Points saillants : La consommation d'alcool et d'autres drogues chez les jeunes Canadiens

 

RAPPORT TECHNIQUE DE L'ENQUÊTE NATIONALE SUR L'ALCOOL ET LES AUTRES DROGUES (1989)

 

MÉTHODES

    Les données de l'enquête ont été recueillies en mars 1989 par des entrevues téléphoniques auprès de 11 634 adultes Canadiens de 15 ans et plus, choisis au hasard dans les dix provinces.  Le taux de réponse a été de 79 p. 100, ce qui permet de croire que l'échantillon utilisé était très représentatif.

 

    Ce rapport met l'accent plus spécialement sur les réponses fournies par 1 887 adolescents et jeunes adultes de 15 à 24 ans.  On y trouve aussi des comparaisons entre les répondants jeunes et plus âgés.

 

LA CONSOMMATION D'ALCOOL

 

Incidence

 

    Environ huit Canadiens sur dix (81 p. 100) de 15 à 24 ans sont des «buveurs actuels», ce qui revient à dire qu'ils ont consommé de l'alcool au moins une fois au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête.  D'autre part, 11 p. 100 sont d'«anciens buveurs», c'est‑à‑dire des personnes qui ont déjà bu de l'alcool à un moment ou à un autre de leur vie, mais non pas dans les 12 mois qui ont précédé l'enquête.  Enfin, 8 p. 100 disent n'avoir jamais consommé d'alcool.

 

    La proportion des jeunes Canadiens qui boivent a diminué, et ceux qui boivent ont réduit leur consommation.  Le pourcentage des buveurs actuels est passé de 81 p. 100 en 1985 à 74 p. 100 en 1989 chez les 15 à 19 ans, et de 92 p. 100 en 1985 à 88 p. 100 en 1989 chez les 20 à 24 ans.

 

    La quantité d'alcool consommée a diminué aussi.  Chez les buveurs de 15 à 19 ans, le nombre moyen de consommations au cours des sept jours qui ont précédé l'enquête est passé de 3,3 en 1985 à 2,4 en 1989.  Chez les 20 à 24 ans, le nombre de consommations est passé de 6,0 en 1985 à 4,3 en 1989.

 

Fréquence

 

    La plupart des buveurs de 15 à 24 ans ne boivent qu'à l'occasion.  Environ 29 p. 100 d'entre eux boivent moins d'une fois par mois, 28 p. 100 d'une à trois fois par mois, 21 p. 100 environ une fois par semaine, et 22 p. 100 au moins deux fois par semaine.

 

Quantité

 

    Dans l'ensemble, les buveurs actuels ont pris 3,4 consommations au cours des sept jours qui ont précédé l'enquête.

 

    Près de la moitié (52 p. 100) de tous les buveurs de 15 à 24 ans n'ont pris aucune consommation au cours des 7 jours qui ont précédé l'enquête.  Le tiers (34 p. 100) ont pris d'un à sept verres d'alcool, et 14 p. 100 ont pris huit consommations ou plus.

 

Habitudes de consommation selon les segments de population

 

Géographie

 

    La proportion de buveurs actuels parmi les Canadiens de 15 à 24 ans tend à augmenter d'Est en Ouest, les provinces de l'Atlantique enregistrant le plus faible pourcentage (75 p. 100). Viennent ensuite l'Ontario (78 p. 100), le Québec (83 p. 100), les Provinces des Prairies (87 p. 100) et la Colombie-Britannique (86 p. 100).

 

    Les jeunes Canadiens des provinces de l'Atlantique consomment par ailleurs moins d'alcool que ceux des autres régions.  Le nombre moyen de consommations était de 2,5 verres dans les provinces de l'Atlantique, de 3,0 au Québec, de 3,6 verres en Ontario et en Colombie-Britannique, et de 4,1 verres dans les provinces des Prairies.

 

Sexe

 

    Les jeunes hommes sont plus nombreux que les jeunes femmes à se classer parmi les buveurs actuels (85 p. 100 contre 78 p. 100). L'écart entre les sexes tend à augmenter avec l'âge.

