; pour oublier mes soucis;
pour me sentir moins gêné ou timide (voir question 18, annexe A).
La sociabilité est la raison la plus courante chez les jeunes Canadiens
de 15 à 24 ans (figure 17). Dans la même catégorie d'âge, sept buveurs actuels
sur dix (69 p. 100) ont déclaré avoir consommé de l'alcool pour cette
raison l'année précédente. «Pour me sentir bien» est la raison qui vient au
deuxième rang (42 p. 100), suivie de ce qui suit : «pour me détendre»
(39 p. 100); «pour rendre les repas plus agréables» (32 p.100);
«pour me sentir moins gêné ou timide» (23 p. 100); et «pour oublier mes
soucis» (16 p. 100).
Les jeunes hommes ont été plus nombreux à invoquer cinq des six raisons
de boire proposées dans le questionnaire d'enquête (tableau 13). En fait, un pourcentage plus élevé de jeunes
hommes (44 p. 100 que de femmes (35 p. 100) ont indiqué
qu'ils buvaient pour se détendre.
Toutefois, les jeunes femmes ont répondu en plus grand nombre
(68 p. 100) qu'elles buvaient pour être sociables, en particulier
chez les adolescentes (15 et 16 ans) ou les deux tiers des répondantes (66 p.
100) ont choisi cette réponse, comparativement à la moitié chez leurs confrères
du même âge (47 p. 100).
Le pourcentage de répondants qui déclarent consommer de l'alcool pour
être sociables ou se détendre augmente avec l'âge (tableau 13). Ainsi, 56 p. 100 des jeunes de 15
et 16 ans ont indiqué qu'ils buvaient pour être sociables, contre 74
p. 100 chez les jeunes de 20 à 24 ans, soit un écart de 18 points. De même, 33 p. 100 des 15 et 16
ans ont répondu qu'ils buvaient pour se détendre, comparativement à
41 p. 100 chez les 20 à 24 ans, soit une différence de huit points. Parmi les buveurs actuels, on constate un
écart de 24 points entre les adolescents mâles et leurs aînés
(47 p. 100 chez les 15 et 16 ans contre 71 p. 100 chez les
20 à 24 ans) qui ont invoqué la sociabilité comme raison de boire.
Le pourcentage de répondants qui déclarent prendre de l'alcool pour
oublier leurs soucis et pour se sentir moins gênés ou timides diminue avec
l'âge (tableau 13). Ainsi, 24
p. 100 des jeunes de 15 et 16 ans ont écrit qu'ils buvaient pour oublier
leurs soucis, alors que le pourcentage était de 13 p. 100 chez les 20
à 24 ans. De même, 29 p. 100
des 15 et 16 ans ont répondu qu'ils buvaient pour se sentir moins timides ou
gênés, comparativement à 19 p. 100 dans la catégorie des 20 à 24
ans. Chez les buveuses actuelles qui
disent boire pour se sentir moins timides ou gênées, on constate un écart de 17
points entre les plus jeunes et leurs aînées.
Si on exclut la sociabilité, les jeunes buveurs actuels consomment
surtout pour des raisons personnelles, que ce soit pour être de bonne humeur
(par exemple, se sentir bien, se détendre) ou améliorer leur humeur (se sentir
moins gênés ou timides, oublier leurs soucis). À l'instar de recherches antérieures, les résultats de l'Enquête
nationale de 1989 sur la consommation d'alcool et de drogue ont révélé que
l'usage d'alcool pour des raisons personnelles est associée à une forte
consommation (Johnston et O'Malley, 1986).
En revanche, l'usage pour des raisons sociales est associée à des
niveaux de consommation faibles ou modérés (Christopherson et coll., 1984). À titre d'exemple, les jeunes qui disent
boire pour oublier leurs soucis prennent en moyenne 6,5 verres par semaine,
contre 3,8 chez les ceux qui disent boire pour des raisons sociales (tableau
14). De même, plus du tiers
(35 p. 100) des jeunes qui disent boire pour oublier leurs soucis ont
consommé cinq verres ou plus à 15 occasions et plus l'année précédente,
comparativement à un cinquième (21 p. 100) chez ceux qui ont dit
boire pour des raisons sociales.
Selon les conclusions de l'enquête, il y aurait une relation
proportionnelle entre la consommation pour des raisons personnelles et les
conséquences de la consommation (figure 18).
Ainsi, les personnes qui ont déclaré qu'elles buvaient pour oublier
leurs soucis (50 p. 100) sont deux fois plus nombreuses que celles
qui dont dit boire pour des raisons sociales (25 p. 100) à avoir
connu des problèmes liés à la consommation d'alcool dans l'année précédant
l'enquête. Cependant, il faut signaler
qu'une forte proportion des répondant qui boivent pour des raisons personnelles
ont aussi indiqué qu'ils buvaient pour des raisons sociales. Par conséquent, on peut en déduire que
l'évaluation des problèmes liés à la consommation d'alcool chez les personnes
qui boivent pour des raisons sociales serait encore inférieure si on excluait
celles qui ont dit boire pour des raisons personnelles.
LES PARTENAIRES DE CONSOMMATION DES JEUNES CANADIENS
On a demandé à tous les Canadiens qui déclaraient avoir bu dans l'année
précédente d'indiquer à quelle fréquence ils l'avaient fait, et s'ils avaient
bu seuls ou avec des amis, leur conjoint, les membres de leur famille ou des
collègues de travail (question 27, annexe A).
Il ressort clairement que la consommation d'alcool chez les jeunes
Canadiens est une activité sociale (tableau 15).
Les jeunes buveurs de 15 à 24 ans, boivent rarement seuls. Quatre-vingt pour cent des buveurs actuels
ont indiqué qu'ils ne buvaient jamais seuls ou lorsque les autres ne buvaient
pas. Par ailleurs, seulement 7 p. 100
ont déclaré qu'ils buvaient seuls plusieurs fois par mois ou plus souvent. Ces conclusions de l'Enquête nationale sur
l'alcool et les autres drogues correspondent à celles de recherches antérieures
(Kandel, 1980).
La majorité des jeunes sont initiés à la consommation d'alcool à la
maison en présence d'adultes. Les
jeunes adolescents consomment de l'alcool pour la première fois de leur vie à
la maison, lors d'une occasion spéciale (Chamberlayne, Kierans et Fletcher,
1987; Nutter, 1984). Toutefois, on
constate avec l'âge une nette transition de la consommation à la maison, sous la
surveillance des parents, à la consommation dans des soirées sous l'influence
des pairs.
Amis
Les amis sont, de loin, les partenaires de consommation les plus
courants des jeunes Canadiens (figure 19).
Deux tiers (65 p. 100) des jeunes buveurs actuels prennent de
l'alcool avec leurs amis une fois par mois ou plus. Seulement 5 p. 100 des jeunes buveurs ont indiqué ne
jamais consommer d'alcool avec leurs amis.
Les jeunes hommes boivent avec leurs amis plus souvent que les jeunes
femmes (tableau 15). Par exemple, plus
du tiers (38 p. 100) des jeunes hommes prennent de l'alcool avec
leurs amis plus d'une fois par semaine, comparativement à 19 p. 100
chez les jeunes femmes.
Les jeunes adultes boivent plus fréquemment avec leurs amis que les
adolescents. Trois ou quatre pour cent
des jeunes de 20 à 24 ans boivent avec leurs amis une fois par semaine ou plus,
comparativement à 28 p. 100 chez ceux de 17 à 19 ans et
13 p. 100 chez ceux de 16 ans.
En règle générale, les jeunes buveurs prennent de l'alcool plus souvent
avec leurs amis que leurs aînés. Ainsi,
29 p. 100 des buveurs de 15 à 24 ans boivent une fois par semaine ou plus
avec leurs amis (tableau 15), comparativement à 16 p. 100 chez ceux
de 35 à 54 ans et 10 p. 100 chez ceux de 55 ans et plus (Eliany et
coll., 1990).
Membres de la famille
Les membres de la famille (faisant partie ou non du ménage) viennent au
deuxième rang comme partenaires les plus fréquents des jeunes Canadiens. Le quart des jeunes buveurs
(24 p. 100) déclarent consommer de l'alcool avec des membres de leur
famille plusieurs fois par année.
