Les idéaux de partage et de communautarisme du logiciel libre informent depuis longtemps ma pratique autant du point de vue technique que de celui de la distribution des œuvres. Mon travail sur l'interactivité, explorée sous plusieurs formes dans nombre d'installations et d'environnements, vise à offrir une expérience approfondie de « l'être en relation » avec l'œuvre. La chose est rendue possible en donnant une latitude ludique au spectateur dans l'approche de l'œuvre tout en révélant l'artifice qui sous-tend la représentation. Cette démystification relève de ma prise de conscience de ma responsabilité en tant que créateur d'environnements qui proposent au spectateur une expérience de fragmentation, de déplacement et de transposition de leur représentation.

Le rapport du spectateur à l'œuvre se déploie à travers l'installation, l'informatique et la photographie. Cette démarche s'assortit d'une réflexion sur le rapport de l'artiste aux moyens de production, de questions de liberté créative face aux nouveaux outils. Ainsi, il se dégage de l'adoption d’une technologie devenue désuète, de stratégies de détournement, et de l'utilisation du logiciel libre PureData une perspective sociale qui englobe aussi bien les outils de création que le discours qui les accompagne. Ce point de vue critique est alimenté par mon rôle à titre de membre fondateur du laboratoire médiatique Artengine qui s’est donné pour mission d’étudier le potentiel artistique des nouvelles technologies tout en se préoccupant des inégalités d’accès aux outils médiatiques.

Mes travaux récents proposent de situer l'expérience du spectateur plus au centre du processus créatif lui-même en permettant la modification en profondeur de l'œuvre. Les opérations intimes de programmatique, comme les boucles, les palindromes ou le transcodage, alimentent une réflexion sur les modes de significations personnelles et consensuelles, doublée d'un intérêt pour les diagrammes qui donnent une forme visuelle au flux de l'information et tentent de mettre en rapport la complexité des relations dynamiques d'échanges.

Les oeuvres d'Alexandre Castonguay exploitent les technologies désuètes et les logiciels libres. Ses installations interactives et photographies ont fait l'objet de plusieurs expositions au Canada et à l'étranger, notamment à New York, Beijing, Madrid, Berlin et Graz. Il est membre fondateur d’Artengine.

Dessin par numéros, une oeuvre récente, a été présentée à la galerie Pierre-François Ouellette Art Contemporain. Portapak, une oeuvre interactive, a été présentée en 2007 à la galerie d'art d'Ottawa et à la galerie Pierre-François Ouellette Art Contemporain (2005). Eléments, une installation récente, a été présentée au Musée d'art contemporain de Montréal en 2006. Son installation interactive, Digitale, a été exposée à New Media Beijing (2006), au Medienkunstlabor de Graz, en Autriche (2004), à la galerie Pierre-François Ouellette Art Contemporain (2003) de Montréal et à la Galerie d'art d'Ottawa (2003). Son installation précédente, Générique, a été montrée à la Galerie Glendon de l'Université York à Toronto (2003), au Musée d'art contemporain de Montréal (2004) et au Centro de la Imagen de Mexico (2001). Ses photographies traitées numériquement ont fait partie d'expositions de groupe au Musée des beaux-arts de Montréal, au Los Angeles County Museum of Art, aux galeries Jack Shainman et Laurence Miller Gallery de New York et au Musée canadien de la photographie contemporaine à Ottawa. 

On trouve de ses oeuvres dans la collection de la Banque d'oeuvres d'art du Conseil des arts du Canada, au Los Angeles County Museum of Art, au Musée des beaux-arts de Montréal, au Musée d'art contemporain de Montréal, au Musée canadien de la photographie contemporaine, au Musée national des beaux-arts du Québec ainsi que dans des collections privées.

Né à Hull (Québec) en 1968, Alexandre Castonguay a fait ses études à l'Université d'Ottawa (B.A. 1991 et baccalauréat en beaux-arts 1993) et à l'Université Concordia de Montréal (maîtrise en beaux-arts 2004). Il est représenté par la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain de Montréal (http://pfoac.com).