 

    Les jeunes hommes boivent plus fréquemment et en plus grande quantité que les jeunes femmes.  Plus de la moitié (55 p. 100) des buveurs mâles consomment de l'alcool toutes les semaines, tandis que chez les buveuses, ce taux n'est que de 30 p. 100.  Dans l'ensemble, les buveurs prennent 4,3 consommations par occasion et les buveuses en prennent 3,0. Dans les 7 jours qui ont précédé l'enquête, les jeunes hommes ont pris en moyenne 4,8 consommations, tandis que leurs consoeurs en ont pris 1,9.

 

    Les quantités absorbées sont plus importantes chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes.  Quarante-trois p. 100 des buveurs ont pris cinq consommations ou plus au moins six fois au cours de l'année qui a précédé l'enquête, taux qu'il faut ramener à 20 p. 100 dans le cas des buveuses.

 

Âge

 

    La consommation d'alcool diminue avec l'âge.  Environ 63 p. 100 des Canadiens de 15 ou 16 ans ont pris de l'alcool dans l'année qui a précédé l'enquête, tandis que chez les 17 à 19 ans et les 20 à 24 ans, les taux sont, respectivement, de 80 p. 100 et de 88 p. 100.

 

    Les jeunes adultes de 20 à 24 ans déclarent boire plus souvent et en plus grande quantité que les adolescents.  La proportion des jeunes qui boivent au moins deux fois par semaine est de 28 p. 100 chez les 20 à 24 ans et de 7 p. 100 chez les 15 et 16 ans.  Dans l'ensemble, les jeunes adultes de 20 à 24 ans prennent 4,3 consommations par semaine, tandis que les 17 à 19 ans en prennent 3,0, et les 15 à 16 ans, 1,0.  Enfin, tandis que 71 p. 100 des 20 à 24 ans déclarent prendre 5 consommations ou plus en une seule occasion, 53 p. 100 des 15 et 16 ans déclarent en faire autant.

 

Problèmes liés à la consommation d'alcool

 

Problèmes dus à la consommation personnelle d'alcool

 

    Environ le quart (23 p. 100) des buveurs de 15 à 24 ans déclarent avoir connu un problème par suite de leur consommation d'alcool au cours de l'année qui a précédé l'enquête.

 

    Les problèmes les plus souvent cités par les buveurs se répartissaient ainsi : problèmes de santé (11 p. 100), difficultés dans les amitiés ou en société (9 p. 100), problèmes financiers (9 p. 100), difficultés à être heureux et problèmes d'apparence (6 p. 100), difficultés au travail et à l'école (5 p. 100) et problèmes à la maison (5 p. 100).

 

    Chez les buveurs de 15 à 24 ans, les hommes sont plus susceptibles que les femmes de déclarer leurs problèmes d'alcool (28 p. 100 contre 18 p. 100).

 

    De tous les groupes d'âge, ce sont les buveurs de 15 à 24 ans qui enregistrent le taux le plus élevé de problèmes liés à l'alcool (23 p. 100), contre 13 p. 100 pour les 25 à 34 ans, 11 p. 100 pour les 35 à 44 ans, 8 p. 100 pour les 45 à 54 ans, 5 p. 100 pour les 55 à 64 ans, et 4 p. 100 chez les 65 ans et plus.

 

    Cinq pour cent des buveurs de 15 à 24 ans déclarent avoir connu au moins trois problèmes liés à l'alcool au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête.

 

 

 

Alcool au volant

 

    Chez les 15 à 19 ans, environ un conducteur sur cinq (21 p. 100) déclare avoir conduit un véhicule automobile après avoir pris deux consommations ou plus dans l'heure précédente.  Chez les 20 à 24 ans, le tiers des conducteurs (30 p. 100) font la même déclaration.

 

    Quel que soit l'âge, les hommes sont plus susceptibles que les femmes de prendre le volant après avoir bu.

 

Problèmes engendrés par la consommation des autres

 

    Soixante-neuf pour cent des jeunes Canadiens qui ont participé à l'enquête ont déclaré connaître ou avoir connu au moins un de dix problèmes attribuables à la consommation d'alcool d'une autre personne au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête.  Les problèmes les plus souvent cités se répartissaient ainsi :  humiliations (38 p. 100), perturbations causées par une soirée tapageuse (35 p. 100), querelles (32 p. 100), être monté dans un véhicule dont le conducteur avait trop bu (23 p. 100), être bousculé, frappé ou battu (18 p. 100).