Quarante-sept pour cent consomment de l'alcool en famille quelques fois
par année. Cependant, une minorité
assez importante (29 p. 100) ont répondu ne jamais boire avec des
membres de leur famille.
Chez les jeunes, la fréquence de consommation en famille semble
augmenter avec l'âge (tableau 15).
Environ trois jeunes de 20 à 24 ans sur dix (28 p. 100) ont
dit boire avec des membres de leur famille une fois par mois ou plus,
comparativement à 20 p. 100 chez ceux de 17 à 19 ans et 17 p.
100 chez ceux de 15 et 16 ans.
Toutefois, il importe de noter que les plus âgés ont été plus nombreux à
répondre qu'ils ne buvaient jamais en famille.
Dans l'ensemble, les jeunes hommes boivent plus fréquemment avec des
membres de leur famille que les jeunes femmes (tableau 15). Trente pour cent des hommes de 15 à 24 ans
ont déclaré boire en famille au moins une fois par mois, comparativement à 18
p. 100 des femmes du même âge.
Néanmoins, les jeunes femmes (28 p. 100) sont aussi nombreuses
que les jeunes hommes (30 p. 100) à ne jamais boire avec des membres
de leur famille.
Collègues de travail
Les jeunes Canadiens boivent beaucoup moins souvent avec leurs collègues
de travail qu'avec leurs amis ou des membres de leur famille (tableau 15). Six buveurs sur dix (60 p. 100) de
15 à 24 ans ne boivent jamais avec leurs collègues de travail. Vingt-et-un pour cent le font moins d'une
fois par mois. Seulement
19 p. 100 des jeunes buveurs prennent de l'alcool avec leurs
collègues de travail au moins une fois par mois.
Si peu de jeunes boivent avec leurs collègues de travail, c'est
probablement parce qu'un grand nombre d'entre eux n'ont pas d'emploi ou qu'ils
travaillent à temps partiel. La
consommation avec des collègues de travail est plus fréquente chez les jeunes
d'âge plus avancé qui sont plus nombreux à occuper un emploi permanent (tableau
15).
Les jeunes hommes (25 p. 100) sont deux fois plus nombreux que
les jeunes femmes (13 p. 100) à boire avec leurs collègues de travail
au moins une fois par mois.
Inversement, les jeunes femmes (68 p. 100) sont plus
nombreuses que les jeunes hommes (53 p. 100) à ne jamais boire avec
leurs collègues de travail.
Conjoint ou partenaire
La majorité des jeunes buveurs Canadiens (84 p. 100) ont
déclaré ne jamais boire avec leur conjoint ou partenaire. Seulement 10 p. 100 le font au
moins une fois par mois (tableau 15).
Une telle proportion n'est pas surprenante étant donné que peu de jeunes
de 15 à 24 ans sont mariés ou vivent en permanence avec leur partenaire. La consommation avec le conjoint ou le
partenaire est importante seulement chez les jeunes de la catégorie d'âge
supérieure. Ces derniers sont plus
nombreux à être mariés ou à avoir un partenaire permanent. Presque tous les jeunes de 15 et 16 ans
(99 p. 100) et de 17 à 19 ans (96 p. 100) ne boivent jamais
avec leur conjoint, comparativement à 74 p. 100 de ceux de 20 à 24 ans.
Seul(e)
La majorité des jeunes buveurs (84 p. 100) de 15 à 24 ans ne
boivent jamais seuls ou lorsque les autres ne boivent pas. De plus, 8 p. 100 le font moins
d'une fois par mois. Seulement 7 p. 100
des jeunes buveurs boivent seuls au moins une fois par mois (tableau 15).
Les jeunes boivent seuls moins souvent que leurs aînés. Par exemple, 7 p. 100 des jeunes
de 15 à 24 ans le font au moins une fois par mois, comparativement à
11 p. 100 des 35 à 54 ans et 13 p. 100 des 55 ans et plus
(tableau 15).
Chez les jeunes buveurs actuels, les hommes sont plus nombreux que les
femmes à boire seuls ou quand les autres ne boivent pas. Ainsi, 12 p. 100 des hommes de 15
à 24 ans consomment de l'alcool seuls au moins une fois par mois, comparativement
à un pourcentage négligeable des femmes (tableau 15).
LIEUX DE CONSOMMATION DES JEUNES
On a demandé à tous les buveurs actuels d'indiquer à quelle fréquence
ils participaient à 11 activités. On
leur a également demandé à quelle fréquence ils buvaient en participant à ces
activités et combien de verres ils consommaient (questions 25 et 26, annexe A).
Tous les jeunes, quelque soit leur âge et leur sexe, boivent lorsqu'ils
vont dans des bars, vont à des soirées, assistent à des mariages, participent à
des activités de plein air ou dînent au restaurant (figure 20).
Plus des trois quarts (78 p. 100) des jeunes buveurs ont
indiqué qu'ils buvaient au moins une fois sur deux lorsqu'ils allaient dans des
tavernes ou des bars. Dix-huit pour
cent boivent une fois sur deux et seulement 4 p. 100* ne prennent
jamais d'alcool dans de telles circonstances (tableau 16).
Cinquante-huit pour cent des jeunes buveurs ont l'habitude de boire
(c'est-à-dire qu'ils prennent de l'alcool plus d'une fois sur deux) lorsqu'ils
assistent à une soirée, une réunion mondaine ou un mariage. Trente-trois pour cent boivent une fois sur
deux à de telles occasions. Seulement
9 p. 100 ont indiqué ne jamais boire dans de telles circonstances
(tableau 16).
Vingt-et-un pour cent des buveurs actuels boivent habituellement lorsqu'ils
participent à des activités de plein air telles que le camping ou le nautisme
(tableau 16). Quarante-quatre pour cent
boivent une fois sur deux ou moins lorsqu'ils s'adonnent à ces activités. Toutefois, une minorité importante
(35 p. 100) des buveurs actuels ont indiqué qu'ils ne buvaient jamais
dans de telles circonstances. Enfin,
19 p. 100 des jeunes buveurs consomment de l'alcool plus d'une fois sur
deux lorsqu'ils dînent au restaurant, alors que 41 p. 100 boivent une
fois sur deux ou moins dans de telles occasions. En outre, 40 p. 100 ont répondu ne jamais boire lorsqu'ils
dînent au restaurant.
Les jeunes buveurs sont moins portés à boire quand ils déjeunent au
restaurant, s'adonnent à des activités sportives, passent une soirée tranquille
à la maison, se rendent à un club ou à une réunion, ou assistent à un concert
ou un festival (figure 20; tableau 16).
Quatre-vingt-quatre pour cent des jeunes buveurs de 15 à 24 ans ont
déclaré ne jamais boire lors de déjeuners au restaurant; seulement
3 p. 100* boivent plus d'une fois sur deux à de telles
occasions. De même, la majorité des
jeunes buveurs ont indiqué ne jamais boire quand ils s'adonnent à des activités
sportives (74 p. 100), passent une soirée tranquille à la maison
(70 p. 100), se rendent à un club ou une réunion
(68 p. 100) ou assistent à un concert ou un festival
(62 p. 100).
Les jeunes buveurs de 15 à 24 ans prennent la plus grande quantité
d'alcool pendant leurs loisirs, par exemple, lorsqu'ils vont au chalet, font du
camping ou du nautisme (en moyenne, 4,3 verres à chaque occasion); vont dans un
bar ou une taverne (3,9 verres); assistent à une soirée, une réunion mondaine
ou un mariage (3,9 verres) ou assistent à un concert, un événement sportif ou
un festival (3,4 verres - voir figure 21).
La consommation d'alcool est moins grande lorsqu'ils dînent au
restaurant (1,5 et 1,7 verres respectivement) et passent une soirée tranquille
à la maison (2,1 verres). Dans chacune
de ces 11 occasions, les jeunes hommes consomment plus d'alcool que les jeunes
femmes (tableau 16).
Les conclusions de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres
drogues correspondent à celles d'autres rapports. D'autres recherches ont également révélé que la consommation
d'alcool chez les jeunes est plus fréquente en société (Brown, Stetson et
Beatty, 1989; Harford et Speigler, 1982; Harford et Grant, 1987; Single,
1988). Les jeunes prennent plus
d'alcool dans les réunions informelles, ayant pour objectif le divertissement,
que dans les rencontres de groupes organisés ayant des objectifs plus précis
(Crano et Selnow, 1986). Cette
recherche confirme la conclusion de l'enquête selon laquelle la majorité des
buveurs actuels (67 p. 100) ne boivent pas dans les clubs et les
réunions ou lors d'activités sportives.
ATTITUDES À L'ÉGARD DE LA CONSOMMATION D'ALCOOL DANS
DES SITUATIONS PRÉCISES
On a demandé à tous les répondants (non-buveurs, anciens buveurs et
buveurs actuels) quelles étaient leurs attitudes et leurs croyances à l'égard
de la consommation d'alcool dans huit situations particulières (question 51,
annexe A). On les a priés de préciser,
dans chaque cas, s'ils estimaient qu'il ne faut pas boire, qu'il est admissible
de boire un verre ou deux, assez pour en ressentir les effets ou assez pour se
soûler à l'occasion. Dans le présent
rapport, les deux dernières catégories sont groupées sous le titre «assez de
verres pour ressentir les effets de l'alcool».
Les données révèlent que les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans sont
généralement plus tolérants face à une forte consommation d'alcool dans les
bars et les soirées (figure 22; tableau 17).
Trente-sept pour cent des jeunes Canadiens estiment qu'il est acceptable
pour un homme qui se trouve dans un bar avec des amis de boire suffisamment
pour en ressentir les effets, alors que 51 p. 100 sont d'avis qu'un
verre ou deux est acceptable. Seulement
5 p. 100 jugent qu'il ne faut pas boire dans un tel contexte. Les données démontrent que les jeunes ne
sont pas aussi tolérants envers les femmes qu'envers hommes pour ce qui est de
la consommation d'alcool dans les bars et les tavernes. Vingt-neuf pour cent croient qu'il est
acceptable pour une femme de boire assez pour en ressentir les effets dans ce
genre d'endroit, 58 p. 100 qu'un verre ou deux est admissible et
7 p. 100 que les femmes ne devraient pas boire du tout (tableau 17).
La majorité des jeunes Canadiens considèrent qu'il est acceptable de
consommer de l'alcool dans des soirées (tableau 17). Seulement 8 p. 100 sont d'avis qu'il ne faudrait pas
boire du tout à de telles occasions.
Plus de la moitié (55 p. 100 trouvent qu'un verre ou deux est
acceptable et 31 p. 100 jugent qu'il est acceptable de boire
suffisamment pour en ressentir les effets.
Les répondants ont des attitudes assez similaires en ce qui concerne la
consommation d'alcool avec des amis à la maison : environ 19 p. 100
croient qu'il ne faut pas boire du tout, à peu près 51 p. 100
approuvent la consommation d'un verre ou deux et 26 p. 100 estiment
qu'il est admissible de boire assez pour en ressentir les effets.
Les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans sont moins stricts en ce qui
concerne la consommation d'alcool en couple lors de dîners à la maison. Environ 14 p. 100 estiment qu'il ne
faut pas boire à de telles occasions, 62 p. 100 croient qu'un verre
ou deux est acceptable et 17 p. 100 sont d'avis qu'il est admissible
de boire assez pour en ressentir les effets
(tableau 17).
Près des deux tiers (62 p. 100) des jeunes Canadiens jugent
qu'il est acceptable de boire avec des amis après le travail. Cependant, à peu près la moitié
(49 p. 100) considèrent que la consommation d'alcool doit se limiter
à un verre ou deux dans de telles circonstances. Seulement 7 p. 100 estiment qu'il est convenable de
boire assez pour en ressentir les effets à de telles occasions (tableau 17).
Un jeune sur deux (48 p. 100) est d'avis qu'il ne faut pas
boire lors d'activités sportives ou récréatives. Deux cinquièmes (39 p. 100) soutiennent que la
consommation d'alcool à de tels moments devraient se limiter à un verre ou deux. Seulement 8 p. 100 jugent qu'il
est acceptable de boire suffisamment pour en ressentir les effets.
La plupart des jeunes Canadiens (56 p. 100) considèrent qu'il
ne faut pas boire d'alcool lors de déjeuners avec des collègues de travail et
bien que 38 p. 100 estiment que la consommation d'un verre ou deux
soit acceptable, seulement 1 p. 100* déclarent qu'une personne
devrait se sentir libre de boire assez pour en ressentir les effets.
En règle générale, les jeunes hommes sont moins stricts que les jeunes
femmes concernant la consommation d'alcool. (tableau 17). Ainsi, 37 p. 100 des jeunes hommes
indiquent qu'il est acceptable de boire assez pour en ressentir les effets dans
des soirées, comparativement à 25 p. 100 des jeunes femmes. On peut même conclure que les jeunes hommes
sont plus tolérants que les jeunes femmes à l'égard de la consommation d'alcool
de ces dernières. Un tiers
(33 p. 100) des jeunes hommes jugent acceptable que les femmes
boivent assez pour en ressentir les effets lorsqu'elles sont avec des amis dans
un bar, mais seulement le quart (24 p. 100) des jeunes femmes sont de
cet avis.
Les résultats de l'enquête permettent aussi de conclure que, chez les
jeunes, l'approbation envers la consommation d'alcool et l'ivresse augmente
avec l'âge (tableau 17). À titre
d'exemple, 24 p. 100 de jeunes de 15 et 16 ans déclarent que boire
assez pour être ivre est acceptable lors de soirées, comparativement à
35 p. 100 des jeunes de 20 à 24 ans, ce qui représente un écart de 11
points. De même, 29 p. 100
des 15 à 16 ans indiquent que boire assez pour en ressentir les effets est
acceptable pour les hommes qui se trouvent dans un bar avec des amis,
comparativement à 39 p. 100 des 20 à 24 ans, soit une différence de
10 points.
De toute évidence, chaque catégorie de jeunes a ses habitudes de
consommation, ses lieux de consommation et ses raisons de boire. Par conséquent, la population de buveurs est
constituée de groupes distincts d'adolescents et de jeunes adultes. Selon Pandina (1986), notamment, la
population à risque se compose de trois cercles concentriques -- ou couches --
se chevauchant. Le cercle extérieur, le
plus grand, comprend les buveurs réguliers dont l'intensité de consommation
varie considérablement, ce qui peut correspondre à la consommation irrégulière
des adolescents. Le cercle médian
représente environ 30 ou 40 p. 100 de la population totale des
buveurs réguliers. Les jeunes de ce
sous‑groupe boivent plus fréquemment, sont plus souvent ivres, et ont des
amis qui ont les mêmes habitudes. Le
cercle intérieur comprend les buveurs à consommation excessive (environ 5 à
10 p. 100 des buveurs). Ces
jeunes s'enivrent fréquemment et sont majoritairement des buveurs de fin de
semaine. D'après ce modèle, plus on se
rapproche du cercle intérieur, plus on risque de connaître des mauvaises
expériences.
DEUXIÈME PARTIE: USAGE DU TABAC CHEZ LES JEUNES
CANADIENS
Dans le cadre de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues
(1989), on a questionné les jeunes de 15 à 24 ans sur leur consommation de
tabac. Pour les besoins du présent
rapport, l'expression «fumeur actuel» désigne les jeunes qui ont
répondu oui à la question suivante: «À l'heure actuelle, fumez-vous la
cigarette?» (question 10 - annexe A).
Le terme «ancien fumeur» désigne les personnes qui ont
déjà fumé la cigarette à un moment de leur vie, mais ne fumaient pas au moment
de l'enquête (question 7 - annexe A).
Le «niveau de consommation» correspond au nombre habituel
de cigarettes fumées chaque jour par un fumeur actuel (question 11 - annexe A).
Incidence du tabagisme
Un jeune Canadien sur trois (30 p. 100) est un fumeur actuel,
soit environ 1,2 millions de personnes âgées de 15 à 24 ans (tableau 18). Quatorze pour cent sont d'anciens fumeurs, c'est-à-dire qu'ils
ont été fumeurs dans le passé, mais ne l'étaient plus au moment de
l'enquête. Par conséquent,
44 p. 100 des jeunes Canadiens fument ou ont déjà fumé. Par ailleurs, plus de la moitié
(56 p. 100) ont déclaré n'avoir jamais fumé régulièrement la
cigarette (figure 23).