 

    Les jeunes femmes sont plus susceptibles que les jeunes hommes de connaître des problèmes familiaux dus à la consommation d'alcool par une autre personne (17 p. 100 contre 7 p. 100), tandis que les jeunes hommes sont plus susceptibles que leurs consoeurs de déclarer être montés à bord d'un véhicule conduit par un conducteur ivre (27 p. 100 contre 19 p. 100) ou d'avoir été bousculés, frappés ou battus (21 p. 100 contre 14 p. 100).

 

 

Raisons invoquées pour boire

 

    Les raisons les plus souvent invoquées par les jeunes pour justifier leur consommation d'alcool sont les suivantes :  pour être sociable (69 p. 100), pour se sentir bien (42 p. 100), pour se détendre (39 p. 100), pour rendre les repas plus agréables (32 p. 100), pour se sentir moins timide ou gêné (23 p. 100), et pour oublier leurs soucis (16 p. 100).

 

    La tendance à boire pour se sentir bien en société ou pour se détendre augmente avec l'âge, tandis que la tendance à boire pour oublier ses soucis et pour se sentir moins timide ou moins gêné décroît avec l'âge.

 

    Les raisons invoquées pour boire sont reliées à la quantité.  Les jeunes qui déclarent boire pour oublier leurs soucis prennent moins de consommations par semaine (6,5 verres) que ceux qui déclarent boire pour des raisons d'ordre social (3,8 verres).

 

Partenaires et lieux de consommation

 

    Chez les jeunes, prendre de l'alcool est une activité sociale.  La majorité des buveurs (84 p. 100) déclarent ne jamais boire seuls, 8 p. 100 boire seuls moins d'une fois par mois, et 7 p. 100 boire seuls au moins une fois par mois.

 

    Les amis sont de loin les principaux partenaires de consommation des jeunes.  Environ les deux tiers (65 p. 100) des buveurs prennent de l'alcool au moins une fois par mois avec des amis, 24 p. 100 avec des membres de la famille et 19 p. 100 avec des collègues ou des compagnons de classe.

 

    Quel que soit l'âge ou le sexe, les jeunes ont davantage tendance à boire lorsqu'ils s'adonnent aux activités suivantes :  sortie dans un bar ou une taverne;  fête, rencontre sociale ou mariage;  activité récréative à l'extérieur;  concert, activité sportive ou festival.

 

Attitudes à l'égard de la consommation d'alcool

 

    La majorité des jeunes Canadiens croient qu'il est acceptable de prendre au moins quelques consommations dans un bar, lors d'une fête ou avec des amis à la maison.

 

    Le fait de prendre de l'alcool avec des collègues au moment du déjeuner, avec d'autres personnes lors d'une manifestation sportive ou avec des amis après le travail est moins bien accepté.

 

    Les jeunes hommes ont tendance à avoir moins de restrictions vis-à-vis la consommation d'alcool que les jeunes femmes.

 

TABAGISME

 

    Trente pour cent des Canadiens de 15 à 24 ans sont des «fumeurs actuels», et 14 p. 100 sont «d'anciens fumeurs» (c'est‑à‑dire qu'ils ont fumé à un moment ou à un autre de leur vie, mais non dans les 12 mois qui ont précédé l'enquête).  Parmi les fumeurs, 35 p. 100 consomment moins de 11 cigarettes par jour, 58 p. 100 fument de 11 à 25 cigarettes et 4 p. 100 en fument 25 et plus par jour.

 

    C'est dans les provinces des Prairies que la proportion de jeunes fumeurs actuels est le plus élevé (35 p. 100).  Viennent ensuite les provinces de l'Atlantique (34 p. 100), le Québec (31 p. 100), l'Ontario (29 p. 100) et la Colombie‑Britannique (20 p. 100).  Toutefois, c'est au Québec (6,3 p. 100) et en Colombie-Britannique (6,0 p. 100) que la proportion de jeunes fumant plus de 25 cigarettes par jour est la plus élevée.  Viennent ensuite les provinces de l'Atlantique, l'Ontario et les provinces des Prairies, où les taux correspondants sont respectivement de 5,4 p. 100, 3,0 p. 100 et 1,9 p. 100.