Presque tous les jeunes fumeurs (99 p. 100) fument
régulièrement (quotidiennement). La
majorité (58 p. 100) prennent de 11 à 25 cigarettes par jour (tableau
19; figure 24). Seulement
4 p. 100 peuvent être considérés comme de «grands fumeurs»,
c'est-à-dire qu'ils fument au moins 26 cigarettes par jour. Un jeune fumeur sur trois
(35 p. 100) est un «fumeur modéré», c'est-à-dire qu'il
consomme en moyenne 10 cigarettes par jour ou moins.
Géographie
On constate des différences régionales dans l'incidence du tabagisme
chez les jeunes Canadiens (figure 25, tableau 20). C'est dans les provinces des Prairies qu'on trouve le pourcentage
le plus élevé de fumeurs actuels de 15 à 24 ans (35 p. 100), puis
dans les provinces de l'Atlantique (34 p. 100), au Québec (31 p. 100),
en Ontario (29 p. 100) et en Colombie-Britannique
(20 p. 100). Par ailleurs, la
Colombie-Britannique a le plus fort pourcentage de jeunes qui ont déclaré
n'avoir jamais fumé la cigarette (62 p. 100); viennent ensuite
l'Ontario (60 p. 100), le Québec (53 p. 100), les provinces
de l'Atlantique (52 p. 100) et les provinces des Prairies
(51 p. 100).
On note également des différences régionales entre les fumeurs actuels
qui fument au moins 11 cigarettes par jour (tableau 21). Chez les jeunes de 15 à 24 ans, le
pourcentage le plus élevé de grands fumeurs est enregistré au Québec
(71 p. 100) et dans les provinces des Prairies (66 p. 100),
puis dans les provinces de l'Atlantique (65 p. 100), en Ontario
(60 p. 100) et en Colombie-Britannique (49 p. 100). Ainsi, bien que la Colombie-Britannique ait
le pourcentage le plus faible de fumeurs actuels (20 p. 100), elle
possède un des plus forts taux de grands fumeurs (6 p. 100). De même, les provinces des Prairies
connaissent le taux le plus élevé de fumeurs actuels (35 p. 100),
mais aussi le pourcentage le plus faible de grands fumeurs
(1,9 p. 100).
Âge
Le pourcentage de fumeurs chez les jeunes Canadiens augmente avec l'âge
(tableau 18). Seulement
13 p. 100 des jeunes de 15 et 16 ans sont des fumeurs actuels,
comparativement à 28 p. 100 des jeunes de 17 à 19 ans et
37 p. 100 des jeunes de 20 a 24 ans.
Par contre, les trois quarts (76 p. 100) des jeunes de 15 et
16 ans ont déclaré n'avoir jamais fumé la cigarette, comparativement à
59 p. 100 chez les 17 à 19 ans et 48 p. 100 parmi les 20 à
24 ans. Il est intéressant de noter que
le pourcentage d'anciens fumeurs reste à peu près stable dans tous les groupes
d'âge. À titre d'exemple, 11 p.
100* des 15 à 16 ans sont d'anciens fumeurs, comparativement à
13 p. 100 des 17 à 19 ans et 15 p. 100 des 20 à 24 ans.
Chez les jeunes fumeurs, la quantité de cigarettes fumées augmente
progressivement avec l'âge (tableau 19).
Trente-sept pour cent des 15 à 16 ans ont répondu avoir fumé en moyenne
11 cigarettes et plus chaque jour, comparativement à 55 p. 100 des 17
à 19 ans et 72 p. 100 des 20 à 24 ans.
Sexe
On note des proportions
similaires de fumeurs actuels chez les jeunes hommes (30 p. 100) et
les jeunes femmes (31 p. 100) (tableau 18). Par contre, les jeunes hommes (58 p. 100) sont légèrement
plus nombreux que les jeunes femmes (54 p. 100) à n'avoir jamais fumé
la cigarette.
Quelque soit l'âge, les jeunes hommes fument plus que les jeunes femmes
(tableau 19). Dans l'ensemble,
71 p. 100 des jeunes fumeurs ont indiqué qu'ils consommaient au moins
11 cigarettes par jour, comparativement à 58 p. 100 chez les femmes.
Tendances de l'usage
Des recherches antérieures démontrent que l'incidence du tabagisme a
considérablement baissé entre 1970 et 1985, chez les jeunes Canadiens. Durant cette période, la proportion de
fumeurs actuels est passée de 31 à 18 p. 100 chez les 15 à 19 ans et
de 48 à 32 p. 100 chez les 20 à 24 ans (Rootman et coll., 1988). D'après l'Enquête nationale sur l'alcool et
les autres drogues menée en 1989, cette tendance s'est affaiblie et a peut-être
même été renversée au cours des dernières années. Entre 1985 et 1989, le pourcentage de fumeurs actuels a augmenté
légèrement, de 18 à 23 p. 100 chez les 15 à 19 ans et de 32 à
37 p. 100 chez les 20 à 24 ans.
Bien que l'incidence de l'usage du tabac chez les jeunes soit restée
stable ou ait augmenté un peu durant les années 80, les résultats de l'enquête
révèlent que les fumeurs fument moins.
À titre d'exemple, en 1985, 68 p. 100 des fumeurs de 15 à 19
ans ont indiqué qu'ils consommaient 11 cigarettes et plus par jour,
comparativement à 56 p. 100 en 1989, ce qui représente une chute de
12 points. De même, en 1985,
80 p. 100 des fumeurs de 20 à 24 ans ont déclaré consommer 11
cigarettes et plus par jour, comparativement à 70 p. 100 en 1989,
soit une diminution de 10 points.
Des enquêtes auprès des jeunes étudiants ontariens de 12 à 19 ans, ont
démontré de larges réductions du nombre de fumeurs actuels depuis 1979. La tendance s'exprime comme suit :
30 p. 100 en 1977, 35 p. 100 en 1979, 30 p. 100 en 1981,
29 p. 100 en 1983, 25 p. 100 en 1985, 24 p. 100
en 1987 et 23 p. 100 en 1989 (Smart et Adlaf, 1989).
TROISIÈME PARTIE
Dans le cadre de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues
(1989), on a interrogé les jeunes Canadiens sur leur consommation de diverses
drogues licites et illicites. Pour
notre analyse, les drogues illicites englobent le cannabis (marijuana et
haschich), la cocaïne, le LSD, le speed et l'héroïne; les drogues
licites comprennent les somnifères, les tranquillisants, les pilules
amaigrissantes, les antidépresseurs et les opiacés sur ordonnance tels que la
codéine, le Demerol et la morphine (voir questions 58 et 59, annexe A).
Il existe, certes, de nombreuses autres catégories de psychotropes, mais
l'enquête porte sur celles qui sont les plus susceptibles d'être consommées par
la population visée : les personnes de 15 ans et plus. Dans le présent rapport, nous nous
intéressons aux jeunes Canadiens de 15 à 24 ans.
Comme la consommation des ces drogues est généralement moins répandue
que celle d'alcool, les pourcentages sont exprimés jusqu'à la première
décimale. Seul un faible pourcentage de
jeunes Canadiens (moins de 10 p 100) prennent de la drogue. De plus, comme l'échantillon d'utilisateurs
qui déclarent faire usage de drogues est restreint, l'échantillonnage varie
fortement d'une catégorie à l'autre. Il faut donc interpréter les données avec
précaution.
DROGUES ILLICITES
On a demandé aux répondants s'ils avaient déjà pris de la marijuana, du
haschich, de la cocaïne, du crack, du LSD, du speed ou de l'héroïne
(question 59, annexe A). On a ensuite
demandé à ceux qui ont répondu en avoir déjà consommé s'ils l'avaient fait dans
les 12 mois avant l'enquête.
Les recherches révèlent que c'est entre la fin de l'adolescence et le
début de l'âge adulte que la consommation de drogues illicites est la plus
intense (Johnston, Bachman et O'Malley, 1989; Kandel et Logan, 1984; Newcomb et
Bentler, 1986; Yamaguchi et Kandel, 1984a, 1984b). La période la plus
dangereuse pour l'initiation aux drogues est le début de l'adolescence (Kandel
et Logan, 1984). À titre d'exemple, la
consommation de marijuana commence généralement vers l'âge de 13 ans; elle
atteint son maximum vers 18 ans et diminue entre 19 et 20 ans. Le risque d'initiation aux drogues illicites
autres que la cocaïne baisse considérablement à partir de 21 ans (Kandel et
Logan, 1984). Le risque de commencer à
prendre de la cocaïne, par ailleurs, demeure le même jusqu'à 24 ans.
À peu près un tiers des jeunes Canadiens (34,0 p. 100) ont
déclaré avoir déjà essayé des drogues illicites (tableau 22). La consommation la vie durant de drogues
illicites est plus fréquente chez les hommes (37,1 p. 100) que chez
les femmes (30,8 p. 100).
D'après les données recueillies, l'usage de drogues illicites chez les
jeunes augmente avec l'âge. Ainsi,
43,8 p. 100 des jeunes de 20 à 24 ans ont indiqué avoir déjà consommé
des drogues illicites, contre 28,3 p. 100 chez les 17 à 19 ans et
14,5 p. 100 chez les 15 à 16 ans (tableau 22).
Cannabis (marijuana et haschich)
Le cannabis est la drogue illicite la plus répandue chez les jeunes
Canadiens (figure 26). Le tiers
(33,6 p. 100) des jeunes de 15 à 24 ans ont déclaré en avoir déjà
fumé. Le sixième
(15,5 p. 100) ont indiqué avoir fumé du cannabis durant l'année
précédant l'enquête. Près de la moitié
(46,2 p. 100) des consommateurs actuels de marijuana de 15 à 24 ans
ont dit qu'ils prenaient de cette drogue moins d'une fois par mois;
27,4 p. 100 d'une à trois fois par mois et 22,7 p. 100* au
moins une fois par semaine (tableau 24).
Chez les jeunes Canadiens, le pourcentage de consommation régulière de
cannabis varie d'une région à l'autre (tableau 23, figure 27). L'incidence est plus grande en
Colombie-Britannique où la moitié (50,3 p. 100) des jeunes de 15 à 24
ans ont déjà pris des drogues illicites.
Le taux d'incidence à vie le plus élevé (37,3 p. 100)
s'observe dans les provinces des Prairies; viennent ensuite le Québec
(32,1 p. 100), les provinces de l'Atlantique (30,1 p. 100)
et l'Ontario (28,7 p. 100).
Seules la Colombie-Britannique et les provinces des Prairies ont des
taux d'incidence à vie supérieurs à la moyenne nationale
(33,6 p. 100).
Des différences régionales du même ordre se manifestent dans la
consommation de marijuana. La plus
forte consommation s'observe en Colombie-Britannique (27,6 p. 100),
puis au Québec (16,9 p. 100), dans les provinces des Prairies
(13,0 p. 100), en Ontario (12,8 p. 100) et dans les
provinces de l'Atlantique (12,8 p. 100).
Les jeunes de la Colombie-Britannique et des provinces des Prairies
fument du cannabis plus fréquemment que les jeunes des autres régions du Canada
(tableau 25). Par exemple, environ
28,9 p. 100* des 15 à 24 ans de la Colombie-Britannique et
24,3 p. 100* des jeunes des provinces des Prairies déclarent
consommer du cannabis au moins une fois par semaine, comparativement à
21,9 p. 100* en Ontario, 20,3 p. 100* au Québec et
16,2 p. 100* dans les provinces de l'Atlantique.
Dans l'ensemble, la consommation de cannabis est plus courante chez les
plus jeunes (figure 28). Par exemple,
15,5 p. 100 des jeunes de 15 à 24 ans ont déclaré avoir consommé de
la marijuana dans l'année précédant l'enquête (tableau 23), comparativement à
1,2 p. 100 chez les personnes de 45 à 54 ans (figure 28). Les résultats de l'enquête démontrent que la
consommation annuelle et à vie de marijuana s'accroît avec l'âge tant chez les
hommes que chez les femmes (tableau 22).
La consommation à vie passe de 14,5 p. 100 chez les 15 à 16
ans à 28,0 p. 100 chez les 17 à 19 ans et à 43,1 p. 100
chez les 20 à 24 ans. De même, la
consommation courante est de 10,8 p. 100* chez les 15 à 16 ans, de
13,2 p. 100 chez les 17 à 19 ans et de 18,4 p. 100 chez les
20 à 24 ans.
En général, un plus grand nombre de jeunes hommes
(36,8 p. 100) que de jeunes femmes (30,3 p. 100) fument de
la marijuana (tableau 22).
Cependant, les femmes (16,1 p. 100*) de la catégorie des 15 à
16 ans sont plus nombreuses à consommer de la marijuana que les hommes de la
même catégorie (13,1 p. 100*). Le plus haut taux de consommation se
trouve chez les jeunes hommes de 20 à 24 ans (49,4 p. 100) suivis de leurs
consoeurs du même âge (36,7 p. 100). Ce sont les jeunes hommes de 17 à 19 ans
qui sont au deuxième rang (29,1 p. 100), suivis de près par les
femmes du même groupe d'âge (26,9 p. 100).
Les jeunes hommes (19,1 p. 100) ont été plus nombreux que les
femmes (11,7 p. 100) à avoir fumé de la marijuana durant l'année précédant
l'enquête (tableau 22). Toutefois, pour
ce qui est des consommateurs actuels, les femmes les plus jeunes sont plus
nombreuses (11,5 p. 100)* que les jeunes hommes du même groupe d'âge
(10,4 p. 100). Le taux le
plus élevé de consommateurs actuels s'enregistre chez les hommes de 20 à 24 ans
(23,7 p. 100), suivis des hommes de 17 à 19 ans
(16,6 p. 100), puis des femmes de 20 à 24 ans
(13,0 p. 100). Il est
intéressant de noter que le pourcentage de consommateurs actuels chez les plus
jeunes des deux sexes est plus élevé que chez les adolescentes de 17 à 19 ans
(9,8 p. 100)*. Les jeunes
hommes (24,9 p. 100)* sont plus nombreux que leurs consoeurs
(19,0 p. 100)* à consommer de la marijuana au moins une fois par
semaine. La consommation fréquente (au moins
une fois par semaine) est plus courante chez les jeunes hommes de 20 à 24 ans
(tableau 24).
Cocaïne et crack
Seulement 3,5 p. 100 de tous les Canadiens de 15 ans et plus
ont déclaré avoir déjà pris de la cocaïne ou du crack; à peine
1,4 p. 100 ont déclaré en avoir pris dans l'année précédant l'enquête
(tableau 26).
Il existe des différences régionales dans les taux d'incidence annuels
et la vie durant de la consommation de cocaïne et de crack chez les jeunes
Canadiens (tableau 23, figure 27).
L'incidence est plus forte en Colombie-Britannique où
9,0* p. 100 des jeunes de 15 à 24 ans ont déjà essayé ces
drogues. Le Québec est au deuxième rang
(7,5 p. 100*), suivi des provinces des Prairies (4,3 p. 100*),
de l'Ontario (3,1 p. 100*) et des provinces de l'Atlantique où le
pourcentage est négligeable. C'est en
Colombie-Britannique (6,3 p. 100*) qu'on trouve le pourcentage le
plus élevé de consommateurs actuels; viennent ensuite le Québec (4,3 p. 100*)
et les provinces des Prairies (1,9 p. 100*). Le pourcentage de consommateurs actuels en
Ontario et dans les provinces de l'Atlantique est trop faible pour être
mentionné.
Au Canada, la consommation de cocaïne est plus forte chez les jeunes que
dans le reste de la population. Près
d'un jeune Canadien de 15 à 24 ans sur 20 (4,9 p. 100) a déjà pris de
la cocaïne ou du crack. De plus,
2,5 p. 100* des jeunes Canadiens ont déclaré en avoir pris dans
l'année précédant l'enquête (tableau 22).
Comme dans le cas de la marijuana, les taux d'incidence à vie de
consommation de cocaïne ou de crack augmentent avec l'âge. Chez les jeunes de 20 à 24 ans,
7,0 p. 100 ont répondu avoir déjà pris de la cocaïne ou du crack,
comparativement à 3,5 p. 100* chez les 17 à 19 ans; le pourcentage des 15 à 16 ans est infime
(tableau 22).