 

    L'incidence et la gravité du tabagisme augmentent avec l'âge.  Treize pour cent des 15 à 16 ans sont des fumeurs actuels, comparativement à 28 p. 100 des 17 à 19 ans, et à 37 p. 100 des 20 à 24 ans.

 

    La proportion de fumeurs actuels varie peu en fonction du sexe ;  environ le tiers des hommes et des femmes déclarent être des fumeurs actuels.

 

 

 

AUTRES DROGUES

 

    Environ le tiers (34 p. 100) des jeunes Canadiens disent avoir consommé une drogue illicite.  La consommation est plus fréquente chez les jeunes hommes (37 p. 100) que chez les jeunes femmes (30 p. 100), et elle augmente avec l'âge (15 p. 100 chez les 15 à 16 ans, 28 p. 100 chez les 17 à 19 ans, et 43 p. 100 chez les 20 à 24 ans).

 

    Le cannabis (marijuana ou haschich) est la drogue illicite la plus courante, puisque 34 p. 100 des jeunes Canadiens déclarent l'avoir essayée, et 16 p. 100 en avoir pris au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête.  Plus d'hommes que de femmes (19 p. 100 contre 12 p. 100) ont déclaré avoir pris du cannabis dans l'année qui a précédé l'enquête.  Par ailleurs, la consommation de cannabis augmente avec l'âge (11 p. 100 chez les 15 à 16 ans, 13 p. 100 chez les 17 à 19 ans et 18 p. 100 chez les 20 à 24 ans).  C'est en Colombie-Britannique (28 p. 100) que la consommation de cannabis est la plus répandue.  Viennent ensuite le Québec (17 p. 100), les provinces des Prairies, les provinces de l'Atlantique et l'Ontario (13 p. 100 dans les deux cas).  Des  résultats similaires ont été obtenus pour ce qui est de la fréquence de l'usage du cannabis.

 

    Environ 5 p. 100 des jeunes Canadiens déclarent avoir essayé la cocaïne et 3 p. 100 disent en avoir pris au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête.  La consommation de cocaïne ne varie pas de façon significative selon le sexe, mais elle augmente avec l'âge (3,5  p. 100 chez les 17 à 19 ans contre 7,0 p. 100 chez les 20 à 24 ans).  C'est en Colombie-Britannique que la proportion de jeunes qui déclarent avoir essayé la cocaïne est le plus élevé (9 p. 100).  Viennent ensuite le Québec (7,5 p. 100), les provinces des Prairies (4,3 p. 100), l'Ontario (3,1 p. 100) et les provinces de l'Atlantique (1,3 p. 100).

 

    Pour ce qui est de la consommation de LSD, de speed (méthamphétamine) ou d'héroïne, 4,6 p. 100 des jeunes déclarait en avoir déjà pris, et 1,6 p. 100 avaient pris l'une de ces drogues dans les 12 mois précédant l'enquête.

 

 

DROGUES LICITES

 

    Chez les 15 à 24 ans, les psychotropes licites dont l'usage était le plus répandu dans les 30 jours qui ont précédé l'enquête étaient les stupéfiants de type analgésique (codéine, Demerol ou morphine) puisque 5,6 p. 100 des jeunes en prenaient.  Pour ce qui est des autres psychotropes licites, la proportion de jeunes consommateurs était d'au plus 1 p. 100.

 

    La consommation de psychotropes licites était plus répandue chez les adultes plus âgés que chez les jeunes adultes et les adolescents.

 

CARACTÉRISTIQUES DE LA POLYTOXICOMANIE

 

    Les caractéristiques de la consommation d'alcool et d'autres drogues chez les adolescents (15 à 19 ans), et chez les jeunes adultes (20 à 24 ans) présentent des écarts importants.  Comparés aux adolescents, les jeunes adultes sont moins susceptibles de ne faire usage d'aucune drogue (20,9 p. 100 contre 8,5 p. 100), plus susceptibles de prendre de l'alcool et de fumer (11,8 p. 100 contre 20,7 p. 100), et plus susceptibles de boire, de fumer et de prendre des médicaments (0,9 p. 100 contre 3,3 p. 100), et plus susceptibles de boire, de fumer et de prendre du cannabis (3,8 p. 100 contre 7,9 p. 100).