Dans l'ensemble, les jeunes hommes (5,7 p. 100) sont
légèrement plus nombreux que les jeunes femmes (4,1 p. 100*) à avoir
essayé la cocaïne ou le crack (tableau 22). De même, un pourcentage un peu plus élevé d'hommes
(3,2 p. 100*) que de femmes (1,9 p. 100) ont déclaré avoir
pris une de ces drogues dans l'année précédant l'enquête. On trouve les pourcentages de consommateurs
actuels les plus élevés chez les hommes de 20 à 24 ans (4,0 p. 100).
LSD, speed et héroïne
Un Canadien sur vingt-cinq (4,1 p. 100), âgé de 15 ans ou
plus, a déjà pris du LSD, des amphétamines ou de l'héroïne à un moment ou
l'autre de sa vie. Cependant, seulement
un Canadien sur deux cents (0,4 p. 100) a pris une de ces drogues
dans l'année précédant l'enquête (tableau 26).
Bien qu'un jeune Canadien sur vingt (4,6 p. 100), de 15 à 24
ans, ait indiqué avoir essayé le LSD, le speed ou l'héroïne, moins d'un
sur cinquante (1,6 p. 100*) est un consommateur actuel (tableau 22).
Comme dans le cas de la marijuana et de la cocaïne, le taux d'incidence
la vie durant de la consommation de LSD, de speed et d'héroïne est plus
élevé en Colombie-Britannique (tableau 23, figure 27). Environ 7,9 p. 100* des jeunes de
15 à 24 ans de cette province ont déclaré avoir essayé au moins une de ces
drogues; au deuxième rang, on trouve le Québec (5,2 p. 100*), suivi des
provinces des Prairies (4,9 p. 100), des provinces de l'Atlantique
(3,9 p. 100*) et de l'Ontario (3,3 p. 100*).
Les jeunes Canadiens sont moins nombreux à prendre du LSD, des
amphétamines ou de l'héroïne que les adultes de la fin de la vingtaine au début
de la quarantaine (tableau 26). À titre
d'exemple, 7,5 p. 100 des personnes de 25 à 34 ans ont répondu avoir
déjà essayé ces drogues; viennent ensuite les 35 à 44 ans (5,9 p. 100),
les 20 à 24 ans (4,7 p. 100*) et les 15 à 19 ans
(4,5 p. 100*). Toutefois, ce
sont les jeunes Canadiens de 15 à 19 ans (en particulier les 17 à 19 ans) qui
ont le plus fort pourcentage de consommateurs actuels de tous les
Canadiens. Ainsi, 2,1 p. 100* des
15 à 19 ans ont déclaré avoir pris du LSD, du speed ou de l'héroïne dans
l'année précédant l'enquête, comparativement à un pourcentage négligeable chez
tous les autres groupes d'âge (tableau 26).
En général, les jeunes hommes (5,5 p. 100) sont plus nombreux
que les jeunes femmes (3,7 p. 100*) à prendre des drogues
(tableau 22). Chez les jeunes
Canadiens de 15 à 24 ans, ce sont les jeunes de 17 à 19 ans
(6,5 p. 100*) qui prennent le plus de LSD, de speed et
d'héroïne. Au deuxième rang, on trouve
les jeunes de 20 à 24 ans (6,0 p. 100*). Chez les jeunes femmes, le pourcentage le plus élevé se trouve
chez les 17 à 19 ans (5,2 p. 100).
Les résultats de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues
correspondent à ceux de recherches antérieures et démontrent que la
consommation de marijuana et de cocaïne est plus courante chez les jeunes que
dans les autres groupes d'âge (Eliany, 1989; Adalf et Smart, 1989; Johnston et
coll., 1989; Smart, 1986). Le pourcentage
de consommateurs actuels est généralement faible au début de l'adolescence (12
et 13 ans); il augmente radicalement à la fin de l'adolescence et atteint son
maximum au début de la vingtaine pour ensuite baisser à la fin de la vingtaine
et au début de la trentaine (Menard et Huizinga, 1989). Après 50 ans, la consommation de drogues
illicites est extrêmement rare (Kandel et Logan, 1984; Kandel, 1980).
Nombre d'experts estiment que ce phénomène est imputable au lien direct
entre l'âge et l'acquisition des rôles et responsabilités d'adulte (Kandel,
1980; O'Malley, Bachman et Johnston, 1988). À l'appui de cette hypothèse, Brown
et ses collègues (1974) ont découvert que l'interruption de la consommation de
marijuana chez les étudiants de niveau collégial n'est pas due à un changement
d'attitude à l'égard des drogues illicites, mais aux exigences imposées par
leurs emplois, aux responsabilités familiales et à une modification des
relations d'amitié après l'obtention du diplôme. D'ailleurs, d'après les résultats de l'enquête ainsi que d'autres
recherches canadiennes et américaines, le pourcentage de consommation de
drogues est bien inférieur chez les personnes qui occupent un emploi que chez
les étudiants et les sans-emploi du même âge.
Les personnes mariées sont également moins nombreuses que les
célibataires et les personnes séparées ou divorcées à consommer des drogues
illicites.
Des enquêtes sur les étudiants ont révélé que la consommation de
cannabis et d'autres drogues illicites avait considérablement diminué au cours
de la dernière décennie (Adlaf et Smart, 1991). On a observé une baisse de consommation du cannabis en Ontario
(Smart et Adlaf, 1989), à Montréal (Desranleau, 1984), à Vancouver (Hollander
et Davis, 1983) et à Halifax (Mitic et Neuman, 1983).
L'étude la plus systématique menée jusqu'ici est celle de la Fondation
de recherche sur l'alcoolisme et la toxicomanie (Smart et Adlaf, 1989). En Ontario, la consommation du cannabis
était à la hausse entre 1977 et 1979 (de 25,1 p. 100 à
31,7 p. 100), mais elle est à la baisse depuis et le pourcentage
était de 14,1 p. 100 en 1989 (ce chiffre est proche des
12,3 p. 100 de jeunes Canadiens de 15 à 19 ans relevé dans le cadre
de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues). La consommation de cocaïne chez les
étudiants ontariens est restée stable durant la dernière décennie et semble
maintenant diminuer. Elle a atteint son
apogée en 1979 (5,1 p. 100) et a lentement diminué depuis pour
s'établir à 2,7 p. 100 en 1989 (pourcentage proche du
1,9 p. 100 relevé chez les jeunes Canadiens dans le cadre de
l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues). Les pourcentages de consommation de LSD, de speed
et d'héroïne sont différents. En
1989, les étudiants ontariens ont
déclaré avoir pris du LSD, du speed et de l'héroïne dans une proportion
de 5,9 p. 100, 2,5 p. 100 et 1,2 p. 100
respectivement au cours des 12 mois avant l'enquête. Au cours de la dernière décennie, la consommation d'héroïne et de
speed est restée relativement stable, passant de 1,2 à
2,0 p. 100 pour la première et de 2,5 à 3,9 p. 100
pour le second, entre 1981 à 1989. Par
ailleurs, la consommation de LSD est passée de 10,2 p. 100 en 1981 à
5,9 p. 100 en 1989.
DROGUES LICITES
Dans le cadre de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues,
on a interrogé les Canadiens sur leur consommation de divers médicaments vendus
sur ordonnance et de produits en vente libre. On a demandé aux répondants de
déclarer tout médicament pris dans les 30 jours précédant l'enquête. Des cinq catégories de drogues légales étudiés,
les opiacés sur ordonnance (incluant la codéine, le Demerol et la morphine)
sont les médicaments les plus largement consommés; viennent ensuite les pilules
amaigrissantes et autres stimulants, ainsi que les somnifères, les
tranquillisants et les antidépresseurs (tableau 27).
Un adulte Canadien de 15 ans et plus sur 20 (5,0 p. 100) a
déclaré avoir pris des opiacés sur ordonnance dans les 30 jours avant
l'enquête, alors que 3,6 p. 100 ont pris des somnifères et
3,1 p. 100, des tranquillisants.
Deux pour cent de la population disent consommer des antidépresseurs et
0,9 p. 100, des pilules amaigrissantes ou des stimulants (tableau
27).
Contrairement aux drogues illicites, la consommation de psychotropes
licites (somnifères, tranquillisants et antidépresseurs) est beaucoup plus
courante chez les Canadiens de plus de 24 ans que chez les jeunes (figure 29,
tableau 27). À titre d'exemple,
11,1 p. 100 des Canadiens de 65 ans et plus ont déclaré avoir pris
des somnifères dans le mois précédant l'enquête, comparativement à
1,0 p. 100* chez les jeunes de 15 à 24 ans. De même, 5,4 p. 100 des personnes de 65 ans et plus ont
indiqué avoir pris des tranquillisants dans le mois précédant l'enquête, comparativement
à moins d'un pour cent (0,9 p. 100*) des jeunes Canadiens de 15 à 24
ans.
Les opiacés sur ordonnance (codéine, Demerol et morphine) sont les seuls
psychotropes licites consommés par les jeunes Canadiens (tableau 27). Près de six jeunes sur cent
(5,6 p. 100) de 15 à 24 ans ont répondu avoir pris des opiacés sur
ordonnance dans les trente jours qui ont précédé l'enquête. Les jeunes femmes (5,9 p. 100*)
sont légèrement plus nombreuses que les jeunes hommes (5,3 p. 100*) à
prendre ces drogues.
Le faible pourcentage de consommation de drogues licites chez les jeunes
de 15 à 24 ans explique l'absence de discussion détaillée sur les habitudes de
consommation de ces substances (les données ont été supprimées).
Les données de l'Ontario Student Drug Use Survey (Smart et Adlaf,
1989) démontrent une baisse de la consommation de médicaments au cours de la
dernière décennie. Chez les jeunes
étudiants de 12 à 19 ans, la consommation de stimulants et de pilules
amaigrissantes est passée de 6,6 p. 100 en 1977 à
3,3 p. 100 en 1989; la consommation de tranquillisants, de 8,6
p. 100 en 1977 à 3,1 p. 100 en 1989; et la consommation de
barbituriques, de 14,2 p. 100 en 1977 à 7,8 p.100 en 1989.
QUATRIÈME PARTIE: LA POLYTOXICOMANIE
Cette section porte sur la consommation combinée de drogues licites et
illicites au Canada. La
polytoxicomanie est la consommation d'au moins deux psychotropes parmi
les suivants : alcool, tabac, marijuana, cocaïne, LSD ou héroïne dans l'année
précédente et somnifères, tranquillisants et opiacés sur ordonnance dans les 30
derniers jours.
L'enquête a révélé que plus du tiers (37,0 p. 100) des jeunes
Canadiens de 15 à 24 ans consomment plus d'une drogue. Le quart (25,0 p. 100) sont des
consommateurs actuels de deux psychotropes et 12,0 p. 100 prennent
trois drogues ou plus. Un jeune
Canadien sur deux (48,0 p. 100) est consommateur actuel d'une seule
drogue. Une minorité
(15 p. 100) n'a pris aucune des substances mentionnées (figure 30,
tableau 28).
Plus de 30 p. 100 des jeunes de chaque région ont déclaré
avoir pris deux drogues ou plus dans l'année précédant l'enquête (figure
31). Le pourcentage le plus élevé est
celui de la Colombie-Britannique (39 p. 100); viennent ensuite le
Québec (38 p. 100) et les provinces des Prairies
(37 p. 100). Les pourcentages
les plus bas sont ceux de l'Ontario et des provinces de l'Atlantique
(31 p. 100 chacune). C'est en
Colombie-Britannique (19,0 p. 100) que la consommation de trois
drogues ou plus est la plus forte, puis dans les provinces des Prairies
(14,0 p. 100), au Québec (11,0 p. 100), en Ontario
(11,0 p. 100) et dans les provinces de l'Atlantique
(11,0 p. 100).
Selon les données recueillies, la polytoxicomanie chez les jeunes
augmente avec l'âge (tableau 28). À
titre d'exemple, près de la moitié des Canadiens de 20 à 24 ans (46,0 p. 100)
ont pris au moins deux substances psychotropes durant l'année précédant
l'enquête, comparativement à 33,0 p. 100 des 17 à 19 ans et
20,0 p. 100 des 15 à 16 ans.
Par ailleurs, le pourcentage de jeunes ayant déclaré n'avoir pris aucune
drogue diminue avec l'âge. Trente-deux
pour cent de 15 à 16 ans ont indiqué qu'ils ne consommaient ni alcool, ni tabac
ni d'autres drogues, comparativement à 15,0 p. 100 chez les 17 à 19
ans et 9,0 p. 100* chez les 20 à 24 ans.
Pour l'ensemble de la population canadienne, les données démontrent que
la polytoxicomanie est plus courante chez les jeunes que chez les autres Canadiens (tableau 29). Par exemple, 37,0 p. 100 des jeunes de
15 à 24 ans ont déclaré qu'ils avaient pris deux drogues ou plus au cours de
l'année précédente, comparativement à 19,7 p. 100 des personnes de 65 ans
et plus. De même, 15,9 p. 100 des
20 à 24 ans ont répondu avoir pris au moins trois drogues, comparativement à
près de 5,0 p. 100 des 65 ans et plus.
Selon les données recueillies, il y a au moins deux types de
polytoxicomanie : l'alcool et les drogues illicites chez les jeunes et les
somnifères et les tranquillisants chez les personnes âgées.
Non seulement la quantité de drogues varie avec l'âge, mais les
habitudes de consommation et les combinaisons diffèrent également (tableau
29). Plusieurs conclusions générales
méritent d'être mentionnées. Quelque soit l'âge, la simple consommation
d'alcool est le scénario le plus courant et représente de 36,9 à
46,6 p. 100 des cas. Il apert
aussi que le pourcentage de personnes dont la consommation de drogue se limite
aux médicaments augmente avec l'âge.
Enfin, il importe de signaler que moins de 1 p. 100 des
répondants fument de la marijuana mais ne consomment aucune autre drogue.
Des différences significatives existent entre les jeunes de 15 à 19 ans
et ceux de 20 à 24 ans (tableau 29).
La plus frappante est que les jeunes de 20 à 24 ans sont moins nombreux
que ceux de 15 à 19 ans à ne consommer aucune drogue (8,5 p. 100
contre 20,9 p. 100). Pareillement,
les 20 à 24 ans sont moins nombreux que les 15 à 19 ans à déclarer qu'ils
prenaient de l'alcool et du tabac (20,7 p.100 contre
11,8 p. 100), de l'alcool, du tabac et des médicaments (3,3 p.
100 contre 0,9 p. 100), et de l'alcool, du tabac et du cannabis
(7,9 p. 100 contre 3,8 p. 100).
Une même proportion de jeunes hommes (38,0 p. 100) et de
jeunes femmes (37,0 p. 100) ont indiqué qu'ils étaient de
consommateurs actuels de deux psychotropes ou plus (tableau 28). Cependant, les jeunes hommes (14,0 p. 100)
sont légèrement plus nombreux que leurs consoeurs (11,0 p. 100) à déclarer
trois drogues et plus. Par ailleurs,
les jeunes femmes (17,0 p. 100) sont un peu plus nombreuses que leurs
confrères (12,0 p. 100) à avoir répondu qu'elles n'avaient pris
aucune drogue dans l'année précédant l'enquête. Les différences entre les sexes sont plus évidentes dans les
groupes d'âge plus avancé (tableau 28).
Les données de l'Ontario Student Drug Use Survey révèlent
d'importants changements en ce qui concerne les habitudes de consommation et le
nombre de drogues prises. La
constatation la plus notable est que le nombre d'étudiants ontariens qui ne
prenaient aucune drogue (y compris l'alcool et le tabac) était nettement plus
fort en 1989 qu'en 1977 (29 p. 100 contre 18 p. 100). En outre, d'après l'enquête de 1989, un plus
grand nombre d'étudiants (35 p. 100) limitaient leur consommation de
drogue à l'alcool comparé à 28 p. 100 en 1979.
Selon les résultats de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres
drogues, la consommation d'une drogue était étroitement liée à la consommation
d'autres psychotropes (tableau B). Par
exemple, bien que les jeunes fumeurs soient légèrement plus nombreux à avoir
déclaré qu'ils buvaient de l'alcool que l'ensemble des jeunes (89,0 p. 100
contre 81,4 p. 100), ils étaient deux fois plus nombreux à avoir
consommé de la marijuana (27,4 p. 100 contre 15,5 p. 100)
et de la cocaïne (5,7 p. 100 contre 2,5 p. 100). De même, presque tous les jeunes
consommateurs de marijuana et de cocaïne (98,6 p. 100 et
89,4 p. 100 respectivement) ont indiqué qu'ils avaient bu de l'alcool
dans l'année précédant l'enquête.
Le pourcentage de fumeurs chez les consommateurs de marijuana et de
cocaïne (53,7 p. 100 et 68,5 p. 100 respectivement) est
également bien au-dessus de la moyenne nationale (30,3 p. 100). De surcroît, les fumeurs de marijuana de 15
à 24 ans sont environ sept fois plus nombreux à avoir déclaré être des
consommateurs actuels de cocaïne que l'ensemble des jeunes
(13,7 p. 100* contre 2,5 p. 100*). Enfin, huit consommateurs de cocaïne sur dix
(83,6 p. 100) ont indiqué avoir fumé de la marijuana dans l'année
précédant l'enquête, comparativement à 15,5 p. 100 de la population en général.
Une grande partie des craintes du public concernant les drogues
illicites se fonde sur l'hypothèse voulant que leur consommation soit fortement
interdépendante et que la marijuana mène aux drogues «dures» comme l'héroïne et
la cocaïne (Lidz et Walker, 1980). De
fait, alors qu'on soutenait auparavant, à l'encontre de la légalisation de la
marijuana, que cette substance provoquait l'agressivité et la criminalité, on
est maintenant d'avis qu'elle conduit à la toxicomanie. À l'appui d'une telle théorie, les
recherches ont constamment démontré que la consommation de marijuana à vie est
fortement associée à la polytoxicomanie dans les échantillons de personnes
traitées et non traitées (Kandel, 1984; Kleinman et coll., 1984; Santo et
Friedman, 1980; Grupp, 1972). Des
études rétrospectives et longitudinales ont également confirmé que la
consommation de marijuana précède généralement la consommation d'autres
substances illicites (Rainone et coll., 1987; Newcomb et Bentler, 1986; Welte
et Barnes, 1985; O'Donnell et Clayton, 1982; Robins et Wish, 1977; Single,
Kandel et Faust, 1974). En fait, la
plupart des cocaïnomanes et des héroïnomanes ont déclaré avoir fumé de la
marijuana pendant de nombreuses années avant d'essayer des drogues «dures» (Miller
et coll., 1989). Selon un expert, les
données prouvant le lien statistique entre la consommation de marijuana
et celle d'autres drogues illicites sont accablantes, déterminantes et
irréfutables (Goode, 1989, p.156).
Des recherches récentes ont cependant révélé que la progression dans
l'usage de drogue est généralement cumulative et ne commence pas par la
marijuana. Elle commence plutôt par des substances légales comme l'alcool et le
tabac. Un certain nombre d'études ont
démontré que si on ne consomme pas d'abord de l'alcool ou du tabac, il est rare
qu'on prenne d'autres drogues (Donovan et coll., 1983; Newcomb et Bentler,
1986; Yamaguchi et Kandel, 1984b; Wilkinson et coll., 1987; Welte et Barnes,
1985). Cette conclusion est confirmée
par la forte proportion de personnes traitées pour leur dépendance envers des
drogues illicites qui reçoivent aussi des traitements contre l'alcoolisme
(Miller, 1987; Gold et coll., 1985; Barr et Cohen, 1980).
Il ressort de ces observations que la consommation de drogue est
conforme à la théorie du marche-pied, c'est-à-dire qu'il y a une progression de
la consommation d'alcool ou de tabac à celle de la marijuana, puis à la celle
de la cocaïne et d'autres drogues dures.
Cependant, la progression n'a rien d'inéluctable. Une drogue ne mène pas automatiquement à une
autre. D'ailleurs, selon l'Enquête
nationale sur l'alcool et les autres drogues, la vaste majorité des jeunes
buveurs (81,3 p. 100) ne consomment pas de marijuana et la vaste
majorité des fumeurs de marijuana (86,3 p. 100) ne prennent pas de
cocaïne. De plus, la nature précise de
la progression n'est pas claire. La
consommation de cigarettes et de médicaments grand public a été
particulièrement difficile à intégrer aux modèles de progression (Newcomb et
Bentler, 1986) et ces modèles varient selon le sexe (Yamaguchi et Kandel,
1984). De même, les séquences de
progression sont différentes du début à la fin de l'adolescence, et encore
jusqu'au début de l'âge adulte. On peut
en conclure qu'il existe plusieurs
séquences variant selon le stade de développement et l'époque de la vie.
DISCUSSION
Les habitudes de consommation de drogues, à l'instar de l'ensemble de la
société, changent constamment. Ainsi,
comme le démontrent les grands courants de la toxicomanie (hallucinogènes à la
fin des années 60 et cocaïne et crack dans les années 80), les habitudes de
consommation de drogues se modifient rapidement et presque sans préavis. Par conséquent, il importe d'utiliser des
études épidémiologiques telles que l'Enquête nationale sur l'alcool et les
autres drogues pour connaître les pourcentages de consommation et les
caractéristiques des consommateurs de façon à mieux comprendre la répartition
et la propagation des comportements en matière de consommation d'alcool et
d'autres drogues. De telles enquêtes
servent également à suivre les progrès de la mise en oeuvre de politiques et
programmes tels que la Stratégie canadienne antidrogue.
Le rapport que nous vous avons présenté porte spécifiquement sur les
adolescents et les jeunes adultes, et ce, pour une raison importante : le
passage de l'adolescence au début de l'âge adulte est une période critique pour
ce qui est de la consommation de drogues.
D'ailleurs, les résultats de l'enquête le confirment. Plusieurs conclusions générales méritent
néanmoins d'être commentées.
D'abord, il est clair que les drogues légales, c'est-à-dire l'alcool et
le tabac, sont les plus dangereuses pour la santé des adolescents et des jeunes
adultes. L'enquête a révélé que
20 p. 100 des jeunes Canadiens ont consommé cinq verres d'alcool ou
plus à 15 reprises et plus durant l'année précédant; 23 p. 100 ont eu
un problème lié à l'alcool; 10 p. 100 ont eu trois problèmes et plus
liés à l'alcool; et 69 p. 100 ont déclaré avoir eu au moins un
problème causé par la consommation d'alcool par d'autres personnes. En outre, le tiers ont répondu qu'ils
étaient des fumeurs actuels et 4 p. 100 des fumeurs consomment 26
cigarettes et plus par jour.
Ensuite, la consommation de drogues illicites chez les jeunes est
généralement faible (moins de 10 p. 100). Elle a même diminué au cours de
la dernière décennie. Toutefois, bien
que les pourcentages soient bas, cela ne signifie pas que la consommation de
drogue ne pose pas de problème chez les adolescents et les jeunes adultes. D'ailleurs, elle est même extrêmement élevée
dans certains groupes plus gravement exposés, notamment les décrocheurs et les
jeunes itinérants (Radford et coll., 1989; Smart et coll., 1990). L'enquête a aussi confirmé que la
consommation de drogues illégales plafonne à la fin de l'adolescence (20 à 24
ans) et qu'elle diminue avec l'âge (Ménard et Huizinga, 1989). Les raisons précises pour lesquelles la
consommation de drogues diminue chez les adolescents sont difficiles à
déterminer et le phénomène s'explique probablement par une accumulation de
plusieurs facteurs plutôt qu'un seul.
Quoi qu'il en soit, les recherches ont démontré que le changement
d'attitudes et de croyances face aux drogues était associé à la baisse de
consommation et non à l'évolution de facteurs liés au mode de vie (Bachman et
coll., 1988, 1991; Smart et Adlaf, 1989).
Seules des études nationales de grande envergure permettent d'examiner
les différences régionales en matière de consommation de drogues. Les résultats
de l'Enquête nationale sur l'alcool et les autres drogues font ressortir la
nécessité d'entreprendre des recherches plus poussées sur ces différences
régionales. Il ressort tout
particulièrement de cette recherche que les jeunes de la Colombie-Britannique
sont plus nombreux que les jeunes d'autres régions à consommer des drogues
illicites. Il est aussi évident que les jeunes des provinces des Prairies sont
plus nombreux que d'autres jeunes Canadiens à boire de l'alcool, à prendre cinq
verres en une même occasion et à fumer 11 cigarettes ou plus.
La consommation d'alcool et d'autres drogues est un problème social
endémique. Du reste, comme l'a révélé
l'enquête, la toxicomanie nuit à la santé à un grand nombre d'adolescents et de
jeunes adultes.